Uniwax : Leader de la Fabrication du Pagne Wax en Côte d’Ivoire
Jean-Louis Menudier présente Uniwax, la société leader de la fabrication du pagne wax en Côte d’Ivoire depuis plus de 40 ans. Il évoque également le problème des copies venant d’Asie et partage sa vision pour le futur d’Uniwax.
Interview avec Jean-Louis Menudier, Président Directeur Général d’Uniwax
Pour commencer, pourriez-vous présenter la société Uniwax, ainsi que le groupe Vlisco?
Uniwax est une société d’impression textile basée en Côte d’Ivoire et qui fait partie du groupe Vlisco. Le groupe Vlisco est quant à lui basé aux Pays-Bas et comprend trois unités de production : une aux Pays-Bas, une en Côte d’Ivoire et une au Ghana. Nous avons également des sociétés de distribution sur le continent africain. Notre activité principale est la production de ce que l’on appelle communément l’african print (imprimé africain) avec un procédé à la cire, d’où le nom de wax. Nous produisons également quelques autres produits sans ce procédé wax qui sont appelés des fancy. Ces fancy sont issus d’un procédé d’impression directe, généralement au cadre rotatif, sur une ou sur les deux faces du tissu, sur lesquelles on applique des couleurs et on obtient un dessin.
Le produit wax est un produit plus haut de gamme que le produit fancy puisque l’on peut considérer que c’est un grand teint. Donc les couleurs durent beaucoup plus longtemps, aussi bien au lavage qu’au soleil. C’est un produit qui culturellement est très apprécié par les populations en Afrique. Ces populations n’achètent pas seulement ce genre de produits pour une utilisation immédiate, mais également pour le conserver, ou éventuellement même pour l’inclure dans la dote d’un enfant, etc.
Ces tissus s’inspirent du batik et du java d’Indonésie. L’origine de tout cela, c’était il y a 170 ans quand les Néerlandais qui se trouvaient en Indonésie ont décidé d’industrialiser le procédé de fabrication des batiks. Ils y sont parvenus de façon assez surprenante, mais les Indonésiens n’ont pas été intéressés par le produit. Ce sont plutôt les Africains qui ont vu le produit et qui l’ont acheté. Pourquoi les Africains? Parce que les bateaux hollandais s’arrêtaient sur la Côte d’Or, l’équivalent du Ghana et de la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui, pour s’y ravitailler en légumes, en fruits, en eau, etc. C’est comme ça que les populations africaines se sont intéressées à ce produit. Aujourd’hui, l’Afrique se l’approprie et l’on considère que le wax est un produit qui est né en Afrique, alors que ce n’est pas tout à fait le cas.
On trouve principalement ce produit en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale. On en trouve également un peu en Afrique de l’Est et en Afrique du Sud. Par contre, il y en a très peu dans le reste du monde, si ce n’est dans les milieux où vit une diaspora africaine. Le gros du marché est donc l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale, qui représentent 98 % des ventes.
Comment faites-vous pour lutter contre les copies venant d’Asie?
En 2003, une invasion massive de produits asiatiques et principalement chinois s’est opérée sur le continent africain et il a fallu réagir puisque nous étions pratiquement en train de mourir. Nos trois usines étaient en très grosse difficulté. Les ventes chutaient considérablement puisque ces copies arrivaient à bas prix. D’abord, à cause du dumping effectué en particulier par la Chine, pays qui bénéficie de subventions à l’exportation, etc. Et ensuite, ce sont des produits qui sont généralement importés en fraude et distribués par le secteur informel. La fraude peut s’opérer de plusieurs façons : fausse déclaration sur la nature du produit afin de payer moins, fausse déclaration sur la valeur du produit, ou encore non-déclaration de marchandise. Comme la distribution se fait par le secteur informel, il n’y a pas de taxes, ni de droits de douanes ou d’impôts à payer. Ce qui fait que le produit arrive nettement moins cher sur les marchés africains. Donc on était vraiment en grosse difficulté. Mais on a trouvé une méthode particulière pour lutter contre cela, c’est de créer plus vite que le copieur ne copie. C’est-à-dire de faire énormément de nouveaux produits, en permanence. On faisait une cinquantaine de nouveaux dessins par an il y a une quinzaine d’années, aujourd’hui on en fait 800, et demain on en fera probablement 2000.
Peut-on remarquer une différence au niveau des produits?
Il y a une différence qualitative. On a une longueur d’avance sur la qualité du produit, la qualité des coloris, la tenue des couleurs dans le temps, le maintien de ces couleurs au lavage et au soleil, etc. Mais il faut reconnaître que les Asiatiques, en particulier les Chinois, font de gros progrès et s’améliorent rapidement. Donc il faut qu’on continue nous aussi à développer aussi bien notre créativité, ce qui est apparemment la bonne recette, mais également la qualité de nos produits.
Récemment, vous êtes allés en bourse, pour la deuxième fois, afin de lever du capital.
Nos produits sont très prisés pour faire des cadeaux de fin d’année, à la fête des Mères, à la Saint-Valentin, etc. Donc nos boutiques attirent énormément de personnes dans les centres commerciaux.
Le but était très simple, c’était de pouvoir investir. En 2015, on s’est retrouvé avec une utilisation en pleine capacité de l’outil industriel d’Uniwax en Côte d’Ivoire, qui a bénéficié d’une croissance beaucoup plus importante et plus rapide que prévue sur les deux dernières années. Donc il nous fallait accélérer la mise en place d’investissements conséquents pour développer notre capacité, continuer à améliorer la qualité et bien sûr, aller également dans une direction de diversification de produit. Donc nous avions deux possibilités : soit lever de l’argent dans les banques ou dans les milieux financiers, soit offrir au marché la possibilité d’être un peu plus actionnaire d’Uniwax. C’est ce que nous avons choisi et nous avons donc fait cette opération d’augmentation de capital via la BRVM (Bourse Régionale des Valeurs Mobilières). Aujourd’hui, on est à 25 %. C’est un succès!
Comment distribuez-vous vos produits?
Nos produits sont distribués de façon très traditionnelle depuis que nous existons, à savoir via les marchés classiques africains. Il y a une évolution qui est en train de se faire et on essaie d’anticiper un peu l’évolution de cette distribution, en nous mettant quasi systématiquement en contact avec les projets de centres commerciaux, de supermarchés avec galeries marchandes, etc. On a ouvert une première franchise au mois d’août à Abidjan et le projet aujourd’hui est d’en créer une centaine sur le continent dans les 4 à 5 années à venir.
Quels sont les avantages pour vos franchisés?
C’est un bon business pour les grossistes puisque les marges sont importantes. C’est un produit qui attire énormément, et on le constate dans toutes les galeries marchandes où nous sommes installés, soit directement, soit via nos franchises. Le wax est un produit très prisé pour faire des cadeaux de fin d’année, à la fête des Mères, à la Saint-Valentin, etc. Ce genre de boutiques attire donc énormément de personnes dans les centres commerciaux.
Pratiquez-vous la vente en ligne?
Nous sommes en train de nous y intéresser. Aujourd’hui, c’est quasiment inévitable. Il faut bien sûr qu’on y aille aussi. On y est actuellement avec des partenaires et on prévoit de développer ces ventes en ligne dans le futur sur l’ensemble de la planète.
Quels sont vos principaux défis?
Le plus gros défi actuellement est d’augmenter le plus vite possible notre capacité, puisqu’on a du mal à satisfaire la demande croissante pour nos produits. L’autre grand défi, c’est de continuer à avoir une grande longueur d’avance qualitative sur les compétiteurs asiatiques et chinois en particulier. Et puis c’est également de continuer à aller dans le sens d’une diversification de nos produits pour aller chercher des vecteurs de croissance supplémentaires.
Avez-vous pour projet de vous installer dans d’autres pays de la région?
On réfléchit depuis longtemps à s’implanter davantage au Nigéria. Pour l’instant, le groupe a une société de distribution là-bas, ainsi que deux boutiques. Pourquoi pas?
Dans ce cas-là, chercheriez-vous un partenaire local?
Peut-être. Tout est possible.
Quelle est votre vision pour le futur d’Uniwax à moyen terme?
D’ici 2 ou 3 ans, je pense qu’on devrait pouvoir être en mesure de suivre la croissance de la demande. C’est important car quand le décalage commence à devenir trop grand, ça peut devenir dangereux. Donc il faut absolument que l’on soit en mesure de satisfaire la croissance de la demande. Et bien entendu, il faut également que l’on commence à lancer les diversifications de produits sur les différents marchés très rapidement.