Assurance Maladie en Côte d’Ivoire : Interview avec Elisabeth Akpess de la SCCONAS

Elisabeth Akpess partage son évaluation de l’assurance maladie en Côte d’Ivoire et explique ce que SCCONAS Assurances apporte de plus dans ce secteur, en présentant certains des produits offerts.

Interview avec Elisabeth Akpess, Directrice Santé chez SCCONAS Assurances

Elisabeth Akpess, Directrice Santé chez SCCONAS Assurances

Quel est votre rôle dans l’entreprise ?

Mon rôle est de mettre en place toute la gestion santé de la SCCONAS. En effet, SCCONAS a eu une extension de son agrément de courtier pour faire de la santé. La gestion santé couvre la mise en place d’un réseau, le développement de nouveaux produits et la gestion des contrats qui nous sont confiés par des maisons d’assurance. Nous avons mis en place des produits plus innovants avec les conventions signées avec ACS Assurances.

Que proposez-vous habituellement ?

J’espère que le taux de pénétration de l’assurance maladie va s’améliorer. Nous espérons que les gens comprendront l’utilité d’avoir une assurance maladie. Parce que c’est très important.

Nous proposons des contrats de santé locaux. C’est-à-dire que nous prenons en charge tous les soins qui sont faits sur toute l’étendue du territoire ivoirien. A présent, nous souhaitons développer des contrats en dehors de la Côte d’Ivoire. C’est-à-dire des contrats Afrique et des contrats monde entier, avec ou sans les Etats-Unis. Avec ACS, nous voulons proposer la prise en charge des gros risques que sont les hospitalisations sur la plupart des grosses pathologies, ainsi que de l’assistance. Ces deux choses vont ensemble étant donné que pour ces gros risques, les malades sont obligés de se rendre en France. Automatiquement nous y greffons les contrats d’assistance.

Quel est l’état de l’assurance maladie en Côte d’Ivoire ?

En termes d’assurance maladie, comparativement aux autres pays d’Afrique, la Côte d’Ivoire est à la pointe. C’est vrai que le taux de pénétration n’est pas élevé et oscille entre 3 et 5%. Toutefois, il y a des plateaux avec des techniques de pointe. Mais quand il s’agit de prises en charge délicates, telles qu’au niveau de la cancérologie, de la gynécologie et de la cardiologie, il faut faire une évacuation. Il y a une demande qui est forte et nous voulons à travers ce partenariat offrir ces produits à nos assurés qui ont des contrats monde entier avec assistance. Cela va leur permettre d’avoir un niveau de soins élevé. Ils seront pris en charge dans des structures qui ont un plateau technique de pointe.

Y a-t-il des assurances qui font la même chose que vous ?

Oui, il y a Axa qui a signé une convention avec le groupe Henner, un courtier spécialisé en santé qui a un plateau international. Mais la difficulté, c’est le prix. Le coût reste encore élevé pour l’Ivoirien moyen. Nous proposons ces produits aux chefs d’entreprise et à des gens qui ont l’habitude de voyager. Même ceux qui ont des contrats monde entier ne prennent pas systématiquement ce genre de produits, parce que c’est coûteux. La différence avec la convention que nous avons signée avec ACS, c’est que nous pouvons offrir ces garanties pour quelqu’un qui a un contrat monde entier. Nous pouvons offrir l’hospitalisation ou faire un package avec un contrat monde entier qu’il aurait au niveau de SCCONAS et avec lequel nous allons coupler ce produit.

Que doit faire un chef d’entreprise qui veut offrir un contrat d’assurance maladie à ses employés ?

Le chef d’entreprise devra venir vers nous. Mais le problème se situe au niveau des finances. Par exemple, la SIFCA a offert un contrat monde entier avec assistance et prévoyance, en un mot tout le package de Henner leur a coûté 200 000 euros. Toutes les entreprises ne peuvent pas faire pareil. Toutefois, il y a une demande. Lorsqu’il y a une limite au niveau du plateau technique en Côte d’Ivoire, nos assurés nous demandent de les mettre en contact avec d’autres structures. Pour revenir à votre question, un chef d’entreprise qui veut donner un contrat d’assurance à ses employés devra commencer par un contrat local. C’est-à-dire un contrat limité à la Côte d’Ivoire. En général, les entreprises ont plusieurs collèges. Le collège des cadres ou de la direction va avoir un contrat plus large compte tenu du fait que ces personnes voyagent beaucoup. Et, le reste des employés a un contrat local qui prend en charge les actes médicaux courants, les hospitalisations, l’accouchement, les soins ophtalmologiques et les soins dentaires.

Qu’apportez-vous de plus dans ce secteur ?

Nous avons des tarifs intéressants. Les tarifs d’ACS sont basés sur des critères d’âge et sur des critères géographiques. La palette est élargie. Il n’y a pas que le gros risque que nous offrirons dans le cadre de notre partenariat avec ACS. Nous allons aussi offrir de l’assistance aux étudiants, ainsi que des contrats pour les visas Schengen. Ces contrats seront très importants pour les entreprises qui ont des employés qui ont l’habitude de voyager mais aussi pour les parents qui envoient leurs enfants étudier en France ou ailleurs.

Quels sont les avantages de cette couverture pour les étudiants ?

Quand les étudiants vont faire des demandes de dossier au consulat de France, ceux qui ne sont pas dans le système de Campus France sont obligés d’avoir ce document car il est obligatoire. En effet, nous avons déjà été interrogés par des parents qui cherchaient des assurances pour leurs enfants qui allaient étudier en France. Il se trouve qu’il n’est pas possible de faire une assurance pour quelqu’un qui vit à l’étranger. Par rapport au code CIMA (Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurances), tout doit se faire sur le territoire. Même si on vous donne un contrat en dehors la Côte d’Ivoire, il est limité à 90 jours. La différence, c’est qu’avec le contrat Global Partners, les parents peuvent souscrire à partir de la Côte d’Ivoire à un contrat santé pour leurs enfants et compléter leur dossier de demande de VISA dont le consulat de France a besoin pour faire l’inscription. En plus, nous offrons l’assurance pour le VISA Schengen appelé “Assurance Voyage” pour toutes les personnes qui voyagent. Ce document fait partie des dossiers et c’est obligatoire.

A-t-on besoin d’un contrat d’assurance pour aller dans l’espace Schengen ?

Avant c’était possible de voyager sans contrat d’assurance. Il se trouve qu’il y avait des gens qui allaient en voyage et qui en profitaient pour se soigner. Le consulat de France a donc exigé dans les documents une assurance voyage. L’appellation diffère d’une compagnie d’assurance à une autre. Par exemple, pour ACR, c’est “Assurance pour VISA Schengen”. Dans ce contrat, il y a la garantie d’assistance qui englobe les cas de maladies graves, la perte des bagages et l’assistance juridique. Il y a également un plafond de soins médicaux qui s’élève à 30 000 euros. Il y a des personnes qui ont des cartes de crédit sur lesquelles, il y a toutes ces garanties. Mais ces personnes ne sont pas nombreuses donc le consulat de France demande une assurance voyage et c’est obligatoire. Ceux qui ont un contrat d’assurance monde entier peuvent se faire faire une attestation d’assurance en disant qu’ils sont assurés monde entier avec la France. Mais le problème demeure parce que le consulat de France exige 30 000 euros pour le plafond. Nous proposons des contrats qui n’ont pas ce plafond de garantie. C’est ce qui fait la différence. Systématiquement, les gens prennent des contrats d’assurance voyage pour compléter leurs dossiers avant d’aller au consulat.

Nous avons interviewé des responsables de groupes médicaux et de cliniques privées qui ont décidé de renforcer le plateau technique pour éviter les évacuations. Quelle politique prévoyez-vous face à cela ?

Des cliniques font des efforts pour offrir des plateaux techniques assez pointus afin de permettre aux assurés de ne plus être évacués. Mais c’est vraiment limité. Le plateau technique peut être pointu mais pas assez continu. Lorsqu’il y aura des examens délicats à faire, les assurés seront obligés de voyager pour se faire soigner. En plus, il y a des spécialités que nous n’avons pas sur place. Par exemple, pour la prise en charge des cancers, il n’y a pas de centre de radiothérapie en Côte d’Ivoire. Ceux qui n’ont pas assez de moyens financiers vont au Ghana pour faire les séances de radiothérapie. La Côte d’Ivoire avait ce projet, mais je sais plus où les choses en sont. C’est vrai que la PISAM est en train de revoir son plateau technique, pareil pour la Polyclinique Farah qui a un plateau technique de pointe. Cependant, je ne sais pas si les spécialités suivent. A un moment donné, les assurés qui ont des grosses pathologies sont obligés d’aller à l’étranger pour se soigner.

Avez-vous un dernier message ?

J’espère que le taux de pénétration de l’assurance maladie va s’améliorer. C’est vrai qu’il y a la demande, mais les choses ne se concrétisent pas par absence de moyens financiers. Nous espérons que les gens comprendront l’utilité d’avoir une assurance maladie. Parce que c’est très important. C’est vrai que la santé n’a pas de prix, mais elle a un coût. On est tellement confronté à de nombreuses difficultés que le fait d’avoir une assurance maladie résout une partie des difficultés. Nous essayons de mettre en place des produits pour pouvoir capter le plus de monde. Les grandes compagnies qui sont sur le marché font des contrats collectifs. Et, ces contrats ne sont pas à la portée des PME et PMI qui viennent de s’installer et qui ont 10 employés. Nous estimons que l’assurance maladie est un complément de salaire qui règle de nombreux problèmes pour l’employé. C’est bénéfique pour un employé qui a une couverture maladie pour sa femme et ses enfants. Il faut que cela entre dans les mœurs. A un moment donné, la Banque Mondiale avait exigé que toutes les sociétés d’Etat offrent des assurances maladie à leurs employés. Il y a eu des appels d’offre pour les contrats d’assurance maladie. Mais cela n’existe pratiquement plus. Il faut donc encourager les entreprises et les individus à s’assurer. Aujourd’hui, nous voulons développer une mutuelle avec toutes les personnes qui voudraient des assurances de façon individuelle. C’est-à-dire que nous voulons offrir l’assurance maladie à une famille qui en a besoin. En plus la catégorie des plus de 65 ans est laissée pour compte, et ils ne sont plus couverts par les assurances. Il faut régler tous ces problèmes parce qu’aujourd’hui, les gens vivent plus longtemps. Il faut que l’on puisse remettre ces personnes dans l’assurance et qu’elles puissent en bénéficier comme quand elles travaillaient. Nous étudions en ce moment des produits de contrats d’assurance maladie qui pourront être mis à leur disposition au moment opportun.

Scroll to top
Close