Bâtiments et Travaux Publics en Côte d’Ivoire : Yao Maxime Kre Présente GEBAT
Yao Maxime Kre partage son évaluation du secteur du BTP et des infrastructures en Côte d’Ivoire et présente la société GEBAT, une entreprise de construction qu’il a fondé en 2008 et qui est spécialisée dans différents travaux, tels que : bâtiment, route, assainissement, eau potable, électricité, climatisation et aménagement foncier.
Interview avec Yao Maxime Kre, PDG de GEBAT
Quelles sont les tendances du secteur du BTP en Côte d’Ivoire et comment pensez-vous qu’il va évoluer au cours des prochaines années ?
Le BTP est un secteur qui connait un véritable boum. Il s’agit de l’un des premiers secteurs en matière d’investissement dans le pays. La Côte d’Ivoire, qui a affiché son ambition d’être un pays émergent à l’horizon 2020, a compris qu’il fallait y investir. Des investissements relativement importants ont donc été réalisés par le passé jusqu’aux années 80-90, mais suite aux différentes crises qu’a traversé le pays, un déficit est survenu. Quand on constate le potentiel de la Côte d’Ivoire, qui est un pays très riche tant par son sol que par son sous-sol, il apparaît que des infrastructures sont nécessaires pour exploiter toutes ces richesses. Notre État a bien compris cela et, pour sortir de la crise post-électorale, des investissements importants ont été réalisés. Cette année, en raison de la chute du cours des matières premières qui a entraîné une baisse des ressources de l’État, on a constaté une petite baisse, mais les opportunités sont là. L’Etat se doit de développer ce secteur très prometteur.
S’il est très prometteur, cela veut dire que beaucoup de gens s’y sont joints et j’imagine qu’une concurrence s’est créée. Quelle est votre analyse de la concurrence et des acteurs qui y participent ?
Il faut savoir que, du fait de la crise militaro-politique, les multinationales, c’est-à-dire les grandes sociétés, sont victimes de la Côte d’Ivoire. Cela a permis à des PME nationales de pouvoir se mettre en place. A la sortie de la crise, les PME qui se trouvaient sur place ont davantage pu répondre aux premiers projets qui ont été lancés par l’État et assurer leur exécution. Aujourd’hui, avec cette politique d’ouverture du gouvernement, nous constatons une concurrence interne. Des PME telles que la nôtre s’affichent au plan national, et des multinationales viennent frapper aux portes de la Côte d’Ivoire et s’y installer parce que le pays est ouvert et que les opportunités sont là.
Pourriez-vous nous parler de l’histoire de l’entreprise ?
Aujourd’hui, les secteurs porteurs pour nous sont ceux de l’assainissement et de l’eau potable, qui représentent un gros défi pour la Côte d’Ivoire. Mais nous nous investissons également dans le secteur de l’électricité.
GEBAT est une PME que nous avons créée en septembre 2008 avec pratiquement aucun moyen. C’était également la période des crises militaro-politiques qui ont traversé la Côte d’Ivoire. Cela n’a pas été facile. Nous sommes partis de rien avec seulement quelques années d’expérience après nos études, étant donné que nos ressources étaient quasiment inexistantes. Nous avons fait appel à de jeunes diplômés qui, à peine sortis de l’école, peinaient à trouver de l’emploi. Ils manquaient d’expérience, mais nous avons cerné leur potentiel. Alors, nous avons signé un pacte de confiance à long terme avec eux. Il s’est agi pour nous de nous construire petit à petit avec des personnes qui allaient évoluer avec l’entreprise. C’est ainsi que nous avons débuté. Aujourd’hui, nous en sommes à 8 ou 9 ans d’existence et nous disposons d’un potentiel humain qui s’est bonifié progressivement, en même temps que l’entreprise. Désormais, GEBAT s’impose au niveau national comme l’une des PME du secteur du BTP de par la compétence de ses ressources humaines. Nous avons une jeune équipe, plus de 85 % de nos ressources humaines ont moins de 40 ans. Il s’agit donc d’une entreprise dynamique.
Quelles sont les activités les plus porteuses pour vous ?
Nous avons commencé par le bâtiment mais nous avons rapidement noté que ce domaine dégageait moins de marges. Aujourd’hui, les secteurs porteurs pour nous sont ceux de l’assainissement et de l’eau potable, qui représentent un gros défi pour la Côte d’Ivoire. Mais nous nous investissons également dans le secteur de l’électricité.
Pourriez-vous donner des exemples de travaux et de projets réalisés ?
A l’issue de la crise, un certain nombre de programmes ont été lancés. Avec le programme présidentiel d’urgence, nous avons accompli plusieurs projets dans le domaine de l’hydraulique. Nous avons entre autres été chargés de l’adduction en eau potable dans différentes localités de la Côte d’Ivoire, mais avons aussi participé à des projets d’entretien routier, de reprofilage, de réfection de routes bitumées à certains endroits, etc. Un des projets sur lequel nous sommes actuellement en train de travailler est celui de la zone industrielle sur l’autoroute PK 24 qui est mené par l’AGEDI (Agence de Gestion et de Développement des Infrastructures Industrielles en Côte d’Ivoire). Sur ce projet nous sommes en charge du volet de l’adduction en eau potable ainsi que du volet assainissement. Nous avons également exécuté différents projets dans le domaine de l’électricité, comme par exemple le renforcement du réseau au niveau d’Abidjan et l’électrification de différentes localités à travers le pays.
Quelles sont vos priorités actuelles ?
La première de nos priorités est de nous donner les moyens de maintenir nos ressources humaines. Ce sont des personnes avec qui nous avons signé un pacte de confiance et qui ont donc accepté de faire des sacrifices tout au long de ces années. Ce personnel s’étant bonifié avec le temps, il est aujourd’hui convoité par les multinationales. Nous devons nous donner les moyens de conserver ce personnel en définissant des conditions de travail assez favorables. Ensuite, il y a le renforcement des compétences. Nous sommes conscients du fait que, compte tenu des nouveaux défis qui vont se présenter dans le secteur du BTP, il faut que nous puissions véritablement renforcer nos compétences afin de relever celui de la qualité dans l’exécution de nos travaux.
Et cela se fait par le biais de l’embauche de nouveaux ingénieurs ?
Présentement, nous sommes conscients du fait que nous disposons du potentiel requis. C’est ainsi qu’avec ce personnel nous avons pu bâtir cette entreprise à partir de rien. Mais il serait opportun pour nous de nouer des partenariats avec des entreprises à l’étranger jouissant d’une dimension beaucoup plus importante que la nôtre. Cela nous permettrait d’aborder des projets plus importants et cela permettrait aussi à nos ressources humaines de se confronter à des expériences d’autres horizons de manière à pouvoir s’améliorer.
Quel genre d’entreprises recherchez-vous ?
Nous constatons qu’aujourd’hui, les grandes entreprises n’ont pas intérêt ou du moins, elles ne comprennent pas l’intérêt de s’associer à une PME locale. Nous recherchons donc des entreprises moyennes qui souhaitent faire des affaires en Afrique et qui soient également disposées à participer à une franche collaboration dans un esprit gagnant-gagnant qui préserve les intérêts de chacun et qui mettent l’accent sur le transfert des compétences. En effet, il est également dans l’intérêt de l’entreprise de disposer de compétences locales qui puissent répondre aux exigences des travaux de sorte à éviter un déploiement de ressources humaines assez importantes par leur base.
Depuis 2013, nous nous efforçons de voyager à travers le monde à la recherche de partenaires. Nous avons participé à différents salons, à différents forums au cours desquels nous avons eu des échanges avec certains partenaires, mais qui hésitent encore parfois à venir. Certains d’entre eux que nous sommes parvenus à faire venir en Côte d’Ivoire n’ont pas compris l’intérêt de partir avec la PME locale que nous sommes. C’est ce qu’on appelle la loi du marché. Mais en tant que jeunes entrepreneurs, nous cherchons également à voyager à travers le monde, à la découverte de techniques de construction, parce que nous savons que le monde évolue. Et comme on ne réinvente pas la roue, il convient de savoir qu’elle existe, où elle existe et comment l’utiliser. C’est pourquoi nous cherchons aujourd’hui à nous approprier de nouvelles solutions de constructions qui soient à la fois innovantes et très respectueuses de l’environnement, car cela demeure un défi important pour nos pays en voie de développement.
Comment voyez-vous le développement de GEBAT à moyen terme ?
Ma première ambition est d’assurer à mon entreprise un fondement solide qui aille au-delà de ma personne. Un des défis des PME comme la nôtre est de pouvoir survivre au premier fondateur. Et puis, lui permettre d’aborder des projets beaucoup plus importants et viser des marchés sous-régionaux. Le marché ivoirien est très intéressant, mais dans le contexte actuel de la mondialisation, nous ne pouvons pas nous contenter de notre environnement immédiat. Nous devons aller au contact des autres peuples et des autres marchés en vue de développer nos potentialités.
Avez-vous déjà tenté des approches en dehors de la Côte d’Ivoire ? Avez-vous répondu à des appels d’offres ?
Pas encore. Nous avons consacré les 10 premières années à asseoir les fondements de notre entreprise au plan local. Au plan national, il faudrait que nous ayons de très bonnes bases, c’est-à-dire, des compétences renforcées à tout point de vue. Nous devons éprouver nos méthodes de gestion, et à l’horizon 2018-2019, nous commencerons à démarcher sur les marchés sous-régionaux et pourquoi pas… au-delà ? Bien entendu, en prenant le temps de bien exploiter toute cette potentialité et toutes ces opportunités qui sont quand même assez importantes en Côte d’Ivoire.
Menez-vous des actions en termes de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) ?
Aujourd’hui, la RSE est un concept nouveau pour nos PME et qui apparaît parfois comme un effet de mode. Mais nous devons aller bien au-delà. C’est-à-dire qu’en tant qu’entreprise, nous devons prendre conscience de notre responsabilité vis-à-vis de la société. Nous ne devons pas nous contenter d’être des opérateurs économiques uniquement en quête de gains et de bénéfices. Nous avons aussi un devoir envers notre environnement. Nous devons penser au développement durable, parce que nous avons eu la chance de bénéficier d’un environnement assez propice qui nous a permis d’asseoir notre entreprise et de pouvoir avancer. Nous devons penser aux générations futures dans l’exécution de nos travaux, dans tout ce que nous faisons au quotidien. Le message que nous passons aujourd’hui à nos collaborateurs, à tous ceux qui interviennent sur nos chantiers, c’est que la responsabilité sociétale est vitale, d’abord pour nous-mêmes et pour les générations à venir. Il est vrai que dans les pays en voie de développement, nous utilisons parfois des techniques qui sont peu soucieuses du respect de l’environnement dans l’exécution de nos travaux. C’est un véritable défi. Nous en faisons notre cheval de bataille au quotidien. Par exemple, lorsque nous entreprenons des travaux d’ouverture de voie, nous nous évertuons, lors de notre arrivée dans une zone, d’éviter au maximum l’impact sur l’environnement en limitant la destruction de la forêt ; en cherchant à utiliser des méthodes de construction qui soient moins polluantes. Il est très important d’impliquer les populations bénéficiaires. Nous les sensibilisons en les approchant pour leur expliquer l’importance de l’ouvrage et l’importance de les associer pour qu’elles puissent servir de point de relais par la suite, lors de la phase d’exploitation.
Un dernier message à notre lectorat concernant la Côte d’Ivoire ?
La Côte d’Ivoire est un très beau pays qui, comme nous l’avons dit, a d’énormes potentialités tant au niveau du sol que du sous-sol. C’est vrai que le pays a connu différentes crises qui ont un peu freiné sa croissance. Mais c’est un pays très ouvert où les retours sur investissement sont importants et rapides. Il est intéressant d’y faire des affaires. Et puis c’est l’un des endroits où il fait bon vivre. C’est pourquoi nous incitons les lecteurs de Marcopolis à venir découvrir la beauté de la Côte d’Ivoire, ainsi que ses opportunités.
EN SAVOIR PLUS :
SITE WEB : www.gebat-sa.com
INTERVIEWS :
• Bâtiments et Travaux Publics en Côte d’Ivoire : Yao Maxime Kre Présente GEBAT
• Eau Potable et Assainissement en Côte d’Ivoire : Interview de Yao Maxime Kre
VIDÉOS :
• Evaluation du Secteur du BTP en Côte d’Ivoire par Yao Maxime Kre de GEBAT
• GEBAT : Une PME du BTP aux Ressources Humaines Jeunes et Dynamiques
• Hydraulique, Assainissement, Entretien Routier et Électricité en Côte d’Ivoire
• Opportunités de Partenariat avec l’Entreprise de Construction Ivoirienne GEBAT
• BTP en Côte d’Ivoire : Développement de GEBAT par Yao Maxime Kre
• La RSE Selon GEBAT SA, Entreprise Générale de Construction à Abidjan
• Yao Maxime Kre : Climat des Affaires et Investissements en Côte d’Ivoire
• Adduction d’Eau Potable en Côte d’Ivoire : Savoir-Faire de l’Entreprise GEBAT
• GEBAT : Meilleure Entreprise dans le Secteur de l’Eau Potable en Côte d’Ivoire