Comoé Capital : Le 1er Fonds d’Investissement à Impact Dédié aux PME et Start-up Ivoiriennes

Issa Sidibé présente Comoé Capital, le premier fonds d’investissement à impact dédié au financement et à l’accompagnement des PME et des start-up ivoiriennes, dont le montant oscille entre 0 et 500 000 euros. Comoé Capital est le cinquième fonds africain sponsorisé par Investisseurs & Partenaires dans le cadre du fonds I&P Développement 2.

Interview avec Issa Sidibé, Directeur Général de Comoé Capital

Issa Sidibé, Directeur Général de Comoé Capital

Comoé Capital est un fonds dont le montant oscille entre 0 et 500 000 euros. Parlez-nous des fonds qui évoluent sur le même segment que vous ?

Comoé Capital est le seul fonds d’investissement sur le segment de 0 à 500 000 euros disponible en Côte d’Ivoire. A part Comoé Capital, les entreprises n’ont que pour alternative, le financement bancaire qui demande des garanties et des sûretés ou la microfinance qui est sur un très court terme et chère. Le seul financement long terme en capital qui est proposé sur ce segment, c’est Comoé Capital qui l’offre. A côté de Comoé Capital, nous avons trois fonds qui évoluent sur le segment de deux jusqu’à trois millions d’euros. Nous pouvons citer dans un premier temps Investisseurs et Partenaires qui est le sponsor de Comoé Capital. Ensuite, nous avons Injaro, un fonds dédié à l’agriculture, le fonds AHL, et Oasis Capital qui est un fonds qui a été créé au Ghana et qui y a fait des investissements intéressants, puis qui a été déployé en Côte d’Ivoire. Ce sont les acteurs présents sur ce segment. C’est un segment qui n’attire pas grand monde en termes de fonds ou investisseurs de ces fonds. C’est un modèle qui est différent, qui nécessite, au-delà de la rentabilité financière, d’autres choses. La plupart des acteurs qui sont sur ces segments cherche à générer des impacts positifs. Ils ont aussi une recherche de rentabilité extra-financière, une motivation qui va au-delà du financier.

Quels sont les partenaires de Comoé Capital ?

L’idée pour nous, c’est aider des entreprises qui pourront croitre en taille, mais aussi financièrement. Nous voulons que ces entreprises soient des exemples pour d’autres entreprises.

Comoé Capital a été créé par Investisseurs et Partenaires. C’est un fonds panafricain qui existe depuis une quinzaine d’années et qui a investi dans plusieurs pays d’Afrique. Ce fonds touche les segments plus petits en identifiant des équipes locales et en montant des fonds avec des acteurs locaux. Comme acteur local qui est intervenu ici, nous avons le groupe NSIA qui est un groupe de bancassurance qui est présent dans plusieurs pays africains et qui a été monté par un entrepreneur ivoirien. Le groupe Orange qui investit dans l’entrepreneuriat et qui accompagne des entrepreneurs via des concours de startup est également notre partenaire. La Société Générale est aussi notre partenaire. Elle nous accompagne dans différents pays et lance des initiatives pour promouvoir l’entrepreneuriat féminin. Nous avons également le Groupe Eurofind qui est un groupe agro industriel qui bâtit des entreprises. Nous avons aussi pour partenaire, un entrepreneur ivoirien qui est le promoteur de CDCI, Yasser Ezzedine, dont l’expérience nous est utile. C’est un groupe d’actionnaires assez diversifié et qui intervient dans plusieurs secteurs. Cela nous permet d’avoir une bonne appréciation des risques. Ces entreprises sont impliquées et accompagnent les entreprises dans lesquelles nous investissons. C’est une richesse et c’est la plus grande valeur ajoutée que nous avons dans ce projet.

Quelles sont les activités des fonds d’investissement ?

Une entreprise dispose de trois moyens pour se financer : les fonds propres, le financement bancaire ou tout ce qui est lié à la banque comme la microfinance, donc la dette, ou enfin le financement au capital dans lequel on trouve des actionnaires nouveaux, des business-angels ou des fonds d’investissement. La spécificité des fonds d’investissement, c’est investir en capital et donc partager le risque de l’entrepreneur. Par exemple, en cas de perte, vous perdez comme l’entrepreneur et en cas de gain, vous gagnez comme l’entrepreneur. Au-delà de cet investissement capital, il y a un accompagnement qui est fait. En tant que personne qui partage le risque avec l’entrepreneur, nous sommes amenés à créer de la valeur avec ce dernier. Et créer de la valeur, c’est pouvoir l’accompagner. Nous lui apportons une assistance technique et mettons à sa disposition un réseau. Nous l’accompagnons aussi afin de renforcer ses pratiques en termes de gouvernance, mais aussi en termes de pratiques environnementales et sociales, afin d’identifier des opportunités ensemble et de les saisir. C’est un partenariat sur un long terme, généralement cinq ans. Il faut dire également qu’avec un fonds d’investissement, les process sont beaucoup plus longs, contrairement à une banque. Le risque étant plus grand, nous avons donc besoin de connaître les personnes pour pouvoir mieux travailler avec elles sur le long terme.

Pouvez-vous citer des entreprises que vous avez aidées ?

Nous existons depuis peu, et n’avons à nos actifs que trois investissements. Nous avons investi dans une maison d’édition dirigée par une dame qui fait un excellent travail. Elle avait besoin de conquérir un nouveau marché et de lancer un nouveau produit spécifique dans le marché de l’édition. Nous l’avons accompagnée sur ce projet et l’entreprise connaît une forte croissance. Nous l’avons aidée à financer ce projet et nous l’aidons aussi à se renforcer en termes de gouvernance. Nous l’aidons également à identifier des opportunités car nous faisons des mises en relation avec des partenaires, des canaux de distribution, et de nouveaux marchés à l’extérieur, puisque nous avons un réseau international. Nous avons aussi investi dans une startup qui se définit comme une université des entreprises. Elle propose des programmes de formation aux entreprises en venant répondre au gap qui existe entre la formation théorique dans les universités et les besoins des entreprises. Par exemple cette école a mis en place un cours sur l’analyse financière avec la Société Générale, parce que la Société Générale se plaint du fait qu’elle passe beaucoup de temps à former les jeunes qui sortent des écoles sur l’analyse financière. Et ces cours seront mis à la disposition de tout le monde. Ce sera donc gratuit et les meilleurs profils seront présentés à la Société Générale. Nous avons également investi dans une société qui fait la transformation des céréales. Cette société existe depuis plusieurs années et elle plafonne depuis un certain temps parce que l’unité est trop petite. La promotrice n’a pas les moyens d’investir et les banques ont du mal à l’accompagner parce que du point de vue actif, l’immobilisation n’est pas grande. Nous avons accompagné cette dame dans l’aménagement d’un nouveau site et l’avons aidée à mettre en place des process de qualité parce l’idée, c’est de vendre à l’international et de toucher des entreprises comme Nestlé qui demandent des standards de qualité. Nous avons levé une poche d’assistance technique pour financer un process qui va l’amener à une certification ISO. Nous allons au-delà des montants que nous pouvons apporter. Nous privilégions l’accompagnement.

Quelle est votre business-modèle pour effectuer les due diligence ?

Nous bénéficions d’appuis de bonne volonté, que ce soit des personnes physiques ou morales. Nous avons des personnes que l’on appelle mentors, qui sont en réalité des bénévoles qui nous accompagnent en termes de monitoring de l’équipe de gestion. Ces bénévoles accompagnent les entrepreneurs chez qui nous investissons. Ils nous accompagnent au niveau de nos instances sur les comités d’investissement pour apprécier les risques et voir comment les atténuer. En plus des bénévoles, nous avons des actionnaires qui sont très impliqués. Le sponsor Investisseurs et Partenaires met à notre disposition son réseau et son savoir-faire dans l’investissement et nous accompagne dans les diligences. Nous avons aussi des actionnaires comme des banques, les industriels, le leader des télécoms qui nous aident en mettant à disposition leurs employés pour répondre à des problématiques bien précises. Nous avons également l’assistance du groupe AFD qui a mis à notre disposition un projet d’assistance technique qui nous permet de recourir à des consultants pour répondre aux problématiques sur lesquelles nous sommes limités. Par exemple, dans le cadre d’une mission de mise en place de process, cela peut être de la formation. Tout cela est financé par l’Agence Française de Développement.

Quels sont vos challenges ?

La plupart des fonds qui sont ici ont le challenge de sourcing, c’est-à-dire identifier des entreprises. Nous avons moins ce challenge parce que nous recevons beaucoup de dossiers d’entrepreneurs puisque nous sommes seuls sur ce segment. Nous espérons qu’il y aura d’autres lecteurs parce qu’avec le rythme d’investissements qu’on aura, dans une bonne année, nous ferons cinq investissements. Cela ne va pas réellement impacter l’économie. Nous devons identifier les bons entrepreneurs qui sont capables d’exécuter les projets. Nous sommes dans un marché qui est quasi vierge en termes d’opportunités. Le principal challenge pour nous, c’est notre capacité à créer de la valeur dans les entreprises où nous investissons. Nous voulons apporter de l’assistance technique à ces entreprises. L’idée pour nous, c’est aider des entreprises qui pourront croitre en taille, mais aussi financièrement. Nous voulons que ces entreprises soient des exemples pour d’autres entreprises. Elles doivent continuer la croissance même quand le fonds se retire. En un mot, nous voulons aider à la création de champions.

Quelles sont vos objectifs dans les deux ou trois ans à venir ?

Nous voulons faire entre 4 et 5 investissements par an. Nous voulons également être capables de pérenniser les emplois. Nous rentrons dans des entreprises où des emplois ne sont pas formalisés, les pratiques sociales ne sont pas totalement formalisées, et dans lesquelles il y a des opportunités de croissance qui ne sont pas saisies par l’entrepreneur, parce qu’il n’a pas la connaissance ou la capacité de le savoir. Nous voulons également impacter toute la chaine de production. Par exemple, les fournisseurs doivent le sentir par les commandes récurrentes des produits de qualité et les employés doivent ressentir une amélioration dans leurs conditions de travail. Nous voulons aussi que l’entrepreneur voie son entreprise grandir. Nous pensons que si nous arrivons à le faire avec 5 entreprises par an, sur 10 ans, nous pourrons créer des champions et impacter l’économie à une petite échelle.

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