La Prospérité des Planteurs de Cacao en Côte d’Ivoire : Une Priorité pour ECOM CI

Julien Marboeuf explique quelles sont les tendances actuelles du secteur du cacao en Côte d’Ivoire, et nous parle des activités et des différentes divisions d’ECOM CI, tout en évoquant les avantages concurrentiels de l’entreprise, ainsi que les objectifs à atteindre à moyen terme.

Interview avec Julien Marboeuf, Directeur Pays à ECOM CI

Julien Marboeuf, Directeur Pays à ECOM CI

Quelles sont les tendances actuelles du secteur du cacao en Côte d’Ivoire ?

La Côte d’Ivoire est le plus gros producteur de cacao au monde. L’année dernière, les productions ont battu tous les records. Et, l’année prochaine, il y aura également de fortes productions. L’année dernière, nous avons connu une crise assez importante, avec des prix très élevés au niveau des producteurs, tandis que les cours au niveau du marché mondial se sont écroulés en cours de saison, ce qui a impacté négativement la filière (qui s’organise toujours sur la saison suivante). Nous avons continué d’acheter le cacao très cher et de le revendre à bas prix. Le Conseil du Café-Cacao a été soumis à beaucoup de défauts. Cette année, avant la saison, les dirigeants ont donc décidé d’assainir le marché des exportations. Des mesures ont été prises pour limiter les spéculations, ce qui fait qu’on est passé de 120 exportateurs à 77 cette année, avec un prix producteur qui a baissé de 40%. Le défi sera de vendre l’ensemble de la production qu’on estime à deux millions de tonnes.

Y a-t-il une forte demande au niveau des chocolatiers ?

Nous avons commencé à nous diversifier avec la noix de cajou. Nous en sommes à 15 000 tonnes d’exportation et nous avons des objectifs importants au niveau de cette culture.

Ces dernières années, on entendait beaucoup parler d’une forte demande venant de la Chine et de l’Inde. Mais, finalement, les choses ne se sont pas passées comme prévu, et les ventes de chocolat n’ont pas suivi les normes de croissance que ces pays avaient connu. La demande de productivité qui était forte il y a cinq ans encore, s’est calmée. Il faudra trouver le bon équilibre pour continuer d’augmenter le revenu des planteurs. A ce niveau, les choses sont en train d’évoluer. Il y a cinq ans, on était surtout focalisé sur l’augmentation de la production des planteurs, alors que maintenant on cherche plutôt à permettre aux planteurs d’avoir un revenu durable.

Outre le cacao, exportez-vous d’autres produits ?

Historiquement, ECOM était spécialisé dans le cacao et tout spécialement le cacao certifié. Mais aujourd’hui, on s’est orienté vers d’autres cultures. Nous avons commencé à nous diversifier avec la noix de cajou. Nous en sommes à 15 000 tonnes d’exportation et nous avons des objectifs importants au niveau de cette culture.

Quelle différence y a-t-il entre le cacao et la noix de cajou ?

Le cacao est sur un marché international organisé avec une bourse d’achat des ventes futures. Ce qui n’est pas le cas du cajou où nous sommes encore sur un marché libéral et où les achats et les ventes se décident de gré à gré entre acheteurs et vendeurs. Il y a beaucoup plus de variations de prix en cours de saison. Il y a donc plus de risques avec la noix de cajou.

Quelles nouvelles stratégies développez-vous avec les planteurs ?

Nous avons été les premiers à investir dans les planteurs pour la réalisation et le développement de programmes de certification avec de grands clients. Un programme de certification, c’est apporter au planteur une formation sur les bonnes pratiques agricoles. C’est également assurer la traçabilité du cacao depuis le planteur jusqu’à l’acheteur final. Nous avons développé un réseau de personnes (et de personnel) qui sont auprès des planteurs. Nous avons choisi d’investir dans cette stratégie. Nous sommes dans une stratégie de diversification des activités du planteur pour lui permettre d’avoir plus de revenus. Nous avons créé plusieurs divisions dans ce sens.

ZAMACOM est notre division d’achat. Elle est chargée de fournir l’accès au marché aux planteurs à qui on rachète le cacao ou la noix de cajou.

Notre seconde division, SUSTAINABILITY MANAGEMENT SERVICES (SMS), a pour rôle d’accompagner les planteurs directement. C’est le personnel qui va être à côté des planteurs et qui va assurer les programmes de certification. Concrètement, dans le cacao, cela veut dire de la formation, du conseil, du mapping et du développement de nouveaux produits et services. Pour cela nous sommes en train de mettre en place un nouveau réseau de distribution. Nous allons donc pouvoir vendre des produits de type intrants agricoles, mais aussi des générateurs solaires, des ampoules, des lampes, etc. Nous allons également proposer des services de management de la ferme tout intégrés, comme par exemple des services d’application des intrants agricoles, des services de taille, des services de récolte, etc. Nous envisageons, par ailleurs, d’apporter un appui légal aux planteurs pour qu’ils puissent obtenir leur titre foncier.

Notre troisième division est DOCTEUR PLANTES. C’est une nouvelle division au sein de l’entreprise. On estime que la gestion des intrants agricoles doit être aux mains d’experts. Nous avons donc une équipe d’experts qui recherche le meilleur intrant agricole pour les planteurs. Elle est en charge d’homologuer les nouveaux produits si besoin est, de les importer et de faire de l’information auprès de la division SMS. Vendre un intrant, c’est poser un diagnostic de la plantation et faire les recommandations de produits et de pratiques agricoles ensuite, c’est un travail d’expert.

La quatrième est la division en charge de la logistique. Son rôle est de pouvoir livrer et stocker partout où les planteurs sont. C’est une division qui propose aussi des services logistiques pour des parties tierces.

La cinquième division, qui sera mise en place à partir de l’année prochaine, est un service de microfinance qui sera en charge d’apporter l’ensemble des services financiers nécessaires à la bonne réalisation de toutes ces opérations.

Quel est votre avantage concurrentiel ?

Il y a quelques années, le monde du cacao a été soumis à une réorganisation du système, à l’avantage des planteurs et des processeurs locaux. A l’époque, certaines compagnies, ainsi que de gros exportateurs, ont fait le choix d’investir dans des usines. C’est le cas de beaucoup d’acteurs du monde du cacao, qui se sont développés en augmentant leur capacité de broyage. Nous, nous avons fait le choix d’investir dans les champs. C’est plus difficile mais ça peut avoir beaucoup d’impacts positifs.

Comment vous perçoit-on sur le marché ?

Malheureusement, le marché a une vision assez simpliste des acteurs existants. Il est séparé en trois : il y a des exportateurs locaux issus des compagnies locales, des exportateurs internationaux et les processeurs locaux. La volonté du pays, c’est de développer les exportateurs locaux et les processeurs locaux. Les exportateurs internationaux sont vus comme des entreprises internationales qui font des achats et des ventes à l’international. Nous sommes considérés comme faisant partie de cette catégorie, mais à nous de faire mieux connaitre et reconnaitre le travail accompli auprès des planteurs.

Quels sont les objectifs que vous voulez atteindre à moyen terme ?

Nous axons notre politique sur la prospérité des planteurs. Mais c’est difficile à mesurer. Nous avons mis en place une unité de mesure interne pour cela. C’est que nous appelons le « Ecom Prosperity Ratio ». C’est un produit de différents indicateurs qui va mesurer le revenu des planteurs, leur accès à l’éducation, à l’électricité et à divers produits ou services. Nous créons cet indicateur pour pouvoir mesurer notre impact à travers le temps afin de savoir si nous avons atteint nos objectifs ou pas. D’ici trois ou cinq ans, nous pourrons dire que nous aurons réussi notre challenge lorsque nous verrons un maximum de nos planteurs atteindre le « Ecom Prosperity Ratio ».

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