Celpaid Finances SA : Services Financiers et Transactions Electroniques en Côte d’Ivoire

Souleymane Ouattara présente Celpaid, une institution de microfinance et un établissement de monnaie électronique agréé par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Celpaid Finances SA est une véritable plateforme de services financiers et de transactions électroniques à partir du téléphone portable et/ou via internet, et propose des offres adaptées aux besoins des différentes catégories socio-professionnelles. L’institution est présente partout en Côte d’Ivoire, avec un réseau de plus de 40 agences.

Interview avec Souleymane Ouattara, Directeur Général de Celpaid Finances SA

Souleymane Ouattara, Directeur Général de Celpaid Finances SA

Quelle analyse faites-vous du domaine de l’épargne-crédit ?

Celpaid est d’une part un système financier décentralisé et d’autre part un établissement de monnaie électronique. En ce qui concerne l’activité de finances décentralisées, il faut noter qu’il y a un développement global du secteur. Il y a des banques qui sont en train de développer des filiales spécialisées dans la microfinance. De plus, il y a une prise de conscience de l’Etat et une prise de conscience à l’échelle sous-régionale qui montre que la microfinance est l’acteur incontournable pour l’inclusion financière. En ce moment, il y a une bonne dynamique en ce qui concerne l’activité d’épargne et de crédit à destination des populations de la Côte d’Ivoire en particulier, et de celles de la zone UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) en général. L’activité de monnaie électronique et de paiement mobile, en particulier de Celpaid, est une voie irréversible. Il y a de plus en plus de consommateurs qui développent l’habitude de payer à travers leur téléphone mobile. Aujourd’hui, le paiement des factures d’eau, d’électricité et autres par le téléphone mobile, est devenu est un vrai succès. Nous avons bon espoir que cela se généralise au niveau de tous les commerces. Il y a aussi un bon dynamisme au niveau des ventes en ligne. En effet, à travers ce système, un client commande un article via internet et se fait livrer par la suite. Ce sont autant d’opportunités qui encouragent Celpaid dans le choix de son secteur d’activités. En ce qui concerne la finance décentralisée ou la microfinance, il y a une bonne dynamique parce que l’inclusion financière est promue par tous. Il y a également une bonne dynamique au niveau du paiement en ligne parce que les sites qui permettent de payer en ligne se développent de plus en plus et les Ivoiriens commencent à adopter le paiement en ligne.

Quels sont les avantages concurrentiels de Celpaid ? Avez-vous des concurrents dans votre domaine?

Nous voulons adresser les PME et les PMI qui se trouvent dans les localités où nous sommes représentés afin que partout où Celpaid existe, le paiement de salaire main à main disparaisse. C’est notre objectif.

Nous avons des concurrents mais chacun évolue dans un domaine bien précis. Dans le domaine de la microfinance, l’avantage de Celpaid, c’est qu’elle apporte tous les outils de la technologie de l’information et de la communication qui permettent aux clients d’être à l’aise comme dans les banques. Cela veut dire que tous ceux qui ont un compte à Celpaid ont accès à leur compte via le téléphone mobile. Ils ont un circuit interne et ils suivent toutes les opérations sur leur compte. Ils ont aussi une carte bancaire GIM-UEMOA et VISA avec une banque partenaire qui leur permet de faire des opérations en Côte d’Ivoire, dans la zone UEMOA et en dehors de l’espace UEMOA. Ce sont les avantages de Celpaid comparativement aux acteurs de la microfinance pure. Les structures qui font purement de la monnaie électronique n’ont pas l’autorisation d’octroyer du crédit. Concrètement, un commerçant qui accepte les moyens de paiement de Celpaid pourra bénéficier de crédits pour booster ses activités. Ailleurs, il aura un interlocuteur pour la monnaie électronique et un interlocuteur différent pour le crédit qu’il sollicite. Alos qu’avec Celpaid, il a un seul interlocuteur et son crédit lui est octroyé avec des conditions avantageuses.

Que font les opérateurs mobiles ? Ont-ils des partenariats avec des banques ?

Nous avons l’agrément d’émission de monnaie électronique et nous connaissons toute la sphère. Cet agrément n’autorise pas l’octroi de crédit. Donc les opérateurs de téléphonie mobile n’ont pas le droit de faire du crédit. S’ils veulent faire du crédit, ils doivent développer le produit en liaison avec une banque. J’ai entendu parler de certaines initiatives, mais je ne connais pas leur niveau d’évolution. Je sais que sur le terrain, les acteurs apprécient fortement que Celpaid soit capable de leur octroyer un crédit, en plus de tous les avantages offerts par le passage à la monnaie électronique.

Dans quel secteur évolue votre clientèle ?

Nous avons plus de clients dans le secteur de la restauration. Par exemple, nous avons des restauratrices chez qui les clients peuvent payer par monnaie électronique. Du coup, elles n’ont plus besoin d’aller chercher de la petite monnaie partout. En plus de cela, nous mettons à leur disposition un site internet où elles pourront faire la promotion de leurs plats. Du coup, il y a des clients qui commandent et qui demandent qu’on leur livre les plats. Aussi ces mêmes restauratrices se feront octroyer un crédit quand elles en auront besoin pour renforcer leurs fonds de roulement ou des crédits d’investissement pour améliorer le cadre dans lequel elles travaillent. L’octroi du crédit se fera beaucoup plus facilement parce que nous avons déjà des informations utiles sur le commerce que fait la personne, dans la mesure où nous sommes déjà en contrat avec elle dans le cadre du paiement électronique. Nous travaillons aussi avec les compagnies de transport, et nous faisons de la réservation de tickets de transport en ligne. De plus, les compagnies de transport peuvent vouloir faire de l’acquisition de cars, ou avoir besoin de fonds de roulement afin d’améliorer les gares routières ou apporter de nouveaux services dans les gares, comme des restaurants et des kiosques à journaux. Ces entreprises ont besoin d’acteurs flexibles qui peuvent leur octroyer ce crédit. Celpaid s’avère être la référence parce que le fait de réserver les tickets en ligne nous permet de mesurer précisément l’activité de la compagnie de transport en termes de taux de remplissage. Du coup, nous n’avons pas besoin de demander de nombreux documents. Ces deux exemples montrent l’avantage que Celpaid a d’être à la fois un acteur de paiement électronique et un acteur de services de crédit.

Pouvez-vous nous donner plus d’informations sur la carte bancaire ?

C’est une carte bancaire rechargeable que nous avons développé en partenariat avec une banque. C’est une carte GIM-UEMOA et avec cette carte, les clients font leurs opérations dans l’espace UEMOA à un taux préférentiel. La carte est aussi VISA pour les transactions qui se font en dehors de l’espace UEMOA. C’est une carte Celpaid, et nous avons un tarif unique. Les retraits dans les DAB coûtent 500 F. Au-delà, ce sont les tarifs de VISA qui s’appliquent. C’est un produit qui a beaucoup de succès auprès des salariés qui sont domiciliés à Celpaid. Cette population a beaucoup d’intérêt à utiliser nos services. D’abord, c’est un avantage parce que les frais de tenue de comptes Celpaid n’atteignent pas ceux pratiqués dans les banques. Aussi, le fait de donner au salarié la possibilité d’accéder à son compte, de consulter son compte, de visualiser les différentes transactions et de faire ses opérations de transfert d’argent et de paiement en ligne est un avantage. Car, quand les banques offrent un accès au compte via le mobile ou via internet, ce n’est pas sûr que cela fonctionne comme le client le souhaite. Nous avons un réseau de 40 agences et nous offrons aussi le chéquier au client. Ce chéquier lui facilite les opérations de paiement. Il a ainsi le chèque interne de Celpaid mais aussi le chèque interne de la banque. En plus de cela, nous avons facilité les procédures d’accès au découvert et les avances sur salaire. Ce sont autant d’éléments qui font que le salarié a un certain confort à être domicilié à Celpaid.

Quelles sont vos cibles ?

Dans notre marketing direct, nous adressons les deux cibles. D’abord nous envoyons des courriers avec des pièces jointes au dirigeant d’entreprise où on lui explique la démarche. Ensuite, nous le rencontrons pour lui expliquer l’avantage pour lui de créer ou de transférer son compte à Celpaid. Le chef d’entreprise peut être d’accord si la décision lui appartient, même quand les administrés ne sont pas convaincus. A l’inverse, les salariés peuvent être d’accord mais le chef d’entreprise non, et cela devient plus difficile. Ce sont les deux qu’il faut adresser et ce sont les deux qu’il faut convaincre.

Quels sont vos axes prioritaires ?

Nous avons deux axes prioritaires en ce moment. Nous voulons adresser les PME et les PMI qui se trouvent dans les localités où nous sommes représentés afin que partout où Celpaid existe, le paiement de salaire main à main disparaisse. C’est notre objectif. Nous voulons expliquer à tous ceux qui ont des employés qu’ils payent main à main qu’ils gagneraient à payer à partir d’une institution financière. Par exemple, nous expliquerons à ces chefs d’entreprise qu’ils perdent du temps et beaucoup d’argent en conservant ce type de paiement. En plus de cela, il faut sécuriser le convoyage de la paie depuis la source jusqu’au lieu de paiement. Il faut également sécuriser l’endroit où se fera la paie. Ils perdent aussi de l’argent en immobilisant leurs travailleurs au moment de la paie. Aussi, ces chefs d’entreprise se créent une pression financière supplémentaire parce que lorsque les salariés auront besoin d’avance, c’est à eux qu’ils s’adresseront. Ce sont toutes ces préoccupations qui nous sont déléguées quand ils décident de domicilier les salaires à Celpaid. En réalité, ils ont tout à gagner en nous confiant les salaires. Généralement, lorsqu’il y a des campagnes initiées par la tutelle en ce qui concerne l’inclusion financière, les banques et les microfinances ne répondent pas à nos sollicitations de crédit quand on évoque la question. Il ne faut pas attendre d’être dans le besoin pour s’adresser à ses partenaires. La relation existe depuis longtemps et au fur et à mesure qu’elle s’intensifie, nous avons intérêt à simplifier les procédures pour que la personne puisse accéder au crédit. Il ne faut pas que la banque soit seulement ouverte aux riches. Les clients ont des propos contradictoires. Ils disent qu’ils ne vont pas à la banque parce qu’elle est faite pour les riches. Et ils disent aussi qu’ils ont sollicité la banque pour un crédit et qu’elle a refusé de le leur octroyer alors qu’elle dit que le cœur de son métier, c’est le crédit. Si la banque dit que le cœur de son métier, c’est le crédit, c’est qu’elle le fait à quelqu’un qui a besoin de fonds. Et donc elle ne doit pas faire le crédit uniquement aux personnes qui ont suffisamment d’argent. La banque s’adresse aux personnes qui ont envie de se développer. A notre niveau, il suffit de nous permettre de voir clair dans ce que vous faites, et quand vous avez des besoins, on vous accompagne. Il y a des personnes pour lesquelles les financements des bons de commandes se font en moins de 24 heures seulement parce que la relation est ancienne et que l’on sait voir la crédibilité de toutes les signatures qui sont proposées.

La deuxième priorité s’adresse à tous les commerçants. Il n’y a pas une taille minimum de commerce pour adopter la monnaie électronique. C’est le message que l’on passe aux commerçants. Lorsque vous vendez quelque chose, même si vous vendez l’unité à 5F, c’est la pièce de 5F émise par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest que vous acceptez. Celui qui accepte l’argent cash tel que validé par la Banque Centrale a la possibilité de passer à la monnaie électronique. Aussi, les commerçants qui ne sont pas à la monnaie électronique laissent leur commerce pour aller rechercher la monnaie pendant 10 ou 15 minutes. Tout cela porte préjudice aux commerçants. Avec la monnaie électronique, tous ces préjudices prendront fin. Le passage à la monnaie électronique facilite l’accès au crédit. L’utilisation de la monnaie électronique nous permet de voir les réalités des commerces et d’apprécier le montant dont ils ont besoin. Nous voulons que la monnaie électronique intègre tous les commerces. Sur cette base, nous pouvons également vérifier ce qui a été atteint ou produit et octroyer des crédits plus facilement, lorsque les commerçants les sollicitent.

Quelles sont vos ambitions pour futur ?

Pour le futur, nous voulons de nombreux partenariats avec des structures externes pour qu’un client de Celpaid, partout où il aille, puisse utiliser les services de la microfinance. Je souhaite qu’une aide du gouvernement soit apportée pour accélérer le paiement électronique. Par exemple, la collecte des taxes municipales pourrait se faire uniquement par voie électronique. Le combat concernant l’inclusion financière qui est menée par le gouvernement et par les propositions concrètes qui sont faites aux populations non bancarisées permettra au taux de bancarisation d’atteindre les 50%. Nous souhaitons aussi que dans le futur, 50% des paiements soient fait par voie électronique. Si tout le monde adhère, ce sera à l’avantage de tout le monde.

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