LafargeHolcim Côte d’Ivoire : Leader dans l’Industrie des Matériaux de Construction
Xavier Saint Martin Tillet nous parle du secteur de la construction en Côte d’Ivoire et présente les activités et les avantages concurrentiels de LafargeHolcim Côte d’Ivoire, le leader dans l’industrie des matériaux de construction de type ciment, béton et agrégats. Il partage également sa vision pour le futur de LafargeHolcim CI à moyen terme.
Interview avec Xavier Saint Martin Tillet, Directeur Général de LafargeHolcim Côte d’Ivoire
Quelles sont les tendances du secteur dans lequel vous évoluez ?
Le ciment est un élément essentiel dans le secteur de la construction. Le secteur de la construction est en croissance. Cette croissance est due aux nombreux ouvrages qui sont en train d’être faits, dont la construction de logements pour les Ivoiriens. Cette croissance s’est accélérée depuis 2012, et a entraîné deux conséquences. La première, c’est que nous avons énormément d’opportunités qui vont nous permettre de nous développer. La deuxième, c’est que ce développement a intéressé beaucoup d’entreprises qui sont devenues ainsi nos concurrents. Nous sommes donc dans un secteur qui est devenu beaucoup plus concurrentiel qu’il ne l’était.
Pour nous imposer dans ce secteur, nous avons investi pour accroitre nos capacités. Nous avons réalisé des projets et nous envisageons d’en réaliser d’autres pour continuer de croitre afin de faire face à la vitesse à laquelle croit ce marché. Pour continuer à exercer dans ce secteur concurrentiel, nous avons pensé à mettre en place une gamme de produits qui permettent des gains de production à la construction. Nous sommes passés de la gamme de ciment standard à un autre type de ciment à travers des applications. Nous avons donc du ciment pour faire des briques, pour faire des ouvrages marins et pour d’autres types de travaux. Nous avons mis en place de nouveaux conditionnements. Nous avons donc créé le premier atelier de palettisation de ciment afin qu’il ne soit plus chargé à plat sur le camion. Les camions sont chargés par des élévateurs et des palettes qui sont mises sur les camions afin de fournir toute la Côte d’Ivoire.
Nous avons aussi développé une équipe pour aider les ouvriers qui sont sur de gros chantiers ou sur des bâtiments de grandes tailles. Cette équipe travaille sur les formulations du béton pour aider les ouvriers à optimiser la qualité de ce béton. A côté de cela, nous avons développé un réseau de 220 points de vente à Abidjan et à l’intérieur du pays pour assurer la disponibilité de ciment pour les Ivoiriens qui construisent.
Notre ambition, c’est de regrouper à long terme tous les matériaux dont les Ivoiriens ont besoin pour construire sur un même site.
Quels sont les avantages concurrentiels de LafargeHolcim Côte d’Ivoire ?
Nous avons développé un réseau de 220 points de vente à Abidjan et à l’intérieur du pays pour assurer la disponibilité de ciment pour les Ivoiriens qui construisent.
LafargeHolcim Côte d’Ivoire a 65 ans aujourd’hui. Pendant 60 ans, il n’y avait que deux acteurs dans le domaine du ciment en Côte d’Ivoire. Et, pendant ces cinq dernières années, il y a eu de nouveaux acteurs. Ces acteurs sont globalement des sociétés régionales qui veulent soit se spécialiser dans le ciment soit développer une filiale en Côte d’Ivoire. Ces groupes ont été attirés par la croissance du marché ivoirien et ont voulu s’essayer soit à ce pays, soit à ce métier. Ces groupes nous ont amené à progresser plus vite. Nous sommes la seule entreprise internationale présente dans plusieurs pays et sur les cinq continents. En plus de cela, nous avons mieux utilisé ce que l’on savait de la Côte d’Ivoire pour pouvoir mettre en place tous ces nouveaux produits et services. Par exemple, le réseau de franchise de proximité Binastore que nous avons développé est une initiative qui a été conduite sur l’Afrique. Mais elle est née initialement en Amérique latine.
Quel est votre niveau d’indépendance dans la mise en place de nouveaux produits vu que vous êtes un grand groupe international ?
Les marchés de la construction sont des marchés locaux. La façon dont le marché de la Côte d’Ivoire se comporte est différente de la façon dont le marché du Cameroun ou du Nigeria évolue. Cette différence vient du fait que les ressources naturelles d’un pays diffèrent de celles des autres pays. Aussi, la structuration du tissu économique et les méthodes de construction diffèrent d’un pays à un autre. Dans chacun des pays où LafargeHolcim existe, il est essentiel que l’équipe pays comprenne ses enjeux et propose au groupe une direction qui sera évaluée. L’entreprise a un rôle à jouer. Elle joue ce rôle en s’appuyant sur les expériences du groupe, sur les équipes et sur les liens tissés avec le pays. Par exemple, notre marque de ciment en Côte d’Ivoire, c’est la marque “Bélier”. Le Bélier a une résonnance très forte pour ce pays. Lorsque nous avons inauguré notre nouveau broyeur, le Ministre de l’Industrie de l’époque me disait que son père lui avait dit que le bon ciment était le ciment Bélier. Nous sommes là depuis 65 ans, et cela nous donne un avantage que nous mettons au service de nos clients ivoiriens.
Quelle est la part des clients particuliers et la part des grandes entreprises dans vos ventes ?
70% de notre production va vers les particuliers ou les petites entreprises qui sont d’ailleurs le cœur de notre marché. Puis, 30% va vers les acteurs industriels que sont les entreprises de construction et de travaux publics ou de préfabrication. Pour nous, un élément de croissance essentiel, c’est que les Ivoiriens aient les moyens et l’envie de construire. C’est un élément driver du développement de notre métier.
Quelles sont les initiatives que vous avez entreprises pour être plus proches des clients ?
Nous avons fait un développement en deux étapes. Il y a deux ans, nous avons introduit le mobile comme mode de paiement du ciment. Nous avons travaillé avec les trois opérateurs pour que nos clients puissent acheter le ciment où qu’ils soient sur le territoire ivoirien via mobile money. Et assez rapidement, nous nous sommes aperçus que 0 à 40% de nos ventes ont été réalisées par mobile money. Aussi, nous nous sommes demandé comment faire pour faciliter la transaction avec nos clients. Nous avons donc développé une application qui permet de suivre la livraison du ciment pour tous nos clients sur l’ensemble du territoire. Nous sommes passés d’une situation où les clients se demandaient comment ils allaient avoir du ciment et faire la transaction, à une situation où cette composante de leur métier est simplifiée pour qu’ils soient plus disponibles pour leurs clients et leur construction pour que tout soit sécurisé. Cela nous a permis d’avoir accès à un plus grand nombre de clients sur l’ensemble du territoire. Aujourd’hui, cette application supporte plus de 60% des ventes que nous réalisons, c’est-à-dire qu’en six mois, nous sommes passés de 0 à 60%. C’est aussi un outil qui est apprécié par tous. Cela illustre le type de choses différentes que l’on peut faire via la technologie que l’on trouve en Côte d’Ivoire. Pour tous ces clients, nous sommes passés du cash à l’argent digital et nous avons sauté l’étape bancaire. Il y a eu un saut technologique. L’une des questions que nous nous posions était de savoir à quel type de difficulté on allait se heurter vu que certains de nos clients ont développé leurs activités sans savoir lire et écrire. Je peux vous dire que ces derniers sont les plus grands supporters de ces solutions. Ils l’ont adoptée et savent l’utiliser. C’était une expérience très intéressante pour tous ceux qui ont participé à ce projet.
Comptez-vous continuer le développement de la digitalisation ?
Absolument. Nous comptons poursuivre ce développement en externe mais aussi en interne. Comment développe-t-on des applications ? Comment les lire et les traduire en nouveaux outils ? Nous sommes fiers de la première réussite (eBélier) et nous sentons qu’il y a encore du potentiel. Et, tout cela passe par un savoir-faire et un tissu de partenaires.
Nous avons énormément d’idées pour continuer à améliorer et à développer notre offre. Le potentiel est très élevé mais l’important c’est de savoir prioriser cette progression qui est une valeur ajoutée pour nos clients. Certains de nos clients mettaient une journée pour faire une transaction entre le fait de passer l’ordre et amener l’argent. Maintenant, ils peuvent la faire en quelques minutes sans se déplacer. En développant cette application, nous avons également mis en place des services logistiques. 40% du ciment vendu est livré directement aux clients. Par le passé, nos clients louaient des camions pour venir récupérer leur commande de ciment. Désormais on la leur livre où ils souhaitent. L’application mobile a accru la demande de ce service parce que les deux services s’auto-enrichissent. Mais cela passe par le besoin de savoir où est localisé le camion et mettre un prix à cette prestation. Pour cela, le digital est certainement la seule manière de gérer ça agilement.
Pouvez-vous nous parler de votre programme de logements ?
Aujourd’hui, il y a un déficit de près de 600 000 logements en Côte d’Ivoire.
C’est une opportunité de croissance pour les matériaux comme le ciment. Nous nous intéressons aussi à la promotion immobilière. Nous avons lancé un projet qui s’appelle « Maisons Bélier ». Le principe de ce projet, c’est de créer un écosystème qui permette de réaliser des maisons économiques pour les Ivoiriens en sécurisant à la fois le financement avec des partenaires banquiers, la construction avec des entreprises de construction et la fourniture des matériaux et du ciment avec des entreprises évoluant dans ce domaine.
Le principe de cet écosystème, c’est que le projet est entièrement financé avant d’être lancé. La banque qui finance aura un bien en face du prêt qu’elle va fournir. Ainsi, les gens qui fournissent les matériaux pour les travaux de construction seront rassurés car la construction ira à son terme. Cet écosystème qui baisse le niveau de risque de tous les participants peut permettre de réaliser plus qualitativement et quantitativement des logements. C’est un projet très ambitieux et qui permet de maitriser toute la problématique foncière y compris les différentes autorisations administratives.
Nous sommes sûrs de mener à bien le projet qui a aussi un potentiel important. Cela nous tenait à cœur, car c’est une contribution dans cette problématique sociale ivoirienne.
Quelle est la politique sociale du groupe?
Nous sommes un acteur historique, un acteur business mais aussi un acteur social en Côte d’Ivoire.
Conscients de notre responsabilité sociétale, nous avons mis en place plusieurs programmes qui couvrent l’éducation, l’employabilité, la santé et l’environnement.
Au niveau de l’emploi, nous avons une initiative qui vise à former les maçons. Nous le faisons avec un partenaire ivoirien. L’objet, c’est de former des jeunes en marge de la vie économique. Nous essayons de leur donner un métier pour qu’ils s’insèrent dans la vie économique. Nous avons formé plusieurs promotions, soit plus de 70 maçons aujourd’hui. S’agissant de l’éducation, nous avons des liens particuliers avec certains organismes de formation. Nous venons de construire et de mettre à disposition de deux groupes scolaires des médiathèques fournies en livres mais aussi en ordinateurs. Dans la même veine, nous organisons régulièrement des campagnes de sensibilisation à la sécurité routière et aussi des campagnes de vaccination à destination des écoliers.
Dans deux ou trois ans, quels sont les objectifs que vous souhaitez atteindre ?
Nous sommes en ce moment au cœur d’une transformation pour bénéficier de la croissance mais aussi pour faire face à la concurrence. L’axe que nous avons choisi, c’est l’innovation. Qu’elle soit sur les services, les produits ou encore les modes de distribution de ceux-ci. Notre principal enjeu est d’assurer la progression de la productivité du secteur de la construction.
Aujourd’hui déjà, nous le faisons au travers des matériaux. Plus tard, nous fournirons d’autres produits et d’autres services en aval. La société ivoirienne a un défi important en matière de construction, c’est à la fois une grande opportunité pour les entreprises mais aussi un axe de développement social très important. Les Ivoiriens veulent avoir des matériaux de qualité au meilleur prix.
A certains clients très techniques, nous devons fournir des solutions très spécifiques. Nous tissons des collaborations approfondies avec les entreprises du secteur minier. C’est un secteur très exigent mais le groupe LafargeHolcim a cette expérience.
S’agissant des routes, nous nous sommes aperçus que l’on pouvait proposer du ciment beaucoup plus efficace pour le traitement des sols, et les routes en béton sont une solution économique très intéressante en Côte d’Ivoire. Nous constatons que 100% des routes sont construites en bitume. Nous sommes convaincus que certaines routes pourraient être à la fois plus économiques et plus durables si elles étaient faites en béton.