ARTCI : Secteur des Télécommunications et des TIC en Côte d’Ivoire

Le Directeur Général de l’Autorité de Régulation des Télécommunications/TIC de Côte d’Ivoire, Monsieur BILE Diéméléou Amon Gabriel, nous parle du secteur et explique quelles sont les différentes missions et activités de l’ARTCI. Il partage également sa vision à l’horizon 2020.

Interview avec BILE Diéméléou, Directeur Général de l’ARTCI (Autorité de Régulation des Télécommunications/TIC de Côte d’Ivoire)

BILE Diéméléou, Directeur Général de l'ARTCI (Autorité de Régulation des Télécommunications/TIC de Côte d’Ivoire)

Vous avez pour ambition d’être le régulateur de référence, qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Pour moi, le régulateur de référence c’est le meilleur parmi tous ceux qui sont dans l’activité. Une structure à laquelle on se réfère, qui exerce selon les tests qu’elle a, de sorte que tous ceux qui font partie de l’écosystème soient satisfaits et que d’autres pays s’y réfèrent. Nous voulons être un régulateur de référence international, on ne se limite pas à notre pays. Je peux déjà vous signaler que des régulateurs africains sont venus voir notre modèle, cela constitue une référence.

Vous avez des exemples ?

Les Ghanéens, les Sénégalais, les Guinéens et les Burkinabés sont passés, pour ne citer que ceux-là. Nous sommes également allés comparer notre modèle à d’autres pays du nord de l’Afrique mais aussi d’Europe, pour voir si nous faisions vraiment la régulation qui sied.

Comment pourriez-vous décrire l’écosystème en Côte d’Ivoire, ainsi que ce que vous avez mis en place avec le gouvernement, par rapport à d’autres pays d’Afrique de l’Ouest ?

La Côte d’Ivoire est en plein développement, et les secteurs que nous avons sous notre gouvernance se développent, notamment grâce aux TIC, qui permettent d’aller très vite et d’assurer une bonne gouvernance.

D’abord, par rapport à l’économie numérique de manière générale, on voit que les activités sont boostées. Vous savez que les secteurs que nous régulons ne sont pas que les communications TIC ; nous régulons aussi des secteurs comme la Poste, nous avons aussi des activités de protection des données à caractère personnel, et des transactions électroniques, car l’ARTCI est aussi une autorité de protection. Nous gérons aussi la lutte contre la cybercriminalité ainsi que les noms de domaine. Quand vous voyez un pays comme la Côte d’Ivoire qui a un seul régulateur qui s’occupe de toutes ces activités, nous pensons que nous sommes plus qu’acceptés, puisque c’est à nous que chacun doit se référer.

En termes de niveau de développement, par rapport aux autres pays de la zone, où se situe la Côte d’Ivoire ?

À un bon niveau, c’est la raison pour laquelle les autres viennent copier ce que nous faisons. La Côte d’Ivoire est en plein développement, et les secteurs que nous avons sous notre gouvernance se développent, notamment grâce aux TIC, qui permettent d’aller très vite et d’assurer une bonne gouvernance.

Un indice montre que dans l’amélioration de la maturité numérique, la Côte d’Ivoire est passée de la 14ème à la 2ème place. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

Cela signifie qu’il faut faire confiance à la Côte d’Ivoire, cela montre le dynamisme des secteurs que nous avons en régulation. Si nous sommes 2èmes, cela signifie également que nous avons fourni du qualitatif : aujourd’hui, l’économie numérique est de bonne qualité en Côte d’Ivoire. Les chiffres sont parlants, et lorsque nous nous retrouvons aux fora partout dans le monde, nous nous rendons compte que les résultats de la Côte d’Ivoire peuvent être comparés à ceux des meilleurs.

En Côte d’Ivoire, on est passé de 7 opérateurs à 4 ; les Libyens de TTIC sont en train d’arriver sur le marché ; quel est l’impact de leur présence ?

Ce 4ème opérateur a reçu sa licence, mais n’a pas encore commencé son activité. Les 3 qui sont aujourd’hui dans notre écosystème fonctionnent assez bien, et celui-ci aura également sa part de marché. Le démarrage de son activité était déjà prévu pour l’année dernière, mais nous attendons que l’État l’autorise à démarrer – c’est à l’État que revient cette prérogative. Nous relançons les services concernés, car nous avons besoin de ce 4ème opérateur pour assurer le dynamisme du secteur.

Vous avez adhéré à une institution globale qui s’appelle FIRST (Forum of Incident Response and Security Teams) ; cela a un impact dans plusieurs domaines, notamment le mobile banking. Quelle est votre politique par rapport à la lutte contre la cybercriminalité ?

L’ARTCI est dotée d’un centre qui est affilié au FIRST mondial ; nous avons mis en place une plateforme de lutte contre la cybercriminalité qui permet à tous ceux qui effectuent des transactions électroniques d’avoir plus confiance en la Côte d’Ivoire. En effet, à un moment donné les utilisateurs n’avaient plus confiance en notre pays pour le paiement en ligne, nous étions presque blacklistés ; aujourd’hui ce n’est plus le cas. Il faut dire qu’avec la DITT (Direction de l’Informatique et des Traces Technologiques) qui fait désormais partie de la Police, ceux qui commettent des infractions en ligne sont passibles d’amende voire de peines de prison. La Côte d’Ivoire est aujourd’hui fréquentable, y compris au niveau du paiement en ligne.

L’accès à Internet fait aujourd’hui partie des droits fondamentaux érigés par les Nations Unies, tout comme l’accès à l’eau ou à d’autres denrées ; cela améliore également le climat des affaires. Quelle est la politique que vous avez mise en place par rapport à cet accès ?

Nous avons constaté que ceux qui utilisaient Internet dans le marché du détail payaient un peu cher leur accès. Il fallait donc remédier à cela, c’est ce que nous avons fait avec notre organe de régulation : nous avons fait en sorte de baisser les tarifs de gros, afin que cela soit répercuté sur la vente au détail. Nous observons le marché, je pense qu’on voit des signes de reprise. Néanmoins, quand nous faisons un benchmark par rapport aux pays limitrophes, comme le Ghana par exemple, nous nous apercevons que nous sommes toujours chers. Nous devons donc continuer à observer pour voir s’il existe une amélioration, si ce n’est pas le cas, nous devrons à nouveau mettre en place des actions correctives.

Existe-t-il d’autres politiques pour démocratiser Internet ?

Améliorer le câblage, faire en sorte qu’il y ait des offres diversifiées, permettre aux ISP (Internet Service Providers) d’acheter moins cher pour revendre moins cher.

S’agit-il du dégroupage des détenteurs de câbles sous-marins, qui permettraient d’attirer plus d’opérateurs internet ?

Tout à fait, c’est la vision que nous avons, permettre à d’autres acteurs d’arriver. Il y a également eu un appel d’offre pour la mise à disposition de nouveaux accès par rapport au spectre de fréquence, pour offrir des fréquences à tous ceux qui voulaient faire de l’internet ou du mobile. Il y avait deux possibilités, pour six demandeurs. Nous allons bientôt communiquer ces résultats.

Le marché ivoirien attire donc beaucoup de gens ?

Oui, bien sûr, il y a de gros besoins et malheureusement, l’offre ne suffit pas.

Pour ce qui est de la protection des données à caractère personnel, pouvez-vous nous parler de votre rôle et de votre politique ?

Ce n’est pas qu’une politique de l’ARTCI, c’est l’autorité de protection qui s’affilie aux autres structures qui travaillent sur la protection des données à caractère personnel. Nous essayons de mettre en conformité les structures qui utilisent des données, afin que leurs consommateurs se sentent confiants et protégés, et que tous ceux qui s’intéressent à la Côte d’Ivoire sachent que nous faisons les choses correctement.

En ce qui concerne la Poste, quelle est votre stratégie ?

La Poste de Côte d’Ivoire est l’opérateur historique, avec un monopole qui a duré très longtemps, et cela a été difficile de faire comprendre à cet acteur qu’il devait entrer dans un processus de régulation. Je pense que ça a été le cas partout. Aujourd’hui, ils ont compris qu’ils doivent entrer dans la régulation, et nous avons défini les conditions pour être un opérateur. Nous sommes en train de les recenser sur le terrain pour qu’ils puissent être régulés.

On peut donc s’attendre dans les années à venir à une plus grande diversification de l’offre ?

Oui, mais aujourd’hui, les opérateurs qui sont présents, particulièrement l’opérateur historique, essaient déjà de diversifier leurs offres : Poste financière et Poste physique par exemple…. Nous sommes affiliés à l’Union Postale Universelle, donc les orientations qui sont données sont suivies par la Poste de Côte d’Ivoire. Quand nous en aurons terminé avec la régulation, quand on commencera à prendre tout le monde en compte, on assistera sans doute à une sorte d’embellie pour le secteur postal.

Parmi les différents projets, il y a celui de la mise en œuvre de la portabilité des mobiles. Quel est votre plan de développement ?

La portabilité des mobiles fait partie du plan d’action de notre Ministère, et donc du nôtre. L’échéance était décembre 2017, mais cela passe par des étapes. Nous avons franchi l’étape de l’appel d’offre pour pouvoir trouver l’acteur qui sera en mesure de mettre en place une plateforme commune pour les opérateurs. Le résultat est connu, la signature aura lieu très prochainement, pour que l’opérateur commence à implémenter son offre.

Dans votre plan d’action 2017-2020, il y a un plan de couverture des zones blanches en Côte d’Ivoire. De quoi s’agit-il ?

Ces zones sont celles où le service minimum de téléphonie n’arrive pas. Nous les identifions et nous en rendons compte à une structure tierce, en lui donnant des pistes pour desservir ces zones. Ce n’est pas à nous de les desservir, mais nous faisons de l’accompagnement en précisant les orientations pour pouvoir adresser ces zones moins rentables mais qui ont droit à un service.

Dans un domaine plus transfrontalier, il y a l’implantation du free roaming dans la zone de l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) ; cela doit être assez compliqué à mettre en place, l’Europe vient juste de le faire. Où en est-on dans les discussions ?

Ce sont des orientations, des décisions qui ont été prises par les Chefs d’État, qui ont demandé à ce que nous mettions en place des zones de free roaming. Du côté Est de l’Afrique, cela fonctionne très bien ; du côté Ouest, nous avons commencé depuis quelques mois. Cela n’a pas été facile ; plusieurs pays ont déjà implémenté le free roaming, la Côte d’Ivoire vient de le mettre en œuvre (depuis le 5 mai) ; cela permet aux utilisateurs de bénéficier des tarifs du pays visité. C’est intéressant, et d’ailleurs plusieurs opérateurs de Côte d’Ivoire ont vu leur trafic augmenter de manière sensible, ce qui signifie qu’il y a aussi du chiffre d’affaires additionnel.

Quelles sont les grandes priorités du moment pour l’ARTCI ?

D’abord, faire en sorte que les secteurs que nous régulons soient dynamiques, que l’activité permettent de générer des revenus, et que ces secteurs se portent bien, pour leur propre bénéfice, mais aussi pour celui des consommateurs et de l’État.

Dans cette quête, pensez-vous atteindre vos objectifs ? Comment vous auto-évaluez-vous ?

Par rapport aux décisions prises par le Conseil de Régulation, nous pensons que cela se passe bien et que les résultats sont positifs.

Que souhaitez vous atteindre d’ici à 2020, si tout se passe bien ?

Si tout va bien, tous les secteurs que nous avons en régulation se porteront bien. Le nombre d’abonnés va grimper, les consommateurs auront des tarifs qui leur permettront de faire des affaires. La Poste sera présente dans le réseau, avec plusieurs produits qui lui permettront, ainsi que tous les autres acteurs postaux, de bien fonctionner ; le commerce électronique et le mobile banking continueront de se développer ; la portabilité des numéros sera effective. 2020, c’est l’émergence de la Côte d’Ivoire, qui passe par les TIC, et bien sûr par l’ARTCI.

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