Mata Holding : Un Jeune Groupe Ivoirien de Distribution en Plein Essor
Aboubakar Sidiki Fofana partage son évaluation du secteur de la distribution en Côte d’Ivoire, et présente le groupe Mata Holding, ainsi que ses différentes activités. Il mentionne également certains défis auxquels il doit faire face et nous parle de sa vision pour le futur de Mata Holding.
Interview avec Aboubakar Sidiki Fofana, PDG du groupe Mata Holding
Quelle est votre évaluation du secteur de la distribution en Côte d’Ivoire, au vu du nombre d’acteurs qui sont venus récemment ? Les supermarchés sont-ils tous pleins ?
Je pense que le secteur de la distribution en Côte d’Ivoire est en plein boum. Les acteurs qui arrivent actuellement ont trouvé leur place. L’ensemble des supermarchés reste assez rempli et visité, ce qui démontre qu’il y a encore des opportunités dans ce secteur. Je reste convaincu qu’avec l’émergence de la classe moyenne que nous constatons au jour le jour, il reste encore de véritables opportunités. Il y a de la place pour tout le monde et, actuellement, c’est un secteur qui mérite que l’on y investisse.
Est-ce dû au fait que cela se formalise et que les marchés traditionnels perdent leur place ? Certes, la population et le pouvoir d’achat augmentent, mais tout un tas de marques arrive. D’où cela vient-il ?
En plus d’offrir le même niveau de qualité et d’être proches de nos consommateurs (dans leur quartier, à proximité de leur résidence), nous apportons aussi un meilleur rapport qualité prix. Notre position est de vouloir mettre à la disposition de la population ivoirienne des produits de très bonne qualité à des prix abordables.
Il y a deux aspects à cela. Il y a effectivement le boum économique de la Côte d’Ivoire qui permet de créer toutes ces opportunités. Mais, il y a aussi, j’en conviens, un aspect de modernisation ou de changement des habitudes d’achat. Au niveau de la distribution, nous constatons déjà nous-mêmes que les Ivoiriens ont commencé à migrer des habitudes d’achat du mode traditionnel vers un mode plus raffiné, plus moderne, dans les supermarchés, dans les surfaces qui leur donnent des gages de qualité et de probité. On comprend donc que cette tendance va se poursuivre et qu’elle permettra de créer d’autres opportunités aux acteurs qui souhaitent investir dans le secteur de la grande distribution vers le moderne. Et donc, on est parti pour une véritable croissance dans ce secteur.
Au sein de votre groupe, vous avez décidé de lancer une chaine de supermarchés. Qu’y trouve-t-on et qu’amenez-vous de différent ?
Tout comme d’autres acteurs, nous avons constaté l’évolution et le changement des tendances au niveau des habitudes d’achat, au niveau des envies des consommateurs, au niveau des exigences des clients, qui souhaitent aujourd’hui pouvoir toucher leurs produits, regarder, faire leur choix. Autrefois, nous avions des épiceries de quartier, où le consommateur restait derrière des grilles, demandait le produit, et recevait le produit demandé sans qu’il n’ait pu choisir. C’est une tendance qui a disparu. Si vous faites le tour des différents quartiers, vous remarquerez que les grilles ont sauté et que les consommateurs ont accès à l’intérieur des boutiques. Nous avons remarqué cette tendance et nous avons compris que nous ne pouvions pas rester en marge de cette évolution. C’est ainsi que le groupe a décidé de s’investir dans ce secteur d’activité en choisissant clairement de demeurer dans la proximité et dans les surfaces de taille moyenne (de 200 à 400 m2 au maximum) et, bien entendu, en offrant à nos clients et à nos visiteurs, des services de qualité, mais aussi, le confort des grandes surfaces.
Comment vous positionnez-vous en termes de tarifs ?
En plus d’offrir le même niveau de qualité et d’être proches de nos consommateurs (dans leur quartier, à proximité de leur résidence), nous apportons aussi un meilleur rapport qualité prix. Notre position est de vouloir mettre à la disposition de la population ivoirienne des produits de très bonne qualité à des prix abordables. Je ne dirais pas moins chers, mais abordables.
Pouvez-vous nous parler du groupe Mata Holding, et de l’origine de la branche « distribution » ? Quels sont vos principaux défis ?
Le cœur de notre métier est la distribution. Il est vrai qu’au cours des dix dernières années, nous avons développé certaines activités connexes pour soutenir cette activité principale, mais celle-ci reste pour nous le cœur de métier du groupe. Nous avons commencé dans la distribution dite « traditionnelle », en implantant des dépôts sur l’ensemble du territoire ivoirien, dans les quinze plus grandes villes de la Côte d’Ivoire où nous avons des représentations, avec des dépôts et des équipes qui, au jour le jour, livrent les produits sur les différents axes qui joignent ces villes.
Nous sommes une société de distribution et à partir de la distribution traditionnelle, nous avons compris quels étaient les défis, et nous avons compris l’évolution du marché, pour nous diriger vers la distribution de détail, en lançant la marque de supermarché Citydia. Les défis sont nombreux dans ce secteur d’activité. Nous voyons l’arrivée de grands groupes comme CFAO, avec Carrefour, ou encore Casino qui est dans une politique d’expansion. Nous savons aussi que d’autres grands groupes sont en train de frapper à la porte du marché ivoirien parce qu’il existe de véritables opportunités sur ce marché. Nous croyons aussi à cette évolution. C’est pour cela que nous nous sommes fixé les objectifs pour cette année 2017, d’atteindre 20 supermarchés sur l’ensemble du territoire ivoirien (nous en sommes déjà à 17). Et d’ici 2020, nous voulons relever le défi de 50 supermarchés de proximité sur le territoire ivoirien. Ce sont nos ambitions. Les défis pour nous demeurent ceux des PME ivoiriennes, et même africaines : l’accès aux financements. Pour atteindre cet objectif, nous avons besoin d’accompagnement financier. Nous sommes en train de réfléchir afin de trouver le meilleur accompagnement possible, au niveau local, comme au niveau international, afin de pouvoir relever ce défi.
Au delà des supermarchés, il y a également d’autres entreprises dans le groupe Mata Holding. Pouvez-vous les présenter ?
Effectivement, il existe aussi d’autres entreprises et d’autres activités dans le groupe. Nous avons notamment créé une société de construction et d’immobilier qui est, elle aussi, en train de prendre ses marques. Il est vrai que sur ces dix dernières années, cette entreprise s’est principalement concentrée à répondre aux besoins du groupe en construisant nos différents dépôts, en aménageant nos différents supermarchés, et en répondant également à nos exigences d’amélioration du cadre de vie de nos employés. Cette entité vise aujourd’hui à sortir de l’espace du groupe pour pouvoir offrir ses services et son expérience de ces dix dernières années à l’ensemble de la population ivoirienne et on offrant déjà un accompagnement sur ce secteur. Cette société s’appelle ICI (Ivoirienne de Construction et de l’Immobilier). La stratégie consistera à répondre à une offre économique. Il y aura certainement également une offre sociale, mais elle sera purement destinée au personnel du groupe. Parce qu’aujourd’hui, notre groupe compte plus de mille employés sur l’ensemble du territoire. Il s’agit donc déjà d’un public à satisfaire assez important. Donc, nous avons une offre sociale qui sera destinée aux employés du groupe. Mais nous nous positionnerons principalement sur une offre économique et de luxe.
Nous sommes également présents dans les domaines du gardiennage et de la sécurité, qui sont des secteurs en pleine croissance. Nous faisons partie des quelques rares entreprises en Côte d’Ivoire à avoir le droit d’exister de façon légale comme société de gardiennage. Il n’y en a pas beaucoup. Il existe de nombreuses sociétés de gardiennage, mais elles ne possèdent pas toutes les dispositions légales pour pouvoir exercer. Nous faisons donc partie de ce comité restreint de sociétés qui ont pu obtenir l’agrément du ministère. Nous sommes une société de gardiennage très bien structurée et organisée, et nous entendons aussi étendre nos activités au-delà des services rendus au groupe. La société de gardiennage et de sécurité se nomme ACS (Assistance Contrôle Service). Nous sommes rentrés dans le gardiennage un peu par accident. Comme je vous l’ai dit, ce n’est pas le cœur de métier du groupe Mata Holding, mais une activité connexe qui soutient aussi d’autres activités du groupe. Au cours des deux premières années de création, le principal client, c’était le groupe. Aujourd’hui, cette société a pris son envol. Elle a pu remporter de nombreux appels d’offres sur le marché et a étendu son champ d’activité en dehors du groupe. Elle est aujourd’hui devenue totalement autonome.
Nous avons aussi créé une société de veille technologique avec de jeunes Ivoiriens, dont certains ont fait des études à l’étranger et sont rentrés, qui se nomme IVT (Ivoirienne de Veille Technologique). Nous disposons de véritables capacités en matière de nouvelles technologies. C’est d’ailleurs cette jeune société qui a installé la vidéoconférence dans les universités de Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, grâce à notre société, certains étudiants ivoiriens peuvent rester à Bouaké, à 400 km d’Abidjan, pour recevoir des cours à partir de l’Université de Cocody. C’est une évolution et l’ensemble des universités est aujourd’hui pourvu de la technologie que nous avons délivrée à l’État de Côte d’Ivoire. Donc, tous ces secteurs d’activité au sein du groupe ont besoin d’un véritable accompagnement pour pouvoir éclore parce que nous en avons la capacité, nous en avons la volonté, et il ne nous manque plus que les moyens pour pouvoir nous étendre.
Enfin, nous sommes également présents dans le domaine de la distribution de tabac. Notre aventure a commencé avec IDT (Ivoirienne de Distribution de Tabac) en 2006. Nous avons la représentation du groupe American British Tobacco. Nous sommes donc le distributeur exclusif sur la Côte d’Ivoire. Nous importons leur marque et nous la distribuons sur tout le territoire. Nous avons connu une forte croissance avec cette entité. Nous sommes partis de marques qui avaient complètement disparu du territoire ivoirien. Aujourd’hui, nous avons conquis une position qui n’est pas loin du leadership sur ce marché, et nous connaissons une forte croissance ces dernières années. Nous entrevoyons que ce secteur restera stable. Nous continuerons à nous développer doucement au sein de ce secteur par le biais de deux actions. Tout d’abord par l’amélioration de notre distribution et notre couverture du territoire pour lequel nous n’avons pas encore atteint l’optimum total. Ensuite, nous assurerons notre croissance par l’amélioration de notre offre dans notre portefeuille de marques qui doit encore devenir optimale. Ce sont donc les deux axes sur lesquels nous allons encore devoir travailler pour pouvoir poursuivre notre croissance sur ce secteur d’activité.
Pour conclure, pourriez-vous nous faire part de la manière dont vous voyez le groupe, qui est en plein essor, dans deux ou trois ans ? Quelle est votre ambition ?
Dans deux ans, nous voulons être le groupe ivoirien de distribution qui dépassera la barre des cinquante millions de chiffre d’affaires et qui exportera le savoir-faire ivoirien en dehors de la Côte d’Ivoire, en s’installant dans les pays limitrophes et en exportant nos connaissances et notre façon de faire.