Stanbic Bank : La Première Banque Africaine à la Conquête de la Côte d’Ivoire
Hervé Boyer partage son évaluation du secteur bancaire en Côte d’Ivoire et explique comment Stanbic Bank se situe dans ce contexte, la stratégie étant que, en tant que première banque africaine, Stanbic Bank se devait d’être présente en Afrique francophone.
Interview avec Hervé Boyer, Directeur Général Côte d’Ivoire et Directeur Régional UEMOA chez Stanbic Bank
En Côte d’Ivoire, le secteur bancaire est caractérisé par la présence d’un grand nombre d’établissements bancaires, 26 au total, pour une population de 24 millions d’habitants. Comment évaluez-vous cette situation et où se situe votre établissement dans ce contexte ?
En effet, la Côte d’Ivoire dispose d’un nombre élevé de banques par rapport à sa population. Cela peut paraître excessif, mais elles jouent toutes un rôle bien particulier et ont des segments de marché spécifiques. Les 5 premières banques ont une part de marché de 75 %, ce qui laisse peu de marge aux autres établissements. Les marocains possèdent la plus grande part de marché, avec des groupes comme Attijariwafa Bank, la BMCE (Banque Marocaine du Commerce Extérieur) et la Banque Populaire. Les banques françaises sont également bien représentées avec la Société Générale, BNP Paribas, Ecobank et d’autres. Chacun opère dans un secteur bien particulier. Certains se concentrent sur le corporate investment banking, d’autres sur les petites et moyennes entreprises, d’autres sur la clientèle privée. Notre stratégie vise à nous positionner dans le secteur du corporate investment banking en nous focalisant sur les clients existants de la banque. Nous suivons étroitement nos clients, qui ne sont pas seulement situés en Afrique du Sud, mais à travers toute l’Afrique, voire sur les autres continents.
Vous êtes déjà présents dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest. Comment analysez-vous ce marché ?
Nous avons bénéficié d’un soutien extraordinaire du groupe. Quels que soient les services, son implication est incroyable, pour faire de l’expérience ivoirienne un succès.
En tant que première banque africaine, nous nous devions d’être présents en Afrique francophone. En 2014, nous avons ouvert notre bureau de représentation en Côte d’Ivoire, pour, dans un premier temps, évaluer la situation globale de la région. Pour nous, la culture était différente. Jusqu’à cette date, nous étions essentiellement implantés dans des pays anglophones, ou lusophones comme le Mozambique ou l’Angola, ainsi qu’en République Démocratique du Congo. Or les deux premières années en Afrique de l’Ouest francophone ont été très positives. Nous y avons trouvé un marché très ouvert avec un potentiel considérable et une croissance de 8 % en moyenne au cours des dernières années. À la différence d’autres pays africains qui ont connu de fortes dévaluations de leur monnaie, comme au Nigéria, au Ghana, en Afrique du Sud ou au Mozambique, la monnaie est ici liée à l’euro, ce qui représente un avantage considérable. La Banque Centrale de Dakar qui couvre les huit pays de l’UEMOA est très solide. La législation s’appuyant sur le droit OHADA est harmonisée et le climat politique stable. Tous les ingrédients sont donc présents pour réussir.
Vous êtes en train de lancer une nouvelle banque, ce qui est une expérience inédite pour le groupe. Pouvez-vous nous parler de ce nouveau projet ?
À l’exception de l’Angola, le groupe se concentre généralement sur les acquisitions. Mais cette fois-ci, nous avons bénéficié d’un soutien extraordinaire du groupe. Quels que soient les services, son implication est incroyable, pour faire de l’expérience ivoirienne un succès, et ce que j’appelle un business case. Une université nous a d’ailleurs approchés pour réaliser une étude de cas, analyser ce qui a marché ou non dans cette expérience et identifier quelle devrait être la marche à suivre à l’avenir. Car la Côte d’Ivoire n’est qu’une étape qui nous permettra de tirer des enseignements de l’exercice auquel nous nous sommes prêtés.
L’engouement s’est aussi fait sentir au niveau du recrutement, au moment de la mise en place de la nouvelle structure.
En effet, nous avons publié une petite annonce d’une journée dans Fraternité Matin, le journal local, ainsi qu’un bandeau publicitaire dans Jeune Afrique. À notre grande surprise, nous avons reçu plus de 27 000 candidatures pour seulement 26 positions. L’enthousiasme est bien sûr positif, mais il peut aussi être révélateur d’une extrême mobilité de la force de travail, parfois inquiétante. Nous avons engagé essentiellement des Ivoiriens qui travaillaient déjà ici dans d’autres organisations, mais aussi des Ivoiriens de la diaspora, car ces derniers sont de plus en plus intéressés par un retour au pays, pour les raisons que j’ai citées, la croissance et la stabilité économique et politique étant des critères importants.
La croissance a pourtant tendance à faiblir, ce qui pose problème à certains secteurs, comme le cacao ou l’énergie. Quelle est votre vision de ce ralentissement ?
Notre vision reste très positive, les fluctuations sont normales et la situation s’équilibre toujours. Nous sommes passés par des crises bien plus importantes et avons réussi à nous en sortir. Un ralentissement s’est effectivement fait sentir en fin d’année dernière et en janvier. Mais dès février, le climat au sein de notre banque repartait à la hausse et les investisseurs sont toujours très intéressés.
Après la phase de mise en route, quelles sont les prochaines étapes que va suivre votre banque ?
L’étape la plus importante actuellement porte sur les systèmes informatiques. Nous avons 97 systèmes que nous intégrons en un seul, tout à fait adapté aux besoins de la Côte d’Ivoire. Dans un esprit proactif, nous essayons d’imposer la dimension digitale dans un marché un peu en retard par rapport à d’autres – je pense notamment à l’Afrique du Sud. Car les clients que nous voulons toucher sont dores et déjà sensibilisés à la digitalisation. Nous planifions un lancement fin mai 2017, donc l’objectif des prochains mois est de s’assurer que les systèmes informatiques répondent aux besoins de la clientèle, pour que tout se fasse sans encombre.