SOGENA Côte d’Ivoire : De la Manutention Portuaire à la Gestion des Parcs et Entrepôts
Nicolas Houard partage son évaluation du secteur de la logistique et de ses principales tendances en Côte d’Ivoire et explique quelles sont les activités dans lesquelles opère SOGENA Côte d’Ivoire, ainsi que sa vision à moyen terme pour le futur de la société, dans 2 à 3 ans.
Interview avec Nicolas Houard, Directeur Général à SOGENA Côte d’Ivoire
Comment évaluez-vous le secteur de la logistique en Côte d’Ivoire ? Quelles sont les principales tendances en ce moment ?
Aujourd’hui, notre secteur d’activité, qui part de la manutention portuaire jusqu’à la gestion des parcs et des entrepôts extérieurs aux ports, est en développement. La Côte d’Ivoire est un pays en pleine croissance avec de grands groupes internationaux qui s’y installent. A partir de là, il y a une recherche et une manière différente de travailler, d’industrialiser la logistique et donc, d’avoir un référent, un partenaire, de pouvoir assurer la logistique chez eux et de développer de nouvelles méthodes comme la géolocalisation, les EDI (Echanges de Données Informatisées), etc.
La Côte d’Ivoire a aujourd’hui besoin de se remettre en cause au niveau logistique. Pour vous donner un exemple, aujourd’hui, nous avons une industrialisation de la manutention qui se fait sur l’Afrique avec des concessions portuaires qui se positionnent, notamment des concessions portuaires industrialistes, c’est-à-dire qu’elles amènent et déchargent plus vite les marchandises. Elles offrent un professionnalisme différent. Et aujourd’hui, la Côte d’Ivoire avec sa croissance, a besoin de cela, car elle ne peut pas rester au moyen âge de la logistique.
Qu’est-ce qui vous intéresse dans le domaine de la concession portuaire ?
Aujourd’hui, notre secteur d’activité, qui part de la manutention portuaire jusqu’à la gestion des parcs et des entrepôts extérieurs aux ports, est en développement. La Côte d’Ivoire est un pays en pleine croissance avec de grands groupes internationaux qui s’y installent.
Ce qui nous intéresse, c’est d’apporter un développement. Quand on s’installe en Afrique, on ne vient pas pour « faire des résultats », pour parler vulgairement. On vient d’abord parce qu’on aime l’Afrique. Ensuite, parce qu’on amène nos compétences. Et enfin, parce qu’on amène un développement. Ce développement passe par un développement humain et technologique. De nos jours, on ne peut plus se permettre de travailler sur des quais avec des navires qui viennent avec 15 000, 20 000, 30 000 tonnes à décharger. Souvent, les marchandises sont agroalimentaires, ou alors nous avons des marchandises comme le clinker qu’on ne peut pas se permettre de décharger par temps de pluie. On perd du temps parce que la pluie, ici, dure 12 heures. Donc, nous avons besoin de moderniser les moyens de manutention pour décharger plus vite, pour apporter un plus technologique à nos clients, et surtout à nos armateurs. Ce que veut l’armateur, c’est arriver à quai, être déchargé rapidement, et repartir. Cela lui apporte de la compétitivité. Le temps, c’est de l’argent, aussi bien pour un fonctionnaire, que pour un chargeur, ou un armateur. Nous, nous sommes au centre de cela, nous sommes le noyau au milieu. Et nous sommes le lien qui fait qu’une marchandise est vite déchargée, qu’un opérateur aura sa marchandise au plus vite, et surtout sans avoir les tendances que nous avons connues, qui étaient des tendances portuaires amenées sur un certain artisanat. Aujourd’hui, nous voulons éviter cet artisanat-là. On veut vraiment moderniser et industrialiser tout ce qui est shipping et manutention portuaire. C’est notre but. SOGENA est une grande société en France, un groupe qui est justement spécialisé dans la manutention portuaire, dans les concessions portuaires, sur tout ce qui est vrac et solide, et nous représentons aujourd’hui une alternative, un outil de développement pour les états ouest-africains.
Plus tôt, vous avez évoqué les EDI (Echanges de Données Informatisées). Qu’est-ce que les EDI, concrètement ?
La logistique c’est une multitude de ruptures de charges et de ruptures de responsabilités entre le déchargement d’un bateau et le déchargement d’un camion. Entre les deux, il y a de multiples activités. Vous allez avoir le transport, le dédouanement, le magasinage, l’entreposage (ce qui n’est pas la même chose), la manutention, etc. En ce qui concerne le partenaire d’une industrie, le commerçant, ou l’artisan, ça n’est pas leur métier. Eux, ce qu’ils veulent, c’est avoir leur marchandise. Tout comme une ligne maritime, un affréteur ou un transporteur, ne veut pas avoir affaire avec ce qui se passe en aval. Donc, un logisticien, c’est quoi ? C’est celui qui va actionner et faire un lien entre toutes ces ruptures de responsabilités et de métiers. Ce que recherche le client, c’est de ne pas avoir le souci de la logistique. Ce qu’il veut, c’est pouvoir se positionner, se focaliser sur son métier. Donc, il sous-traite. Nous, nous sommes justement là pour prendre ces problèmes en charge et apporter la fluidité. Pour cela, aujourd’hui, nous travaillons avec des moyens et des outils modernes : l’information et l’informatique. Quand un client veut savoir où est sa marchandise parce qu’il va être en rupture de charge, il veut pouvoir aller sur un site et se positionner sur un service internet tel que le nôtre, donc, nous avons des logiciels pour cela. Ou bien il a un numéro de référence, il le rentre et il va voir où se situe la marchandise, comme le font généralement les sociétés de colis express. Alors vous savez si c’est en progression, en acheminement, si c’est en livraison, etc. Aujourd’hui, ce que cherchent les partenaires industriels et les commerçants, c’est avoir l’information. Pour cela, nous sommes capables de donner l’information au moment où nous avons une rupture, au moment où nous avons un acheminement. Pour vous donner un exemple, quand une marchandise arrive sur notre site, elle est reprise directement sur un système nomade. Ca veut dire qu’on a des gens qui sont avec des tablettes et des PDA, et qui vont donner le point (ou poids) exact de la marchandise, sa localisation, où elle va et combien de temps elle va mettre à arriver. Donc le client a l’information en direct. Aujourd’hui, la logistique, ce n’est pas seulement faire la multitude des administrations pour aller chercher les documents pour un dédouanement. Ce n’est pas seulement s’occuper d’aller chercher un camion pour décharger et d’appeler le client pour lui dire : « bientôt vous aurez votre marchandise ». Le client doit recevoir automatiquement les informations. Si vous achetez sur Amazon par exemple, sans même que vous ne l’ayez demandé, vous recevez l’information. Vous savez quand vous allez être livré, où est le colis et à quel moment la livraison va être effectuée. Nous, c’est ce que nous apportons dans le transit et la manutention. Nous voulons que le client soit rassuré et informé. Nous voulons travailler en transparence. Aujourd’hui, bien entendu, il y a la compétitivité. Il faut être dans les prix. Mais il faut avoir plus que ça. Il faut avoir des critères de qualité. Je pense que l’information et la transparence sont des facteurs indispensables au niveau de la logistique.
Quels sont les secteurs d’activité dans lesquels vous opérez ?
Nos secteurs d’activité sont simples. On est multimodal, mais avec des spécialisations. Nous devons être à disposition du groupe. C’est-à-dire que SOGENA offre un service au départ, et ce service doit également se retrouver à l’arrivée. Donc, nous avons un service commission de transport, consistant à trouver la meilleure solution au niveau du transport pour nos partenaires. A partir de là, nous suivons en aval ou en amont, suivant que l’on est en import ou en export. Le bénéfice de travailler avec un réseau, c’est de savoir que, de bout en bout, on a affaire à la même société, on a le même lien.
Ensuite, nous avons le shipping, c’est-à-dire l’agence de ligne (régulière ou non), l’agence de consignation. Vous avez les armateurs qui désirent travailler avec un réseau, qui ne veulent pas nécessairement travailler avec des sociétés en Afrique. Non pas parce que c’est l’Afrique, mais parce qu’on a souvent des problèmes de devises. Donc, ils ont besoin d’être sécurisés, d’être mis en confiance. Nous avons un bureau parisien qui s’appelle SOGENA International, qui gère les armateurs à partir de là, et nous, on est à la disposition. On est la cheville ouvrière. Eux, là haut, c’est la cheville financière, la cheville de l’information. Donc, nous fournissons un service en plus par rapport aux sociétés de logistique que sont nos confrères. On a aussi un lien là-haut, on a un soutien, une qualité de service que nous offrons et que n’offrent pas les autres.
Ensuite, nous avons différents métiers de la manutention. Nous sommes spécialisés dans la manutention, aussi bien en concession qu’en ce que nous appelons vulgairement ici l’aconage. C’est-à-dire que nous travaillons d’une certaine façon. Nous avons aussi des outils informatiques et du matériel. On peut décharger du vrac solide, on peut faire du liquide, on peut faire du container, on peut faire du dégroupage, etc. On peut faire de l’import. En import, généralement, ce sont des produits industriels, ou des produits en vrac qui seront destinés à l’industrie, ce sont aussi des groupes pétroliers qui demandent à être sécurisés, en ayant un contact avec un groupe international. Et nous, en fait, on est le sous-traitant du groupe SOGENA. En tant que est SOGENA Côte d’Ivoire, on va faire la continuité de l’offre qui est offerte sur un autre continent.
Après, on a bien sur le transport, avec SOGENA Transport. On a nos camions et nos remorques, et on travaille en triangulaire, c’est-à-dire que pour nous, un camion, c’est trois à quatre remorques. Nos camions sont géolocalisés, donc le partenaire ou le client qui désirent travailler avec nous ont la possibilité de suivre l’acheminement de leurs marchandises par voie routière. Quand on dépose le container chez eux, on le sécurise. On a aussi des équipements tels que des auto-chargeuses, des remorques spécialisées avec des grues dessus grâce auxquelles on décharge le container directement. On fait des chantiers à l’export. On a la capacité de gérer des navires de 200, 300, 400 containers, suivant les saisons : cacao ou noix de cajou. On a donc des gros contrats avec des multinationales et des traders qui nous font confiance. Ils nous disent : « voilà, on a 100 000, 120 000, 150 000 tonnes à vous mettre à disposition. Offrez-nous un service qui va du déchargement de nos camions dans vos entrepôts jusqu’à l’embarquement ». L’embarquement peut être aussi bien en conventionnel, donc en sac, en vrac, ou en container. Alors on travaille aussi avec des lignes maritimes.
Et on a également le dépôt container qui est une gestion des containers vides (sécurisation, mise à disposition), dans les normes nécessaires, parce que nous avons des normes alimentaires, qu’on appelle le food-stuff, où le container doit être nettoyé suivant telle norme, réparé suivant telle norme, mis à disposition suivant telle norme. Nous faisons donc de la gestion de parcs à containers. C’est la majorité de nos activités ici.
Si tout se passe selon votre stratégie, que sera SOGENA Côte d’Ivoire dans 2 à 3 ans ?
Dans 3 ans, je pense d’abord que SOGENA sera le succès des partenaires qui nous ont fait confiance. On arrive avec une mentalité différente. Tout d’abord, nous sommes un groupe d’hommes et de femmes qui avons pris cette décision de quitter les entreprises internationales pour venir travailler chez SOGENA. Pourquoi ? Parce que SOGENA est un outsider. SOGENA a fait sa démonstration en France. SOGENA s’appuie, est partenaire, est associé avec les plus grandes industries en France, en Europe, en Algérie, en Tunisie, au Maroc, en Iran, etc. Ce sont des partenaires de grands groupes, des groupes pétroliers, des groupes de trading qui nous font confiance, et aujourd’hui, ils avaient besoin d’un outsider sur l’Afrique qui puisse leur proposer une compétitivité, une façon de travailler peut-être différente, qui soit plus en phase avec ce qu’ils recherchent, ainsi qu’un réseau. C’est-à-dire avoir la même chose sur différents pays, dans les métropoles économiques, où ils savent qu’ils ont une personne qui va leur être dédiée et qui va suivre leurs opérations pour eux sur différents continents.
Les partenaires avec qui l’on travaille sont des gens qui nous confient des marchandises et qui nous font confiance sur des millions d’euros, donc on ne peut pas se louper. À partir de là, on est obligés d’arriver avec un certain sérieux. En plus, on arrive sans avoir d’obligations qu’on a instituées il y a 20 ans derrière nous. Donc, on arrive avec de nouvelles méthodes de travail, des méthodes modernes. Nous avons ici des gens qui viennent de différentes structures, mais qui ont décidé de nous rejoindre parce que nous apportions une autre vision de la logistique et du service. On est au service de nos partenaires et de nos clients. Ce qui nous intéresse, c’est qu’ils soient contents du travail qu’on a effectué, qu’ils continuent, qu’ils progressent et qu’ils se développent, parce que nous allons nous développer avec eux.
Au final, notre succès sera le développement de nos partenaires. Je pense qu’aujourd’hui, SOGENA Côte d’Ivoire, avec l’appuis que nous avons du groupe derrière nous, a une fenêtre, une ouverture sur l’Afrique, une perspective de développement, et la possibilité d’offrir une alternative. Et puis, aujourd’hui, les industries, les professionnels, les importateurs et les exportateurs, ne peuvent pas mettre tous leurs œufs dans le même panier. Donc, généralement, ils jonglent. Je pense qu’on va être une alternative et surtout qu’on va essayer de concrétiser les choses, d’avancer et de se développer, avec nos partenaires qui nous font confiance.