Enseignement Supérieur en Côte d’Ivoire : Groupe Ecole d’Ingénieurs Agitel-Formation
Bamba Sory partage son évaluation du secteur de l’enseignement supérieur en Côte d’Ivoire et explique quels sont les avantages concurrentiels du Groupe Ecole d’Ingénieurs Agitel-Formation. Il parle également de certains partenariats avec d’autres écoles à l’international et de la mise en place de formations en e-learning pour les étudiants qui sont hors d’Abidjan. Enfin, il évoque ses ambitions pour Agitel à moyen terme.
Interview avec le Colonel Bamba Sory, Directeur Général de Agitel-Formation
Comment se porte le secteur de l’enseignement supérieur en Côte d’Ivoire ?
Entre 2008 et 2010, nous avons fait une évaluation de nos actions de formation et de leur adaptation aux besoins des entreprises. Nous avons alors découvert des besoins prioritaires par rapport au bassin de l’emploi et aux besoins des entreprises. Certaines formations, dont l’informatique et la logistique, faisaient partie des formations prioritaires. C’était au cours d’un séminaire sous l’égide du Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique de l’époque, Cissé Bacongo. Toutefois, les choses évoluent et il y a des adaptations à opérer. Notre préoccupation en matière de formation est en rapport avec l’horizon lié au défi démographique. Selon les prévisions, la population de la Côte d’Ivoire devrait se situer autour de 30 millions en 2030 et 50 millions en 2050. 43% de cette population aura 15 ans et la moitié de la population aura 22 ans. Ce sera donc une population jeune avec des besoins en formation. Notre véritable problème en matière de formation en Côte d’Ivoire, c’est l’adaptation de l’offre de la formation à la demande de formation. C’est vrai que l’Etat est en train de construire des universités mais c’est un défi majeur pour tous les acteurs : pour l’Etat et pour les écoles privées qui apportent un soutien à l’Etat. Les trois grands défis en matière de formation seront les défis de l’employabilité, de l’offre de la formation et de la qualité de la formation. Il y a environ 300 écoles privées, et une évaluation s’impose. Aussi, une formation en matière de qualité s’impose. On devrait donc s’appuyer sur le référentiel de qualité du CAMES qui a été établi pour les écoles de l’enseignement supérieur.
Quels sont les avantages concurrentiels du Groupe Ecole d’Ingénieurs Agitel-Formation ?
Nous voulons que des étudiants qui sont hors d’Abidjan et à l’extérieur suivent nos formations. C’est dans ce cadre que Agitel-Formation s’est lancé dans le e-learning, et plus précisément dans la visioconférence.
Notre slogan, c’est “Agitel, toujours copié mais jamais égalé”. Agitel a 25 ans et c’est l’école privée qui a commencé la formation des ingénieurs en Côte d’Ivoire. C’est la première école qui a bâti des programmes spécifiques de formations en ingénieurs, c’est à dire des formations post-BTS. C’est la première école dont les programmes ont été validés par le CAMES. Nous avons recherché des partenariats internationaux pour renforcer la qualité de nos formations. Nous offrons plusieurs formations qui couvrent les domaines de l’informatique, de la finance, du commerce, de la logistique, de la communication, des ressources humaines et du développement durable. Nous offrons une formation plurielle qui s’appuie sur un cadre propice à la formation, et un personnel enseignant de qualité. Nous avons aussi un programme retro-actionné qui est révisé tous les cinq ans et qui présente un élément caractéristique majeur : Agitel-Formation veut enseigner le tout d’un peu et pas le peu de tout. Par exemple, pour une formation en finances, notamment en fiscalité, dans d’autres établissements, c’est un seul enseignant qui dispense le cours de fiscalité. Alors qu’il y plusieurs sous-disciplines en fiscalité. Il y a la fiscalité de groupe, la fiscalité des collectivités, la fiscalité des entreprises, etc. A Agitel-Formation, il y a un enseignant pour chaque composante de la fiscalité. Agitel-Formation voudrait, qu’à la fin de la formation, ses étudiants trouvent immédiatement un emploi. Nous voulons réduire le temps de chômage, c’est-à-dire le temps qui se passe entre la sortie de l’école et le premier emploi par la qualité de la formation, par l’intégration des professionnels dans la formation et par notre cabinet de placement. Nous voulons par ailleurs que nos étudiants déjà en cours de formation puissent créer leur entreprise. Et, c’est dans ce cadre que nous avons créé un incubateur de création d’entreprises. Il permet à tout étudiant en formation d’avoir un projet. Nous enseignons des cours d’entreprenariat dans toutes nos filières. Quand un étudiant a un projet, nous l’aidons à avoir le financement nécessaire pour créer son entreprise. Nous avons mis en place un fonds de garanti avec notre partenaire CelPaid Finances qui apporte des financements aux projets bancables et avec pour obligation l’incubation. L’objectif, c’est de permettre à nos étudiants d’avoir leur projet, créer leur entreprise et employer leurs camarades d’Agitel afin de relever le défi de la croissance de la population à l’horizon 2030-2050.
Avez-vous des partenariats avec d’autres écoles à l’international ?
Nous sommes dans un village planétaire. Il faut former l’étudiant pour des emplois internationaux. Et, c’est dans cette optique que nous avons décidé de faire alliance avec les grands. Agitel-Formation a donc développé une politique à l’international avec de grands partenaires comme l’AACSB dont nous sommes membre. Nous avons aussi développé des partenariats avec Virginia Commonwealth University, Sup de Co La Rochelle, Montpellier Business School, ICN Business School Nancy et avec une université en Corée du Sud. Nous essayons de diversifier nos partenariats pour aider aux échanges d’enseignants et de programmes. Nous avons également mis en place des programmes de co-diplomation, notamment avec la Rochelle. Nous devons créer ensemble un programme en web design. Une partie de la formation se fera à Agitel et l’autre à la Rochelle. En effet, l’étudiant qui vient en Côte d’ivoire doit pouvoir se frotter à la réalité ivoirienne. Nous avons donc décidé de bâtir une résidence sur le site avec toutes les commodités pour les accueillir. Nous mettons tout en œuvre pour bâtir ce site en vue de consolider nos actions à l’international.
Avez-vous pensé à instituer des formations en e-learning comme cela se fait dans toutes les écoles internationales ?
En matière de pédagogie, nous envisageons deux actions nécessaires. Agitel est installé seulement à Abidjan. Nous voulons que des étudiants qui sont hors d’Abidjan et à l’extérieur suivent nos formations. C’est dans ce cadre que Agitel-Formation s’est lancé dans le e-learning, et plus précisément dans la visioconférence. Nous avons fait un projet quadripartite qui implique Orange Côte d’Ivoire, HP qui nous fournit des ordinateurs, Google for Education et Agitel-Formation. L’objectif est de permettre à l’étudiant de suivre le cours en se connectant sur l’interface. Il suit les cours et lorsqu’il pose une question, il apparait à l’écran. Le programme et l’ordinateur coûtent 499 000 Fcfa. L’étudiant paie 16 400 Fcfa par mois sur deux ans. C’est Orange qui apporte la connexion. C’est un projet extrêmement important. A côté de ce projet, nous avons entrepris de mettre en place d’autres projets au cas où le premier projet n’aboutisse pas. Nous recherchons des financements à cet effet. Nous voulons doter nos classes d’écrans numériques et de webcams pour permettre à l’enseignant d’être vu partout par ceux qui seront connectés à la salle. Dès 2019, nous allons commencer l’essai dans une salle. Cela va nous permettra de travailler en vue de nous étendre. C’est un projet futuriste qui permettra aux étudiants de suivre les cours en étant chez eux par visioconférence. D’après les investigations que nous avons menées auprès de parents d’étudiants, cela parait plus faisable. Ce système va s’imposer à tous. La visioconférence est donc le premier défi. Le deuxième défi, c’est de changer la méthode d’approche pédagogique. La méthode classique qui consiste à faire de l’enseignant celui qui sait tout et qui fait tout est révolue. L’expérience a montré que les étudiants ne retiennent que 5% de tout ce que dit l’enseignant. A Agitel-Formation, nous voulons pratiquer la pédagogie active. Elle consiste à adopter la méthode inductive. Par exemple, vous avez un téléphone et vous voulez apprendre à l’utiliser. Si vous suivez les instructions du manuel, vous pratiquez la méthode déductive. Cependant, si vous manipulez seul le téléphone afin de découvrir les différents paramètres, vous pratiquez la méthode inductive. C’est pareil avec la formation. A Agitel, nous donnons à l’étudiant tous les documents en avance. Il étudie, il fait ses recherches et une fois que le cours commence, le débat est ouvert. Cette méthode facilite l’employabilité de l’étudiant et par conséquent réduit le taux du chômage. Toutefois, cette pédagogie a des contraintes majeures dont la résistance au changement. Nous avons des professeurs qui se disent qu’ils savent tout. Ce n’est pas facile de leur faire changer de méthode. Nous nous attelons à vaincre ces résistances liées au carcan traditionnel. Agitel veut servir de pionnier en matière de pédagogie. Nous sommes un établissement d’enseignement supérieur et notre survie dépend de la qualité des produits que nous mettons sur le terrain, de la réduction du délai de placement de nos étudiants qui ont fini leur formation, ou de la création de leur propre entreprise, ou de leur performance en entreprise.
Quels sont les ambitions que vous voulez atteindre d’ici 2 ou 3 ans ?
Nous voulons améliorer notre chiffre d’affaires. Nous voulons aussi mettre en place notre e-learning et intégrer les nouvelles approches pédagogiques. Nous voulons également bâtir notre campus et assurer l’autonomie en énergie de l’école. La superficie de Agitel est d’un hectare. Au 3ème étage, nous avons un grand espace sur lequel nous voulons développer les énergies renouvelables, notamment les énergies solaires. Nous nous sommes appuyés sur une entreprise allemande pour les investigations. Notre facture mensuelle s’élève à 3 millions de Fcfa. Nous voulons être autour de 1 million maximum avec l’apport de l’énergie solaire.