AGEDI : Développement des Zones Industrielles en Côte d’Ivoire par Youssouf Ouattara

Youssouf Ouattara nous parle du processus de certification de l’AGEDI (Agence de Gestion et de Développement des Infrastructures Industrielles en Côte d’Ivoire), des différentes zones industrielles, de leur stade de développement, du recensement des entreprises industrielles hors zones industrielles, mais aussi de la réhabilitation des anciennes zones de Yopougon et Vridi.

Interview avec Youssouf Ouattara, Directeur Général de l’AGEDI (Agence de Gestion et de Développement des Infrastructures Industrielles en Côte d’Ivoire)

Youssouf Ouattara, Directeur Général de l’AGEDI

Où en êtes-vous avec le processus de certification de l’AGEDI ?

Nous avons élaboré le manuel de procédure pour la démarche en vue de la certification de l’AGEDI (Agence de Gestion et de Développement des Infrastructures Industrielles en Côte d’Ivoire). Le rapport finalisé nous a été transmis par le cabinet. Dans le même élan de cette certification, il fallait que nous mesurions nos forces et nos faiblesses. Nous avons donc initié le plan stratégique de développement de l’AGEDI qui en est à sa phase d’opérationnalisation. Six axes stratégiques ont été définis, dont quatre axes de métiers et deux axes supports. Nous allons procéder à la sélection d’un cabinet afin de lancer le processus de certification. C’est une démarche qui prend du temps. Toutefois, nous avons engagé des éléments basiques qui vont permettre d’améliorer le processus de certification.

Qu’en est-il des axes de métiers ?

Les quatre axes de métiers concernent la stratégie de développement des zones industrielles, les questions de prise en compte de l’environnement, et le développement de l’AGEDI dans le renforcement des capacités en ressources humaines, puisque l’AGEDI est en pleine construction.

Où en êtes-vous avec les plateformes industrielles de Korhogo, Séguéla, Bondoukou et Bouaké ?

Nous avons amorcé le recensement des entreprises industrielles situées hors zones industrielles au début du mois de mars. C’est un processus qui a été soumis au gouvernement et il l’a trouvé judicieux.

Le développement d’une plateforme industrielle passe par différentes étapes. Il y a d’abord des études d’aménagement qui sont faites, ensuite des études d’ingénierie, enfin les appels d’offres et la sélection des entreprises qui vont réaliser les travaux. A Korhogo, les études d’avant-projet détaillées sont achevées et nous avons amorcé le processus d’appel d’offres pour sélectionner les entreprises qui vont procéder à l’aménagement de cette plateforme. Au niveau de la plateforme de Bondoukou, les études d’avant-projet détaillées sont en train d’être validées. A Séguéla, les études d’avant-projet sommaires sont en train d’être validées. La plateforme de Bouaké est quant à elle plus avancée. Tous les projets financés par la Banque Mondiale sont assujettis à des exigences. Mais globalement, le projet est conditionné par le respect des procédures, notamment les évaluations environnementales et stratégiques qu’il faut finaliser. Elles conditionnent le démarrage effectif des travaux sur les plateformes. Nous sommes en relation avec le Conseil du Coton et de l’Anacarde qui essaie de voir avec la banque dans quelle mesure trouver certains mécanismes pour raccourcir les délais de réalisation de certaines études et la finalisation de certaines étapes pour que ces chantiers puissent démarrer au plus tôt afin d’offrir aux opérateurs la possibilité de transformer l’anacarde.

Quelles sont les mesures que l’Etat a mises en place pour encourager la transformation locale de la noix de cajou ?

Il y a des opérateurs qui font de la transformation. Cette spéculation faisait l’objet d’intérêt pour de nombreux opérateurs qui s’installaient pour la transformation. Le processus que le gouvernement a initié est de donner de la célérité à la transformation de l’anacarde. Il y a des opérateurs qui font la transformation à Abidjan, à Bouaké et d’autres villes. L’installation de ces plateformes ne s’est pas faite sur des plateformes aménagées. L’Etat a donc pris l’engagement de booster cela en mettant en place des mécanismes, dont l’aménagement des plateformes qui bénéficient du financement de la Banque Mondiale. Il y a également d’autres mesures qui sont prises en dehors du code d’investissement. Il y a le principe de récépissé d’entreposage qui est une forme d’organisation qui permet aux opérateurs de s’assurer de la disponibilité de la matière première dans les zones de production. Cette disponibilité était l’une des difficultés des opérateurs qui craignaient l’exportation des matières premières. Aussi, le code d’investissement est assez compétitif. C’est l’un des meilleurs de la sous-région. C’est un aspect encourageant pour les opérateurs. En ce qui concerne l’anacarde, en plus des mesures prises pour garantir la disponibilité de la matière première, il y a un mécanisme de taxes à l’exportation qui sera de nature à décourager les opérateurs. Il y a un quota qui est établi par rapport à ceux qui transforment. Ces derniers ont plus de possibilité pour exporter parce qu’avec ces derniers, on est sûr d’avoir un niveau de transformation convenu avec le gouvernement. L’Etat veut encourager la transformation locale. Ce n’est pas une transformation à 100% que l’Etat recherche sur le champ. Cela devra se faire de façon graduelle. Ce serait une bonne chose si on pouvait atteindre 50% de transformation d’ici 2020.

Parlez-nous de la zone industrielle de Bonoua que l’AGEDI devait aménager.

Nous venons de recevoir le premier rapport préliminaire sur les études d’aménagement de la zone de Bonoua. Une fois que ce rapport sera validé, nous passerons aux études d’ingénierie et envisagerons par la suite le lancement des appels d’offres. Nous espérons que d’ici à la fin de l’année, nous pourrons finaliser tout ce qui est étude pour amorcer le processus de passation des marchés en vue de viabiliser cette zone de façon graduelle. Cette zone est assez sollicitée par les opérateurs de par sa proximité avec Abidjan. Bonoua se situe également sur l’axe Ghana-Lagos, et c’est une destination prisée par les opérateurs. Aussi, c’est l’une des zones dédiées à un type d’activités : l’agroalimentaire non polluant. Cette mesure est prise pour protéger la nappe phréatique qui est très importante et dont une partie dessert Abidjan en eau potable. A côté de Bonoua, il y a des localités où le projet enclave est amorcé, cela donne le ton de l’amorce de l’aménagement des espaces dans les villes de Bouaké, Séguéla, Korhogo et Bondoukou. Puis, il y a également la ville de Yamoussoukro qui est au centre et où il y a des projets en cours. Nous avons amorcé le processus de réalisation des études de cette zone. Nous sommes dans le principe de finalisation des marchés en vue d’élaborer des études d’ingénierie puisqu’il y a un plan d’aménagement qui est disponible en vue d’amorcer la réalisation des travaux. Il faut le rappeler, Yamoussoukro est une zone importante où il y a des écoles de renom. Au niveau de la zone PK24 d’Akoupé-Zedji, après avoir achevé la première phase des 62 hectares qui est aujourd’hui en pleine construction, nous avons amorcé avec un groupe chinois, l’aménagement de 127 hectares dans le cadre d’une maitrise d’ouvrage public. Les conventions sont signées et nous sommes dans le processus de mobilisation de ressources à travers le groupe qui viendra franchir les différentes étapes. Ces étapes sont longues au regard des différentes étapes qui permettent d’arriver au guichet de Eximbank pour prélever le financement et démarrer les études. Dès que les ressources seront mises à disposition, on démarrera l’aménagement des 127 hectares car les études réalisées par le BNETD (Bureau National d’Études Techniques et de Développement) sont achevées et les contrats sont signés. Nous avons également des zones d’urgence, l’une d’une superficie de 59 hectares destinée aux cimentiers et qui fait l’objet d’étude pour sa viabilisation et une autre de 60 hectares destinée aux industries mixtes comme celle de 62 hectares qui fait l’objet d’affectation aux opérateurs dont il y a l’amorce en vue de son aménagement. Il y a encore des négociations avec Afreximbank pour implémenter un PPP sur 112 hectares. A ce niveau, les négociations entre l’Etat et Afreximbank sont bien engagées. Il y a un autre groupe avec qui nous venons d’amorcer des réflexions d’orientation d’étude qui concernent 300 hectares pour une zone de logistique, de commerce, dans le style de zone économique spéciale. Si tous ces contrats aboutissent, nous couvrirons une zone de 940 hectares en termes de contractualisation avec les opérateurs pour son développement progressif.

Vous aviez annoncé le recensement des entreprises industrielles installées hors zones industrielles. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Nous avons amorcé le recensement des entreprises industrielles situées hors zones industrielles au début du mois de mars. C’est un processus qui a été soumis au gouvernement et il l’a trouvé judicieux. Nous nous sommes aperçus qu’avant de disposer de zones industrielles ou après que celles qui existent soient arrivées à saturation, des opérateurs se sont installés dans les périmètres urbains et des localités de l’intérieur qui ne sont pas dans des zones industrielles. Il y a des quartiers d’habitation à Abidjan où il y a des unités industrielles avec tous les risques environnementaux et sécuritaires que cela comporte. Le recensement a pour but de régulariser la situation de ces opérateurs et de voir s’ils ont obtenu des accords de l’administration pour s’installer sur le site. Aussi le recensement permettra de savoir si la mise en œuvre de leur unité a respecté les procédures règlementaires en termes de permis de construire et de dispositions environnementales, et pour finir, intégrer toutes les unités qui remplissent les conditions dans le fichier afin de leur permettre d’exercer normalement. Toutefois, celles qui se trouvent sur les sites à risque et qui ne peuvent pas rester sur les espaces qu’elles occupent seront accompagnées dans le processus de délocalisation pour intégrer des zones dédiées à leurs activités. Nous avons à ce jour recensé une centaine d’opérateurs au niveau de notre guichet. Cela peut paraître étonnant mais il y a des unités qu’on croyait sérieuses, mais qui n’ont pas le minimum d’informations. Cela va leur permettre de se mettre à jour par rapport à certaines informations essentielles pour leur exercice.

Qu’en est-il de la réhabilitation des anciennes zones industrielles ?

Dans nos échanges antérieurs, nous avons parlé de la réhabilitation de la zone industrielle de Yopougon phase 1. Une phase 2 est prévue. Aujourd’hui, nous avons amorcé les études en vue de la réhabilitation des zones industrielles de Koumassi et de Vridi. Ces études sont achevées et nous sommes en phase de préparation des dossiers d’appel d’offres. Le challenge sera de mobiliser les ressources financières pour réhabiliter au plus vite ces zones. Avant d’amorcer les études de réhabilitation, nous avons réalisé la monographie, tout comme nous l’avons fait à Yopougon, afin d’identifier les opérateurs et les titres dont ils disposent. C’est une base de données essentielle pour nous dans la gestion de ces plateformes industrielles. Voilà donc un ensemble d’actions qui sont entreprises sur les anciennes zones qui existent. Après Yopougon, nous sommes aujourd’hui déportés à Koumassi et à Vridi, et nous avanceons très bien. L’année prochaine, nous espérons faire le même exercice à San Pedro. Les ressources étant hélas limitées, il faut avancer pas à pas pour mettre à niveau les plateformes existantes et les développer.

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