La Mésofinance : Le Chaînon Manquant Entre la Microfinance et la Banque Traditionnelle
Jean-Luc Konan, Président Directeur Général de Groupe Cofina, explique ce qu’est la mésofinance, le « chaînon manquant » entre la microfinance et la banque traditionnelle.
Jean-Luc Konan, Président Directeur Général de Groupe Cofina, explique ce qu’est la mésofinance, le « chaînon manquant » entre la microfinance et la banque traditionnelle.
« C’est un secteur qui est crucial pour nos économies. C’est ce que nous appelons « les exclus du milieu ». C’est une activité qui concerne les acteurs qui sont devenus trop importants pour les microfinances traditionnelles, mais qui ne sont pas encore assez structurés pour pouvoir remplir les critères qu’exigeraient les banques classiques. 90% des opérateurs qui opèrent sur notre continent sont des PME, plus des micros et petites entreprises que des moyennes. Ces acteurs sont exclus du circuit financier classique. Ils représentent entre 50 et 60% des emplois, mais malheureusement ils ont moins de 6% des financements. Ce sont des auto employeurs, c’est-à-dire deux ou trois personnes qui ont créé leur activité. Selon les statistiques, sur le continent, toutes les 24 heures, il y a 33 000 jeunes qui arrivent sur le marché de l’emploi. Sur les 33 000, il y aura 22 000 chômeurs parce que seuls 12 000 seront absorbés par des emplois formels. Cela veut dire que si ce secteur ne se développe pas, il y aura forcément un décalage et une bombe sociale à retardement. J’aime donner cette anecdote qui dit que notre métier concerne la vendeuse de tomates qui était avant une cliente de la microfinance. Elle a voulu avoir un local et elle a pris un prêt auprès de la mésofinance pour investir et obtenir son local. Ensuite, elle a pu, avec les revenus dégagés, mettre ses enfants dans les meilleures écoles et ils sont revenus avec de nouvelles méthodes de gestion qui ont permis de prendre une franchise internationale de tomates. Puis la troisième génération a créé sa propre franchise et est allée à la conquête du reste du monde. C’est le rêve de l’entrepreneur dans notre secteur. S’il n’y a pas ce chaînon manquant entre la nano et la microfinance vers la finance classique, et s’il n’y a pas de PME qui sont fortes aujourd’hui, il n’y aura pas de grandes entreprises africaines demain », explique Jean-Luc Konan.