ESPartners : Des Solutions Entrepreneuriales au Service du Continent Africain
Eric Kacou nous parle des avancées majeures réalisées par la société ESPartners (Entrepreneurial Solution Partners) avec les PME, ainsi que du lancement du fonds d’investissement ESP Capital et d’autres projets en dehors de la Côte d’Ivoire, notamment en Guinée Conakry et au Bénin.
Interview avec Eric Kacou, Co-Fondateur et Directeur de la société ESPartners (Entrepreneurial Solution Partners)
Quelles sont les avancées majeures que vous avez réalisées avec les PME ?
2018 a été une année très riche en développement pour nous parce qu’il y a eu des avancées majeures sur deux fronts avec les PME. Le premier, c’est la mise en place du programme d’accompagnement pour une vingtaine de PME sur trois ans pour valeur totale de 1.5 million de dollars et pour lequel nous avons réussi à avoir un appui et un partenariat avec l’USAID qui nous a prêté 700.000 dollars et qui intervient en tant que fournisseur de services pour offrir le côté comptabilité et opérationnel. Le reste est notre contribution. C’est une initiative importante pour nous parce qu’elle permet de nous assurer que ces entreprises sont prêtes à recevoir beaucoup plus d’investissements. Le lancement officiel de cette initiative aura lieu début juillet. A cette date, nous aurons une cohorte de sept entreprises qui commencera à bénéficier de cet appui. C’est un appui qui est coordonné et offert par ESP avec l’appui de deux autres institutions : le cabinet ECR (Experts Comptables Réunis) et Kaizen Institute qui est spécialisé dans l’animation continue. Nous espérons qu’à l’issue de cela, nous aurons une vingtaine de nouveaux champions dans le secteur des PME en Côte d’Ivoire. Ces PME vont avoir une équipe dédiée qui va travailler avec elles pour mettre en place ce que l’on appelle une feuille de route pour la croissance. Cette feuille de route va identifier des opportunités qui permettront à ces business de se transformer. Nous allons également travailler avec ces business pour mobiliser les ressources financières et humaines nécessaires pour améliorer la croissance. Nous sommes en train de travailler à la mise en place de ESP Capital qui est notre fonds, et au travers duquel nous espérons entrer dans le capital de ces entreprises. Il faut préciser que nous avons commencé avec une base de données de 1.200 entreprises. Nous savons à cette étape que ce n’est pas seulement les 20 entreprises qui vont recevoir du financement, parce que certaines d’entre elles ne le méritent pas. Par contre, celles qui le méritent recevront du financement.
Ces entreprises sont-elles des PME ou des startups ?
Nous travaillons avec les PME qui ont au minimum trois ans d’existence et qui opèrent dans les secteurs prioritaires de l’économie. Elles évoluent dans le domaine de l’agribusiness, dans les services et dans la technologie. Nous priorisons les PME qui vont être le socle de l’économie ivoirienne.
Parlez-nous du deuxième développement positif ?
Si la Côte d’Ivoire veut atteindre son objectif qui est celui d’être une économie émergente, cela ne se fera pas sans le secteur privé qui doit être constitué de champions nationaux, mais aussi de PME créatrices d’emplois.
Le fonds de pension ivoirien de la CNPS a décidé de faire un premier investissement dans ESP Capital. Cela nous permet de commencer à constituer le capital dont nous avons besoin pour pouvoir supporter ces PME. C’est vraiment une marque de confiance pour nous. Cela permet de savoir que notre projet est viable et qu’il peut avoir de l’impact sur l’économie ivoirienne. Nous sommes toujours à la recherche d’investisseurs institutionnels et privés additionnels. Nous sommes ouverts à rencontrer ce genre d’investisseurs mais il est important pour nous de pouvoir avoir une assistance technique. Raison pour laquelle nous avons lancé le fonds d’investissement ESP Capital. Ce fonds nous permet d’investir dans les PME que nous avons identifiées.
Quels sont les autres projets que vous avez pour la Côte d’Ivoire ?
Nous sommes en ce moment en collaboration avec les faitières du secteur privé, le Ministère du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME, ainsi que la BAD (Banque Africaine de Développement). Nous sommes dans le processus de développement d’une stratégie pour le développement du secteur privé en Côte d’Ivoire. C’est une initiative majeure et nous avons rencontré l’ensemble des associations du secteur privé en Côte d’Ivoire avec 4.000 entreprises sur l’ensemble du pays, pour comprendre leurs défis. Nous allons également faire la revue du plan Phénix afin de pouvoir faire sortir une feuille de route pour remettre le secteur privé au cœur de l’agenda économique de la Côte d’Ivoire. Si la Côte d’Ivoire veut atteindre son objectif qui est celui d’être une économie émergente, cela ne se fera pas sans le secteur privé qui doit être constitué de champions nationaux, mais aussi de PME créatrices d’emplois, des PME qui fournissent des services et qui génèrent de la recette fiscale.
Parlez-nous du plan Phénix.
C’est un plan qui avait été lancé en 2014. C’est la feuille de route que le gouvernement avait adopté pour le secteur privé. Etant donné que cette feuille de route a été adoptée il y a quelques années, il a paru essentiel aux autorités ivoiriennes de savoir ce qui a été accompli et d’avoir un plan plus actualisé. ESPartners a été sélectionné pour mettre en œuvre et développer cette stratégie.
Qu’en est-il de vos investissements au plan international, plus précisément en Guinée Conakry ?
L’économie guinéenne est assez spéciale. Le secteur privé a traditionnellement deux parties. Il y a quelques grosses entreprises qui sont des compagnies internationales, qui évoluent dans le secteur minier et le secteur financier, et qui côtoient un grand nombre d’entreprises informelles qui n’ont pas encore bénéficié du sceau de la formalisation. En collaboration avec l’APIP (Agence de Promotion des Investissements Privés), le Ministère en charge des investissements privés et des partenariats publics et privés et la BAD, ESPartners a lancé un programme Champions PME en Guinée. Ce programme a sélectionné une dizaine de PME. Notre équipe est en ce moment à Conakry avec les équipes du Ministère, de la BAD et du PNUD pour faire un séminaire avec les dix PME qui ont été identifiées pour que ces dernières puissent bénéficier dans les mois à venir d’un accompagnement qui va leur permettre de lever les ressources pour pouvoir s’accroitre. Pour nous, cette initiative est très importante pour que les PME guinéennes puissent éclore.
Vous êtes également au Bénin sur des projets.
Les projets pour le Bénin sont très importants. Le Président Patrice Talon, à travers le fonds d’actions gouvernementales, a identifié le tourisme comme un secteur important pour l’économie béninoise. Il a mis en place avec le gouvernement un programme de transformation de l’industrie touristique qui se fera autour de sept projets phares. Le gouvernement a bouclé le financement de sa stratégie. Les travaux d’architectures et de développement des différents sites pourront être lancés ce mois-ci au Bénin. Le Benin est une destination unique en Afrique. Au-delà de son seul parc à safari digne de ce nom en Afrique de l’Ouest, le Parc National de la Pendjari, le Benin va permettre aux voyageurs de pouvoir découvrir la culture africaine à travers ses régions, ses sites, sa musique et ses mets culinaires. Ce sera une expérience forte qui fera tâche d’huile. C’est aussi une initiative très encourageante pour nous en tant que professionnels, mais aussi en tant qu’Africains.
Pouvez-vous citer des actions avec lesquelles vous vous êtes associés en Afrique ?
Je voudrais citer deux actions pertinentes. Quiconque regarde l’Afrique sait qu’elle a besoin de solutions concrètes pour sa jeunesse. Certaines images désespérantes que nous avons vues en Libye dans lesquelles les jeunes essaient d’atteindre l’Italie à travers des bateaux et les nombreux naufrages sont révoltantes. Certains gouvernements africains ont décidé de trouver une solution africaine à ce problème. Il y a une initiative qui est née au Rwanda, il y a de cinq ans. Elle a pour but de connecter les jeunes à travers la technologie à des opportunités de travail, de financements de projets et de renforcement de capacités, qui est en train d’être adoptée du point de vue continental. Il y a onze pays qui ont décidé de rejoindre cette initiative et nous avons eu le privilège d’être sélectionnés comme institution partenaire pour développer la stratégie de mise en place de cette initiative africaine. La stratégie que nous avons développée a été approuvée à Addis-Abeba par les pays, en présence de l’Union Africaine, de la BAD (l’un des acteurs à la base de cette initiative) et des ministres de la jeunesse du Rwanda, du Congo Démocratique, de la Sierra Leone, du Liberia et de l’Ouganda. C’était encourageant de voir que tous ces pays se mettent ensemble pour trouver des solutions aux problèmes des jeunes africains. Cela prouve qu’une jeunesse africaine qui trouve des emplois est productive. D’ici 2100, 50% de la jeunesse mondiale sera africaine. Ce problème de chômage n’est pas lié seulement à l’Afrique. C’est un phénomène qui est mondial. Dans les pays comme l’Espagne, l’Italie et la France, le taux de chômage de la jeunesse est très élevé et oscille autour de 35%. Un programme comme celui qui est né en Afrique pourra inspirer d’autres dirigeants à travers le monde à trouver des solutions adéquates pour les jeunes.