Phoenix Capital Management : Un Groupe Financier Clé sur le Marché de l’UEMOA

Michel Abrogoua, membre fondateur et Président du groupe financier Phoenix Capital Management, un acteur clé sur le marché de l’UEMOA, explique pourquoi les fonds d’investissement sont importants pour les économies africaines, et présente PCM, un groupe devenu incontournable sur le marché financier ivoirien et régional.

Interview avec Michel Abrogoua, Président de Phoenix Capital Management (PCM)

Michel Abrogoua, Président de Phoenix Capital Management (PCM)

Pourquoi les fonds d’investissement sont-ils importants pour les économies africaines ?

Les fonds d’investissement sont importants pour nos économies parce que généralement en Afrique, et en Afrique subsaharienne en particulier, à l’exception de l’Afrique du Sud, les ressources longues qui permettent de financer le secteur privé dans sa phase de création et de développement sont insuffisantes. Elles sont insuffisantes soit parce que l’épargne locale est insuffisante, soit parce que l’infrastructure chargée de la collecter n’est pas efficiente. D’où l’importance des fonds d’investissement qui sont un canal pour compenser cette insuffisance. Les fonds d’investissement sont également un instrument pour faciliter les flux d’investissement des pays occidentaux vers l’Afrique subsaharienne. Les principaux fonds d’investissement sont des fonds européens, américains et quelques fois asiatiques. A cela s’ajoute la mobilisation des ressources longues auprès des institutions internationales telles que IFC du Groupe de la Banque Mondiale, et d’autres ; ou régionales comme la BEI (Banque Européenne d’Investissement), la BAD (Banque Africaine de Développement) et d’autres ; ou encore nationales comme Proparco (filiale de l’ Agence Française de Développement en charge du financement du secteur privé), FMO l’Agence de coopération néerlandaise et d’autres.

En somme, les fonds d’investissement répondent à une problématique qui est l’insuffisance de ressources longues pour le financement des acteurs privés, lesquels sont des maillons essentiels pour la croissance et le développement économique de nos pays.

Quel est le rôle des SGI (Sociétés de Gestion et d’Intermédiation) ?

La finance est l’instrument qui doit accompagner l’Afrique dans son émergence économique, notamment par le développement de son industrialisation et la transformation locale de nos matières premières.

Les sociétés de gestion et d’intermédiation ont pour vocation, soit d’accompagner les acteurs économiques à lever des ressources à travers les marchés de capitaux, soit de conseiller ces derniers pour la mobilisation de financements auprès d’autres institutions, qui ne sont pas nécessairement des acteurs du marché boursier. Ainsi les SGI facilitent la gestion des ressources de certaines institutions, notamment les compagnies d’assurance et les fonds de pension. C’est un besoin qui s’est fait sentir assez tôt. Par exemple, les compagnies d’assurance ont pour métier de collecter l’épargne et de gérer des risques techniques. Pour assurer une gestion optimale de leurs ressources financières elles font appels aux professionnels du marché financier. Il en est de même pour les organismes de prévoyance sociale. A titre principal leur métier est de fournir des prestations de services divers à leurs adhérents, la gestion financière étant une activité connexe. D’où l’importance des SGI qui leur apportent cette expertise extérieure et les amènent par leurs conseils à optimiser leur gestion financière.

Enfin, certaines SGI apportent des conseils aux investisseurs extérieurs qui veulent investir dans la zone de l’UEMOA (Union Economique et Monétaire de l’Ouest Africain) pour mieux les orienter dans leurs décisions d’investissement. En effet, ces derniers s’appuient sur ces acteurs locaux pour pouvoir saisir des opportunités. La seule contrainte et le défi que nous avons, c’est que nous avons un marché boursier qui a une profondeur insuffisante en termes d’émetteurs. Il nous faut réfléchir à des formules pour rendre ce marché plus actif. Comparé au marché Nigérian, le marché financier de l’UEMOA devrait enregistrer davantage de cotations de valeurs actions ou obligations pour rester attractif.

Qu’est-ce qui fait la spécificité du Groupe PhoenixAfrica ?

Le Groupe PhoenixAfrica s’est toujours inscrit dans une démarche d’innovation. Phoenix Capital Management (PCM) était la première SGP (société de gestion de patrimoine) sur un marché où il n’y avait que des SGI. Dès le démarrage de nos activités, nous avons structuré une opération majeure sur la place, à savoir le rachat d’une banque importante par un groupe d’assurances local, créant ainsi le premier groupe de bancassurance du marché régional. L’organisme national de prévoyance sociale, dont les organes de gouvernance ont validé notre recommandation d’investissement, s’est associé à cette opération. En cela cette institution a pleinement joué son rôle de financement de l’économie, suivant ainsi l’exemple d’autres organismes de prévoyance sociale tels que PIC (Public Investment Corporation) en Afrique du Sud, qui investit déjà l’épargne et les cotisations de ses adhérents dans l’économie réelle.

L’intervention de PCM a également permis la restructuration et titrisation au profit de l’un de nos clients, d’une dette publique de 200 milliards de FCFA, l’équivalent d’un peu plus de 300 millions d’euros, en collaboration avec la Banque Mondiale et le FMI (Fonds Monétaire International).

Aujourd’hui, nous nous diversifions pour renforcer notre capacité d’intervention auprès de nos clients.

En somme, c’est un marché qu’il faut dynamiser en sortant des sentiers battus, tout en restant dans le cadre de la règlementation.

Qu’est-ce qui fait qu’un investisseur a du flair ?

Etre investisseur, c’est un métier. Les investisseurs évaluent les projets par rapport à leur viabilité économique et leur rentabilité, mais aussi à la capacité du promoteur à gérer son projet, que ce soit techniquement ou financièrement. Une fois que ces conditions sont réunies, nous analysons les risques. Et, c’est la capacité d’appréciation de ces risques qui permet de juger le flair de l’investisseur. Le flair se cultive et en plus, il faut avoir l’expérience et la connaissance de l’environnement. En Afrique, il faut intégrer l’analyse du risque pays pour acquérir des actifs à un prix raisonnable.

Qu’est-ce que vous proposez dans le WAEMGF (West Africa Emerging Market Growth Fund) ?

Le WAEMGF n’est pas un nouveau fonds. Ce fonds existe depuis quatre ans et il est totalement investi. Nous préparons les sorties dont la première va se faire en début d’année prochaine. Parallèlement nous travaillons au lancement du Phoenix Africa Fund qui interviendra dans le courant de l’année 2018. Ce fonds s’inscrira dans la continuité du West Africa Emerging Market Growth Fund, et sa vocation est de mettre les ressources financières longues à la disposition des opérateurs en phase de développement dans les pays de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Ce fonds va accompagner les promoteurs des PME régionales qui n’ont pas accès à des ressources longues et qui ont besoin d’être accompagnés, dans l’optique d’en faire des champions nationaux.

Le WAEMGF est investi dans sept entreprises qui interviennent dans les secteurs de la distribution de produits pétroliers, l’agro-industrie, l’hôtellerie, les services financiers, la télécommunication et la distribution de produits pharmaceutiques. Le portefeuille d’investissement du WAEMGF couvre des pays tels que la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Burkina Faso, le Bénin, le Mali, la Mauritanie, la Guinée et la Guinée Bissau.

Plus généralement, la vocation des fonds d’investissement est d’améliorer les capacités et la gouvernance d’entreprises à fort potentiel pour qu’elles fonctionnent correctement, et d’en assurer la pérennité même après la sortie du fonds. Le fait d’être actionnaire nous permet de participer au pilotage de l’entreprise en tant que membre du conseil d’administration, suscitant même la création de comités stratégiques pour apporter des améliorations, et faire respecter les politiques environnementales qui revêtent pour nous un caractère prioritaire.

Quels sont les défis que peut avoir un président d’une SGI en Afrique de l’Ouest ou en Côte d’Ivoire sur le plan stratégique ?

Il y a deux types de société de gestion et d’intermédiation. Les indépendantes et celles qui sont adossées à des banques commerciales. Ces dernières ont un marché captif et sont adossées à une structure qui leur assure un volant d’affaires conséquent. Alors que les structures indépendantes doivent compter sur leur capacité à mobiliser des capitaux et trouver des clients pour assurer leur pérennité. Nous devons avoir la capacité à mobiliser les meilleures compétences et assurer la sécurité des transactions. D’où l’importance d’anticiper en créant des produits et services qui font la différence.

Quelle est votre ambition dans deux ou trois ans ?

L’ambition que j’ai pour ce groupe, c’est qu’il devienne une institution régionale de référence. Que lorsque l’on évoque Phoenix Capital Management, on ne pense pas à Michel Abrogoua, mais à une institution qui a une équipe capable de fournir des prestations de service de qualité, aux standards internationaux. C’est le message que je fais passer à mes collaborateurs.

Un dernier message ?

L’Afrique est un champ totalement ouvert. Lorsque l’on dit que l’Afrique est la nouvelle frontière, cela fait sens. Il y a beaucoup de choses à faire en Afrique. La finance est l’instrument qui doit accompagner l’Afrique dans son émergence économique, notamment par le développement de son industrialisation et la transformation locale de nos matières premières.

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