SPDC : Le Tourisme, Un Moteur dans le Développement de la Côte d’Ivoire
Maférima Diarrassouba partage son évaluation du secteur du tourisme en Côte d’Ivoire et présente la SPDC (Société des Palaces de Cocody), ainsi que ses activités, ses avantages concurrentiels, sa philosophie et ses ambitions à moyen terme.
Interview avec Maférima Diarrassouba ép. Ouattara, Directeur Général de la SPDC (Société des Palaces de Cocody)
Pour commencer, comment évaluez-vous le secteur du tourisme en Côte d’Ivoire ?
Tout d’abord, permettez-moi de vous remercier d’être venus jusqu’à nous et de vous intéresser à ce secteur qui, à mes yeux, est un peu négligé au niveau du gouvernement, mais a toute sa place à prendre dans le monde d’aujourd’hui. Le tourisme est un secteur transversal qui est un baromètre de tout ce qui se fait dans tous les autres secteurs. En effet, le tourisme ne se développe pas dans un pays qui présente de l’insécurité, qui ne possède pas le niveau minimum de propreté ou d’infrastructures routières, énergétiques ou de communication. Ce secteur permet de jauger le niveau de développement d’un pays. En Côte d’Ivoire, quand on regarde les statistiques, on s’aperçoit que le pays fait énormément d’efforts de développement et de croissance. Quand j’ai intégré ce secteur, le pays peinait à avoir 200 000 visiteurs par an. L’objectif était d’avoir 500 000 visiteurs en 2015 ; et nous nous sommes retrouvés à 1 500 000 visiteurs : il y a eu des efforts de faits dans d’autres domaines, comme par exemple en termes d’infrastructures d’accueil, de sécurité aéroportuaire, d’infrastructures routières, et c’est tout cela qui a permis d’attirer autant de touristes ; c’est un très bon indicateur de la santé d’une économie.
Il s’agit essentiellement de tourisme d’affaires, des personnes qui viennent créer leur business ou faire des affaires ici, plutôt que de tourisme de visite en tant que tel, comme par exemple dans les parcs au Kenya, en Tanzanie ou en Afrique du Sud.
Notre philosophie s’inscrit dans la philosophie globale de notre Ministère de tutelle qui souhaite faire du tourisme un moteur dans le développement de la Côte d’Ivoire. Nous en avons vu des exemples dans d’autres pays, et vu les atouts dont dispose la Côte d’Ivoire, nous pensons que c’est possible.
Oui, c’est d’ailleurs un peu dommage, car le pays regorge d’énormes potentialités. Nous avons 550 km de côtes, donc nous pouvons développer le tourisme balnéaire, qui reste de loin le secteur qui attire le plus de touristes dans le monde : les plus belles côtes et les plus belles plages sont les niches qui vendent le mieux les pays. Nos 550 km de côtes sont une véritable bénédiction ; en plus, nous avons de nombreux plans lagunaires, qui s’étendent de l’est à l’ouest du pays. Cela permettrait de développer des marinas et des activités balnéaires, très prisées dans le monde du tourisme. À côté de cela, nous avons une faune très diversifiée, un écosystème qui se prête au tourisme ; pas d’hivers atroces, pas de chaleur exagérée, un peu d’humidité, mais un climat qui permet de faire du tourisme 365 jours par an. Le pays regorge donc d’atouts touristiques.
Et puis, au plan sportif, nous avons des stars dans le monde du football, nous venons de remporter des médailles en taekwondo ; les champions qui ont obtenu la médaille aux Jeux Olympiques de Rio s’entraînent d’ailleurs sur le site de la SPDC à Ivoire Golf Club ; nous la mettons à disposition de manière quasi-gratuite à cette équipe, qui a donc ramené deux médailles.
Quel impact le développement du tourisme a-t-il sur vos activités ? Quels domaines souhaitez-vous développer ?
Il y a un domaine dans lequel nous prospérons déjà, et que nous ne voulons pas négliger : il s’agit du tourisme d’affaires. C’est là où nous pouvons créer de la compétitivité. Nous aimerions investir dans les plages, mais il en existe déjà et ce serait difficile en termes économiques ; mais le pays fait aujourd’hui du charme au secteur privé et aux investisseurs extérieurs. Avec les conditions que le CEPICI (Centre de Promotion des Investissements en Côte d’Ivoire) met en place en collaboration avec les autres structures étatiques, nous espérons signer des partenariats pour développer le tourisme balnéaire qui pourrait être un atout de taille pour la Côte d’Ivoire ; mais en attendant, nous devons maintenir notre performance sur le tourisme d’affaires.
Pouvez-vous décrire vos activités et vos avantages concurrentiels ?
La SPDC (Société des Palaces de Cocody) se positionne comme le leader dans les structures touristiques en Côte d’Ivoire. Nous avons à peu près 600 chambres, plus de 10 restaurants, 2 parcours de golf, 15 cours de tennis, des piscines, une salle d’entraînement de taekwondo, etc. Nous avons des infrastructures diversifiées dans le secteur. Nous avons les seuls hôtels 5 étoiles du pays, et nous avons également des 3 et 4 étoiles. En termes de restaurants, nous avons des tables très prisées en termes de classification, ainsi que des restaurants de moyen standing. Le fait d’offrir une variété de choix aux touristes, et de proposer toutes les gammes en termes de restauration et d’hôtellerie, nous a permis de nous positionner comme le leader du secteur.
Pouvez-vous nous décrire les différents établissements, ceux dont vous avez l’exploitation et les autres ? Qu’attendriez-vous d’éventuels investisseurs ?
En termes de gestion patrimoniale, que ce soit en gestion directe ou en gestion déléguée à un exploitant, la SPDC reste propriétaire de tous le patrimoine que je viens de citer. Notre but est d’étendre ce patrimoine, de telle sorte que nous puissions couvrir d’autres secteurs tels que le tourisme balnéaire. Aujourd’hui, nous ne possédons pas d’hôtels sur la côte, malgré tout le potentiel qu’elle offre ; nous voulons procéder à cette offensive balnéaire pour offrir plus de choix aux touristes. Cela se fera dans le cadre de partenariats public/privé, qui sont en train de se mettre en place. Ces projets vont bientôt voir le jour. L’un d’entre eux est entré en phase de construction, il s’agit des Relais Paillottes à Jacqueville. C’est un exemple de partenariat public/privé ; une fois les infrastructures réalisées, nous le donnerons en gestion à une structure privée ou nous l’exploiterons directement.
Comment s’est passée cette négociation ? Comment les investisseurs sont-ils venus à vous ?
Les investisseurs sont venus parce que nous offrons de très beaux atouts touristiques. Celui qui investit de l’argent dans le secteur touristique a un business plan et veut savoir comment il va rentabiliser son investissement. Jacqueville est une zone balnéaire, le projet a été facile à vendre. L’État a donné sa contribution en mettant en place le foncier, les paillottes ne représentent pas des investissements très lourds en termes de bâtiment ; le business plan est donc assez léger, nous avons vite conclu le marché. D’autres investisseurs veulent faire la même chose. Ces derniers temps, 3 à 4 hôtels ont été construits à Abidjan, mais quand de grandes manifestations ont lieu, nous rencontrons une pénurie d’hébergement. Nous encourageons donc ce type d’investissements légers, tels que les paillottes, qui permettront d’augmenter la capacité d’accueil.
Comment définiriez-vous votre philosophie ?
Notre philosophie s’inscrit dans la philosophie globale de notre Ministère de tutelle qui souhaite faire du tourisme un moteur dans le développement de la Côte d’Ivoire. Nous en avons vu des exemples dans d’autres pays, et vu les atouts dont dispose la Côte d’Ivoire, nous pensons que c’est possible. Aujourd’hui, le Gouvernement s’inscrit dans cette dynamique pour faire de la Côte d’Ivoire un pays qui attire les touristes, que ce soit d’affaires, de détente, de sport, etc. C’est notre vision aujourd’hui. Après les aléas liés à la vente de nos produits agricoles, nous nous sommes dit que le développement durable devrait être soutenu par un secteur touristique compétitif, vivant et dynamique.
Quel est l’impact de la diaspora dans ce tourisme et dans ces investissements ?
Il existe un programme spécifique pour attirer les fonds d’investissement de la diaspora, et il est conduit au plus haut niveau. Il s’agit d’une structure qui a été créée uniquement pour canaliser ces investissements. La diaspora s’intéresse essentiellement à l’immobilier. Je pense donc que nous, dans le secteur hôtelier, devrions faire une offensive envers ces apporteurs d’affaires qui peut-être ne connaissent pas assez le secteur touristique, et qui vont vers des investissements qui paraissent a priori rapidement rentables. Il faut que nous les approchions pour leur expliquer que l’hôtellerie peut les aider à mieux rentabiliser leurs investissements et leurs ressources que d’autres secteurs.
Dans 2 ou 3 ans, que sera la SPDC, si tout se passe comme vous le souhaitez ?
Les objectifs que nous nous efforçons de réaliser, sont de mettre en action ce que le décret de 2008 nous confère. À travers ce décret, la SPDC ne devrait plus se limiter à exploiter le patrimoine hôtelier de l’État, mais devrait créer et exploiter des sites touristiques. Et il y en a beaucoup en Côte d’Ivoire. Il faut que nous réussissions à mettre en exécution ce décret qui nous donne les moyens juridiques et institutionnels de faire cette offensive balnéaire et d’attirer des investissements touristiques dans le pays, et ainsi d’élargir notre patrimoine. C’est notre prochain défi.