Alink Telecom : Connectivité, Convergence IP et Intégration en Afrique

Tehua Kossonou parle du secteur des télécommunications en Côte d’Ivoire et dans la sous-région, et explique quelles sont les différentes activités d’Alink dans ce domaine. Depuis sa création il y a plus de 20 ans, la société a développé une véritable expertise dans la transmission de données, téléphonie IP et internet haut débit, et offre des services conçus autour de 3 activités principales : la connectivité, la convergence IP et l’intégration.

Interview avec Tehua Kossonou, Directeur de l’International chez Alink Telecom

Tehua Kossonou, Directeur de l'International chez Alink Telecom

Quelle est votre perception de la situation générale dans laquelle se trouve actuellement le secteur des télécoms?

Le secteur des télécoms est divisé en trois grands domaines : celui de la téléphonie fixe, celui de la téléphonie mobile et l’Internet. Le secteur dominant en termes de chiffre d’affaire est celui de la téléphonie mobile. Au premier semestre 2016, ce chiffre d’affaire était évalué à 450 milliards de Francs CFA. Si cette progression persiste, on peut imaginer un chiffre de 1000 milliards de Francs CFA début 2017. Ce domaine bénéficie aussi d’importants investissements. Au premier semestre, ces derniers s’élèvaient à près de 211 milliards de Francs CFA. C’est également le secteur qui crée le plus d’emplois et contribue à hauteur de plus de 10 % au budget national. Les télécoms sont donc devenues un moteur clé du développement de l’économie de la Côte d’ivoire et de la sous-région.

Quelle est l’offre spécifique de votre entreprise dans ce secteur?

Notre objectif est de devenir l’un des opérateurs télécoms les plus importants, si ce n’est le leader, dans le domaine du transport d’informations pour les multinationales, en nous appuyant sur la fibre optique et la technologie MPLS.

L’activité d’Alink se déploie au niveau des trois grands pôles que je viens de citer. Elle se concentre tout d’abord sur un processus d’intégration d’applications d’aide à la décision – ou de business intelligence (BI) – pour les entreprises. Elle porte également sur la convergence IP et tous les services qui l’accompagne : la « voix sur IP » pour les entreprises, la visioconférence, etc. Enfin la connectivité est devenue le pôle central de notre entreprise. Notre activité dans ce domaine porte sur le développement de la fibre optique. De l’Afrique du Sud à la porte de l’Europe, il existe déjà plusieurs câbles installés sur la côte. Grâce à notre présence en Afrique de l’Ouest et centrale, nous avons pu développer la fibre terrestre. Aujourd’hui, nous permettons ainsi aux multinationales d’échanger rapidement des informations à l’intérieur de l’Afrique, et notre point de présence à Londres facilite désormais les échanges avec le reste du monde également.

Quels pourcentages représentent ces trois pôles en termes de chiffre d’affaires?

Le secteur connectivité représente 70 % du chiffre d’affaires. La téléphonie représente environ 20 %. Quant à Internet, il ne couvre que 10 % car c’est un secteur très concurrentiel, les revenus ont donc fortement chuté.

Que proposez-vous aux entreprises, banques ou ONG en matière de connectivité?

Dans le cas des banques, les informations sont la plupart du temps stockées sur un serveur au siège. Les filiales situées par exemple dans d’autres pays, ainsi que les décideurs, doivent pouvoir avoir accès à distance et en temps réel à ces informations. Dans le secteur bancaire, le trafic a pris énormément d’ampleur avec le transfert international (swift), les cartes visa, les transferts en interne, etc. Il s’agit de mettre à disposition des supports de transmission plus rapides et offrant de grandes capacités. Grâce à notre offre en matière de fibre optique, nous permettons à des banques implantées au nord de l’Afrique d’échanger rapidement des informations avec leurs filiales dans le reste de l’Afrique. Lorsque les opérateurs, quant à eux, signent d’importants contrats au niveau international, ils doivent pouvoir les déployer jusqu’au client final. Dans les pays où nous sommes implantés, nous proposons un service de boucle locale radio ou fibre qui relie notre centre technique au bureau du client. La fibre optique terrestre permet de transmettre des informations à des pays situés à l’intérieur de l’Afrique. Enfin, l’échange peut ensuite se poursuivre avec le reste du monde grâce à des câbles sous-marins, via notre point de présence à Londres. Cette offre s’applique aussi à d’autres types de clients comme les ONG qui ont besoin d’une grande capacité de transmission pour envoyer des emails, des contenus vidéo, etc. La fibre permet de satisfaire cette demande. Tout cela se fait par l’intermédiaire d’un réseau composé de points de présence, notamment à Accra au Ghana, à Abidjan en Côte d’Ivoire et à Londres au Royaume-Uni, et disposant d’équipements intelligents qui échangent des informations de façon continue. En cas de défaillance sur une ligne de transmission, la continuité de notre réseau grâce à la technologie MPLS permet de pallier ce problème et de tout de même garantir l’échange d’informations entre deux points.

Êtes-vous les seuls à proposer ce service sur le marché? Pourquoi les entreprises ont-elles intérêt à faire appel à vous?

Notre avantage concurrentiel réside dans notre présence dans plusieurs pays, et notamment dans des pays qui n’ont pas accès directement à la mer. Nous permettons à ces derniers d’accéder aux câbles sous-marins et les relions ainsi au reste du monde. Nous sommes les seuls à disposer d’un réseau sans interruption en Afrique de l’Ouest. À la différence de la plupart des opérateurs qui se sont installés dans les pays et desservent un périmètre limité, nous offrons un service transnational à l’intérieur de l’Afrique, et de l’Afrique vers le reste du monde. Voilà où se trouve notre singularité.

Quel est l’avantage d’utiliser une connectivité par fibre optique plutôt que par une technique plus classique comme le VSAT?

En terme de transfert de l’information, le temps est un facteur clé. Les satellites sont situés à 36 000 km, ce qui entraîne un temps de transfert énorme de 500 millisecondes. Avec la fibre optique, ce temps chute à environ 14-19 millisecondes pour un transfert entre Accra et Ouagadougou ou Abidjan. Pour une transmission entre des points plus éloignés, ce temps peut monter à 100 millisecondes, ce qui reste tout à fait raisonnable par rapport à une transmission par VSAT.

Dans quels pays d’Afrique êtes vous présents?

Nous sommes présents dans tous les pays francophones d’Afrique de l’Ouest : le Burkina Faso, le Bénin, le Niger, le Mali, etc. Nous sommes aussi présents au Liberia, ainsi qu’en Sierra Leone où nous avons un partenaire. En Afrique centrale, nous couvrons le Cameroun, la République du Congo (Congo-Brazzaville) et avons des partenaires notamment au Gabon et en République démocratique du Congo, ainsi qu’un bureau commercial en Afrique du Sud. Pour une multinationale qui a besoin de capacité pour transmettre ses informations, le déploiement d’Alink West Africa est donc extrêmement intéressant.

À quels défis votre entreprise est-elle actuellement confrontée? Est-elle encline à se tourner vers des investisseurs de plus en plus intéressés par ce secteur dynamique?

Nous sommes ouverts aux investisseurs, pourvu que ces derniers soient prêts à nous soutenir dans le développement de notre activité et à participer à une économie africaine extrêmement dynamique.

Votre entreprise a récemment installé deux nouveaux hubs satellitaires au VITIB (Village des Technologies de l’Information et de la Biotechnologie) à Grand Bassam, pour permettre une meilleure connexion data et Internet. Quelle est la finalité de ce projet?

Comme je l’ai évoqué, le VSAT est en train d’être abandonné pour le transport d’informations. Mais pour certaines régions très reculées, pour des ONG ou dans certains secteurs de l’administration, de l’éducation ou de l’agriculture, l’offre de connexion haut débit par satellite reste intéressante. Dans le domaine de l’audiovisuel qui est sur le point de se libéraliser, le satellite est également très utilisé et a vocation à prendre de l’ampleur. Les hubs pourront donc permettre aux journalistes de couvrir les événements sportifs à différents endroits de manière beaucoup plus large et en temps réel. Mais en matière de transport à haut débit, la tendance reste à la fibre optique.

Quelle est votre politique en termes de qualité?

Notre réseau utilise la technologie MPLS qui garantit la disponibilité du service à 100 %. Nous offrons une multitude de chemins pour transférer une information d’un point à un autre. Et la probabilité que toutes les lignes coupent en même temps est presque inexistante. L’utilisation de cette technologie est donc notre atout principal et nous permet d’offrir un service de qualité, sans interruption. Les coupures de câbles sont possibles mais extrêmement rares.

Une expansion de votre entreprise est-elle prévue?

Nous sommes déjà présents dans dix pays et souhaitons en priorité consolider cette implantation. Dans les pays où nous ne sommes pas installés, nous privilégions les partenariats techniques pour nous aider à y délivrer notre service. Nous recherchons aussi des partenariats dans le reste du monde, pour déployer en dehors de l’Afrique des équipements intelligents par lesquels transite le trafic, mais sans y assurer de présence humaine. L’envoi trimestriel ou semestriel d’un collaborateur permet alors de faire le suivi et de garantir la maintenance de ces équipements. De manière générale, la présence humaine est souvent devenue superflue grâce aux supports de transmission à distance.

Pour conclure, comment envisagez-vous le développement de votre entreprise dans les deux à trois années à venir? Quels sont vos objectifs pour 2019-2020?

Notre objectif est de devenir l’un des opérateurs télécoms les plus importants, si ce n’est le leader, dans le domaine du transport d’informations pour les multinationales, en nous appuyant sur la fibre optique et la technologie MPLS. Mais nous voulons aussi développer de nouveaux services, par exemple dans le domaine de la vidéoconférence ou de la sécurité pour les entreprises.

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