Secteur de l’Assurance en Côte d’Ivoire : Fructueux Tetiali Présente SAAR Assurances

Fructueux Tetiali partage son évaluation du secteur de l’assurance en Côte d’Ivoire et explique quels sont les avantages concurrentiels de SAAR Assurances. Le Groupe SAAR a été fondé en 1990 et est aujourd’hui présent dans 9 pays, avec 13 filiales. La SAAR exerce dans les secteurs de l’assurance vie, de l’assurance non vie et de l’immobilier.

Interview avec Fructueux Tetiali, Directeur Général de SAAR Assurances

Fructueux Tetiali, Directeur Général de SAAR Assurances

Comment se porte le secteur de l’assurance en Côte d’Ivoire ?

Le secteur ivoirien de l’assurance est le plus concurrentiel des pays de l’Afrique francophone. Il existe plus d’une trentaine de compagnies d’assurances vie et non vie, avec de nombreux acteurs. Aussi, le secteur a une croissance moyenne de 8% chaque année. Il y a encore du potentiel bien que certaines compagnies soient petites et fragiles. Toutefois, il y a encore des niches qui ne sont pas couvertes. La quasi-totalité des compagnies présentes font de l’assurance automobile et de l’assurance santé. Cependant, il y a également l’assurance des plateformes pétrolières qui pourrait être exploitée par les compagnies financièrement fortes. Aussi, la Côte d’Ivoire est le premier producteur de cacao, mais il n’existe quasiment pas d’assurance pour ce secteur. Souvent, le transport des fèves est assuré, mais rares sont les assurances présentes dans ce secteur agricole. Il y a encore de la place mais cela demande de la réflexion, de l’innovation et des risques. De plus, il y a tout un pan informel ici en Côte d’Ivoire, qu’il faut prendre en compte. Par exemple, il y a quelques temps, nous devions assurer des femmes qui vendent au marché et qui ne sont pas mensualisées. Nous leur avons fait une proposition de 175 000 Fcfa par an. Elles ont trouvé que cela était excessif. Du coup, nous leur avons donc proposé de payer 1000 Fcfa par jour. Elles ont accepté cette dernière proposition. Nous nous sommes rendu compte qu’elles étaient prêtes à débourser plus de 300 000 Fcfa, alors que la prime annuelle était fixée à 175 000 Fcfa. Ces femmes ne s’engagent pas sur du papier, mais sur la parole. Tout se joue sur la confiance. L’autre défi, ce sont les particularités de chaque client. Par exemple, si un musulman souscrit à une assurance décès et qu’il décède, nous demandons qu’un médecin vienne faire le constat du décès. Mais si ce dernier décède un mardi, l’enterrement aura lieu vendredi au plus grand tard après la prière. Et, c’est rare d’avoir le certificat médical du décès délivré par un médecin. Il y a tous ces défis à relever. Et, il faut trouver des solutions aux problèmes de ce type de clients. Le secteur n’a pas encore la pleine mesure de son potentiel.

Quels sont vos avantages concurrentiels ?

Le secteur ivoirien de l’assurance est le plus concurrentiel des pays de l’Afrique francophone. Il existe plus d’une trentaine de compagnies d’assurances vie et non vie, avec de nombreux acteurs. Aussi, le secteur a une croissance moyenne de 8% chaque année.

En assurance, les offres sont classiques. Nous sommes une compagnie jeune et nous n’avons pas la lourdeur des grosses machines qui sont présentes sur le marché depuis longtemps. Nous sommes très compétitifs sur les prix. Nous sommes capables de réagir rapidement. Nous avons une proximité avec le client et nous sommes accessibles en tout temps. Nous ne sommes pas installés au Plateau à Abidjan. Nous sommes dans un quartier résidentiel où notre client est notre voisin, et à qui l’on peut apporter son assurance le soir à la maison ou encore qui peut passer la récupérer un samedi quand il nous prévient de son arrivée. Dernièrement, nous avons mis en place un produit emprunteur que nous avons couplé avec la perte d’emploi. Cela veut dire que quand quelqu’un emprunte de l’argent et qu’il décède, la banque se couvre et rentre dans ses fonds. Mais quand il emprunte de l’argent et qu’il perd son emploi, il devra rembourser. Nous avons couplé les deux et c’est une innovation majeure. C’est un produit qui est très demandé en assurance vie. En ce qui concerne l’assurance non vie, nous faisons des garanties de caution de soumission, des cautions d’avoir de démarrage, etc. Il y a beaucoup d’infrastructures qui se mettent en place actuellement. Les entreprises ont besoin d’une garantie de caution pour le démarrage des travaux. Et, la caution octroyée par la banque est excessivement élevée alors qu’avec SAAR, ils paient moins que ce que la banque leur demande. Bien que la compagnie SAAR soit une jeune entreprise, nous faisons notre chemin à ce niveau.

Quel est votre apport dans le domaine de la santé ?

Nous nous sommes rendus compte que beaucoup d’Ivoiriens se soignent à l’extérieur, notamment en France. Malheureusement beaucoup d’Ivoiriens ne trouvaient pas d’hôpitaux de qualité dans ce pays. A un moment donné, nous avons constaté que beaucoup d’entre eux allaient à l’Hôpital Militaire de Neuilly, où les prestations ont des coûts très élevés. Quand nous nous sommes rendus compte que la Clinique Universitaire de Navarre offrait des soins de qualité semblable à l’Hôpital Militaire de Neuilly, mais avec des coûts plus accessibles, nous avons passé un accord avec cette Clinique de telle sorte que nos assurés s’y rendent. Surtout que cette Clinique Universitaire a en son sein une société d’assurances qui opère pour les Espagnols et pour les anciennes colonies espagnoles. Mais la difficulté, c’est que l’Ivoirien n’est pas très à l’aise avec l’espagnol et l’Espagne n’est pas une destination habituelle des Ivoiriens. Toutefois, tous nos assurés qui y sont allés ont été satisfaits par la qualité des prestations.

Êtes-vous à la recherche de partenaires ?

Oui, tous les partenaires sont les bienvenus. Dans le cadre de notre développement, nous souhaiterions avoir des partenaires financiers avec qui nous pouvons développer notre business. Par exemple, nous recherchons une banque qui a des réseaux pour nous permettre de distribuer nos produits. En échange, elle va bénéficier de l’épargne que nous allons collecter sur les clients. En Côte d’Ivoire, la plupart des banques qui ont des réseaux sous-traitent déjà avec d’autres assurances. Par exemple, la Banque d’Abidjan qui a acheté la Poste de Côte d’Ivoire a un réseau, mais elle n’a pas encore trouvé ses marques. Nous irons vers elle, mais nous attendons un peu. Il y a également Coris Bank Côte d’Ivoire qui nous intéresse. Elle n’est pas scotchée à une compagnie d’assurances en Côte d’Ivoire et elle développe peu à peu son réseau. Les gens se sont concentrés sur Abidjan et sur le secteur formel. Mais nous, nous cherchons à collaborer avec ceux qui se concentrent sur le secteur informel et avec qui nous pouvons échanger un type de savoir-faire et prendre des risques sur des segments bien précis. Par exemple, lorsque nous prenons la filière hévéa, la filière palmiers à huile et la filière cacao, nous nous rendons compte qu’il y a du travail à faire dans ces secteurs pour les institutions financières bien organisées. En Côte d’Ivoire, la productivité du cacao à l’hectare est plus faible qu’en Uruguay. Nous pensons que si nous avons des partenaires, c’est-à-dire, des banques avec qui nous pourrons encadrer les planteurs pour leur permettre de produire plus, et que nous assurons le planteur et sa plantation, le banquier pourra gagner plus d’argent. La productivité à l’hectare du palmier à huile est très faible en Côte d’Ivoire comparée aux pays d’Asie. Si nous trouvons un banquier comme partenaire qui est prêt à nous accompagner, nous verrons comment faire pour améliorer la productivité du planteur qui pourra en même temps souscrire à une assurance santé et à une assurance vie. En termes de productivité de l’hévéa à l’hectare, la Malaisie produit 3 fois plus que la Côte d’Ivoire. Alors qu’il y a quelques années, les Malaisiens étaient venus en Côte d’Ivoire pour tout apprendre sur la culture. Aussi, il y a le fait que nous pouvons assurer les planteurs. Imaginez s’il y a environ 100 000 planteurs d’hévéa qui nous versent 20 000 Fcfa par mois pour être assurés, cela fait deux milliards chaque mois et 24 milliards de chiffre d’affaires sur ce segment par an. C’est énorme. Si les planteurs avaient de l’épargne et que les banquiers et les assureurs s’étaient associés à eux, ils auraient pu construire leurs propres usines ou intervenir dans le tour de table des usines pour rentabiliser leur placement et faire en sorte que les gens puissent écouler leurs produits. Au niveau du cacao, la Côte d’Ivoire devait être le pays du chocolat et on devrait trouver dix ou vingt artisans de chocolat à chaque carrefour. Aussi, nous produisons du caoutchouc naturel, et on n’est pas obligé de faire de la pneumatique avec le caoutchouc synthétique. La Côte d’Ivoire ne produit pas de pneus. La plupart des articles an caoutchouc que l’on trouve en Côte d’Ivoire sont importés. Ce n’est pas normal. Nous cherchons un partenaire financier qui a une vision plus claire du développement de la Côte d’Ivoire, et qui est prêt à prendre des engagements sur le long terme.

Vos clients sont-ils des entreprises ou des particuliers ?

Nous avons les deux types de clients. En automobile et en multirisque d’habitation, nous travaillons beaucoup plus avec les particuliers. Mais sur les risques d’entreprises et en santé, nous travaillons plus avec les entreprises. En santé, nous arrivons difficilement à mutualiser lorsque nous avons affaire à des particuliers.

Quelles relations avez-vous avec le grand courtage ?

Nous ne pouvons pas survivre sur ce marché si nous n’avons pas de bonnes relations avec le grand courtage. Nous avons de bonnes relations avec Ascoma et Gras Savoye. Si j’étais chef d’une entreprise industrielle et que je devais prendre une assurance, je préfèrerais m’adresser à un courtier pour qu’il me conseille. Le meilleur canal avec lequel il faut discuter pour avoir les entreprises à assurer, c’est le courtage.

Quels sont vos grands projets du moment ?

Nous envisageons d’aller sur les segments rentables et nous allons innover. En y allant, nous ne nous attendons pas à ce que tout marche dès le premier pas. C’est sûr qu’il y aura des écueils et des obstacles, mais psychologiquement, nous sommes prêts à les affronter. Vu que ce sont des segments qui ne sont pas fréquentés, nous sommes convaincus que quand nous serons retombés sur le bon pied, nous aurons pris une longueur d’avance le temps que les autres arrivent sur le segment. Aussi, nous travaillons à ce que la branche santé qui est déficitaire ne nous cause pas de dégâts. Nous allons tout faire qu’elle soit en équilibre même si elle n’est pas rentable.

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