HyperAccess Systems : Spécialiste de la Téléphonie d’Entreprise en Côte d’Ivoire

Olivier Ban présente HyperAccess Systems, une entreprise ivoirienne privée créée en février 2009 et dont le siège est basé à Abidjan. Acteur majeur dans les télécommunications en Côte d’Ivoire et en Afrique de l’Ouest, HyperAccess Systems est spécialisée dans la téléphonie d’entreprise.

Interview avec Olivier Ban, PDG de HyperAccess Systems

Olivier Ban, PDG de HyperAccess Systems

Quelle est votre évaluation du secteur des télécommunications en Côte d’Ivoire ?

Ces dix dernières années, au regard de la dynamique de libéralisation du secteur des télécoms et de l’investissement massif réalisé par les opérateurs de téléphonie mobile, ce secteur a connu un boom. On est passé des réseaux 2G à la 4G. Comparé à certains pays de la sous-région, c’est une véritable évolution. Depuis six ans, l’Etat de Côte d’Ivoire s’est approprié le développement du secteur des télécoms à travers une agence : l’ANSUT (Agence Nationale du Service Universel des Télécommunications / TIC). Cette agence a engagé, sous la direction du Ministère de la Communication, de l’Economie Numérique et de la Poste, un vaste programme d’installation, de construction et de développement de la fibre optique sur plusieurs milliers de kilomètres en vue d’interconnecter tous les villages du pays. C’est un élément très important qui démontre la volonté politique et les actions menées par l’Etat en vue d’accompagner les objectifs de l’économie numérique. C’est un secteur dynamique avec de plus en plus de start-up qui se créent en vue de développer des services. Dans l’espace UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine), beaucoup de pays à l’instar de la Côte d’Ivoire ont engagé des programmes dits d’émergence. Ces programmes intègrent un volet télécom. Mais, il faut reconnaître que pour certains pays beaucoup reste à faire. On parle aujourd’hui de convergence numérique alors que certains pays en sont encore au niveau de la convergence de réseaux. Cela veut dire que, d’un point de vue infrastructurel, il faut construire certains fondements. Ces pays doivent poursuivre leur élan de restructuration du secteur des télécoms à travers une législation qui facilite les investissements. La Côte d’Ivoire a pris un décret qui défiscalise l’outil informatique jusqu’en 2018. J’encourage l’Etat à le prolonger jusqu’en 2020. Ce serait conforme à l’émergence prévue pour l’horizon 2020. Il faut que l’Etat poursuive ses efforts qui permettent aujourd’hui à presque tous les ménages de s’offrir un outil informatique. L’Etat a même initié le programme dénommé “un ivoirien, un ordinateur”. Ces initiatives font que le secteur des télécoms est très dynamique. Il faut que l’on offre beaucoup de flexibilité et des avantages fiscaux pour que des structures comme la nôtre soient aptes à développer les services qui viennent doper le marché.

Quels sont les services que vous proposez ?

Nous sommes disposés à recevoir des partenaires qui seraient intéressés par nos activités et qui pourraient nous accompagner dans cette internationalisation qui n’est pas sans conséquence et sans risque.

Je décline les services en trois axes. Le premier axe est que nous accompagnons les entreprises à optimiser la charge télécom. Par exemple, si vous avez l’habitude de consommer 10 millions, nous vous aidons à faire des économies. Nous avons un marché dynamique avec la présence de trois opérateurs. Nous faisons en sorte que les entreprises bénéficient des avantages concurrentiels de chaque opérateur. Nous leur faisons des recommandations de sorte qu’elles aient une politique de budgétisation afin de réaliser des économies qui leur permettent de faire des investissements utiles et pertinents en vue d’accompagner le politique de digitalisation de l’entreprise. Il faut économiser parce que la levée des fonds en matière de télécoms n’est pas évidente. Nous avons permis à des structures privées et publiques de réaliser de 30 à 45% d’économie sur leur budget télécom. En plus de cette expertise, nous avons constaté que beaucoup de structures veulent interconnecter leurs sites de sorte à être beaucoup plus dynamiques, réactives, compétitives et donner plus de satisfaction à leurs clients. Nous accompagnons les entreprises dans leur politique de communication unifiée, c’est-à-dire à la fois au niveau informatique, communication, vidéo et sécurité, en somme tout ce qui exploite les réseaux informatiques, de sorte à pouvoir réaliser des économies d’échelle. En effet, si pour chaque type de technologies il faut réaliser des investissements disparates, cela revient très coûteux.

Le deuxième axe, c’est que nous aidons les opérateurs à étendre leur réseau. En 2013, l’Etat de Côte d’Ivoire a fait un constat. Ce constat, c’est que les opérateurs avaient des préoccupations liées à la qualité du réseau et ils avaient des difficultés à étendre leurs réseaux sur l’ensemble du territoire pour diverses raisons. L’Etat a donc pris des mesures coercitives avec des sanctions pécuniaires. Nous recherchons des solutions pour aider ces opérateurs sanctionnés à étendre leurs réseaux, mais aussi à les optimiser. Nous avons noué des partenariats avec des entreprises pour accompagner certains opérateurs à étendre leur réseau dans les villages où il n’y en avait pas. Nous avons réalisé près de 150 installations pour un opérateur et optimisé ce réseau à l’intérieur de sites comme les immeubles, les sous-sols et les supermarchés, à des coûts assez compétitifs. Dans le secteur des télécoms, les réseaux sociaux font une concurrence aux opérateurs. Dès lors que les revenus ont baissé, il a fallu trouver d’autres niches de rentabilité. Dire à un opérateur d’investir 100 ou 200 millions dans un village et de le rentabiliser sur 50 ans, c’est une folie. Nous aidons ce dernier à investir 15 ou 25 millions là où il devait en investir 50 ou 100. Conséquence : il est plus facile pour lui de déployer son réseau sur toute l’étendue du territoire et il respecte ses engagements contractuels avec l’Etat de sorte à ne pas essuyer les pénalités prévues par le décret. Nous avons ainsi développé une compétence en matière de construction et de conseil auprès des opérateurs de téléphonie mobile. Aujourd’hui, HyperAcess a un département qui est dédié à cette activité, qui est une préoccupation commune à tous les opérateurs établis dans notre espace communautaire.

Le troisième axe de développement porte sur la recherche et le développement. Généralement, nous avions l’habitude d’aller acheter des applications ailleurs. Mais aujourd’hui, les jeunes Africains ont acquis de l’expertise. Ils savent développer des codes. Toutefois, il faut créer le cadre qui leur permette de mettre en œuvre leurs compétences. Le but est d’aller dans une entreprise et de recueillir les besoins de cette entreprise de sorte à sortir un cahier de charges. En effet, nous développons des applications pour permettre la digitalisation des entreprises. Moins les humains interviennent, plus on est compétitif et transparent, et moins il y a de fuite. Cela permet d’asseoir une gouvernance qui est automatisée et où les hommes ne décident pas par leur propre volonté. Si nous parlons de l’inclusion financière dans le monde rural, pour moi, ce n’est pas le fait que chaque Ivoirien détienne un compte bancaire qui résoud le problème. La préoccupation, c’est de permettre qu’à partir de programmes de garde-fou et de sûreté à mettre en place, toute personne à l’intérieur du pays puisse avoir un compte bancaire virtuel à partir de son téléphone mobile. De sorte qu’à partir de ses habitudes téléphoniques, nous connaissions son profil en termes d’accès au crédit. Nous avons développé une application dont le premier volet tient compte de ces paramètres et que nous avons mis à la disposition des banques. Beaucoup de banques utilisent notre application de mobile banking. Cette application permet de diffuser des informations, d’envoyer des alertes et permet aux clients de suivre leur compte. Le deuxième volet consiste à permettre à toute la population d’avoir un compte bancaire virtuel en plus du mobile money offert par les opérateurs. Nous voulons nous positionner dans une approche différentielle qui tient compte de la réalité. A terme, nous voulons intégrer des aspects vernaculaires. Par exemple, on peut permettre à la personne de faire ses opérations dans son ethnie. Cette application est opérationnelle et nous souhaitons la développer beaucoup plus dans les deux années à venir. Nous avons développé aussi une autre application qui permet de savoir à partir du poste d’extension le nom de la personne qui appelle d’un standard d’une entreprise. Nous avons fait des tests avec les grandes entreprises qui travaillent avec nous et qui ont vu l’intérêt stratégique de cette application, surtout au niveau de la satisfaction du client. L’un de nos objectifs, c’est de pouvoir l’étendre dans tout le monde entier. La troisième application que nous avons développée porte sur la gestion des équipements immobiles. Par exemple, il y a des entreprises qui ont des liens internet sur presque toute l’étendue du territoire. Lorsque ces liens tombent en panne, l’entreprise en est informée via réseau GSM. C’est ce que l’on appelle la gestion du temps de rétablissement d’un système, et c’est qui permet à la CIE (Compagnie Ivoirienne d’Electricité), à partir d’une centrale de gestion dédiée, de savoir exactement quel est l’état du réseau électrique de sorte à être réactif et réparer les pannes d’énergie.

Quelle est votre vision en termes de développement international ?

Tout part du plan stratégique quinquennal 2015-2020 que nous avons développé et sur lequel nous avons engagé notre développement international. Nous avons donc ouvert notre première filiale au Bénin dans un contexte assez difficile avec les aléas politiques. Il y avait des difficultés, mais tout va mieux. Quand on est jeune entrepreneur et que l’on on veut s’internationaliser, on est souvent victime de sa propre naïveté. C’est sur le terrain que vous vous rendrez compte de la réalité. Contrairement à ceux qui abandonnent, je suis resté téméraire parce que je crois en ce pays. Nous avons un devoir de démontrer notre savoir-faire, pas seulement dans notre pays, mais dans les pays qui nous entourent. Heureusement tout va bien et notre équipe sur place est en train de nous donner satisfaction. Cette expérience acquise dans ce pays nous a permis de corriger des erreurs quand nous sommes allés en Guinée où nous avons ouvert notre deuxième filiale. En 2018, nous comptons nous installer au Burkina et au Mali. L’internationalisation nous oblige à asseoir des outils de gouvernance qui permettent de centraliser le management à l’international, parce que nos premières difficultés sont venues du fait qu’on n’avait pas une gouvernance centralisée. Nous n’avions pas d’outils de contrôle et de suivi de nos équipes. Notre politique d’internalisation est en cours. Nous souhaitons que les partenaires internationaux viennent nous appuyer. Nous sommes disposés à recevoir des partenaires qui seraient intéressés par nos activités et qui pourraient nous accompagner dans cette internationalisation qui n’est pas sans conséquence et sans risque.

Qu’est-ce que vous avez mis en place en termes de financement pour asseoir votre internationalisation ?

Nous avons plusieurs approches. Pour le Bénin, nous avons voulu nous appuyer sur un partenaire qui était déjà en partenariat commercial avec nous. Mais compte tenu des potentialités du marché, nous avons finalement ouvert une filiale que nous avons financée sur fonds propres. Au vu des expériences que nous avons eues dans ce pays, nous avons levé des fonds auprès de certaines banques en 2016. Nous sommes aussi allés vers les fonds d’investissement. Nous avons saisi nos conseils et nous avons présenté notre entreprise pour la vendre aux fonds d’investissement. Nous sommes dans cette démarche parce que nous voulons ouvrir notre capital pour permettre à des fonds d’investissement d’accompagner notre politique de développement. Aussi, s’ouvrir à des fonds d’investissement permet d’acquérir les compétences internationales dont nous avons besoin. Cela nous permet d’éviter beaucoup d’erreurs. Aujourd’hui, nous évitons des erreurs sur la base de nos expériences. Nous sommes en discussion avec certains fonds pour voir ce qu’il faut faire pour trouver des terrains d’entente. Aussi, les dirigeants de l’espace communautaire qui font partie de la BRVM (Bourse Régionale des Valeurs Mobilières) veulent permettre l’accès au financement des PME, dont la nôtre, pour pouvoir lever des financements sur le marché boursier. Ils ont encouragé l’ouverture d’un troisième compartiment à la BRVM. Nous avons donc été saisi par la BRVM pour manifester notre intérêt de rentrer en bourse. Les discussions avancent pour faire partie des premières entreprises retenues pour occuper ce troisième compartiment qui nous permettra de lever des fonds pour pouvoir être efficace, nous développer et connaître une croissance rapide. En neuf années d’activités, on aurait connu dix fois plus de croissance si nous avions eu cette chance-là. Mais en matière d’entreprenariat, il faut faire vos preuves pour demander aux gens de vous suivre. Chaque environnement économique a ses réalités. Je voudrais dire aux investisseurs qu’il y a une nouvelle classe d’entrepreneurs africains, surtout en Afrique de l’Ouest qui n’ont pas que de projets mais qui ont également des visions. Face au drame de l’immigration, nous sommes interpellés à créer des emplois. Les entrepreneurs sont meurtris quand ils voient qu’ils ont les moyens de créer des emplois pour maintenir leurs frères en Afrique et qu’ils n’ont pas le levier financier afin d’accélérer leur croissance et d’offrir des emplois à ces jeunes. La conséquence, c’est que nous sommes désarmés face à ce drame. Je demande aux investisseurs d’Europe et d’ailleurs d’identifier des structures comme les nôtres et de venir investir massivement car la croissance est en Afrique. La Côte d’Ivoire est à 8% de croissance et n’eût été les conjonctures économiques sur le binôme café-cacao, nous en serions à 11% aujourd’hui. Je salue l’action de nos gouvernements. Il y a de l’argent à se faire chez nous, et il y a des entrepreneurs sérieux qui veulent construire des structures qui croissent. Les investisseurs doivent mettre fin aux stéréotypes qu’ils ont des entrepreneurs africains. Si vous leur mettez un million de dollars dans les mains, ils vont vous le gérer et le faire fructifier à des centaines de milliards. Nous voulons permettre à ce continent d’occuper sa place et d’être utile à l’humanité parce qu’il a des ressources. Je crois aux valeurs universelles du partage. Que ce soient des Européens ou des Asiatiques qui travaillent dans nos structures ou vice-versa, je crois au brassage des cultures et au fait que l’humanité est une. Nous voulons entrer en bourse pour lever des fonds massifs qui nous permettent d’arrêter la saignée. Il faut pouvoir lever des financements qui permettent de distribuer des dividendes à ceux qui investissent en bourse et de façon massive avec des taux de revenus qui atteignent les 100 ou 200% au niveau de notre BRVM qui a à sa tête un homme de vision. Si notre bourse est dynamique, cela dépend du management porté par les directeurs-pays qui font un excellent travail et nous les encourageons à poursuivre dans cet élan. Nous appelons les dirigeants de l’Afrique de l’Ouest à accélérer la mise en place de ce compartiment qui va permettre la création d’emplois et qui va répondre aux préoccupations auxquelles ils sont confrontés, dont le problème de la jeunesse. Et, il faut y répondre de façon urgente.

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