SIPRA : Le Leader de l’Aviculture Moderne en Côte d’Ivoire
Sylvain Gotta parle de l’évolution du secteur agricole en Côte d’Ivoire et présente la SIPRA (Société Ivoirienne de Productions Animales), l’entreprise leader de l’aviculture moderne en Côte d’Ivoire et dans la sous-région.
Interview avec Sylvain Gotta, Directeur Général de la SIPRA (Société Ivoirienne de Productions Animales)
Comment le secteur agricole a-t-il évolué depuis deux ans? A-t-il connu des changements majeurs en Côte d’Ivoire?
Le secteur agricole ivoirien se porte bien. Son taux de croissance est régulier depuis la fin de la crise en 2011. Ceci se traduit par l’augmentation de la consommation et de la production de viande de volaille, et par la multiplication de nouveaux acteurs, ce qui rend le secteur plus compétitif qu’il ne l’était auparavant. Cette évolution devrait contribuer à faire baisser les prix, au bénéfice du consommateur.
Quelle progression prévoyez-vous pour le secteur dans les années à venir?
Selon nous, le marché va évoluer au rythme de croissance de la Côte d’Ivoire, dont le taux avoisine les 8 à 10 %. Tant que nous resterons dans cette tendance, la filière devrait évoluer dans les mêmes proportions.
Considérez-vous l’arrivée de nouveaux entrants comme un risque?
Cela fait partie de la mondialisation et d’une évolution normale du marché. En tant qu’acteur local, il nous revient de complexifier le marché et de mettre en place des barrières pour empêcher le plus possible l’arrivée de nouveaux entrants.
Quels sont les principaux obstacles à l’exercice d’une activité dans votre secteur en Côte d’Ivoire?
En Côte d’Ivoire et en Afrique en général, la situation est compliquée car nous sommes dans un secteur où l’informel domine. Pour les entreprises qui respectent les règles, le marché est difficile à appréhender. D’autre part, nous avons affaire à une clientèle qui ne dispose pas de moyens importants. Nos clients, les éleveurs notamment, réagissent parfois de manière disproportionnée à certains événements et le marché évolue en dents de scie, ce qui peut facilement déstabiliser un opérateur dans un secteur à cycles longs, où les prévisions sont très importantes.
Comment la SIPRA fait-elle face à cette problématique?
La SIPRA est présente sur le marché ivoirien depuis quarante ans. Nous avons connu une crise très longue de plus de dix ans qui nous a rendus plus résistants. Nous avons appris à gérer un environnement difficile et développé une tactique d’investissement qui tient compte de retournements éventuels du marché. Un opérateur qui ne connaît pas cet environnement ne sait pas appréhender ces bouleversements. Nous disposons donc d’un atout fort qui nous permet d’être encore présents sur le marché aujourd’hui et de continuer à croître malgré dix ans de crise.
Vous avez plusieurs réalisations récentes à votre actif, comme notamment l’ouverture d’une nouvelle usine pour la production d’aliment de bétail, sous la marque Ivograin. Quelle est la finalité de ce projet?
Nous sommes actuellement dans une dynamique d’augmentation des capacités et de modernisation pour satisfaire aux exigences de croissance de notre marché. L’éleveur ivoirien bénéficie des mêmes intrants que l’éleveur brésilien, français ou asiatique. Notre objectif est de fournir à nos clients des poussins et de l’aliment de meilleure qualité, car ces derniers représentent la plus grande part du prix de revient du produit final. Pour y arriver, nous avons investi dans une usine de dernière génération entièrement automatisée. Cette usine fait partie de notre plan de développement stratégique.
Vous avez aussi lancé en 2014 une chaîne de restauration rapide du nom de Tweat, en partenariat avec Total, la société pétrolière française. Pouvez-vous développer sur ce sujet et dresser un premier bilan de cette expérience?
Nous avons de très grandes ambitions et le chemin parcouru ces dernières années nous donne toutes les raisons d’être optimistes. Nous avons des atouts solides liés à quarante ans d’expérience et avons su nous relever de la crise socio-politique qu’a connue la Côte d’Ivoire.
Notre projet de développement de chaîne de restauration rapide était conforme à notre vision et à notre volonté de contribuer à mieux nourrir l’Afrique, en apportant aux populations des produits de qualité et à moindre coût. En observant l’évolution de la consommation en Côte d’Ivoire, nous avons constaté que les Ivoiriens aimaient prendre leurs repas hors de leur domicile. Or, les lieux de consommation ne rassemblaient malheureusement pas toutes les conditions d’hygiène requises. En tant que leader dans notre secteur, il nous revenait de relever les standards d’intervention. Nous nous sommes tout d’abord attelés aux standards de nos clients qui vendent des grillades de poulet dans les rues ivoiriennes, en les formant, notamment sur le plan médical, et en mettant en place des mesures de contrôles par des organismes étatiques. L’étape suivante consistait à construire nous-mêmes des restaurants modernes, offrant à la population la possibilité de s’alimenter dans des conditions d’hygiène irréprochables. Nous sommes ravis d’avoir pu compter sur la collaboration de Total, qui a exprimé à travers ce projet sa volonté d’accompagner des opérateurs comme les nôtres dans le processus de standardisation par rapport aux normes internationales.
Avez-vous collaboré avec d’autres sociétés dans le cadre de vos diverses activités?
Notre société est leader dans son secteur d’activité et sa politique de partenariat repose sur une double motivation. La première est de collaborer avec des sociétés qui ont plus d’expérience que nous. La deuxième est de faire bénéficier les petits opérateurs de l’expérience SIPRA, pour leur permettre de développer leurs activités. À titre d’exemple, nous avons commencé à accompagner les petits producteurs de maïs, qui est l’un de nos principaux intrants, en leur apportant une formation sur tout ce qui concerne la partie post-récolte. C’est à ce niveau que nous avions constaté la plus forte dégradation du produit. Nous leur mettons à disposition des intrants de qualité pour améliorer leur productivité, et sommes en train de finaliser des accords avec des partenaires bancaires pour que nos sous-traitants puissent mettre leur ferme à niveau, grâce à des investissements auxquels ils n’auraient sans doute jamais eu accès sans notre appui. Notre objectif de leader est de tirer tous les intervenants du marché vers le haut : nos fournisseurs de maïs et de poulet, ainsi que nos clients – les distributeurs de grillades de poulet, très prisées des Ivoiriens. Notre rôle n’est pas celui d’un simple producteur. Notre vision nous amène à agir globalement pour assurer une croissance quantitative mais aussi une amélioration qualitative du marché ivoirien.
Avez-vous récemment créé de nouvelles fermes agricoles?
Tout à fait. Nous avons créé la plus grande ferme de poules pondeuses dans la sous-région, une ferme moderne avec un système de calibrage automatique en bout de chaîne, qui garantit le poids et le calibre des œufs vendus au client. Une nouvelle ferme de poulets de chair vient également d’être construite. C’est une ferme de grande capacité qui vient de donner ses premiers poussins. Nous sommes donc dans une dynamique de modernisation de toutes nos installations.
Les normes d’hygiène et de qualité sont nombreuses dans votre secteur au niveau international. Dans quelle mesure votre entreprise se conforme-t-elle à ces normes?
Certaines de nos business units sont déjà certifiées ISO. Pour d’autres, le processus vient d’être lancé ou est en cours. Je suis même impliqué dans le processus de lancement de la norme ISO 9001 au niveau de la Côte d’Ivoire.
Votre activité s’étend sur toute la sous-région, vous venez notamment d’ouvrir une filiale au Burkina Faso, la SOBUPRA. Quels sont vos objectifs sur ce plan là et comment souhaitez-vous les atteindre?
La SOBUPRA est la première filiale du groupe que nous ouvrons à l’extérieur de la Côte d’Ivoire et témoigne de nouveau notre volonté première de mieux nourrir l’Afrique. Nous souhaitons faire profiter d’autres pays de nos quarante ans d’expérience. Nous démarrons notre activité au Burkina Faso avec un couvoir – une unité de production de poussins, qui doit être prochainement complétée par une usine d’aliments pour former progressivement une filière avicole complète sur le modèle de la Côte d’Ivoire. Le Burkina Faso est le premier pays que nous avons ciblé mais notre objectif est de nous étendre à tous les pays de l’UEMOA.
Comment comptez-vous vous déployer sur toute cette zone? Des partenariats sont-ils prévus?
Nous recherchons des partenariats locaux dans tous les pays où nous souhaitons nous implanter. Le rythme de notre développement en UEMOA va ensuite dépendre du résultat de notre première expérience au Burkina Faso et des opportunités que nous aurons, mais il est trop tôt pour cibler un pays particulier aujourd’hui.
Quel est le plus grand défi qui se pose actuellement à votre entreprise?
Nous sommes face à deux types de défi. Tout d’abord, conformément à notre mission de mieux nourrir l’Afrique, nous souhaitons bâtir en Afrique subsaharienne un groupe agro-alimentaire de référence à partir de notre leadership dans l’aviculture. Nous allons progressivement étendre notre activité et diversifier nos produits. Notre spécialité est aujourd’hui la volaille, mais nous commençons aussi à produire des œufs, de la farine et cherchons à développer d’autres produits agro-alimentaires. Le défi sera de réussir un développement harmonieux en Côte d’Ivoire et à l’étranger. Pour cela, nous devons pouvoir aussi nous appuyer sur des ressources humaines compétentes. Notre processus de modernisation, que j’évoquais précédemment, comprend aussi une nouvelle planification des ressources de l’entreprise – une nouvelle ERP – et de nouveaux programmes de développement personnel de nos collaborateurs. Notre entreprise aspire à attirer les talents sur toute l’Afrique, elle se doit d’être moderne et dynamique.
Comment appréhendez-vous le développement de votre entreprise dans les deux ou trois prochaines années à venir?
Dans trois ans, la SIPRA sera une entreprise moderne, présente dans plusieurs pays et sur plusieurs marchés, dans un processus de développement harmonieux. Nous avons de très grandes ambitions et le chemin parcouru ces dernières années nous donne toutes les raisons d’être optimistes. Nous avons des atouts solides liés à quarante ans d’expérience et avons su nous relever de la crise socio-politique qu’a connue la Côte d’Ivoire. La société a vocation à croître à un rythme très soutenu.