Obara Capital : Des Solutions de Financement Alternatives Adaptées aux PMEs de l’UEMOA
Bernard Ayitee nous parle du financement des entreprises de la zone UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine) et explique ce que va apporter Obara Capital à ce marché. Il évoque également certains challenges à surmonter et partage sa vision pour le futur d’Obara dans deux ou trois ans.
Interview avec Bernard Ayitee, CEO chez Obara Capital
Quelle est la nature des fonds disponibles pour financer les entreprises de la zone UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine) ?
Les produits financiers disponibles pour le financement des entreprises de la zone UEMOA sont essentiellement la dette bancaire et l’equity.
Les produits de dette offerts sont plutôt classiques et sont proposés par les banques commerciales, les organismes de développement multilatéraux et bilatéraux (à l’instar de la Banque Africaine de Développement ou de l’Agence Française de Développement), qui financent à la fois le secteur privé et le secteur public, et enfin par des institutions de micro-crédit qui diversifient de plus en plus leur offre de produits financiers.
L’equity est quant à elle offerte par des fonds d’investissement dont les financements se font en général sous forme de prises de participations minoritaires dans le capital des sociétés pour des durées de 5 à 7 ans en moyenne.
Bien qu’on pourrait considérer que les sources de financement soient suffisamment diversifiées, les critères d’éligibilité et les tickets minimums sont encore trop restrictifs au regard des besoins et des spécificités des entreprises de l’UEMOA. Ainsi, si les grosses entreprises locales, les sociétés publiques ou encore les filiales de groupes internationaux arrivent à trouver des solutions de financement plus ou moins adaptées à leurs besoins, ce n’est pas le cas pour les entreprises moins établies. En effet, les PMEs et les sociétés en croissance, qui ont moins d’historique ou qui ont des besoins de financement en dessous du milliard de FCFA ont beaucoup plus de difficultés à trouver des solutions à leurs problématiques de financement. Les institutions de microfinance ont une approche plus souple et adaptée mais leur offre reste encore trop limitée à la lueur des besoins à satisfaire. Le problème ne réside pas dans le manque de ressources financières disponibles pour le financement des entreprises de l’UEMOA car les bailleurs de fonds ont du mal à déployer les ressources dont ils disposent. Le sujet provient plutôt du fait qu’il n’y a pas suffisamment d’outils pour déployer ces ressources à destination des entreprises de taille moyenne. Les fonds d’investissement de la zone UEMOA ont des tickets d’investissement moyens de 5 à 10 milliards tandis que trop peu de départements PMEs des banques commerciales ont une démarche adaptée et cohérente avec les spécificités de ce marché.
Avec toute la dynamique des affaires qu’il y a en Côte d’Ivoire, pourquoi les PME ne sont-elles pas assez financées ?
Le financement des PME, des TPE et des start-ups est une problématique à laquelle sont confrontées la plupart des économies, qu’elles soient matures ou pas. La problématique des PMEs de l’UEMOA est double : les outils de financement disponibles ne sont pas adaptés à leurs spécificités et ces PMEs sont souvent perçues comme une catégorie d’entreprises risquée compte tenu des sujets de gouvernance, de transparence financière, de qualité de l’information comptable et de leur tendance à opérer à la frontière du secteur formel.
Les acteurs économiques, que ce soit les banques commerciales, les fonds d’investissement ou les institutions de développement, n’ont pas encore trouvé le moyen de déployer avec agilité et réactivité les montants de financement dont ont besoin les PMEs. En effet, ces acteurs savent déployer 1,5 ou 10 milliards mais ne savent pas investir de façon profitable des montants moins élevés. Et quand elles y arrivent, c’est dans des conditions (délais, taux, garantie) qui excluent la plupart des PMEs.
D’un autre côté, les PMEs de l’UEMOA sont encore trop souvent pas suffisamment organisées. La gouvernance est faible, les procédures pas formalisées et par manque d’accompagnement les demandes de financement sont souvent mal structurées.
Pour ce qui est de l’absence d’outils de financement adaptés, de nouvelles initiatives dans la microfinance ont commencé à émerger et même les marchés de capitaux commencent à devenir une alternative de financement pour certaines PMEs déjà bien structurées. La BRVM (Bourse Régionale des Valeurs Mobilières) a ainsi ouvert un nouveau compartiment dédié aux PMEs, le programme Elite BRVM Lounge, de manière à leur permettre d’avoir accès à des capitaux à travers les marchés financiers.
Ces différentes initiatives sont un bon début de solution même s’il reste encore beaucoup à faire. En effet, tant que les acteurs financiers ne trouveront pas le moyen déployer de façon efficiente leurs ressources pour financer des tickets de financement en ligne avec les besoins des PMEs, la problématique subsistera. De leur côté, les PMEs gagneraient à être mieux structurées et à se faire accompagner pour le montage de leur demande de financement ; ce qui contribuerait à réduire la perception du risque que les bailleurs de fonds ont à leur égard.
Que va apporter Obara Capital à ce marché ?
Dans deux ou trois ans, nous espérons qu’Obara Capital aura pu apporter des solutions à un grand nombre de sociétés et surtout que les sociétés que nous aurons accompagnées seront devenues des fleurons de l’économie africaine.
Obara Capital apporte de l’innovation, de l’agilité et de la disruption avec des solutions de financement alternatives adaptées aux spécificités des PMEs de l’UEMOA. Nous intervenons sur des classes d’actifs réputées risquées pour lesquelles les investisseurs traditionnels (banques commerciales, fonds d’investissement, organismes de développement) ont un appétit limité. Nous sommes en mesure de créer de la valeur pour nos investisseurs tout en offrant des solutions de financement efficaces et adaptées aux PMEs grâce à une approche de la gestion des risques fondée sur une connaissance fine de l’environnement local et par la mise en œuvre de techniques d’ingénierie financière sophistiquées.
Nous offrons ainsi entre autre des solutions de financement du besoin en fonds de roulement, des solutions de prêt relai (bridge loan), des solutions de financement de la supply chain et des commodities avec la particularité de ne quasiment jamais exiger de garanties. Cette singularité nous permet d’offrir des financements à des PMEs ou à des sociétés qui jusqu’à présent n’auraient pas été éligibles aux solutions de financement traditionnelles disponibles.
Pouvez-vous donner des exemples concrets de ce que vous avez réalisé avec certaines entreprises ?
Un de nos produits qui marche très bien est le prêt relai. C’est un produit destiné aux PMEs qui sont fournisseurs de sociétés bancarisées pour lesquelles il est possible d’appréhender le risque-crédit. Notre produit de prêt relai consiste à refinancer les PMEs qui ont délivré un service ou des biens à leurs clients et qui doivent faire face à des délais de règlement de leurs créances. Nous leur offrons donc un financement de 30 à 90 jours en attendant que leur créance arrive à échéance et qu’ils soient remboursés par leur client.
Nous sommes, par exemple, capables de refinancer 80% d’une facture et d’attendre 90 jours, qui correspondent au délai de paiement au fournisseur pour être payé par le donneur d’ordre de notre client.
Cette solution nous permet de financer des catégories de sociétés qui ne sont pas éligibles au financement traditionnel de par leurs spécificités ou de par leur taille. Nous apportons ainsi des solutions de financement concrètes qui favorisent l’éclosion d’un tissu économique industriel et diversifié et qui permettront à terme de faire passer les PMEs clientes à l’étape supérieure, celle de champion national, régional ou continental.
Quel retour avez-vous sur ces produits ? Les gens sont-ils intéressés ?
Ce produit est très plébiscité par nos clients car il apporte une solution simple, efficace et adaptée à leurs problématiques. Les grands donneurs d’ordre sont également séduits par notre offre qui leur permet de pérenniser les relations avec leurs fournisseurs les plus stratégiques et de sécuriser leurs approvisionnements sans pour autant détériorer leur situation bilancielle (à savoir leurs ratios de BFR et d’endettement). Les grands donneurs d’ordre deviennent ainsi rapidement nos meilleurs VRPs et leur présence rassure notre clientèle cible et facilite notre travail d’éducation et de sensibilisation tout en limitant nos risques.
Parlez-nous du service family office.
Le concept de family office est apparu au 19ème siècle, aux Etats-Unis, quand des riches familles d’industriels tels que les Rockefeller, ont commencé à s’entourer de professionnels de confiance pour gérer leur fortune. Obara Capital souhaite appliquer les mêmes principes qui ont fait le succès de ces familles illustres à la gestion du patrimoine des familles africaines clientes. Nous offrons donc à nos clients une gestion professionnelle et sophistiquée de leurs avoirs de façon à ce qu’ils puissent pérenniser leur patrimoine au-delà de plusieurs générations. Nous déclinons une approche sur mesure qui commence par une analyse patrimoniale afin de comprendre les attentes de nos clients de manière à leur proposer la meilleure stratégie de gestion et d’investissement. Nos prestations incluent par exemple la création de holding familiales, la mise en place de plans de succession et la création de fondations.
Pouvez-vous donner des exemples précis ?
Il y a un certain nombre de nos clients qui souhaitent investir dans de l’immobilier à l’étranger pour diversifier leur portefeuille ou pour financer les études de leurs enfants à l’étranger. Nous avons conçu avec nos banques internationales partenaires des solutions de financement à des conditions quasi semblables à celles auxquelles auraient eu droit des résidents français et canadiens. Au-delà de ces solutions de financement, notre offre de service couvre toute la chaîne de valeur de l’identification des biens jusqu’à leur gestion. Nos clients peuvent donc nous déléguer tout le processus d’investissement et ainsi se concentrer sur leurs autres activités.
C’est un exemple de produit que nous avons développé pour répondre aux besoins de notre clientèle locale en quête de portefeuilles d’actifs qui soient équilibrés, avec une exposition à autre chose que les marchés sur lesquels ils opèrent déjà.
Cette solution illustre une fois de plus l’agilité et l’innovation que nous souhaitons apporter. Nous offrons des solutions d’investissement alternatives qui correspondent toujours à un besoin non satisfait.
Parlez-nous du 3ème pan de ce projet.
Cette offre est complémentaire aux deux offres que nous venons de citer. Nous apportons des solutions d’ingénierie financière afin d’accompagner et de conseiller nos clients sur leurs problématiques de financement (augmentations de capital, levée de dette, etc.) ou de fusions-acquisitions (achat et cession d’entreprises et/ou d’actifs). C’est une activité qui a été développée pour répondre aux demandes de certains de nos clients qui souhaitent bénéficier de notre expertise pour faire grandir leur société et optimiser leur structure financière.
Quels sont les challenges que vous percevez ?
Nous opérons sur des marchés caractérisés par une forte asymétrie d’information et pour lesquels un ancrage local fort est déterminant pour mitiger les risques opérationnels et garantir un rendement à nos investisseurs. C’est le plus gros challenge auquel nous sommes confrontés. Des efforts restent également à faire pour améliorer la transparence financière et la gouvernance des PMEs qui constituent notre cible prioritaire.
Dans deux ou trois ans, que sera Obara Capital ?
Dans deux ou trois ans, nous espérons qu’Obara Capital aura pu apporter des solutions à un grand nombre de sociétés et surtout que les sociétés que nous aurons accompagnées seront devenues des fleurons de l’économie africaine. Nous voulons détecter les jeunes pousses de demain, leur fournir des solutions de financement qui répondent à leurs problématiques pour qu’elles passent du statut de PMEs à celui de grosses entreprises puis à celui de champions régionaux et africains, qui pourront compétir dans un environnement globalisé. Ce sont nos objectifs et nous nous sommes donnés les moyens de les atteindre.