Informatique en Côte d’Ivoire : Interview avec Nongolougo Soro de la SNDI

Nongolougo Soro dresse le bilan de l’année 2016 pour la Société Nationale de Développement Informatique et le secteur informatique en général. Il mentionne également quelques projets d’envergure menés par la SNDI et évoque ses perspectives de croissance pour 2017.

Interview avec Nongolougo Soro, Directeur Général de la SNDI (Société Nationale de Développement Informatique)

Nongolougo Soro, Directeur Général de la SNDI

Pouvez-vous dresser un bilan de l’année 2016 pour la SNDI et le secteur informatique en général?

L’année 2016 a été une année charnière entre notre précédent cycle de croissance de 2012 à 2015 et le nouveau cycle que nous entamons avec notre plan d’action stratégique 2017-2020, basé sur le Plan National de Développement de Côte d’Ivoire (PND) 2016-2020. Pour être plus concret, nous avons commencé, en 2016, la numérisation des procédures de l’administration ivoirienne, afin de vulgariser l’usage de l’outil informatique dans toutes les activités administratives et numériser les archives de l’administration, pour pérenniser sa mémoire et faciliter l’accès aux informations. Ainsi, quand un fonctionnaire du nord du pays a besoin d’un document, il n’a plus besoin de se déplacer vers le sud pour y avoir accès. Il doit simplement soumettre sa requête en ligne et son document lui est envoyé par voie électronique ou par la poste. Voilà la principale activité initiée en 2016 et que nous allons poursuivre. En 2020, toutes les procédures devront être intégralement numérisées.

Avec quels moyens avez-vous pu engager cette action? Avez-vous fait appel à des partenariats avec des acteurs publics ou privés en Côte d’Ivoire ou ailleurs?

Nous réalisons toutes ces actions en collaboration avec nos partenaires du secteur privé, et particulièrement avec le Groupement des Opérateurs du Secteur des Technologies de l’Information et de la Communication de Côte d’Ivoire – le GOTIC. Lorsque l’on parle aujourd’hui de la SNDI, on fait aussi référence à tout un écosystème public-privé qui conduit les chantiers informatiques de l’administration ivoirienne. Pour tout chantier que nous menons, nous faisons bien sûr appel à l’expertise des collaborateurs de notre société, mais avons aussi recours à celle d’entreprises locales, nationales ou internationales. Et notre partenaire-clé dans ce cadre est le GOTIC.

Vous exportez aussi vos compétences vers toute la région de l’UEMOA. Pouvez-vous évoquer quelques projets réalisés en 2016?

Au niveau de l’Afrique de l’Ouest, nous avons introduit en 2016 notre Système Intégré de Gestion des Finances Publiques (SIGFiP) en Guinée-Conakry. De plus, nous allons signer un contrat avec l’Union Européenne pour développer au Bénin la nouvelle version du SIGFiP, prenant en compte les nouvelles directives de l’UEMOA. Le processus de négociation touche à sa fin et le lancement de ce projet est prévu le 16 décembre prochain à Cotonou.

Votre entreprise est aussi engagée dans la formation et le renforcement des capacités des fonctionnaires. En quoi consiste votre action sur ce plan?

Lorsque l’on parle aujourd’hui de la SNDI, on fait aussi référence à tout un écosystème public-privé qui conduit les chantiers informatiques de l’administration ivoirienne.

La formation vient compléter notre mission d’accompagnement du gouvernement et de l’administration ivoirienne par l’usage d’outils informatiques. L’état des lieux que nous avons dressé au premier trimestre 2012 nous a permis de constater que les équipements étaient présents dans les administrations, mais qu’ils n’étaient pas utilisés à bon escient, car les utilisateurs n’étaient pas formés et ne savaient pas s’en servir. Cela nous a amenés à créer, au sein de notre société, un centre de formation, dédié au renforcement des capacités des fonctionnaires et agents de l’État en vue d’une utilisation adéquate des outils informatiques. Cette action permet aussi de rentabiliser les énormes investissements que l’État fait dans le domaine de l’informatisation de l’administration. Au fur et à mesure que nous déployons les outils informatiques dans l’administration, nous veillons à ce que les fonctionnaires soient bien formés, non seulement à l’utilisation des applications spécifiques, mais aussi aux fonctions de base, comme à l’usage d’une messagerie, la recherche d’informations sur internet ou l’utilisation d’outils bureautiques (Microsoft Word, Excel, Powerpoint). Nous avons constaté une augmentation de la productivité à tous les niveaux de l’administration où nous avons réalisé ces formations. Cela constitue donc un pan essentiel de notre mission. Depuis le début de notre action de formation, nous avons formé plus de 10 000 fonctionnaires et agents de l’État dans toutes les sphères de l’administration – du magistrat jusqu’à l’employé de bureau.

L’un de vos projets les plus récents porte sur l’informatisation du secteur judiciaire et bénéficie du soutien de l’agence américaine USAID. Pouvez-vous nous en dire plus?

C’est un projet financé par l’USAID et que nous conduisons ensemble dans le cadre du programme ProJustice pour l’informatisation formelle et systématique du secteur judiciaire en Côte d’Ivoire. Nous avons commencé la phase pilote avec le Tribunal de Première Instance de Yopougon et la Section du Tribunal de Dabou. Si les résultats sont concluants, nous généraliserons la mise en œuvre sur tout le territoire national.

Votre perspective de croissance pour 2017 est très élevée, de l’ordre de 15 %, et vous avez pour objectif d’être le leader en Afrique de l’Ouest dans votre secteur. Qu’est-ce qu’implique une telle croissance pour votre société et où se situent les défis principaux?

Une telle croissance nécessite une efficacité dans la conduite de nos activités, une qualité de service après-vente et une expertise d’avant-garde. Nous devons nous assurer que nos ingénieurs et techniciens sont constamment à jour sur les nouvelles avancées dans leur domaine respectif, grâce à une offre de formation continue certifiante. Pour être à la hauteur du taux de croissance que nous envisageons, notre direction commerciale de marketing doit aussi adopter une démarche proactive, pour dépasser notre marché traditionnel, qu’est le secteur public ivoirien, et atteindre le secteur public d’autres pays de l’UEMOA et d’ailleurs. Si nous voulons être leader dans notre secteur en Afrique de l’Ouest et même dans toute l’Afrique, cette approche constitue une condition sine qua non et doit s’accompagner de résultats probants et d’une qualité de service irréprochable.

Quel message souhaiteriez-vous faire passer à la communauté internationale, et plus précisément aux investisseurs du secteur des techniques de l’information et de la communication, et de l’économie numérique de manière générale, en ce qui concerne votre secteur et l’offre que vous proposez ?

La Côte d’ivoire, l’Afrique de l’Ouest, voire l’Afrique toute entière, est encore un terrain vierge qui a un retard à rattraper par rapport à l’Occident. Dans les pays qui se trouvent à un tournant décisif, à l’aube d’un décollage économique, la loi du marché est toujours la même : les premiers arrivés sont toujours les mieux servis. Je préconise donc aux investisseurs du secteur IT de s’intéresser maintenant à nos marchés, avant qu’il ne soit trop tard. Le taux de croissance étant très élevé – en Côte d’Ivoire nous avoisinons les 10 % chaque année – une entreprise de notre secteur, qui s’implante dans notre région et s’organise bien, peut réaliser un bon chiffre d’affaires et une très bonne marge de profit. Les entreprises ont vraiment vocation à prospérer sur ce marché.

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