Coopératives de Café, Cacao et Noix de Cajou : Interview avec Mamadou Bamba d’Ecookim

Mamadou Bamba présente Ecookim (Union des Sociétés Coopératives Kimbe), un organisme créé en 2004, et issu de l’union de plusieurs coopératives leaders de la filière café-cacao. Agréée à l’exportation depuis la campagne 2005/2006 et certifiée Fairtrade en novembre 2010, UTZ en mai 2012 et RainForest depuis avril 2014, Ecookim se positionne parmi les meilleures coopératives exportatrices de Côte d’Ivoire.

Interview avec Mamadou Bamba, Directeur Général d’Ecookim (Union des Sociétés Coopératives Kimbe)

Mamadou Bamba, Directeur Général d'Ecookim (Union des Sociétés Coopératives Kimbe)

Pour commencer, pourriez-vous présenter Ecookim ?

Ecookim est une union interrégionale qui a été créée en 2004 et qui regroupe 23 coopératives de production de café, de cacao et de noix de cajou. Nous sommes installés dans les différentes régions productrices. Ecookim a atteint un total de 36 000 tonnes lors de la campagne 2016-2017, et nous avons une prévision de 38 000 tonnes pour la campagne 2017-2018 à venir. Ecookim regroupe 12 533 producteurs avec un potentiel de plus de 40 000 tonnes de cacao. Nous fonctionnons comme une coopérative. L’assemblée générale, qui est l’organe suprême de décision, regroupe tous les producteurs. Il y a également un conseil d’administration composé de 11 membres et une direction générale.

Quelle est la particularité d’Ecookim ?

Pour nous, les producteurs et leurs enfants doivent être au cœur de tout développement. Les enfants sont la relève de demain. Il faut donc tout faire pour mettre en place des écoles, des cantines et des crèches sur leur lieu d’habitation, afin que leurs parents puissent aller travailler.

Ecookim est certifié Fairtrade. Nous avons obtenu cette certification pour toutes nos coopératives de cacao, de café et de noix de cajou. Nous faisons un cacao de très bonne qualité et nous avons un partenariat avec certains chocolatiers. Grâce à cette certification, nous tenons compte de principes de gestion tels que la démocratie dans les prises de décision par exemple. La parole est donnée aux producteurs pour décider de l’utilisation à faire de leurs primes. Ils ont également leur mot à dire sur tout ce qui est vision stratégique dans le cadre de la gestion de la coopérative. Notre gestion est transparente et nous rendons des comptes aux producteurs chaque fin d’année. En plus de cela, nous luttons contre tout ce qui est pauvreté en milieu rural, et nous avons une politique de lutte contre le travail des enfants dans les plantations de cacao. Nous travaillons avec des partenaires qui nous aident à mettre en place des délégations par zone pour éradiquer ce phénomène. Par ailleurs, tous nos producteurs qui sont dans les forêts classées sont réinstallés hors de ces forêts. En outre, Ecookim fait des produits de très bonne qualité et est au service des petits producteurs.

Ecookim est issue de l’union de plusieurs coopératives leaders de la filière café-cacao
Créée en août 2004, Ecookim est issue de l’union de plusieurs coopératives leaders de la filière café-cacao.

Etes-vous la seule coopérative certifiée dans le secteur ?

Non, nous ne sommes pas la seule coopérative certifiée. Nous sommes une union interrégionale qui a su tisser des relations de durabilité avec certains chocolatiers. Via certains négociants, et grâce à Fairtrade International, nous avons pu mettre en place un partenariat entre Ecookim, certains chocolatiers tels que Ferrero et le négociant Ecom, qui gère tout ce qui est logistique. Il y a certains chocolatiers qui paient des primes additionnelles à certains producteurs. Ils font beaucoup pour nos producteurs vu que le prix du kg a baissé de 36% cette année. Nous réalisons également des projets communautaires comme des pompes villageoises. Et puis nous formons les producteurs sur les bonnes pratiques agricoles et nous leur donnons des intrants pour améliorer le rendement à l’hectare.

Quels sont vos défis ?

Notre défi premier en ce moment, c’est d’aider les producteurs à être de véritables chefs d’entreprise. Si chaque producteur arrive à mieux gérer sa parcelle et à augmenter sa production à l’hectare, nous pensons qu’il pourra mieux vivre de son activité. Notre second défi, c’est que nous voulons diversifier la production. Il faut éviter que les planteurs se focalisent sur la culture du café et du cacao. Ils doivent produire d’autres produits tels que de l’igname, du manioc ou encore du riz, afin de pouvoir s’auto-suffire. L’auto-suffisance alimentaire est très importante, non seulement pour les producteurs, mais aussi pour toute la Côte d’Ivoire. Notre troisième défi, c’est d’apporter les soins de santé aux producteurs.

La commercialisation est-elle aussi un défi pour vous ?

Oui, la commercialisation reste toujours un défi pour nous. Comme mentionné précédemment, nous avons un partenariat de longue durée avec les chocolatiers, et la durabilité de notre partenariat fait que nous pouvons atteindre nos objectifs. Si le rendement de nos producteurs augmente, notre défi sera de commercialiser la production de tous nos membres certifiés. Nos produits sont certifiés, mais ils sont vendus en conventionnel. Nous voulons trouver des marchés pour commercialiser la totalité des produits de nos membres sous forme de label certifié. Nous sommes en discussion avec nos chocolatiers pour que ce projet aboutisse.

Ecookim connait une croissance continue avec 23 coopératives membres et 12 533 producteurs
Ecookim connait une croissance continue avec 23 coopératives membres et 12 533 producteurs, avec un potentiel de plus de 40 000 tonnes de cacao.

Quels sont les priorités actuelles de l’union ?

Notre priorité, c’est d’exécuter et d’honorer tous nos contrats. Nous voulons continuer d’avoir l’appui des fonds d’investissement qui nous accompagnent. Grâce à la certification Fairtrade, nous bénéficions de l’accompagnement de certains fonds d’investissement. Ces financements nous permettent d’être autonomes dans la gestion de nos coopératives. La semaine dernière, nous étions en formation dans le souci de renforcer les capacités et d’avoir une base de données de tous nos producteurs. Il reste encore 38% de nos producteurs qui ne sont pas encore géo-localisés. D’ici février 2018, nous allons géo-localiser toutes les parcelles de tous nos producteurs.

Il y a des organismes de microfinance tels qu’Advans qui travaillent avec les producteurs de cacao. Avez-vous déjà collaboré avec cette structure ?

Oui, il y a deux ans, Advans préfinançait l’acquisition des intrants. Nous avons fait deux bonnes campagnes avec cette structure de microfinance.

Etes-vous à la recherche de partenaires financiers ?

Nous avons déjà des partenaires financiers. Mais ils sont toujours les bienvenus ; surtout qu’avec le cacao, il faut injecter beaucoup de fonds. Nous envisageons de construire des entrepôts de stockage. Nous voulons également mettre en place des unités de transformation de cajou dans les zones d’Odienné et de Bondoukou. C’est sûr que nous aurons besoin de fonds pour réaliser ces projets.

Ecookim se positionne parmi les meilleures coopératives exportatrices de Côte d’Ivoire
Agréée à l’exportation depuis la campagne 2005/2006 et certifiée Fairtrade en novembre 2010, UTZ en mai 2012 et Rainforest Alliance depuis avril 2014, Ecookim se positionne parmi les meilleures coopératives exportatrices de Côte d’Ivoire.

Quelle image l’union veut-elle faire passer ?

Pour nous, les producteurs et leurs enfants doivent être au cœur de tout développement. Les enfants sont la relève de demain. Il faut donc tout faire pour mettre en place des écoles, des cantines et des crèches sur leur lieu d’habitation, afin que leurs parents puissent aller travailler dans les champs. L’amélioration des conditions de vie des producteurs nous tient à cœur. Notre partenariat de longue durée avec les chocolatiers nous aide dans ce sens.

Ne pensez-vous pas les chocolatiers puissent s’approvisionner auprès d’autres multinationales ?

L’union est la structure des producteurs. Ils peuvent s’approvisionner auprès de multinationales qui ont aussi des programmes spécifiques avec des coopératives. Mais notre structure appartient aux producteurs. Nous sommes l’émanation des producteurs. Donc notre structure est un bon canal d’investissement. Je pense que certains chocolatiers l’ont compris.

Quelle est votre vision d’ici trois ans pour l’union interrégionale que vous dirigez ?

Nous voulons vendre la totalité des produits de nos membres d’ici 2020. Nous voulons transformer nos producteurs en chefs d’entreprise et mettre sur pied une microfinance pour les accompagner afin qu’ils puissent accéder à la santé, à des crédits pour scolariser leurs enfants et à divers services leur permettant de vivre mieux. Par la même occasion, nous procèderons à leur bancarisation en vue de leur éviter les braquages et les agressions. Nous allons faire en sorte qu’ils utilisent des terminaux leurs permettant d’effectuer des paiements et d’être payés partout où ils sont.

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