BNETD : Conception, Etudes et Contrôle de Projets en Côte d’Ivoire

Interview avec Kinapara Coulibaly, Directeur Général du BNETD (Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement)

Comment percevez-vous le développement de la Côte d’Ivoire ces dernières années ? Quels exemples concrets, réalisés dans le cadre du PPU (Programme Présidentiel d’Urgence) dans les domaines de l’éducation, de la santé, des infrastructures routières, etc., pouvez-vous évoquer pour illustrer cette évolution ?

La Côte d’Ivoire a connu ces six dernières années des évolutions significatives en termes de développement. Le taux de croissance reste stable, autour de 8 à 9 %, ce qui a permis un développement des infrastructures qui ont elles-mêmes contribué à faire évoluer les conditions de vie des populations. Je pense notamment au prolongement de l’autoroute du Nord qui relie Abidjan à Yamoussoukro, la capitale politique du pays, en moins de deux heures et a permis de renforcer la mobilité des populations, d’améliorer la productivité et d’accroître la compétitivité de l’économie. Dans le cadre du PPU (Programme Présidentiel d’Urgence), des investissements importants ont aussi permis de construire des écoles primaires, des collèges et des lycées et de résorber ainsi le déficit que le pays présentait en matière d’infrastructures scolaires. C’est pourquoi le volet éducation représentait une part essentielle de ce programme. Et dans le domaine de la santé, une centaine d’établissements sanitaires ont été réhabilités et équipés ces dernières années. Le gouvernement a donc réalisé de lourds investissements pour que notre économie soit plus compétitive et que les populations bénéficient de conditions de vie plus favorables.

Quel est le rôle du BNETD ?

À Abidjan, les principaux édifices publics ont été réalisés avec le concours du BNETD : les tours administratives de la cité du Plateau, la cathédrale Saint-Paul et la grande mosquée du Plateau. Dans tous ces projets, le BNETD a participé à titre de maître d’œuvre d’exécution.

Le BNETD (Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement), a été créé il y a 39 ans, sous la dénomination « Direction et Contrôle des Grands Travaux ». Nous avons aujourd’hui trois types de mission. La première est une mission d’assistance-conseil auprès de l’État de Côte d’Ivoire, en particulier sur le plan technique. Le BNETD donne son avis sur des projets d’investissement du gouvernement. Notre rôle d’assistance porte sur la maîtrise d’ouvrage par le biais de contrôles d’études par exemple. Nous aidons l’État à bien concevoir ses projets. Notre mission relève aussi de la maîtrise d’œuvre qui représente notre cœur de métier. En matière de conception, nous réalisons des études de faisabilité, des études préliminaires, des études d’avant-projet sommaire ou d’avant-projet détaillé. Puis, au niveau de l’exécution des projets, nous sommes chargés du suivi et du contrôle des travaux pour le compte d’un maître d’ouvrage public, afin de s’assurer que les entreprises réalisant les travaux respectent le cahier des charges qui leur a été donné et se conforment aux exigences du triptyque coût-qualité-délai. L’assistance du BNETD vise donc à optimiser les investissements réalisés par l’État, pour que ses projets permettent de mettre sur pied des infrastructures de qualité. Ces missions que je viens de mentionner se déclinent dans différents domaines. Le BTP constitue notre principal secteur d’activité et englobe les bâtiments, les routes et les ouvrages d’art. Mais nous intervenons aussi dans d’autres secteurs : l’urbanisme et le développement territorial, l’agriculture, l’environnement, le développement durable, les technologies de l’information et de la communication et l’information géographique. L’Institut national géographique de Côte d’Ivoire est un département du BNETD. C’est notre centre d’information géographique et du numérique qui est le dépositaire de la cartothèque et de la photothèque nationales. Le BNETD est une société anonyme dont le capital est détenu à 100 % par l’État et compte un peu plus de 1100 collaborateurs dont plus de 500 experts (docteurs, ingénieurs ou techniciens supérieurs). Comme je le mentionnais, le BNETD intervient principalement pour le gouvernement, mais il est aussi régulièrement mandaté par le secteur privé ivoirien et développe également son activité hors du pays, dans le cadre de projets au Mali, au Sénégal et en Guinée. Et nous avons des agences permanentes au Bénin, au Gabon, en République du Congo et en Guinée Equatoriale.

Quelle pourcentage de chiffre d’affaire représente l’activité internationale et comptez-vous la développer ?

Elle représente environ 10 % de notre chiffre d’affaire. Aujourd’hui, le travail ne manque pas en Côte d’Ivoire, donc notre capacité de développement international est limitée, mais il est stratégiquement important que nous gardions une présence à l’étranger, pour plusieurs raisons. D’abord, le Président de la République et son gouvernement souhaitent développer la coopération sud-sud, qui, selon moi, profite énormément de partenariats entre entreprises de la sous-région. Le BNETD peut se prévaloir de près de 40 années d’expérience et a développé une expertise dont d’autres pays de la sous-région peuvent bénéficier. D’autre part, notre présence internationale nous permet de rivaliser avec des bureaux étrangers sur d’autres marchés que le marché ivoirien et de garder ainsi un certain niveau de qualité et d’expertise. Mais le cœur de notre activité reste en Côte d’Ivoire. Le président de la République et le Premier Ministre ont de très grandes ambitions pour notre pays, et le BNETD a beaucoup à faire pour s’assurer que cette vision soit mise en œuvre.

Quels sont les défis de la réalisation du PND (Plan National de Développement) 2016-2020 ?

Ce plan a été adopté l’année dernière et a été suivi par une instruction du Président de la République visant l’organisation d’une table ronde de bailleurs de fonds. Le financement du Plan National de Développement représente un grand défi car il doit être assuré au deux tiers par le secteur privé. Par ailleurs, de nombreux projets ont été identifiés dans le cadre de ce PND et il est désormais important de définir les priorités. Il faut s’assurer que l’on puisse mettre en œuvre ces projets de manière effective.

Pouvez-vous citer certaines de vos réalisations illustrant le mieux vos compétences ?

Le BNETD a toujours été impliqué dans la réalisation de la majorité des grandes infrastructures de développement en Côte d’Ivoire, en tant qu’assistant maître d’ouvrage ou comme maître d’œuvre. À Abidjan, les principaux édifices publics ont été réalisés avec le concours du BNETD : les tours administratives de la cité du Plateau, la cathédrale Saint-Paul et la grande mosquée du Plateau. Dans tous ces projets, le BNETD a participé à titre de maître d’œuvre d’exécution. Plus récemment, le BNETD a également été maître d’œuvre d’exécution dans le cadre de la réhabilitation de l’immeuble CCIA, qui abritait en partie la Banque Africaine de Développement. Il en va de même pour la réhabilitation récente de la tour Postel 2001. Dans le secteur routier, la Côte d’Ivoire compte plus de 6000 km de réseau routier revêtu. Plus de 80 % du réseau a été étudié par des équipes du BNETD et réalisé grâce au concours du BNETD comme maître d’œuvre d’exécution. Le BNETD a aussi été assistant technique au maître d’ouvrage pour la construction du pont Henri-Konan-Bédié dont nous sommes aujourd’hui fiers et qui relie les communes de Riviera et Marcory. Notre rôle était de s’assurer de la qualité de réalisation des travaux. L’autoroute Abidjan-Bassam a été inaugurée il y a quelques années et le BNETD a participé à sa réalisation en tant que maître d’œuvre d’exécution. Voici donc quelques exemples des secteurs du bâtiment et des routes et ouvrages d’art qui reflètent notre fonction.

Votre mission englobe aussi un rôle de renforcement de cohésion entre les entreprises locales et multinationales. En quoi favorisez-vous le transfert de compétences ?

La notion de transfert de compétences est importante. Nous avons besoin de développer un réseau de PME compétentes qui soit profitable aux entreprises locales mais aussi aux multinationales, qui doivent pouvoir s’appuyer sur des partenaires présents sur place. Le BNETD veille à ce que le triptyque coût-qualité-délai soit respecté dans le cadre de la construction d’ouvrages. C’est la rigueur de notre contrôle qui amène les entreprises locales à se conformer aux exigences de qualité du cahier des charges et à renforcer leurs compétences.

Selon vous, le pays a besoin d’un plan favorisant la communication au niveau local et avec les partenaires étrangers. Quelle stratégie défendez-vous dans ce domaine ?

De par son taux de croissance fort, la Côte d’Ivoire bénéficie d’une image positive dans le monde et intéresse les investisseurs. Il est alors important de poursuivre notre travail en préparant des projets, d’avoir en tête toutes les fonctionnalités, puis, à travers les mécanismes disponibles tels que les partenariats publics-privés, de proposer des projets à des investisseurs, en leur démontrant ce qu’ils auraient à y gagner s’ils y participaient.

Quelles sont vos priorités actuelles ?

Elles sont nombreuses et suivent les priorités du gouvernement. Dans le secteur de la santé tout d’abord, nous voulons nous assurer que, dans le cadre du lancement de la couverture maladie universelle, notre réseau d’établissements publics puisse accueillir la population dans des conditions optimales. Le secteur de l’éducation est également extrêmement important. La Côte d’Ivoire a besoin de ressources humaines de qualité pour atteindre le statut de pays émergent à l’horizon 2020, comme le souhaite le Président de la République. Pour cela, nous devons pouvoir nous appuyer sur un système éducatif de haut niveau. Dans le secteur des infrastructures routières, notre priorité réside dans le renforcement du réseau existant par un entretien et une remise à niveau de ce dernier.

Pour conclure, quels objectifs souhaitez-vous avoir atteints dans deux ans ?

Nous voulons faire du BNETD un pôle d’expertise de haut niveau au service du développement en Côte d’Ivoire et dans la sous-région, et un partenaire de poids pour l’État ivoirien. Dans le cadre du plan stratégique que nous avons développé l’année dernière, nous nous attelons à atteindre cet objectif au travers de cinq axes de transformation.