Clinique Novacare : Un Nouveau Centre de Consultation et de Diagnostic à Abidjan

Milad El Amine partage son évaluation du secteur de la santé en Côte d’Ivoire, et plus particulièrement des consultations et des diagnostics proposés par les cliniques basées sur place. Il nous parle également de l’ouverture de la clinique Novacare, un nouveau centre de consultation et de diagnostic à Abidjan, au travers de laquelle le groupe médical Novamed poursuit sa stratégie de développement et d’expansion.

Interview avec le Dr Milad El Amine, Directeur Général CMC et CDC, Conseiller du Directeur Général Novamed

Dr Milad El Amine, Directeur Général CMC et CDC, Conseiller du Directeur Général Novamed

Quelle est votre évaluation du secteur de la santé en Côte d’Ivoire, et plus particulièrement des consultations et diagnostics proposés par les cliniques ici ?

Le plateau technique et technologique en Côte d’Ivoire est plutôt pauvre. Les structures ont un plateau de médecins spécialistes ou généralistes, sans que les outils de diagnostic ne soient présents, ou alors ils sont peu performants. Malheureusement, ce concept de centre de consultation et de diagnostic n’existe pas réellement en Côte d’Ivoire ou dans la sous-région, ce qui fait que le patient lambda qui va aller consulter le généraliste ou le spécialiste et qui aura besoin d’un examen de diagnostic ou d’un examen complémentaire sera obligé d’aller à droite et à gauche pour rechercher des structures où il pourra faire un électroencéphalogramme, un électrocardiogramme, un scanner ou une IRM. Donc, en plus de la pauvreté des moyens technologiques qui sont présents en Côte d’Ivoire, il y a le fait que cette technologie est très dispersée et que, assez souvent, en tant que médecin, quand vous demandez à un patient de faire une simple radio, un scanner, ou une IRM, sa première question sera tout de suite de vous demander : « Docteur, où est-ce que je peux faire ça ? » D’où l’idée de faire un centre de consultation et de diagnostic de référence, qui permette d’instaurer ce concept d’unicité au niveau du diagnostic, pour qu’on ne soit pas obligé de voir tel médecin à tel endroit, puis d’avoir un avis supplémentaire chez un autre spécialiste basé ailleurs, de faire tel examen à un certain endroit et d’aller chercher où l’on pourra faire quelque chose de plus évolué, comme un scanner ou une IRM. Le concept de notre structure de centre de consultation et de diagnostic, c’est d’avoir cette unité de lieu, cette présence de référence médicale, qui permette à chaque patient de pouvoir consulter un ORL ou un gynécologue dans un endroit précis, et qui permette au médecin, en quelques heures, d’établir un diagnostic, parce qu’il pourra, au sein de cette même structure, avoir des explorations fonctionnelles assez variées et qui pourront se faire rapidement.

Est-ce que cela sera suffisant pour couvrir toutes les branches de la médecine ?

Non, notre stratégie avec le groupe Novamed est toujours une stratégie de développement, c’est-à-dire que le but, en créant cette structure, c’est d’en faire un centre de référence. Nous espérons être tellement saturés dans quelques mois que nous serons obligés de mettre en place d’autres structures satellites. La cible de Novamed, c’est la classe moyenne qui se trouve un peu partout. Et donc, notre ambition dans un second temps, c’est de mettre en place des structures satellites moins lourdes un peu partout dans les quartiers populaires d’Abidjan, tout en maintenant une place centrale pour ce premier centre qu’est Novacare.

Pensez-vous que les assurances accepteront de rembourser à un bon niveau ?

Pas entièrement. Il est certain que tout le monde connait le mode de fonctionnement des assurances et des banques. La stratégie première, c’est d’obtenir les meilleurs prix. On sait très bien que le secteur de la santé est un secteur qui n’en est pas toujours bénéficiaire. Les grandes assurances essaient toujours d’obtenir les meilleurs prix avec les structures qui sont en place. Mais je pense qu’en Afrique de l’Ouest, et particulièrement à Abidjan, on a quand même une politique au niveau des assurances qui est assez développée, avec le tiers payant qui permet justement à cette classe moyenne de cadres et de travailleurs dans les grandes sociétés d’accéder aux soins.

Est-ce que vous arrivez à dégager une marge après remboursement ?

C’est une discussion permanente entre l’association des cliniques privées de Côte d’Ivoire et le groupement des assurances, justement pour essayer d’arriver à un équilibre entre l’intérêt des assurances et l’intérêt du privé. Jusqu’à présent, nous sommes toujours arrivés à un certain équilibre.

Parlons maintenant un peu de votre projet, la clinique Novacare. Pouvez-vous nous donner les avantages concurrentiels de votre concept ? Qu’allez-vous amener au marché ?

On va essayer de recruter les meilleurs médecins, dans des conditions qui seront véritablement favorables et donc, nous espérons très rapidement en faire un centre de référence, avec une stratégie de développement et de formation, aussi bien au niveau des médecins que de tout le personnel soignant paramédical, mais aussi au niveau de la technologie.

Au niveau de la Côte d’Ivoire, mais aussi de la sous-région, il n’y a pas de véritable politique globale de santé, aussi bien de la part de l’Etat que de la part des organismes privés. Dans notre région, et particulièrement en Côte d’Ivoire (mais c’est le cas dans toute l’Afrique Subsaharienne) ce sont des initiatives souvent individuelles, qui permettent au secteur privé de se développer. C’est pour cela que l’arrivée de Novamed est une petite révolution dans le secteur de la santé. Aujourd’hui, en France, il y a certains grands groupes qui rassemblent 80 ou 90% des structures privées. Cela permet d’avoir une stratégie de développement au niveau du secteur santé qui est beaucoup plus structurée et beaucoup plus organisée. Cette structuration n’existe pas en Afrique Subsaharienne, et pas du tout en Côte d’Ivoire. Donc, c’est un concept qui est complètement novateur. Ces groupes médicaux permettent justement aux structures qu’ils reprennent de se développer, mais pas seulement. Ils vont, au niveau de chaque structure, créer des secteurs de pointe pas vraiment développés dans une région donnée, comme la chirurgie cardiaque ou l’oncologie. Et nous, dans ce concept de Novacare, on va vraiment mettre le doigt sur ces piliers de base que sont la consultation et le diagnostic. Dans le secteur médical, vous avez deux piliers, c’est-à-dire qu’il y a d’abord la consultation et le diagnostic et vous avez ensuite, tout le secteur thérapeutique. Vous ne pouvez pas traiter si vous n’avez pas posé le bon diagnostic. Et malheureusement, vous verrez que dans le secteur médical, particulièrement privé, vous avez une bonne partie de ces diagnostics qui ne sont pas correctement posés, parce qu’il n’y a pas toujours les compétences et les ressources humaines dans certaines spécialités, mais aussi parce qu’il n’y a pas la technologie et les éléments de base qui permettent justement au médecin de poser un bon diagnostic. C’est donc dans ce secteur-là que nous voudrions véritablement amener les compétences, les ressources humaines, mais aussi la technologie dans cette unicité de lieu dont je vous ai parlé pour permettre au médecin de poser rapidement un bon diagnostic et permettre au patient d’avoir une thérapie adaptée et rapide.

Parlons de l’aspect des ressources humaines et de l’équipement. Qu’allez-vous proposer ?

On va essayer de recruter les meilleurs médecins, en essayant par ailleurs de les rémunérer au mieux, dans des conditions qui seront véritablement favorables et donc, nous espérons très rapidement en faire un centre de référence, avec une stratégie de développement et de formation, aussi bien au niveau des médecins que de tout le personnel soignant paramédical, mais aussi au niveau de la technologie (ramener progressivement les meilleurs outils technologiques). Je vais prendre en exemple un point précis, qui est très important dans le diagnostic, et qui prend de plus en plus d’importance en Europe et partout dans le monde, et qui nous concerne donc ici dans un pays qui se veut émergent : l’IRM. C’est un marché en pleine explosion. Il est certain qu’à Abidjan vous avez des besoins énormes et une offre qui est véritablement médiocre. Notre IRM, qui est une IRM à haut champ et de dernière génération, sera la 3ème IRM à Abidjan dans le secteur privé. Abidjan, avec une population d’environ 7 millions d’habitants, a besoin au minimum de 20 à 30 IRM pour avoir véritablement un maillage correct pour en faire un outil de diagnostic. Nous voulons les meilleures ressources humaines à moyen terme, en faisant un travail de formation, en rémunérant les médecins le mieux possible en fonction de leur travail, et en investissant dans cette technologie de pointe pour donner les meilleurs outils de diagnostic aux médecins et bien sûr en définitive pour favoriser le patient pour le prendre en charge totalement à partir du diagnostic et ensuite, dans un deuxième temps, compléter ce diagnostic par la thérapeutique dans les structures hospitalières de Novamed par exemple.

Un autre point important, c’est le coût. Allez-vous pouvoir proposer quelque chose d’abordable ? Quelle est votre stratégie ?

La stratégie est de suivre un peu le marché. C’est-à-dire que nous n’allons pas essayer de casser ou d’augmenter les prix. Nous ne sommes pas dans une stratégie de surenchères. Encore une fois, notre cible, c’est véritablement la classe moyenne. Notre stratégie, c’est d’atteindre la cible la plus large possible, justement parce qu’il ne faut pas oublier que dans le secteur privé, l’essentiel, c’est véritablement l’accès aux soins. C’est cette classe moyenne qui est notre cible principale et donc, nous allons tout faire avec les assurances qui font le tiers payant, mais aussi toutes les assurances privées qui peuvent exister, pour proposer les meilleurs prix possibles pour accéder au plus grand volume de patients.

Que sera Novacare dans 2 ans, si tout se déroule selon votre plan ?

Un centre de référence. On dit toujours qu’il faut viser l’excellence, même si on ne l’atteint pas toujours. Donc, en faire un centre de référence avec pour fil conducteur, une qualité de service pour atteindre le maximum de patients, mais aussi, pour leur donner un accès le plus complet possible aux soins. Donc véritablement, notre but est d’en faire un centre de référence avec les meilleures ressources humaines, avec un soucis de formation continue, un souci de qualité, et forcément, en définitive, des patients qui ne seront pas seulement satisfaits par la qualité de service, mais qui auront accès à ces soins, et qui auront les outils de diagnostic et les outils thérapeutiques qui leur permettront de se faire traiter localement sur place.

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