Zones Industrielles en Côte d’Ivoire : Interview avec Youssouf Ouattara de l’AGEDI

Youssouf Ouattara explique quel est l’état d’avancement des travaux des différents chantiers initiés par l’AGEDI (Agence de Gestion et de Développement des Infrastructures Industrielles en Côte d’Ivoire) et nous parle de ses ambitions à moyen terme.

Interview avec Youssouf Ouattara, Directeur Général de l’AGEDI (Agence de Gestion et de Développement des Infrastructures Industrielles en Côte d’Ivoire)

Youssouf Ouattara, Directeur Général de l’AGEDI (Agence de Gestion et de Développement des Infrastructures Industrielles en Côte d'Ivoire)

Quels sont les états d’avancement des travaux que vous avez initié depuis notre dernier passage dans vos locaux ?

Depuis votre dernier passage, nous avions différents chantiers qui étaient mis en place. Il s’agissait des travaux de réhabilitation de la zone industrielle de Yopougon et de celle de Koumassi-Vridi. Il y avait également les travaux de construction de la nouvelle zone industrielle sur l’autoroute du nord au PK 24 à d’Akoupé-Zeudji et les perspectives de développement des zones industrielles à l’intérieur du pays que nous avions évoqué. L’AGEDI (Agence de Gestion et de Développement des Infrastructures Industrielles en Côte d’Ivoire) a poursuivi ses différents travaux. Les travaux de réhabilitation de la zone industrielle de Yopougon sont quasiment achevés. Il reste l’aménagement du paysage, notamment la question de sécurité et des équipements de proximité, qui rendront cette zone plus viable et plus compétitive et qui pourra répondre aux attentes des opérateurs économiques et des travailleurs. Ce sont notamment l’aménagement des accotements, la réalisation d’une clôture et l’installation des entrées contrôlées pour maitriser le flux de personnes qui entrent dans cette zone. Au niveau de la zone industrielle de Koumassi-Vridi, nous avons lancé un appel d’offres et sélectionné un cabinet qui achève en ce moment les études des travaux de réhabilitation. Nous avons aussi entamé des études de monographie avec notre partenaire technique qui est en train d’achever ces études qui nous permettront de connaître le niveau d’occupation exact de cette zone et les personnes qui y sont. Au niveau du PK 24, nous avons achevé l’aménagement des 62 hectares. D’ici peu, les travaux de drainage des eaux vont démarrer. L’étape clé à venir, c’est la finalisation du projet d’adduction d’eau et la station d’épuration. Le marché vient d’être octroyé à une entreprise qui a commencé la construction de la station d’épuration. Nous devons accroitre le nombre de terrains industriels dans cette zone. Nous avons une zone dédiée aux cimentiers de 60 hectares et une autre zone d’urgence qui fait environ 60 hectares. Un ensemble de 120 hectares pour lequel nous sommes en train de passer le processus du marché pour viabiliser cet espace et accroitre la disponibilité de terrains industriels. Nous avons également un programme de 124 hectares qui est en train d’être passé en contrat de maitrise d’ouvrage publique et qui sera aménagé par une entreprise chinoise. Nous espérons qu’en début d’année prochaine, nous pourrons conclure tout avec ce groupe et que commenceront les travaux. A côté, nous avons une centaine d’hectares qui est en train d’être négocié en vue de passer en projet de partenariat public-privé avec Afreximbank. Ce sera une concession qui concernera l’aménagement du site. Nous pouvons donc dire qu’à Akoupé-Zeudji, au PK 24 sur l’autoroute du nord, nous avons engagé plusieurs chantiers qui permettent d’accroitre la disponibilité de terrains au profit des opérateurs qui seraient intéressés par la destination Côte d’Ivoire. A l’intérieur du pays, il y a des villes qui ont été identifiées pour établir des plateformes en vue de booster la transformation de l’anacarde dans le projet avec l’appui de la Banque Mondiale. Ce sont Bouaké, Séguéla, Korhogo, Bondoukou et Odienné. Les études sont très avancées avec notre partenaire technique, le BNETD (Bureau National d’Etudes Techniques de Développement), et nous espérons que début 2019, nous puissions démarrer ces différents chantiers pour permettre à tous les opérateurs qui veulent s’installer à l’intérieur du pays, notamment dans le secteur de transformation de l’anacarde, d’avoir des plateformes modèles qui répondent à leurs attentes. Nous savons que San Pedro et Bonoua sont des villes prisées par les industriels. Ainsi, à Bonoua, nous avons entamé le processus de réalisation des études pour l’aménagement d’une zone industrielle. A San Pedro, nous avons une réserve dont nous allons démarrer les études. Tous ces chantiers devraient permettre aux opérateurs qui arrivent en Côte d’Ivoire de s’installer, que ce soit à Abidjan ou à l’intérieur du pays. Nous travaillons aussi à l’identification des opérateurs industriels qui sont installés sur les périmètres industriels et ceux qui sont installés en dehors des zones industrielles. En effet, nous voulons lutter contre les incendies récurrents dans les unités industrielles, surtout les vieilles unités industrielles qui n’ont pas respecté la réglementation en matière d’installation et de construction et qui n’ont pas appliqué les mesures environnementales et sécuritaires contre les incendies. Nous avons entamé une campagne de sensibilisation des unités industrielles qui sont à l’intérieur des zones industrielles. Pour celles qui sont en dehors de la zone, la situation est beaucoup plus critique. La plupart du temps, nous ne savons pas qu’elles existent. Elles sont le plus souvent disséminées dans les périmètres urbains. Nous n’apprenons leur existence que lorsqu’il y a une catastrophe qui se produit. Nous les recensons afin de les amener à se mettre aux normes en ce qui concerne les questions environnementales et les questions de sécurité-incendie. Le gouvernement a pris un décret qui date du 1er mars 2017. Nous avons toute l’année 2018 pour recenser toutes les unités industrielles pour qu’elles se mettent aux normes afin d’éviter les catastrophes et sécuriser les populations, les travailleurs et les investissements.

Comment procédez-vous à ce recensement ?

Toute structure qui veut aller de l’avant doit être efficace pour mieux répondre aux attentes de ses partenaires. Nous sommes inscrit dans une démarche de qualité-sécurité-environnement pour nous assurer que toute l’efficacité qui est attendue va être atteinte au travers de nos différents services.

Pour le moment, le recensement inclue l’artisan qui fait la manutention et la transformation. Nous avons initié une campagne. Nous avons rencontré la Chambre de Commerce et le secteur privé pour passer l’information. Nous nous appuyons sur la presse dans tout sa composante, y compris l’audiovisuel, pour passer l’information. Ce plan de communication va s’étendre sur toute l’année. Cela nous a permis d’enregistrer plusieurs opérateurs. Quand un opérateur arrive, il reçoit un kit de renseignements qu’il remplit. Ce kit retourne à l’AGEDI où son dossier est analysé. A travers ce kit, nous savons le titre dont il dispose et comment il s’y prend pour valoriser sa parcelle. Nous cherchons également à savoir si cet opérateur qui est désormais fiché respecte les normes. Nous lui donnons des orientations pour lui permettre de se mettre aux normes environnementales et aux normes de sécurité-incendie. C’est vrai que des industriels se disent que cette opération est faite pour les dénicher en vue de faire payer des taxes à ceux qui ne le font pas. Mais, pour le moment, nous nous attardons sur la problématique des questions environnementales et des risques d’incendie.

Comment vous y prenez vous pour aller à la rencontre des opérateurs qui pensent que cette campagne d’identification est faite pour leur imposer des taxes ?

Je pense que les opérateurs sérieux, qui ont de l’ambition, ne peuvent pas fonctionner comme des hors la loi et ne pas payer leurs taxes. Au contraire, ces opérateurs doivent tout faire pour se faire connaitre des services de l’Etat et travailler selon les normes afin de sécuriser leur financement. Sur les questions environnementales, c’est souvent les riverains qui se lèvent et mettent fin aux activités de certains opérateurs quand elles constatent que ces derniers ne respectent pas certaines normes. Les opérateurs ne doivent pas attendre que cela se produise avec leur unité de transformation. Mieux vaut être connu pour pérenniser ses affaires. Nous conseillons également les opérateurs dans le choix de l’activité. Si nous constatons que l’activité choisie ne peut pas être développée dans cette zone, nous lui conseillons une autre activité. En un mot, nous leur donnons des conseils avisés pour garantir et pérenniser leur investissement. Nous sommes des partenaires, nous ne sommes pas des adversaires.

Quelles sont vos ambitions ?

Nous avons pour ambition d’accroitre l’efficacité de nos services. Nous avons commencé en 2015 et nous avons trois années d’existence. Toute structure qui veut aller de l’avant doit être efficace pour mieux répondre aux attentes de ses partenaires. Nous sommes inscrit dans une démarche de qualité-sécurité-environnement pour nous assurer que toute l’efficacité qui est attendue va être atteinte au travers de nos différents services. Il faut qu’à terme, nous soyons certifiés et que nos procédures soient certifiées pour que nos opérateurs puissent être davantage satisfaits des services que nous leur offrons. Nous avons pour cela entrepris l’élaboration d’un manuel de procédures qui sera achevé bientôt. Nous avons également entamé un plan stratégique de développement de l’AGEDI pour faire un bilan, évaluer nos forces et faiblesses et nous projeter avec plus d’efficacité afin de répondre aux attentes. Ce plan stratégique et le manuel de procédures qui ont démarré au dernier trimestre de 2017 sont en train d’être achevés. Nous envisageons d’arrêter une date pour l’atelier de validation de ce plan stratégique. Nous sommes dans un secteur très compétitif, il faut donner le meilleur pour s’assurer de répondre aux attentes des opérateurs. Nous avons pour ambition d’accroitre la qualité de notre service. Sur trois années d’existence, nous avons eu l’honneur d’être primé. Nous avons reçu deux prix. Le prix de l’émergence pour le développement et le prix Ivoire Builders. Nos efforts sont reconnus dans le secteur. Nous avons boosté le secteur avec des résultats concrets. Nous percevons ces prix comme un encouragement. Nous devons redoubler d’efforts. C’est le lieu de remercier tous nos collaborateurs et le Ministère de l’Industrie qui nous apportent un appui important. Le Président de la République a mis en place des réformes en 2013. Elles ont permis de structurer le secteur et de mieux répondre aux attentes du secteur, puisque nous sommes engagés dans une vision d’émergence. Aussi, des dispositions sont prises pour accompagner les opérateurs qui seraient intéressés par la destination Côte d’Ivoire. Il y a une boussole qui leur permettra de s’orienter pour des investissements sécurisés en Côte d’Ivoire.

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