Silicon Villa : Un Intégrateur de Systèmes Spécialiste de la Transformation Numérique

Mounir Diawara nous parle de sa volonté d’aider les structures dans leur transformation numérique, et présente Silicon Villa, un intégrateur de systèmes proposant un portefeuille de solutions aux opérateurs de télécommunications (fixe, mobile, Internet) et aux grandes organisations publiques et privées, non seulement en Côte d’Ivoire, mais aussi dans l’ensemble de la zone UEMOA.

Interview avec Mounir Diawara, Fondateur et Administrateur Exécutif de Silicon Villa

Mounir Diawara, Fondateur et Administrateur Exécutif de Silicon Villa

Comment évaluez-vous le marché dans lequel vous évoluez ? Quelles sont ses tendances ?

Nous sommes portés par certains fondamentaux positifs. Nous sommes en Côte d’Ivoire, dans la zone UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine), une zone qui a une croissance assez forte et où il y a du business. La création d’emplois et la création d’activités sont possibles. Il y a également d’énormes challenges, mais il faut arriver à les adresser pour avoir sa part de business. Cependant, il faut noter que la croissance africaine globale a nettement baissé, puisqu’elle est tirée par les trois grands que sont l’Afrique du Sud, le Nigeria et l’Angola, qui ont connu une la chute du cours du pétrole. Cela donne une image assez biaisée de ce qui se passe en Afrique, car certains pays comme le Rwanda, l’Ethiopie et la Côte d’Ivoire connaissent une belle croissance.

Vous êtes dans le secteur des télécoms depuis plus de 20 ans. Pouvez-vous nous décrire ce que vous faites ?

Récemment, nous avons battu Huawei, le mastodonte du marché qui a une force commerciale et un système marketing sans équivalent, lors d’un appel d’offres.

95% de nos clients sont des opérateurs de télécommunications. Le reste de notre clientèle est constitué de grandes entreprises qui opèrent dans le domaine des réseaux. Par exemple des entreprises qui opèrent dans le transport ou les régulateurs télécoms du secteur public. Mon expérience de plus de 20 ans dans le digital a commencé par une offre aux entreprises avec l’arrivée de l’internet. Par la suite, nous nous sommes focalisés sur cette niche d’opérateurs de télécommunications parce que ce secteur était en croissance et que nous pouvions y trouver de la profitabilité. Concrètement, nous aidons les opérateurs à faire leur transformation numérique. J’aime utiliser ce terme de transformation numérique parce que c’est exactement ce que nous faisons. Le terme est un peu galvaudé mais il est bien réel. Même les opérateurs de télécommunications ont besoin de faire une transformation numérique et une modernisation de leur réseau pour passer du réseau télécom traditionnel au réseau IP, afin de pouvoir proposer des services tels que la 5G, la fibre, le big data, etc. Nous aidons donc les opérateurs, avec nos partenaires équipementiers, à moderniser leur réseau et à faire les évolutions nécessaires.

En quoi constitue votre partenariat avec les équipementiers ?

Nous sommes un fournisseur de solutions aux opérateurs de télécommunications. Cela veut dire que nous intégrons les systèmes, nous distribuons les équipements et nous apportons tous les services en avant-vente, en exécution de projets et en après-vente, pour faire le support et la maintenance des produits. Toutefois, nous ne fabriquons pas les équipements, les solutions et les logiciels. Ils sont développés ou fabriqués par les équipementiers dont nous sommes le partenaire et le canal de distribution local afin de fournir les solutions aux opérateurs de télécommunications. Nos concurrents sont les plus gros équipementiers comme Huawei et ZTE (deux entreprises chinoises), Nokia, Ericsson, Alcatel, Siemens, Motorola, Samsung et NEK. Il y a quatre gros équipementiers qui ont des chiffres d’affaires de plusieurs dizaines de milliards de dollars et qui fournissent l’essentiel des plus grosses briques aux opérateurs de télécommunications pour constituer leurs réseaux. A côté de ces équipementiers, il y a des équipementiers de seconde zone qui ont des chiffres d’affaires d’un milliard de dollars. Ces petits équipementiers n’ont pas la capacité d’être présents dans chaque pays. Sur les marchés africains, ils travaillent avec des canaux de distribution, des personnes spécialisées, formées et certifiées, ayant une technicité assez avancée. Notre entreprise est le canal de distribution pour certaines de ces entreprises. Nous travaillons avec une entreprise israélienne depuis 2003. C’est avec cette entreprise que nous avons pris les équipements pour faire les installations du réseau de Côte d’Ivoire Telecom devenue Orange Côte d’Ivoire. Nous travaillons aussi avec Oracle qui est un mastodonte de l’informatique, deuxième éditeur de logiciels mondial, mais qui a regroupé toute son offre pour les opérateurs télécoms au sein d’une division dont nous sommes partenaires. Ils sont des composants de cœur de réseau et ils sont en concurrence avec Huawei, Ericsson ou encore Nokia. Mais ils ont gardé leur appartenance au monde informatique et cette approche indirecte qui est de travailler en partenariat. Nous travaillons avec eux, nous vendons et installons leurs solutions chez nos clients.

Etes-vous à la recherche de nouveaux partenaires ?

C’est une partie importante de mon métier : identifier, sélectionner et convaincre les bons partenaires. Nous avons des critères et nous avons travaillé avec de nombreux partenaires tels que Cisco, IBM Lotus, Microsoft, etc. Nous avons acquis l’expérience de comprendre les opportunités et les problèmes que l’on rencontrait en travaillant avec certains partenaires. Nous avons développé certains critères pour sélectionner nos partenaires. Il n’y a jamais d’exclusivité sur le papier, mais il peut y avoir des exclusivités de facto. Si vous êtes un bon partenaire et que vous êtes indispensable, le partenaire ne cherchera pas un autre partenaire sur votre territoire. Nous ne recherchons pas la quantité, mais nous recherchons une relation de qualité avec les partenaires avec lesquels nous travaillons.

Dans quels pays intervenez-vous ?

Silicon Villa est une PME qui se comporte comme une multinationale. Elle a été créée en Côte d’Ivoire et elle a un siège administratif aux Emirats Arabes Unis. Toutefois, nous n’avons pas d’activités commerciales dans les pays du Golfe parce que nous avons compris qu’il y a plus de besoins en Afrique. Aussi, nous sommes connus en Afrique et nous pensons que cela ne valait pas la peine d’aller compétir avec les Asiatiques et les Indiens sur les marchés du Golfe. Nous nous sommes donc focalisés sur le marché africain. Nous avions un bureau initial en Côte d’Ivoire. Après, nous en avons ouvert un autre au Maroc, puis un troisième au Sénégal. Nous avions pour projet d’ouvrir un bureau au Nigeria, mais finalement, nous ne l’avons pas fait, même si nous y avons été présent pendant deux ans. A partir de ces trois bureaux, nous avons travaillé dans la moitié des pays d’Afrique, avec un focus assez fort sur l’Afrique de l’Ouest francophone. Aussi, nous avons travaillé au Rwanda, en RDC, au Tchad, au Maghreb et en Mauritanie. Depuis quelques temps, nous avons décidé de nous focaliser sur la zone UEMOA de par notre renommée dans cette zone, mais aussi au vu de la croissance de ce marché.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples de projets que vous avez remportés face à la concurrence ?

Récemment, nous avons battu Huawei, le mastodonte du marché qui a une force commerciale et un système marketing sans équivalent, lors d’un appel d’offres. En effet, lorsque l’on a commencé à travailler avec Oracle, nous avions eu quelques doutes concernant notre capacité à faire face à de tels mastodontes chinois lors des appels d’offres vu qu’Oracle est américain et plus cher comparé aux équipementiers chinois. Nous avons travaillé main dans la main avec Oracle. Nous remontions les informations de terrain. Oracle avait déjà tissé des relations avec le groupe Orange global, et Silicon Villa avait une certaine proximité avec Orange Côte d’Ivoire. Nous avons pu faire ressortir l’avance technologique et la pertinence d’Oracle, ainsi que la qualité des services locaux et la proximité apportées par Silicon Villa. Oracle a su faire des efforts financiers et nous avons pu atteindre le budget du client et remporter deux marchés fin 2016 / début 2017 face à Huawei.

Nous avons également eu à travailler avec la BRVM (Bourse Régionale des Valeurs Mobilières). Il était question d’aider la BRVM à interconnecter les huit pays de la zone UEMOA. La BRVM devait mettre en place une solution novatrice à cette époque : le VPN en IP avec une interconnexion par satellite, de sorte que les bureaux nationaux de bourse puissent être connectés à la plateforme centrale pour passer des ordres lorsqu’il y avait des sessions de bourse. Aussi, il était question que tous les intermédiaires en bourse, qui sont en général des filiales de banques dans l’UEMOA, aient accès à la plateforme quel que soit le pays dans lequel ils se trouvent. Par exemple, il n’y avait aucun intermédiaire en Guinée-Bissau, mais il y en avait six ou sept en Côte d’Ivoire. Toutefois, il fallait donner les mêmes chances à tous les pays. Nous avons conçu une solution avec Cisco, que nous avons vendue et installée à la BRVM. Cette solution a permis aux agences intermédiaires d’accéder à l’agence nationale et d’être interconnectées. La BRVM avait des contraintes budgétaires. Ce besoin d’égalité entre les pays rendait chère et difficile la mise en œuvre du projet. Notre solution leur a permis d’économiser de l’argent. C’est un projet que j’ai beaucoup apprécié en termes d’accomplissement technique.

Quels sont les objectifs que vous voulez atteindre dans deux ou trois ans ?

Je veux continuer à aider les structures dans leur transformation numérique avec Silicon Villa. Nous le faisons dans le secteur de la télécommunication avec les opérateurs, mais le secteur public a également besoin de transformation numérique. Nous réfléchissons à des projets que nous allons mettre en œuvre dans ce secteur. Nous voulons rendre l’expérience que nous avons accumulée pendant 20 ans aux entrepreneurs. Nous pensons que la création d’emplois et la création de valeur dans ce secteur doit venir des jeunes entrepreneurs désireux de monter des startups. La qualité est très importante dans ce secteur. Nous sommes passés par là et nous savons que le manque d’expérience doit être comblé. Nous devons trouver des méthodes pour rendre ces jeunes plus efficaces afin qu’ils fassent moins d’erreurs. Il y aura beaucoup d’appelés et moins d’élus. Il faut que tous ceux qui ont une chance puissent augmenter leur chance et que tous ceux qui n’y arriveront pas, puissent apprendre et capitaliser leurs acquis afin de rejoindre plus tard des entreprises où ils pourront apporter leur sens de l’innovation et leur dynamisme.

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