Produits Industriels Côte d’Ivoire
Moussa Dosso, Ministre de l’Industrie de la Côte d’Ivoire
Ministre de l’Industrie explique les changements apportés à promouvoir des investissements dans l’industrie de la Côte d’Ivoire et donc stimuler l’industrie et l’économie de la Côte d’Ivoire. Côte d’Ivoire va enfin devenir un pays émergent à l’horizon 2020 comme indiqué par le Président de la Côte d’Ivoire, Son Excellence le Dr Alassane D. Ouattara.
Interview avec Moussa Dosso, Ministre de l’Industrie de la Côte d’Ivoire
Comment approchez-vous la question de la fiscalité?
La fiscalité joue un rôle important dans la promotion des investissements. Elle figure en bonne place parmi les indicateurs prioritaires à améliorer dans le cadre de l’exécution du Programme Doing Business. C’est pourquoi, le code des investissements à travers ses dispositions, accorde de larges avantages fiscaux aux investisseurs.
Allez-vous considérer une réduction d’impôts pour les entreprises étrangères afin de stimuler les investissements?
Le code des investissements en vigueur prévoit un certain nombre d’avantages fiscaux:
• l’exonération de l’impôt sur le bénéfice industriel et commercial, de la contribution des patentes sur une période allant de 5 à 8 ans selon la zone d’implantation du projet;
• l’exonération de la contribution du patrimoine foncier, pour les investissements supérieur ou égal à deux milliards de FCFA.
Toutefois, dans le cadre de la relance économique, ce code des investissements est en révision afin de le rendre encore plus incitatif à travers de nouvelles dispositions telles que:
• l’exonération de TVA sur les équipements de production;
• la subvention d’équipements collectifs spécifiques : il s’agit de la fourniture, à des coûts inférieurs à ceux du marché, de terrains, de locaux, d’usines industrielles et d’infrastructures spécifiques comme les télécommunications, le transport, l’adduction d’électricité et d’eau;
• la subvention des services: ces services pourront inclure:
– l’assistance au niveau de la recherche de financement, de l’exécution et de la gestion des projets;
– la conduite d’études de pré-investissements;
– l’information commerciale;
– l’offre des matières premières et la mise à disposition d’infrastructures;
• les préférences du marché: il s’agit:
– de contrats publics préférentiels;
– de la fermeture du marché contre l’entrée d’autres produits;
– de la protection contre la concurrence des importations.
• Les traitements préférentiels pour les devises: il s’agit:
– de taux de changes spéciaux;
– de taux spéciaux pour la conversion de la dette étrangère en capital action;
– de la suppression des risques d’échanges sur les prêts étrangers.
Comment évaluez-vous le secteur de l’industrie en 2011 et quelles sont les perspectives pour 2012?
Quels sont les axes de développement stratégique pour cette année?
Le tissu industriel ivoirien a été préservé, les fondements n’ont pas été touchés. Les effets négatifs dus à la crise portent essentiellement sur des pertes concernant les intrants, le matériel roulant et des marchandises. Les perspectives pour 2012 sont bonnes pour les entreprises du fait des grands travaux en cours, des investissements privés annoncés, des réductions fiscales (voir annexe fiscale 2012), de la réduction des barrages et tracasseries en vue de favoriser les échanges et le commerce transfrontalier, ainsi que des initiatives engagées par le Ministère de l’Industrie.
Le Ministère de l’Industrie a pour mission de fixer les orientations du Gouvernement ivoirien en matière d’industrialisation et de promotion du Secteur Privé. Il a pour objectifs spécifiques d’améliorer l’environnement des affaires, d’accroître la capacité de développement et d’innovation du secteur industriel, de promouvoir l’entrepreneuriat national. C’est à ce titre qu’il a inscrit ses actions dans cinq axes stratégiques que sont : la Bonne gouvernance, la création d’emplois, notamment pour les jeunes ; la relance des infrastructures économiques et la modernisation du système de transport ; le soutien au Secteur Privé ; et la lutte contre la pauvreté.
Pouvez-vous nous décrire le plan d’actions prévu pour relancer la croissance économique, ses spécificités et ses effets attendus?
Notre plan d’actions est décliné à partir des axes stratégiques fixés. Il porte sur:
• le renforcement de la concertation entre l’Etat et le Secteur Privé;
• la restructuration et la mise à niveau des entreprises industrielles (compétitivité);
• la promotion de la normalisation et de la qualité;
• la promotion de la création d’unités de transformation;
• l’encouragement de l’initiative privée pour l’auto-emploi et l’insertion des jeunes;
• le soutien à la recherche de financements en faveur du Secteur Privé, notamment, pour la réhabilitation et la construction de zones et parcs industriels.
Côte d’Ivoire will finally become an emerging country by 2020 as stated by the President of Côte d’Ivoire, His Excellency Dr. Alassane D. Ouattara.
Comme résultats auxquels nous devons nous attendre:
C’est une économie plus compétitive, une croissance économique plus forte, avec comme conséquence une plus grande création de richesse et donc une réduction substantielle de la pauvreté, et enfin un pays émergent à l’horizon 2020 que l’a indiqué le Président de la République, Son Excellence le Dr Alassane D. OUATTARA.
Comment l’envisagerez- vous en pratique?
De façon concrète, les actions suivantes sont programmées à court et moyen terme:
• l’organisation de rencontres régulières avec le Secteur Privé par l’entremise du Comité de Concertation entre l’Etat et le Secteur Privé (CCESP);
• la révision du Code des Investissements (étude en cours);
• la mise en place du Centre de facilités de création des entreprises (études en cours);
• la réforme sur la mise en œuvre et la gestion des terrains industriels (étude en cours);
• le renforcement des capacités opérationnelles du Ministère de l’Industrie (en cours);
• la fixation des grands axes d’une nouvelle politique industrielle (TDR élaborés en collaboration avec le MEF, Convention signée avec l’ONUDI) en vue de l’élaboration d’une nouvelle politique industrielle;
• l’appui à la mise en place de tribunaux du Commerce (en collaboration avec le Ministère en charge de la Justice, en cours);
• la réhabilitation, l’extension et la création de zones industrielles (études en cours);
• l’appui à la production de technologies adaptées;
• la mise en place d’infrastructures de la qualité performantes (Laboratoires).
Quels sont les avantages pour une entreprise d’être établie en Côte d’Ivoire en particulier?
– un environnement des affaires de plus en plus favorable:
• le retour à la normalité et la stabilité politique;
• le code d’investissement en révision en vue de son attractivité;
• la création d’un centre de faciliter des entreprises qui permettra à l’investisseur de créer son entreprise en moins de 72 heures (réformes en cours);
• la création d’un tribunal de commerce (réforme en cours);
• l’existence d’un Comité de Concertation Etat/Secteur Privé qui a pour objet de renforcer le dialogue entre les deux entités susvisées;
• le principe de liberté d’investir;
• la possibilité de règlement des différents ou litiges;
• la garantie de non-discrimination;
• le libre rapatriement des capitaux.
– une disponibilité des infrastructures économiques et des matières premières d’origine agricoles
• un aéroport international;
• deux ports autonomes (Abidjan et San Pedro);
• un réseau téléphonique très performant;
• plus d’un millier de kilomètres de routes bitumées;
• les matières premières d’origine agricoles sont disponibles (la Côte d’Ivoire est 1er pays producteur de fèves de cacao marchands dans le monde).
Sur quel marché les industriels ivoiriens peuvent-ils être compétitifs à l’export?
Les produits industriels ivoiriens sont compétitifs sur les marchés de la sous région, notamment sur le marché de l’UEMOA (qui compte plus de 70 millions d’habitants) et celui plus élargi de la CEDEAO (avec près de 300 millions d’habitants). En effet, bon nombre des produits industriels ivoiriens se vendent très bien sur ce grand marché de l’Afrique de l’Ouest pour deux raisons essentielles:
1. du fait de la bonne qualité des produits mis sur le marché par nos industriels; aujourd’hui plus que jamais, la question de la qualité demeure un des facteurs clés du succès des produits ; et le Gouvernement, à travers le Ministère de l’Industrie, a fait de cette question un cheval de bataille pour permettre aux produits ivoiriens d’être compétitifs aux plans national et international. Depuis quelques années, le Gouvernement a mis en œuvre différents programmes d’appui à la démarche qualité auprès des entreprises ivoiriennes, qui ont été complétés par l’institution du Prix Ivoirien de la qualité.
Nos efforts ont été soutenus par la Commission de l’UEMOA qui a mis en œuvre un programme qualité dont a bénéficié notre pays.
2. la seconde raison réside dans les dispositifs mis en place au sein de l’UEMOA et de la CEDEAO pour faciliter les échanges commerciaux entre les Etats membres: il s’agit du dispositif de la Taxe Préférentielle Communautaire de l’UEMOA et du Schéma de Libéralisation des Echanges de la CEDEAO. Ces deux dispositifs constituent un avantage compétitif pour les produits ivoiriens, car ils permettent une entrée de nos produits en exonération de droits de douane sur les marchés de la sous région.
Grâce à ces atouts, les produits industriels ivoiriens sont compétitifs sur les marchés de l’Afrique de l’Ouest.
Mais au-delà du marché ouest africain, les produits industriels ivoiriens sont aussi compétitifs sur les marchés extérieurs en général. En témoignent les exportations de certains produits tels que ceux issus de la transformation du cacao (le beurre de cacao, la masse de cacao, etc.,) vers les marchés européen, américain, asiatique, etc.
C’est le lieu de préciser que l’ambition du Gouvernement est d’accroître les exportations en diversifiant les marchés et les produits, l’objectif étant de parvenir à exporter plus de produits transformés (semi-finis et finis) que de matières premières brutes.
Pour ce faire, le Gouvernement a mis en œuvre différents programmes grâce à l’appui des partenaires au développement, visant à renforcer la compétitivité des produits. C’est le cas:
• du Programme d’Aide au Commerce et à l’Intégration Régionale (PACIR), dont l’une des composantes est le projet « d’amélioration de la compétitivité des entreprises des secteurs d’exportation non traditionnels »;
• du Programme de restructuration et de mise à niveau des entreprises initié par la Commission de l’UEMOA en faveur des entreprises des Etats membres de l’Union.
Il convient de signaler que mon département travaille à la mise en œuvre d’un programme national, plus vaste que le programme pilote de l’UEMOA, de restructuration et de mise à niveau, avec l’appui technique de l’ONUDI, afin d’améliorer la compétitivité des entreprises en général et de l’industrie ivoirienne en particulier.
De façon globale, il faut noter que le Gouvernement a fait de la question de la compétitivité un défi majeur à relever. C’est pourquoi, Il va entamer avec l’appui de la Banque Mondiale, une étude sur la compétitivité globale de l’économie ivoirienne.
La réalisation de cette étude permettra d’identifier les actions et les stratégies à mettre en œuvre pour accroître les performances de nos industries en matière d’exportation de produits manufacturés sur le marché international.
En terme d’image, quelle est la perception des exports industriels ivoiriens sur les marchés extérieurs?
Au sortir de la crise post-électorale, notre pays a besoin d’améliorer son image vis-à-vis de l’extérieur. En effet, cette image a été quelque peu écorchée durant cette période difficile qu’a traversée notre pays.
En ce qui concerne les produits industriels ivoiriens, je dirai qu’ils sont bien appréciés sur les marchés extérieurs, n’en témoignent la demande extérieure en produits ivoiriens.
Toutefois, beaucoup reste à faire en termes d’amélioration de l’image des produits ivoiriens à l’extérieur, surtout après la crise post-électorale. Le Gouvernement en est conscient et les efforts entrepris visent:
– le renforcement des capacités des délégués commerciaux de la Côte d’ivoire à l’étranger et des opérateurs économiques (industriels) dans le domaine de la promotion commerciale;
– le développement d’une nouvelle stratégie commerciale pour notre pays;
– le développement d’une diplomatie active, orientée vers une promotion accrue des produits ivoiriens et de l’image de la Côte d’ivoire à l’étranger.
Ces actions devraient contribuer à l’amélioration de l’image de notre pays et repositionner les produits made in Côte d’Ivoire sur les marchés extérieurs.
Picture credit: Abidjan.net