Secteur des Assurances en Côte d’Ivoire: Ousmane Guedou Présente la MATCA

Ousmane Guedou présente l’histoire de la MATCA et explique quelles sont ses missions principales. Il mentionne également quelques projets et priorités pour 2017, et partage sa vision pour l’avenir de la MATCA dans le secteur des assurances en Côte d’Ivoire.

Interview avec Ousmane Guedou, Directeur Général de la MATCA (Mutuelle d’Assurances des Taxis-Compteurs d’Abidjan)

Ousmane Guedou, Directeur Général de la MATCA (Mutuelle d'Assurances des Taxis-Compteurs d'Abidjan)

Pourriez-vous nous présenter l’histoire de la MATCA et nous expliquer quelles sont ses missions principales ?

Comme son nom l’indique, la MATCA c’est la Mutuelle d’Assurances des Taxis-Compteurs d’Abidjan. L’idée de la création de cette mutuelle est née du constat fait par les compagnies d’assurances qui avaient par le passé la charge de l’assurance des taxis compteurs. Le taux de sinistralité étant très élevé à cette époque, ces compagnies n’arrivaient plus à couvrir les sinistres de ce secteur d’activité. C’est ainsi qu’ils ont approché le gouvernement en lui proposant de mettre à la disposition des transporteurs un fonds d’établissement qui leur permettrait d’assurer eux-mêmes leurs véhicules. Voici comment est née le 31 octobre 1989 la MATCA. Sa mission principale est donc d’assurer les risques liés à l’activité du secteur des taxis-compteur et de payer les sinistres.

Pourriez-vous nous citer quelques-uns de vos grands succès ?

Notre vision c’est de faire de la MATCA une entreprise moderne et modèle. Nous sommes un exemple unique dans l’espace CIMA, nous voulons donc devenir un modèle de référence pour les autres pays de cet espace.

Vous savez, la MATCA existe depuis 27 ans. Les premiers dirigeants ont posé beaucoup d’actes positifs de gestion. Je dis bien les premiers dirigeants par ce que notre mutuelle a connu trois grandes épisodes dans son parcours : nous avons connu 10 années de stabilité, puis 10 années d’instabilité, et maintenant 7 années de stabilité retrouvée et de marche vers le développement. Depuis sept ans que l’équipe dirigeante actuelle est en place, beaucoup de progrès ont été réalisés. Le premier succès que nous avons enregistré à mon avis est le règlement des sinistres. Vous savez que la vocation première d’une compagnie d’assurance est le règlement des sinistres de ses assurés. A notre arrivée la MATCA peinait à payer à peine 400 millions de francs CFA par an. Et nous, nous avons décidé de régler au moins 1 milliard de Francs CFA annuellement. Et depuis 2010, nous payons chaque année un peu plus, de sorte qu’en 2015, nous avons réglé 1 milliard 500 millions de sinistres. Cela évidemment a un impact sur l’activité du taxi-compteur. Les sociétaires reprennent confiance en leur mutuelle et investissent à nouveau dans le secteur. Ce qui explique que nous soyons passés de 8000 taxis à notre arrivée, à 16.000 taxis aujourd’hui, et de 3000 sociétaires à 6000 sociétaires. Tous ces changements qualitatifs du secteur constituent aussi pour nous des succès. Et ce n’est pas tout. En 25 années d’existence, la MATCA ne disposait que de deux agences, situées toutes les deux dans la commune du Plateau. Nous avons doté la mutuelle d’une agence à Treichville pour les sociétaires d’Abidjan-Sud et d’une autre aux II Plateaux pour ceux d’Abidjan Nord. Par cette politique de décentralisation, nous voulons nous rapprocher davantage de nos sociétaires et leur permettre de faire des économies de temps. De même nous avons mis à leur disposition un service de remorquage. Par le passé, les taxis-compteur étaient remorqués par des compagnies privées à 80.000 Francs CFA en cas de panne ou d’accident sur la voie publique. Avec ce service, ils sont désormais remorqués à seulement 10.000 Francs CFA. Je voudrais m’arrêter à ce niveau par ce que les succès sont nombreux et je ne peux tous les énumérer ici.

Quels sont vos principaux projets et priorités pour 2017 ?

En 2017 nous entendons poursuivre la politique de décentralisation par la création d’une 5ème agence à Yopougon, qui est la plus grande commune d’Abidjan. Aussi nous entendons renforcer la capacité technique du service dépannage par la mise à dispositions de nouveaux véhicules de remorquage. Nous souhaitons aussi démarrer effectivement le projet de géolocalisation des taxis-compteur par le GPS, projet actuellement en fin de phase expérimentale. Nous espérons également obtenir la certification ISO 9001 version 2015. Il est bon de noter à cet effet que depuis 2015 nous sommes engagés dans la démarche qualité en vue de notre certification aux normes internationales.

Quels sont les principaux défis de la MATCA et que faites-vous pour les surmonter ?

Le défi majeur pour nous est de faire baisser les primes d’assurance chaque fois que nous le pouvons. Le rôle d’une mutuelle c’est d’améliorer les conditions de vie et de travail des mutualistes et nous y réfléchissons sans cesse. Il est bon de savoir que la prime d’assurance qui était fixée au départ à 56 775 F CFA, est passée dans un premier temps à 54 100 Francs, puis à 49 550 Francs et enfin à 40 000 Francs aujourd’hui. Mieux, conformément au nouveau tarif automobile élaboré de concert avec l’ASA-CI et approuvé par la Commission Régionale de Contrôle des Assurances (CRCA), la cotisation devrait s’élever à 42 700 Francs. Mais avec l’accord de l’ASA-CI et de la Direction des Assurances du Ministère de l’Economie et des Finances, la MATCA a maintenu son tarif à 40.000 Francs. Aussi, la création du Fonds de Garantie Automobile (FGA) dont le fonctionnement demande le prélèvement de 2% de la Responsabilité Civile Automobile aux compagnies d’assurances devrait avoir une incidence sur le coût de l’assurance qui devrait passer à 40 590 Francs. Mais nous avons maintenu la prime d’assurance à 40.000 Francs et nous avons décidé de payer nous-mêmes au Fonds de Garantie Automobile la portion de cotisation de 2% de la responsabilité civile. Vous voyez que nous sommes chaque fois préoccupés par l’amélioration des conditions de travail de nos sociétaires. Cette question est pour nous un réel défi que nous surmontons progressivement par la création de nouveaux produits générateurs de richesses. Nous faisons aussi face à d’autres défis majeurs qui sont le règlement régulier des sinistres, la baisse des primes d’assurance, le renouvellement du parc automobile et l’organisation du secteur des taxis-compteur.

Quelle est votre vision pour l’avenir de la MATCA dans le secteur des assurances en Côte d’Ivoire ? Que souhaiteriez-vous avoir accompli d’ici 2-3 ans ?

Notre vision c’est de faire de la MATCA une entreprise moderne et modèle. Nous sommes un exemple unique dans l’espace CIMA, nous voulons donc devenir un modèle de référence pour les autres pays de cet espace. Nous pensons que d’ici quelques années, notre mutuelle sera une entreprise émergente dans un pays d’économie émergente. D’ici 2-3 ans nous souhaiterions avoir terminé avec la politique de décentralisation de nos services et avoir réussi à équiper notre service de dépannage du maximum de véhicules pour couvrir entièrement toutes les communes du District d’Abidjan.

Le parc auto des taxis-compteur dont vous avez le monopole de l’assurance est de plus en plus vieillissant. Que faites-vous pour son renouvellement ?

C’est une question qui nous préoccupe énormément. Mais comme le cahier des charges de la MATCA ne nous permet pas d’agir directement dans ce cadre, nous proposons et suscitons des actions, notamment au niveau des pouvoirs publiques. De même nous encourageons des initiatives privées dans ce sens. Et de plus en plus vous assistez à des cérémonies de remises de taxis neufs aux sociétaires. De même de plus en plus vous constatez la présence de taxis de hauts standings dans la ville. C’est vous dire que le renouvellement du parc auto est déjà en marche et c’est une réalité aujourd’hui.

Quel serait votre message aux hommes d’affaires et investisseurs considérant la Côte d’Ivoire comme destination potentielle ?

Un atout majeur que présente aujourd’hui la Côte d’Ivoire est le retour définitif de la sécurité. La Côte d’Ivoire est un pays à nouveau fréquentable qui offre plusieurs opportunités d’affaires. Sa position stratégique dans la sous-région et tout ce qu’elle offre en termes d’infrastructures et de logistique sont favorables à une arrivée massive des investisseurs. Et nous particulièrement, nous souhaitons avoir de nouveaux investisseurs dans le secteur des taxis-compteur par ce que c’est une activité très rentable.

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