ESPartners : Un Groupe de Conseil et d’Investissement au Service des Entrepreneurs

Eric Kacou nous parle de l’importance de l’entreprenariat et de l’innovation, afin que le continent africain bénéficie des retombées de la croissance économique. Dans ce cadre, il présente les différentes actions menées par la société ESPartners (Entrepreneurial Solution Partners), dont il est le Co-Fondateur et Directeur.

Interview avec Eric Kacou, Co-Fondateur et Directeur de la société ESPartners (Entrepreneurial Solution Partners)

Eric Kacou, Co-Fondateur et Directeur de la société ESPartners (Entrepreneurial Solution Partners)

Selon vous, comment faire pour que l’Afrique bénéficie des retombées de la croissance économique ?

Le constat est que l’ensemble du potentiel, c’est-à-dire les ressources humaines et les ressources naturelles du continent africain n’ont pas encore réussi à être transformées en postérité pour que l’Africain moyen en bénéficie. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation où l’Africain moyen ne réalise pas son potentiel économique. L’entreprenariat est l’une des solutions qui peut faire la différence. C’est la clé qui manque pour avoir ce cercle vertueux où l’on passe d’une situation où l’on vit dans la pauvreté alors que nous sommes entourés d’abondance, à une situation où l’on réalise le potentiel que nous avons en tant qu’individu, en tant que pays et en tant que continent. Il permet aux hommes et aux femmes de trouver des solutions aux problèmes auxquels ils font face dans nos sociétés. Je parle par exemple de produits et de services dans des domaines comme l’éducation ou encore l’énergie, où des entreprises mettent en place des solutions qui marchent. Ces entreprises créent des emplois et paient des impôts.

Vous avez tout le potentiel, mais qu’est ce qui manque à votre pays ?

Quand on parle d’incubation, il s’agit de permettre à des jeunes qui pensent entreprendre, à structurer leurs idées et à bâtir leur histoire entrepreneuriale en faisant des choix stratégiques. Nous leur permettons de passer d’une idée à une entreprise.

L’entreprenariat et l’innovation sont des phénomènes mondiaux. Je ne pense pas que l’Afrique soit le seul continent à avoir des difficultés sur cette question. Si nous nous tournons vers des pays comme les Etats-Unis ou des régions comme l’Europe, nous nous rendons compte qu’il y a toujours des améliorations à faire dans ces domaines. Dans le contexte africain, il y a trois choses auxquelles il faut faire face pour y arriver. Il faut, premièrement, changer les mentalités. Il faut arriver à une situation où l’on comprend réellement l’objectif de l’entrepreneur. Je ne crois pas que l’entreprenariat soit pour tout le monde et soit une panacée pour résoudre tous les problèmes. Il y a beaucoup de programmes qui existent dans nos pays et par lesquels on promet aux jeunes qu’après une formation d’une semaine moyennant 1000, 2000 ou 3000 euros, ils peuvent monter un business qui marche. La vérité, c’est que ceux qui réussissent à le faire sont peu nombreux. C’est l’exception et non la règle. Il faut, deuxièmement, créer un environnement d’affaires qui soit favorable aux entrepreneurs et aux entreprises. Fondamentalement, une entreprise a besoin de ressources humaines, d’électricité, de sécurité, d’un cadre légal et fiscal qui fonctionne. Et, si tout cela n’est pas créé, il sera difficile pour l’entreprise de fonctionner. Et troisièmement, il faut le capital intelligent. Prenons l’exemple d’une jeune dame qui veut accroitre son business. Elle aura forcément besoin de différents types de financements et d’assistance technique pendant la durée de vie de son business. Quand elle commence, elle a besoin d’un fonds de roulement pour faire son pilote. Quand elle aura réussi à le faire et que son produit fonctionnera, elle devra mettre en place une usine. Dans ce cas, il lui faudra un financement à long terme. Et puis, au départ, elle avait besoin d’un avocat pour lui permettre de choisir la bonne voie légale. Un an après, elle aura besoin d’un comptable qui va lui permettre de remplir ses déclarations d’impôts. Dès lors, un entrepreneur qui veut faire tout ce parcours est livré à lui-même. Nous offrons à ces entrepreneurs et à ces entreprises la bonne combinaison de financements et d’assistance technique tout au long du business. Si nous arrivons à régler ces trois problèmes que j’ai cités plus haut, je crois que l’on pourra faire émerger des entreprises qui vont faire la différence.

Comment votre entreprise intervient-elle au niveau des trois axes que vous venez de citer ?

Au niveau du changement des mentalités, nous sommes impliqués dans beaucoup d’activités dans le domaine de l’incubation. Quand on parle d’incubation, il s’agit de permettre à des jeunes qui pensent entreprendre, à structurer leurs idées et à bâtir leur histoire entrepreneuriale en faisant des choix stratégiques. Nous leur permettons de passer d’une idée à une entreprise. Quand nous procédons ainsi, nous travaillons sur la mentalité des jeunes gens pour leur permettre de comprendre ce qu’ils veulent faire et pour leur permettre de se poser les vraies questions. Très souvent, nous essayons de trouver des exemples de réussite parce que nous croyons au pouvoir de la démonstration. Notre rôle dans nos activités à travers les différents partenariats, c’est d’offrir aux jeunes des démonstrations réelles. Il y a des icônes en entreprenariat qui existent dans le monde entier, comme Bill Gates et Mark Zuckerberg. Mais, il est important que nous ayons des histoires locales dans lesquelles le jeune entrepreneur moyen a pu émerger. Au niveau du climat des affaires, nous pensons que cet environnement est malsain parce que nos décideurs ne sont pas bien informés. Nous sommes convaincus que lorsqu’ils ont la bonne information, ils prennent les bonnes décisions. Nous avons mis en place une activité que l’on appelle “La finance s’engage” qui est une initiative que nous avons lancé avec la Commission Financement du Secteur Privé de la CGECI (Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire) et la Banque africaine de développement. Grâce à cela, nous avons pu faire un sondage auprès de 4200 entreprises choisies sur un échantillonnage qui représente l’ensemble de l’économie. Et, nous avons réussi à établir que les besoins de financement du secteur privé sont de 3 600 milliards de FCFA. C’est une information importante parce que sur ces 3 600 milliards, les banques ne peuvent mettre à disposition que 1200 milliards. Il y a beaucoup plus de besoins que de demandes. C’est une information que les décideurs peuvent utiliser pour combler ce gap. Armés de la bonne information et de la bonne stratégie, les décideurs peuvent créer les conditions qu’il faut pour permettre aux entreprises d’émerger. Le capital intelligent est le centre de toute notre activité. Nous travaillons au jour le jour avec les entrepreneurs, que ce soit pour les programmes d’assistance technique, mais aussi pour la mise en place d’un fonds d’investissement qui nous permettra d’accompagner certaines entreprises qui ont besoin de capital intelligent.

Pouvez-vous nous donner des informations sur l’assistance technique dont vous parlez ?

L’assistance technique commence par un diagnostic de l’entreprise. Cela nous permet de revoir la stratégie, les opérations et les actifs de l’entreprise. Nous voyons aussi comment ces trois éléments sont en adéquation avec l’environnement dans lequel l’entreprise évolue. C’est important, car, lorsqu’il y a un déséquilibre entre la stratégie, les actifs, les opérations et l’environnement dans lequel on évolue, l’entreprise ne peut pas progresser. C’est le premier élément important dont nous tenons compte dans l’assistance technique. Le deuxième élément important, c’est la mise en place avec l’entrepreneur d’une feuille de route de croissance. La croissance est la problématique centrale de toute entreprise, de toute économie et de toute une vie. Il est donc important pour nous de pouvoir aider l’entrepreneur et son équipe à mettre en place un véritable plan qui identifie les différentes opportunités que ces acteurs vont suivre et aussi les ressources en termes financiers et humains pour leur permettre d’y arriver. Ce sont des stratégies pratiques qui permettent à l’entrepreneur de savoir ce qu’il doit faire à chacune des étapes qu’il va identifier. Troisièmement, quand nous mettons en place ces stratégies, il y a des problématiques connexes qui s’ajoutent. Nous travaillons donc avec des partenaires pour nous assurer que l’assistance au point de vue comptable et légal soit en place, mais aussi que l’assistance en termes d’opération et de ressources humaines soit en place. C’est un package complet qui augmente les chances de l’entrepreneur et qui baisse les difficultés en termes de prise de risque et de stress. L’entrepreneur est plus confiant quant à sa capacité à réaliser un plan concret.

Comment vous distinguez-vous des autres cabinets de conseil en management ?

La différence entre nous et les autres, c’est l’approche et la façon d’accompagner les entrepreneurs avec lesquels nous travaillons. Ces entrepreneurs estiment que notre travail a eu un impact sur leurs entreprises. Nous avons eu à travailler avec de nombreuses entreprises en Côte d’Ivoire, comme par exemple Ava Café et Taxi Pro. Nous avons aussi travaillé avec de grandes entreprises et des partenaires au développement, comme la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, par exemple.

La réalité, c’est qu’aujourd’hui la majorité des véhicules d’investissement qui existent au regard des montants d’émissions et de prise de participation sont trop importants pour le marché. Vous avez des équipes d’investissement dont le métier de base est la finance. Quand vous regardez une entreprise comme un produit financier, votre participation active est immédiatement d’émettre un gros ticket parce que c’est plus facile à gérer et plus simple. Nous avons dans notre équipe des professionnels qui ont une expérience dédiée à l’investissement. Ce sont donc des financiers. Mais nous avons surtout un ADN qui est orienté vers la construction de l’entreprise et la construction du secteur. Nous avons une approche beaucoup plus à long terme. Cela nous permet de travailler avec des entrepreneurs en commençant avec des tickets qui sont tout petits. Nous pouvons travailler avec des tickets de 200 à 300 mille euros qui nous permettent d’accompagner un entrepreneur qu’un fonds classique ne regarderait pas avant qu’il n’ait besoin de 2 ou 3 millions d’euros. Si vous prenez une participation minoritaire dans une entreprise à 2 ou 3 millions d’euros, ayant des fonds propres de 6 à 10 millions d’euros, pour nous c’est déjà une entreprise de taille conséquente. Ce qui nous importe, c’est d’identifier des champions qui ont la capacité de progresser et de les accompagner avec le capital intelligent, avec la bonne combinaison, l’assistance technique et le capital. C’est une innovation. Nous sommes convaincus que c’est une problématique importante parce qu’il est essentiel pour nos économies de construire des champions. Tout le monde s’émerveille à écouter des histoires sous d’autres cieux où il y a des entrepreneurs aujourd’hui milliardaires avec un impact mondial. Ces derniers ont commencé avec peu de moyens. Dans nos pays africains, l’accompagnement de nos entrepreneurs n’est pas présent. Et c’est ce que ESPartners veut offrir à ces champions.

Votre entreprise est-elle la seule à proposer ce package ?

A ce niveau, il commence à y avoir d’autres acteurs. Ce qui nous distingue des autres, c’est notre ADN : notre capacité à fournir une assistance technique nous différencie des autres acteurs. La majorité des acteurs qui existent sont des fonds qui contractent des individus sur des problématiques spécifiques et aident l’entreprise sur une question donnée. Ce qui est différent d’une approche intégrée où l’on commence avec un diagnostic de l’entreprise. Ensuite, on suit avec une feuille de route en mettant en place l’assistance technique et le financement nécessaire pour la réaliser. C’est unique et nous espérons que cette approche aura un effet tâche d’huile. L’idée ce n’est pas d’être seul dans ce secteur, parce que les besoins sont importants. Nous serons heureux de voir d’autres acteurs nous rejoindre. Parce qu’en l’absence de capital intelligent, il est extrêmement difficile pour une entreprise qui commence de devenir championne.

Le fonds sort-il de l’entreprise au bout de cinq ans ?

Nous avons besoin de durées longues. Nous commençons avec de petits tickets, cela veut dire qu’il nous faut 7 à 8 ans pour sortir de l’entreprise. Nous excédons les 5 ans, mais nous n’avons pas vocation à être dans le capital de l’entreprise. Nous voulons bâtir des champions, réaliser de la valeur économique et permettre à l’entreprise de continuer son développement.

Quelles sont vos priorités ?

Notre première priorité, c’est le talent. Nous sommes dans un métier où la qualité des hommes fait la différence. Nous sommes très chanceux parce que nous avons une équipe de professionnels engagée dans ce qu’elle fait. Les besoins sont énormes et les opportunités nombreuses. Nous sommes une entreprise pour les jeunes et les moins jeunes qui sont intéressés par ce que nous faisons. Nous sommes également une entreprise ouverte avec des opérations à travers le continent africain et un bureau aux Etats-Unis. Nous offrons une plate-forme internationale assez importante pour des professionnels qui veulent faire la différence en termes d’accompagnement d’entreprises et de conseils.

L’accès au capital est-il difficile ?

L’accès au capital est toujours un souci parce qu’à partir du moment où l’on a une activité d’investissement, la ressource principale dont on a besoin après le talent, ce sont les ressources financières. Nous avons des opportunités, dont un bon portefeuille d’entreprises.

Comment voyez-vous ESPartners dans trois ans ?

Si tout va comme nous le souhaitons, nous aurons un portefeuille avec une vingtaine d’entreprises qui seront leaders dans leur domaine. Je parle d’entreprises dans le domaine de l’agro-alimentaire, de la logistique et de l’éducation, qui auront un réel impact parce qu’elles sont innovantes, en forte croissance, connues et en phase d’être listées en bourse. Nous aurons un portefeuille assez étoffé, unique en Côte d’Ivoire et en Afrique de l’Ouest. Nous aurons aussi des pays partenaires dans lesquels nous déploierons l’ensemble de nos services. Aujourd’hui, nous sommes très implantés en Côte d’Ivoire et dans certains pays comme le Rwanda. Nous sommes en passe d’ouvrir une antenne à Cotonou parce que nous travaillons beaucoup au Bénin, tant sur les problématiques de tourisme que sur les problématiques d’incubation et de développement du secteur privé. Enfin, nous aurons des services dans le monde digital. Nous nous rendons compte qu’il est très important de pouvoir, dans un monde et sur un continent où la majorité des personnes communiquent à travers le monde digital, avoir des offres de service qui touchent ces populations.

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