SIPEL : Une Entreprise Ivoirienne du Bâtiment aux Ambitions Internationales
Noël Kossi partage sa vision du secteur du BTP en Côte d’Ivoire et présente SIPEL. Il mentionne également quelques réalisations-phares de l’entreprise, non seulement en Côte d’Ivoire mais aussi à l’international.
Interview avec Noël Kossi, Directeur Général de SIPEL
Quelle est votre vision du secteur du BTP en Côte d’Ivoire, quelles sont ses tendances, et comment voyez-vous son développement ?
Le secteur du BTP est assez dynamique, avec un développement de plusieurs projets de construction assez variés. D’abord il y a la création d’une vraie zone industrielle, avec plusieurs usines qui se montent pour la transformation de nos matières premières ; c’est le souhait du gouvernement.
Nous avons également un besoin criant de logements et d’infrastructures sanitaires, d’écoles, et de bureaux pour ces entreprises qui se créent, cela fait donc un marché assez dynamique.
Il y a de nouveaux acteurs sur ce marché, ce qui permet de faire monter le niveau de qualité général. C’est donc le bon moment pour investir dans le bâtiment en Côte d’Ivoire.
Dans ce secteur, l’État ne paye pas en ce moment. Les projets sont également ralentis, voire arrêtés. Le secteur public est donc compliqué. Qu’avez-vous à dire à ce sujet ?
L’objectif à moyen terme est d’être une entreprise de classe internationale. Nous avons une vision claire de l’entreprise, nous estimons que le bâtiment est une aventure humaine, et nous avons la prétention d’en faire une réussite.
L’État ne paye peut-être pas en ce moment, mais il n’en reste pas moins que la dette étatique reste la plus sûre. Tous les pays sont endettés, mais l’endettement est facteur de croissance. Je pense que les dettes seront payées à un moment ou à un autre, et aujourd’hui dans nos pays africains, on attend trop de l’État. De nos jours, d’autres sources de financement sont possibles, peut-être via des partenariats public/privé ou privé/privé. De nombreux investisseurs privés arrivent aujourd’hui sur le marché, avec des capacités de financement qui permettent aux entreprises de se développer. L’État ne pourra pas assurer seul le rôle de moteur de l’économie. Rien ne nous empêche, nous entreprises, de nous regrouper, de lever des fonds, de faire un projet immobilier, sans que l’État intervienne à aucun moment. L’État met en place la structure : aujourd’hui, si vous voulez créer une entreprise, cela se fait assez rapidement ; si vous voulez lever des fonds auprès des organismes internationaux, il suffit d’avoir un projet bien structuré et un business plan clair. De nombreux organismes sont demandeurs, et manquent de projets.
Les événements récents (mutinerie), ont lancé des signaux à l’international. On ne peut effectivement pas compter que sur l’État, mais quel est l’impact de ces événements pour les investisseurs privés sur l’image de la Côte d’Ivoire ? Que voulez-vous dire aux investisseurs ?
Il ne s’agit pas d’un problème comme ceux que l’on a connus il y a quelques années ; il s’agit plutôt de revendications sociales, politiques. Ce ne sont pas des conflits de camps. Cela a toujours un impact sur l’économie, comme tout événement social, mais il faut raison garder ; des projets d’envergure ont déjà été lancés, et ce ne sont pas ces phénomènes qui vont les arrêter. Je reste confiant et optimiste sur le fait que la Côte d’Ivoire reste un pays de paix. Les Ivoiriens veulent se développer, avoir un toit au-dessus de la tête, à manger, et participer au développement du monde.
Votre entreprise mène à bien des projets en Côte d’Ivoire mais aussi à l’international. Pouvez-vous développer cet aspect ?
SIPEL a toujours voulu se développer à l’international, ce que nous avons fait à travers des partenariats avec de grands groupes internationaux, comme Eiffage ou Bouygues, et pour nous c’est l’un des éléments fondateurs de notre stratégie. Cela limite les risques : avec des projets dans plusieurs pays, la probabilité d’un défaut de paiement de l’État est réduite. Nous voyons aussi, quand nous voyageons dans les pays de la sous-région, que nous pouvons apporter notre expertise et notre savoir-faire aux pays qui nous entourent, et développer notre marché.
Nous avons ainsi mené des projets au Gabon : le palais présidentiel par exemple ; de nombreux projets en Guinée Équatoriale : comme le Ministère de l’Intérieur et le stade de Malabo ; les mines d’or de Sadiola au Mali ; un centre de conférence au Bénin ; ou encore le siège de la BEAC (Banque des Etats de l’Afrique Centrale) au Tchad. Il s’agit souvent de projets ponctuels, mais notre stratégie est de mettre en place une véritable implantation pérenne dans ces pays-là, avec une cellule commerciale locale. Il s’agit vraiment d’une vitrine internationale ; nous comptons sur ce genre de projets importants pour pouvoir nous implanter durablement dans la sous-région, francophone ou anglophone. La tendance naturelle est d’aller vers les pays dont on parle la langue, mais nous voyons aussi que des pays comme le Ghana ou le Nigéria sont de gros marchés. Au niveau technique, les mêmes règles s’appliquent, il ne faut donc pas s’autocensurer. À l’horizon 2020, il faut aussi compter avec ces pays.
Quels sont vos avantages concurrentiels dans vos domaines d’activité ?
Nous intervenons principalement dans les lots techniques du bâtiment, nos cœurs de métier sont historiquement la plomberie et l’électricité. Avec l’évolution de la technique, nous nous diversifions aussi vers le courant faible dans tout ce qui est constructions informatiques. Nous faisons principalement les infrastructures VDI (Virtual Desktop Infrastructure). Nous nous sommes aussi développés dans le domaine de la sécurité et de la protection incendie : réseaux RIA (Robinet d’Incendie Armé), sprinklage, colonne humide, colonne sèche, et aujourd’hui nous essayons de nous développer avec des partenaires pour offrir aux clients une solution clé-en-main en termes de lots techniques. Nous aimerions être chargés par nos clients de l’ensemble des lots techniques, et nous nous chargerions par la suite de la coordination avec les autres entités.
Quand vous parlez de partenaires, recherchez-vous des partenariats avec d’autres entreprises de la place ?
Nous recherchons en général des partenaires qui proposent des compétences dont nous ne disposons pas en interne. Nous voulons donc plutôt nous associer en joint-venture ou GIE (Groupement d’Intérêt Economique), ou monter des offres communes tout en gardant un avantage financier. L’intérêt du partenariat, par rapport à la sous-traitance, c’est qu’il évite le cumul des marges. Le partenariat permet de faire une offre compétitive ; par ailleurs, les deux entreprises restent engagées pour la réussite du projet, dans l’intérêt du client.
Pouvez-vous nous donner des exemples concrets de réalisations qui ont eu lieu ici en Côte d’Ivoire, et peuvent illustrer vos compétences ?
L’entreprise existe depuis un peu moins de 30 ans, elle a été créée par mon père et je suis fier de la diriger aujourd’hui. Nous avons réalisé de multiples projets, parmi les plus remarquables, on peut citer l’hôtel Radisson Blu, l’hôtel Azalaï, le centre commercial Cap Sud, le siège de la BAD (Banque Africaine de Développement), l’immeuble du CCIA (Centre de Commerce International d’Abidjan), le siège de l’ICCO (Organisation Internationale de Cacao), l’hôpital Saint Joseph Moscati de Yamoussoukro, l’hôtel Ivoire, le Palais des Congrès, etc.
En termes de qualité et de normes, que proposez-vous ?
Nous sommes certifiés ISO depuis un peu moins de 10 ans. Nous nous sommes dotés d’indicateurs pour assurer un meilleur suivi de la santé de l’entreprise ; nous sommes très à cheval sur la qualité et la sécurité des installations, et sur la sécurité du personnel. Nous menons régulièrement des campagnes de sensibilisation, et nous essayons de doter tous nos ouvriers d’équipements de protection individuelle. Nous souhaitons nous inscrire dans un processus d’amélioration continue de nos procédures. Nous commençons début septembre la migration vers la nouvelle norme ISO 9001-2015 ; nous préparons les changements pour accueillir cette nouvelle version. Nous sommes très attachés à l’aspect qualité, qui pour nous est la clé de notre réputation.
En septembre, il y a aussi un autre virage : vous allez monter un service un peu différent. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous nous sommes aperçus qu’il y a un besoin du côté des particuliers, auquel nous n’avons pas toujours su répondre. Nous avons fonctionné jusque-là plutôt par opportunisme. Aujourd’hui, nous regardons le marché différemment ; il y a un vrai besoin, et nous avons une valeur ajoutée à apporter : nous sommes donc en train de nous organiser de manière structurelle pour répondre à ce besoin. Nous mettons en place un département qui va s’occuper exclusivement de la partie résidentielle.
Quels sont vos besoins en ressources humaines ? Est-ce un défi pour vous ?
Les ressources humaines sont souvent la clé d’une entreprise. Nous sommes toujours à la recherche des meilleurs ingénieurs et techniciens, et avons une véritable politique de formation en interne. Nous avons des partenariats avec certaines écoles, nous essayons de prendre les gens en stage, et après un processus de sélection, de garder les meilleurs, de les embaucher en CDI et de les accompagner pour une carrière chez nous.
Nous avons toujours besoin de ressources humaines, parfois nous sommes obligés d’aller les chercher à l’extérieur de nos frontières, surtout dans les milieux techniques ; puisque de nouveaux métiers et de nouvelles compétences apparaissent, comme dans les logiciels 3D par exemple. Mais nous insistons beaucoup sur la partie formation ; nous voulons que nos ingénieurs et nos techniciens aient les compétences nécessaires pour assurer la qualité de nos installations.
Quelle est votre vision pour SIPEL à moyen terme ?
L’objectif à moyen terme est de faire de SIPEL une entreprise de classe internationale. Nous avons une vision claire de l’entreprise, nous estimons que le bâtiment est une aventure humaine, et nous avons la prétention d’en faire une réussite. Ensuite, nous voulons moderniser le fonctionnement de l’entreprise et travailler sur l’international. Nous voulons également nous mettre à jour par rapport aux nouvelles technologies et avoir un personnel fidèle pour lequel nous souhaitons développer des projets sociaux, comme la création d’une mutuelle par exemple, ou pourquoi pas créer une cité SIPEL pour nos salariés et mettre en place des assurances maladie pour la protection du personnel. Nous voulons aussi avoir une vision, une dimension, une structure pérenne à l’international. Si nous pouvions déjà être présents dans 2 ou 3 pays dans 2 ans, ce serait un bon début.