Hévéa et Palmier à Huile en Côte d’Ivoire : Désiré Porquet Présente la Plantation Porquet

Désiré Porquet partage son évaluation des secteurs de l’hévéa et du palmier à huile en Côte d’Ivoire et présente Plantation Porquet. Il nous parle également d’Ivoire-Vitro, une entreprise spécialisée dans la production de vitro-plants, et partage sa vision pour le futur de Plantation Porquet dans deux ou trois ans.

Interview avec Désiré Porquet, Producteur Agricole chez Plantation Porquet

Désiré Porquet, Producteur Agricole chez Plantation Porquet

Comment se portent les secteurs de l’hévéa et du palmier à huile en Côte d’Ivoire ?

Aujourd’hui le secteur du caoutchouc naturel, c’est-à-dire de l’hévéa, et celui du palmier à huile, ne se portent pas bien compte tenu de la chute des cours mondiaux. Cela est dû notamment au cours du baril du pétrole qui est assez bas et à la concurrence du caoutchouc synthétique. Il y a aussi le fait que les Etats-Unis aient imposé des mesures, notamment certains tarifs douaniers qui limitent les importations de véhicules chinois sur le territoire américain. En effet, 90% de la production de l’hévéa, c’est-à-dire le caoutchouc naturel, est absorbé par l’industrie automobile. Quant à l’huile de palme, elle est très décriée sur marché international. Et cela entraîne la chute des cours mondiaux. Avec les deux spéculations, que ce soit le palmier à huile ou l’hévéa, nous avons connu une année difficile. Nous espérons que 2019 sera une meilleure année pour nous. Au niveau local, nous avons un gros problème de commercialisation de l’hévéa. Il y a une surproduction. Il y a quelques années, la filière a décidé, avec l’aide du FDH (Fonds de Développement de l’Hévéa en Côte d’Ivoire), d’encourager la culture de l’hévéa. Et les producteurs ont commencé à en faire la culture. Lorsque toutes les plantations ont commencé à produire, l’absorption de l’hévéa au niveau industriel n’a pas suivi. D’où l’apparition d’un nouveau métier, celui d’exportateur de caoutchouc brut qui est venu combler cet écart. L’Etat de Côte d’Ivoire a pris à bras le corps ce problème et tente de trouver des solutions. En ce qui concerne l’huile de palme, nous n’avons pas de problème de commercialisation. C’est une huile alimentaire en Côte d’Ivoire et dans la sous-région, et la sous-région connait un déficit à ce niveau.

Quels sont les avantages concurrentiels de Plantation Porquet ?

En agriculture, nous n’avons pas d’avantages concurrentiels. Le seul avantage, c’est la productivité. Aujourd’hui, nous avons amélioré la productivité au niveau de notre exploitation agricole. Cela fait que nous avons des rendements à l’hectare beaucoup plus élevé. Nous avons changé notre mode de production et de traitement. Nous préservons également l’environnement. Tout cela a un impact sur la productivité. C’est ce que demandent les industriels. Ils veulent plus de production et plus de qualité. Nous avons fait pareil au niveau du caoutchouc. Malgré le fait qu’il ait une tension au niveau de la commercialisation, nous écoulons toujours nos produits vu que nous sommes en partenariat avec le groupe SIFCA au niveau des sociétés SAPH et PALMCI.

Que doit faire l’Etat pour que ces filières se portent bien ?

Il faut organiser la filière palmier à huile et hévéa. L’Etat a pris une ordonnance dans ce sens et veut créer une interprofession en Côte d’Ivoire. Nous espérons que 2019 nous donnera cette interprofession afin qu’il y ait une mise en place d’un collège de producteurs au niveau de l’hévéa. Au niveau du palmier à huile, les producteurs sont déjà organisés. L’Etat a mis en place le conseil hévéa et palmier à huile qui va réguler la filière. Deux gros chantiers vont s’ouvrir à l’Etat. Le premier, c’est de mettre en place tous les instruments qui vont permettre de diriger les deux filières et le deuxième, c’est la révision du mécanisme de fixation des prix.

Parlez-nous de Ivoire-Vitro.

Ivoire-Vitro est une entreprise spécialisée dans la production de vitro-plants. Ce sont des plants qui sont élaborés en laboratoire in vitro. Il s’agit de fournir de la matière première aux industries de transformation à partir de ces plantations. Les plants sont sains et ont une qualité agronomique. Et on peut les produire à l’infini contrairement aux productions qui se font in-vivo. Ivoire-Vitro est une association de deux personnes, l’un de mes amis qui est ingénieur agronome, et moi-même. Nous avons commencé à monter notre propre laboratoire. Et, il n’y a pas de laboratoire de production de vitro-plants en Côte d’Ivoire. C’est une innovation que nous apportons au pays sachant que son succès repose sur l’agriculture. Quand ce laboratoire sera construit, nous pourrons produire toutes sortes de plants in-vitro de qualité qui iront approvisionner les producteurs et qui aiderons également les industriels à avoir des produits de qualité.

Quels sont les plants que vous allez produire dans ce laboratoire ?

Nous allons produire de la banane plantain, de l’ananas, du gingembre et du manioc. Nous allons nous associer à un laboratoire international avec lequel nous sommes en discussion. Nous avons besoin d’un partenaire financier qui nous accompagnera sur ce projet. Le partenariat technique sera assuré par le laboratoire indien ou un autre laboratoire qui voudra bien nous accompagner sur ce projet. Nous avons également besoin d’un investissement financier qui va nous permettre d’acquérir le matériel restant. Nous avons eu un bon de commande d’une entreprise qui a commandé quelques plants, mais compte tenu du fait que nous n’avons pas toute la capacité de production en laboratoire, nous ne pouvons pas faire de livraison. Toutefois, nous y croyons et nous travaillons dans ce sens.

Dans deux ou trois ans, comment voyez-vous Plantation Porquet si tout se passe bien ?

Nous voulons porter la voix au niveau international. Au niveau des plantations agricoles, nous souhaitons que l’Etat mette le producteur en avant. Il faut revaloriser les conditions de vie et de travail. Raison pour laquelle nous menons ce combat.

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