Cabinet Expertises : Conseil, Audit et Etudes dans les Domaines Fiscal et Juridique

René Sié Koffi nous parle des activités d’Expertises, un cabinet spécialisé dans le conseil, l’audit et les études dans les domaines fiscal et juridique. Il partage également son évaluation du secteur en Côte d’Ivoire et nous parle de ses ambitions pour le cabinet dans les années à venir.

Interview avec René Sié Koffi, Directeur du Cabinet Expertises

René Sié Koffi, Directeur du Cabinet Expertises

Nous aimerions avoir votre vision d’une entreprise qui vient de l’étranger, qui vient s’installer. Pourquoi aurait-elle besoin de conseils ?

Une entreprise qui vient de l’étranger et qui désire s’installer en Côte d’Ivoire a besoin de conseils parce qu’il existe des dispositions spécifiques qui régissent la création et le fonctionnement des entreprises en Côte d’Ivoire. Ce sont donc des dispositions qui ne s’appliquent qu’en Côte d’Ivoire et qui peuvent avoir un impact sur le fonctionnement de la société. Il est encore plus important d’être conseillé en matière fiscale. Cela est primordial parce que, de la création d’une structure dépendent des incidences fiscales spécifiques. Ainsi, si vous n’opérez pas de manière experte, les dispositions spécifiques ne s’appliqueront pas pour vous. Il peut s’agir d’avantages ou de dispositions de droit commun. Votre exploitation peut en subir les conséquences par la suite. C’est pourquoi il faut bénéficier de conseils en matière fiscale, qui vous permettent d’assoir correctement votre activité. Ce qui est sûr, c’est que vous avez en Côte d’Ivoire des dispositions avantageuses de création. La première chose qu’il faut savoir, c’est si vous pouvez en bénéficier. Si vous pouvez en bénéficier, il faudra en faire la demande, car cela n’est pas automatique. Vous aurez donc besoin d’un conseil pour vous donner ces éléments, pour monter le dossier.

Après les avantages, il faut connaitre l’exhaustivité des impôts et taxes que vous devez payer, parce qu’en tout état de cause, nous avons ici un processus de contrôle de l’annonciation fiscale, en général après trois ans d’activité. Et vous serez donc obligé de payer les impôts que vous n’aurez pas payés à temps.

Donc, il faut pouvoir intégrer cela dans le business plan que vous faites pour voir si l’activité que vous voulez mettre en place est rentable ou non. Et là, il y a intérêt d’avoir un bon conseiller fiscal en Côte d’Ivoire. C’est différent du conseil juridique qui s’occupe uniquement de la création de la société. Les deux vont de pair, mais il est préférable d’avoir un bon conseil qui soit en même temps juriste et fiscaliste, parce que, autant il vous permet de créer votre structure, autant il vous permet également d’avoir les règles fiscales qui s’appliquent et qui peuvent régenter votre activité. Des règles fiscales dépendent également parfois le choix des entreprises. Donc, cela vous permet de choisir les conseils que l’on vous donne. Voilà pourquoi il est important de toujours avoir recours à un conseil juridique et fiscal.

La Côte d’Ivoire n’est pas un paradis fiscal. Expliquez-nous dans quel sens on peut parler d’optimisation fiscale ?

Ici, l’optimisation fiscale consiste à présenter certains schémas fiscaux qui sont basés sur les textes légaux et dont l’application permet à l’entreprise de réaliser des économies d’impôt.

Par exemple ?

Par exemple, vous voulez vous installer en Côte d’Ivoire. Ici, il existe des régimes fiscaux spécifiques, selon le type d’entreprise. Donc, si vous voulez vous installer, et que vous choisissez mal le régime, vous avez des impositions qui seront importantes ou non, ce qui peut avoir un impact négatif sur votre projet. Lorsque vous choisissez un conseil, on analyse globalement la nature de votre activité, la forme de la société et on essaie d’optimiser selon les dispositions pour pouvoir vous proposer des schémas plus importants pour vous.

Quel est votre avantage concurrentiel par rapport aux Big Four (Deloitte, Ernst & Young, KPMG et PwC) ?

D’ici deux ou trois ans, nos objectifs sont tout à fait clairs : c’est de pouvoir avoir un cabinet fort, et qui peut arriver à se situer parmi les trois premiers en Côte d’Ivoire. Cela suppose que l’on puisse se regrouper.

Je ne dirais pas que c’est une sinécure de choisir un conseil local, mais c’est intéressant. Le leader ici en Côte d’Ivoire est un conseil local, et cela prouve déjà qu’il y a un certain avantage à avoir un conseil local parce que les règles qui s’appliquent (surtout en matière de fiscalité) sont des règles locales. Donc, on suppose que les consultants locaux ont une expertise plus avérée. Deuxièmement, ce sont des personnes qui peuvent présenter certaines solutions plus intéressantes que les Big Four et qui ont plus de flexibilité dans leurs propositions. Le Big Four c’est un peu typé, très organisé, mais la flexibilité manque. Ensuite, en matière de relations, lorsque vous avez un conseil fiscal local, vous avez également la possibilité d’avoir une certaine proximité de service. Par exemple, en ce qui concerne nos clients, lorsqu’ils souhaitent discuter avec nous, vous n’aurez pas le 4e ou le 5e du cabinet, mais vous aurez sûrement le directeur associé ou son collaborateur le plus proche pour discuter. Vous pourrez donc discuter en direct de vos problèmes, et c’est cette proximité de service là qui constitue un élément différentiel par rapport aux grands groupes. C’est très important.

Vous avez un cabinet qui marche très bien, pas seulement sur la Côte d’Ivoire, mais de façon plus globale, sur l’Afrique. Quelles sont vos ambitions ?

D’ici deux ou trois ans, nos objectifs sont tout à fait clairs : c’est de pouvoir avoir un cabinet fort, et qui peut arriver à se situer parmi les trois premiers en Côte d’Ivoire. Cela suppose que l’on puisse se regrouper. Nous ne faisons que du conseil juridique et fiscal, alors que les grands cabinets aujourd’hui développent des prestations complètes. C’est-à-dire de la création au fonctionnement de la société, les prestations qui vont du juridique au fiscal en passant par l’expertise comptable, l’audit de gestion, etc. Donc, notre objectif premier est d’abord de nous regrouper avec des cabinets. Nous avons d’ailleurs déjà commencé avec un premier cabinet. Ensuite, c’est également de pouvoir nous spécialiser. C’est très important pour nous parce que, telle que l’activité et le secteur sont en train de se développer, les cabinets qui ne travaillent que sur des matières générales vont disparaitre. Il faut pouvoir se spécialiser et nous avons déjà commencé, puisque par exemple, en matière de TVA, nous sommes conseil de l’État au niveau du comité de remboursement de TVA que nous avons créé (c’est nous qui avons fait les textes fondateurs). Donc, nous savons que nous possédons déjà une expertise que nous avons développée en TVA et en remboursement de TVA qui est infiniment importante pour les entreprises. Ensuite, c’est le numérique. Le numérique fiscal. Aujourd’hui, nous travaillons beaucoup sur la maitrise du chiffre d’affaires du secteur. Nous pensons que puisqu’il s’agit d’un secteur qui évolue, il va falloir doubler nos efforts afin de pouvoir nous spécialiser dans ce domaine-là. Donc, nous sommes obligés de nous spécialiser.

Pouvez-vous nous éclairer sur le numérique fiscal ?

Vous avez aujourd’hui le développement du e-commerce et toutes les opérations sont difficilement captées par l’État, puisque tout est dématérialisé. Et donc, l’État cherche à capter le chiffre d’affaires lié au e-commerce qui est en progression de 20 à 30% chaque année. L’idée, c’est de mettre en place des applications pour que l’État puisse récupérer le chiffre d’affaires, et quand on parle de chiffre d’affaires en matière d’imposition, on parle en même temps de taxe. Donc, cela permet également d’aider l’État à augmenter ses recettes fiscales.

Une batterie de mesures juridiques sont en train d’être prises en ce qui concerne le e-commerce et tout ce qui est numérique en Côte d’Ivoire, et ce volet fiscal là, nous voulons le développer pour permettre à l’État d’avoir des ressources fiscales additionnelles et pour permettre également aux activités de ce secteur de se structurer afin que les contrôles fiscaux puissent se dérouler correctement. C’est pourquoi il est important que nous puissions développer ce domaine afin d’offrir des services de qualité à ce niveau-là.

Êtes-vous intéressés par des partenariats ou des investisseurs ?

Oui. En ce qui concerne l’activité en elle-même, nous n’avons pas besoin d’investissements. Ce dont nous avons besoin, c’est le milieu des affaires, en fait. C’est-à-dire, les marchés. Nous avons besoin d’une bonne clientèle. Il faut d’abord faire comprendre à toutes les entreprises qui s’installent en Côte d’Ivoire et même dans la sous-région, que c’est une fiscalité spécifique et que les possibilités qu’ils ont ailleurs, où les milieux d’investissement, ne sont pas les mêmes qu’ici. Donc, ils ont besoin de conseils. Et s’ils ont besoin de conseils, ils ont besoin de conseils de qualité. C’est important pour eux parce que le manque de conseil et le manque de qualité des conseils va les suivre dans leur fonctionnement et cela entrainera la disparition de la société. Donc, nous avons besoin d’investisseurs de qualité qui veulent faire des affaires. C’est pourquoi nous appelons de tous nos vœux l’accroissement des investissements directs étrangers en Côte d’Ivoire, parce que dès lors qu’il y a des investisseurs importants, ils auront toujours besoin de conseils et nous sommes là. Nous appelons également de nos vœux l’accroissement de développement de l’investissement local. C’est très important. Et par exemple, que tous les grands projets d’État qui se développent aujourd’hui au niveau des infrastructures et qui appellent les grands opérateurs étrangers, puissent également inclure à ces projets-là, les opérateurs ivoiriens. Autant l’activité évolue, autant le besoin de conseils se fait sentir, autant nous pourrons travailler et faire évoluer notre chiffre d’affaires.

Avez-vous autre chose à ajouter ?

Il est vrai que cette année 2018, en termes de doing business, nous sommes 139ème sur 190. Je suis même l’un des correspondants en matière fiscale. Ce rang n’est pas reluisant, mais je sais que les efforts sont en train d’être faits ; des efforts importants par l’État de Côte d’Ivoire à travers le CEPICI (Centre de Promotion des Investissements en Côte d’Ivoire), pour créer un bon cadre en matière de droit des affaires, en matière d’environnement d’affaires, à tous les investisseurs. Donc, nous appelons de tous nos vœux les investisseurs étrangers à venir. L’État est à leur écoute. Nous le constatons déjà au niveau des rencontres que nous avons avec le CEPICI, en tant que correspondant. Cette année, ils nous ont présenté les axes de développement qu’ils souhaitent avoir pour que par exemple, à l’orée 2020, nous soyons proches du Rwanda en matière d’environnement d’affaires. Donc, il faut que les investisseurs soient là. Étant entendu également que l’association économique avance très bien.

On sait les efforts qui ont été faits par l’État de Côte d’Ivoire depuis la crise qui s’est déroulée jusqu’à maintenant. Les infrastructures se sont développées. Il y a une ligne économique. Il y a des programmes qui ont été signés avec les bailleurs de fonds, ici. Il faut que les investisseurs viennent prendre leur place. C’est très important. La 3ème chose, je crois que l’Etat est aussi à l’écoute des investisseurs. Par exemple, l’annexe fiscale qui a été reprise cette année vient d’être supprimée parce que le secteur privé a réagi et l’État, dans son objectif de pouvoir aider le secteur privé, a annulé une annexe fiscale consensuelle, il y a deux jours. C’est donc un État à l’écoute. Je crois qu’avec notre apport, nos conseils, le regroupement que nous sommes en train de faire, la fusion des professions qui est en train d’être faite, nous pourrons apporter quelque chose, non seulement à l’Etat, mais également aux investisseurs qui arrivent. La Côte d’Ivoire est très organisée. Les ressources humaines sont là, mais il y a également la qualité du conseil qui est là. C’est indéniable. La Côte d’Ivoire est un terreau favorable. Certains grands cabinets sont là depuis une cinquantaine d’années, il y en a beaucoup qui arrivent, soit pour nouer des partenariats avec les cabinets locaux, soit pour être présents. Donc voilà. Il faut que chacun prenne sa place.

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