Le Microcrédit en Côte d’Ivoire par Ruben Dieudonné de Microcred Baobab

Ruben Dieudonné partage son évaluation du secteur du microcrédit en Côte d’Ivoire et présente Microcred Baobab, une entité du Groupe Microcred. Il explique également quels sont les avantages concurrentiels de Microcred Baobab et partage sa vision pour le futur de l’entité, dont le but est de devenir l’institution financière de référence en Côte d’Ivoire.

Interview avec Ruben Dieudonné, Directeur Général de Microcred Baobab

Ruben Dieudonné, Directeur Général de Microcred Baobab

Comment évaluez-vous le secteur du microcrédit en Côte d’Ivoire ?

Le microcrédit est un secteur en pleine expansion en Côte d’Ivoire. Vu le potentiel économique de la Côte d’Ivoire et vu sa population, nous constatons qu’il y a une amélioration dans ce secteur, surtout en termes d’accessibilité aux populations.

Comment réussissez-vous la bancarisation de la population ?

Nous bancarisons la population en construisant des institutions solides qui tiennent compte de la réalité dans laquelle vit cette population. Malheureusement, il y a une institution qui contrôlait le marché mais qui a des difficultés en ce moment. Mais, depuis quelques années, il y a de nouvelles institutions comme Baobab et deux autres qui sont sur le marché et qui arrivent à se développer d’année en année. C’est à travers ces institutions solides que nous arrivons à bancariser les populations. Il y a du chemin parcouru, mais il reste beaucoup à faire.

Concrètement, quelle est votre technique pour bancariser les populations qui sont dans les zones rurales ?

Nous sommes la meilleure institution de microfinance en Côte d’Ivoire et c’est le marché qui le dit. En termes de taille, nous sommes premier sur le marché du crédit. Nous voulons passer de meilleure institution de microfinance à la meilleure institution financière.

Baobab est présent depuis huit ans en Côte d’Ivoire. Nous nous sommes dans un premier temps attaqués aux grandes villes. Nous avons commencé à Abidjan et nous continuons le processus de développement dans les grandes villes. Bouaké a été la deuxième ville où nous avons implanté la société. Progressivement, nous allons vers les villes de moindre importance. Nous nous développons dans les milieux semi-urbains. Après les milieux semi-urbains, nous nous attaquerons aux milieux ruraux. Nous pouvons dire aujourd’hui que Microcred Baobab est implanté dans la quasi-totalité de la Côte d’Ivoire, mais pas qu’avec les agences physiques. Nous avons 23 agences et nous pensons que la Côte d’Ivoire a une capacité d’en absorber une cinquantaine. En effet, il y a quatre ans dans le groupe, et à partir de l’année dernière en Côte d’Ivoire, à côté des agences, nous avons lancé des agents bancaires ou des correspondants bancaires. Le correspondant, c’est un particulier chez qui on installe notre système informatique et avec qui nos clients peuvent faire leurs transactions de dépôts et de retraits. C’est à travers ces correspondants que nous irons beaucoup plus loin dans le pays profond. Ces correspondants nous permettront de desservir toute la population. Nous avons lancé ce projet et nous sommes entre la phase pilote et la phase de développement. Nous avons une soixantaine d’agents. L’idée à terme, c’est d’avoir des milliers d’agents qui pourront desservir toute la population. C’est ce que nous avons fait dans les pays comme le Sénégal et Madagascar. A côté de cela, nous sommes dans le processus de digitalisation dans lequel nous développons des produits de crédit et d’épargne. Par exemple, nous avons des produits digitalisés : le Taka, un nano loan qui est décaissé électroniquement au client via un SMS. Puis, nous avons un produit de renouvellement automatique pour nos anciens et bons clients qui remboursent leur crédit. Nous renouvelons automatiquement leur prêt en quelques heures. Sur cette base, dès que le client est éligible, on lui envoie un SMS. Il se rend à l’agence et son crédit est décaissé sans processus de demande de crédit et d’évaluation de crédit au préalable. Globalement, pour gérer un dossier de crédit chez nous, le processus dure en moyenne 10 jours. Mais avec le renouvellement automatique, il ne faut attendre que quelques minutes. Ce sont des nouveautés que le groupe apporte dans les pays où il exerce pour être beaucoup plus efficace et servir le plus de clients possible pour augmenter le taux de bancarisation.

Pouvez-vous donner de plus amples informations sur le premier produit ?

Le Taka, c’est un nano crédit. En fonction du comportement du client, il est éligible ou non. Lorsque le client est éligible, on lui envoie un SMS pour lui dire qu’il est éligible. S’il veut de cet argent, il se rend en agence pour que le décaissement soit fait. Mais dans certains pays comme au Sénégal et à Madagascar où notre système de correspondant bancaire est assez développé, le client peut se rendre chez le correspondant pour faire le décaissement. Ce sont des montants qui s’élèvent à 300 euro. Mais la moyenne est de 60 euro. Ce sont des montants relativement faibles. Et, le taux d’intérêt des produits ne dépasse pas la norme qui est de 24%.

Quels sont les avantages concurrentiels de Baobab ?

Le premier avantage concurrentiel c’est la qualité de nos services. Cette qualité se matérialise par la proximité que nous avons avec nos clients. Nous sommes très proche de nos clients. Tout cela est matérialisé par la rapidité avec laquelle nous décaissons les crédits. Nous avons la capacité de décaisser des crédits en quelques jours. C’est un avantage compétitif que les clients apprécient beaucoup, car dans nos pays, l’instruction pour les demandes de crédit se fait avec une lenteur exagérée. Nous avons aussi l’innovation et la technologie qui est au cœur de notre développement. C’est un avantage pour nous car cela nous permet d’être proactifs et productifs.

Quels sont les produits que vous proposez aux clients ?

Nous proposons aux clients des produits de crédit, des produits d’épargne et des produits d’assurance. Notre mission, c’est de donner accès à des services de qualité à des clients qui précédemment n’y avaient pas accès. Nous avons plusieurs produits de crédit. Il y a des produits qui sont destinés exclusivement aux clients ayant des activités génératrices de revenus. Ce sont des produits qui leur permettent de financer leur fonds de roulement, d’investir, de financer des opportunités d’affaires, etc. Il y a également des nano loans qui sont octroyés lorsque le client a un problème d’ordre social, en cas de maladie, paiement de la scolarité de ses enfants, etc. Il y a également des produits pour financer l’agriculture. Et puis, à côté de ces produits de crédit, nous avons des produits d’épargne. Ce sont les comptes d’épargne classiques, des comptes courants et des plans d’épargne pour tous les types de clients et pour tous les besoins. Par exemple, nous avons des plans d’épargne éducation et logement. Nous avons également des produits d’assurance de santé, de décès et d’invalidité.

En termes de technologie, quels sont vos acquis ?

La technologie est au cœur de nos activités. Nous avons deux canaux de distribution : il y a les agences physiques et les correspondants ou agents bancaires. Nous vendons aussi dans notre réseau de distribution, des crédits d’épargne et d’assurance destinés à des clients de microfinance classique. Nos clients ont en général des activités génératrices de revenus et 95% d’entre eux travaillent dans l’informel. En termes de stratégie, nous voulons élargir la base de la clientèle. Nous avons aujourd’hui 150 000 clients épargnant et près de 5 000 clients crédit sur 25 millions d’habitants en Côte d’Ivoire. Nous voulons passer de 150 000 à deux ou trois millions de crédits. Nous avons fait des études de marché et nous nous sommes rendu compte qu’il y avait des segments de la clientèle qui n’étaient pas desservis. Aujourd’hui, il n’y a aucun produit financier destiné aux jeunes. C’est également le cas des salariés à revenus modestes comme les vigiles. Alors que ces catégories de personnes sont estimées à des millions sur le marché. Pour le faire, nous devons développer la digitalisation. Nous allons utiliser des applications mobiles d’où l’idée de la digitalisation des processus. Nous allons nous donner des moyens qui vont nous permettre de desservir une grande masse de clients. C’est un processus que nous avons déjà enclenché. Nous allons développer le réseau pour offrir des services et des produits adaptés à d’autres segments de la population.

Avez-vous besoin de partenariats pour mener à bien ce projet ?

En Côte d’Ivoire, nous avons un partenariat avec un opérateur téléphonique. C’est nécessaire d’avoir des partenariats avec des opérateurs de téléphonie mobile et des compagnies d’assurance. Nous distribuons des produits d’assurance classique pour les assureurs. Nous sommes en discussion avec les assureurs pour développer des produits d’assurance appropriés à ce type de clientèles. Nous ne pouvons pas faire seul ce développement.

Dans deux ou trois ans, comment voyez-vous l’évolution de Microcred Baobab ?

Nous sommes la meilleure institution de microfinance en Côte d’Ivoire et c’est le marché qui le dit. En termes de taille, nous sommes premier sur le marché du crédit. Nous voulons passer de meilleure institution de microfinance à la meilleure institution financière. Et nous comptons y arriver avec la mise en place de notre stratégie qui est de passer de 150 000 clients à deux millions de clients. Si nous avons ce nombre de clients, l’impact sera beaucoup plus visible et Microcred Baobab sera l’institution financière de référence en Côte d’Ivoire.

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