ENSBTP : Entreprise Nationale du Bâtiment et des Travaux Publics en Côte d’Ivoire

Kouadio Yao Badou partage son opinion concernant le secteur du BTP et des infrastructures en Côte d’Ivoire et présente l’Entreprise Nationale du Bâtiment et des Travaux Publics, ses avantages concurrentiels, les projets qu’elle a réalisé, sa stratégie en termes de développement et ses objectifs pour 2020.

Interview avec Kouadio Yao Badou, PDG de ENSBTP (Entreprise Nationale du Bâtiment et des Travaux Publics)

Kouadio Yao Badou, PDG de ENSBTP (Entreprise Nationale du Bâtiment et des Travaux Publics)

Comment évaluez-vous la situation actuelle du secteur de la construction en Côte d’Ivoire ?

Pour la période 2017-2020, les perspectives sont positives pour notre secteur qui sera porté par la mise en œuvre du Plan National de Développement (PND) 2016-2020.

La croissance économique du pays fait partie des plus fortes du monde et est essentiellement tirée par le secteur des infrastructures. Donc, jusqu’à maintenant, la situation était aussi favorable, non ?

Certes, mais le secteur a tout de même connu une baisse d’activité entre 2015 et aujourd’hui, ce qui a eu un impact négatif sur le rendement des entreprises du BTP. Les commandes ont diminué et des retards de paiement ont été enregistrés. Mais un début de relance se fait actuellement sentir, ce qui laisse pressentir une évolution positive jusqu’à 2020.

Quels sont les principaux secteurs d’activité de votre entreprise ?

ENSBTP (Entreprise Nationale du Bâtiment et des Travaux Publics) est spécialisée dans la construction de routes et le génie civil. Nous sommes également présents dans le secteur du bâtiment, des travaux maritimes et de l’électricité, ainsi que dans l’exploitation de carrières avec la production d’agrégats de construction.

Quel est pour vous le secteur le plus porteur ?

Le secteur le plus porteur actuellement est celui du BTP, avec notamment la construction de routes, qui représente environ 85% de notre chiffre d’affaires.

Travaux de bitumage de l’échangeur Cocody - Riviera 2 par ENSBTP
ENSBTP : Travaux de bitumage de l’échangeur Cocody – Riviera 2.

Quels sont vos avantages concurrentiels ?

Parmi les entreprises de droit ivoirien, seule ENSBTP propose cette large gamme d’activités. Nos concurrents sont surtout présents dans le secteur des routes et du bâtiment, certains complétant éventuellement leur activité avec des travaux d’électricité, d’autres avec de l’exploitation de carrières. Mais nous sommes les seuls à combiner tout cela, tout en proposant aussi nos services dans le domaine des travaux maritimes.

Pouvez-vous citer certains projets que vous avez réalisés ?

Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises sont créées dans notre secteur, mais très peu résistent sur la durée. En faisant de la qualité notre principal crédo, nous avons réussi à nous imposer.

Dans le domaine routier, notre projet phare est actuellement la construction de la route de Tabou à la frontière du Libéria, une route longue de 28 km, avec des travaux sur 180 m de long. Dans le bâtiment, nous sommes en ce moment chargés de la construction de 17 immeubles de trois étages dans le cadre de l’opération de SYNATRESOR (Syndicat National des Agents du Trésor de Côte d’Ivoire) et avons construit le centre des impôts de Yopougon. Nous avons conduit des projets au Bénin pour la construction de palais de justice. Dans les travaux maritimes, nous collaborons actuellement avec la société marocaine SGTM (Société Générale des Travaux du Maroc) pour la réhabilitation de la baie de Cocody, dont nous avons entamé la deuxième phase. Nous sommes aussi en charge de la réhabilitation de digues du port de San Pedro et avons réhabilité des berges du canal de Vridi au niveau du port d’Abidjan. Dans le secteur de l’électricité, nous sommes impliqués dans le grand projet d’électrification des villages, lancé par le Président de la République, depuis 2015. À cet effet, nous avons effectué des travaux à Gagnoa et dans l’est du pays, dans la région de Bondoukou, où nous continuons de travailler.

Vous avez évoqué des projets au Bénin. Votre activité s’étend donc au-delà de la Côte d’Ivoire ?

Oui, nous avions même envisagé d’ouvrir une agence au Bénin il y a quelques années. Mais le manque d’activité dans ce pays nous en avait dissuadés, c’est pourquoi nous nous sommes repliés sur Abidjan. Nous projetons cependant aujourd’hui de développer un réseau d’agences au Burkina Faso, au Mali et au Bénin, et essayons de répondre à des appels d’offres dans ces pays-là pour pouvoir nous y installer. Cette année, nous avons répondu à deux appels d’offres au Mali, deux au Bénin et un au Burkina Faso.

Lancement des travaux d'aménagement de la baie de Cocody par ENSBTP
ENSBTP : Lancement des travaux d’aménagement de la baie de Cocody en collaboration avec la société marocaine SGTM.

Si vous remportez ces appels d’offres, vous créerez des agences dans ces différents pays pour vous y installer et développer le marché local.

Exactement.

Où se situent vos besoins actuels et quels sont vos défis et votre stratégie, notamment en ce qui concerne la recherche de partenaires financiers ?

Nous souhaitons devenir une entreprise leader en termes de compétence et de qualité des travaux. C’est pourquoi nous nous sommes associés, dans notre stratégie de développement, avec l’entreprise française Charier. Notre objectif est de développer les compétences des ressources humaines et de profiter d’un savoir-faire dans le domaine des travaux maritimes, particulièrement en ce qui concerne les travaux de fondation. Charier a récemment dépêché un expert auprès d’ENSBTP pour nous assister dans toutes nos activités dans ce domaine. Par ailleurs, nous soumettons régulièrement à Charier nos études et analyses pour qu’ils nous donnent leur avis. Sur le plan financier, nous sommes en négociation avec des SGI (Sociétés de Gestion et d’Intermédiation) pour lever des fonds et soutenir notre développement sur le plan de la trésorerie, de l’investissement et de l’équipement.

Votre recherche a-t-elle déjà abouti ou êtes-vous toujours ouverts à diverses propositions de financement ?

Nous restons ouverts aux propositions mais avons déjà entamé une action avec BICICI Bourse, déjà en phase de finalisation. Notre but est de lever 7 milliards de francs CFA pour soutenir notre activité. Le FSA (Fonds de Solidarité Africain) a accepté de nous accorder sa garantie pour 4,2 milliards de francs CFA (sur les 7 milliards recherchés). Nous signerons la convention le 11 juin prochain et rentrerons sur le marché régional pour lever ces 4,2 milliards de francs, avant de compléter ces fonds pour atteindre finalement les 7 milliards de francs CFA.

Quel impact peut avoir votre entrée dans le 3ème compartiment de la BRVM (Bourse Régionale des Valeurs Mobilières) ?

ENSBTP est une PME qui a besoin de renforcer sa visibilité et d’assurer sa stabilité. Nous sommes particulièrement soumis aux aléas conjoncturels. Notre entrée dans le 3ème compartiment de la BRVM nous permet de bénéficier d’un accompagnement au niveau des ressources humaines et du management de manière générale, et de recevoir un suivi rigoureux de nos comptes annuels, ce qui suscite la confiance sur le marché. Nous souhaitons à terme accéder au 2ème puis au 1er compartiment de la BRVM et à la cotation. Cette opportunité offerte aux PME permet de prouver leur fiabilité et de donner confiance aux investisseurs.

Poste de pesage d'Allokoi par ENSBTP
ENSBTP : Poste de pesage d’Allokoi – Autoroute du Nord.

Vous avez obtenu le prix du meilleur promoteur dans le secteur immobilier. Pouvez-vous évoquer les récompenses que vous avez reçues dans le passé ?

Nous avons déjà obtenu plusieurs prix. En 2015 et 2016, nous avons obtenu le 2ème prix d’excellence des entreprises routières. Ces prix sont le fruit de notre travail tourné vers la qualité. Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises sont créées dans notre secteur, mais très peu résistent sur la durée. En faisant de la qualité notre principal crédo, nous avons réussi à nous imposer. Par ailleurs, nous employons un grand nombre de collaborateurs ivoiriens, notre effectif permanent tourne autour de 300 personnes et s’élève à 500-600 personnes, en comptant le personnel occasionnel en période de pleine activité. Ce sont des éléments qui expliquent les récompenses que nous avons reçues.

Quels sont pour vous les objectifs à atteindre d’ici à 2020 ?

Notre objectif est d’avoir en 2020 une entreprise parfaitement stable, performante et rentable. Nous souhaitons poursuivre le renforcement des capacités de notre personnel par la formation, le renforcement de nos moyens de production grâce à du matériel de pointe, et l’amélioration de nos processus de production. D’ici là, nous souhaitons également finaliser le processus de certification ISO de notre entreprise.

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