Industrie Plastique : Société Industrielle et Moderne des Plastiques Africains

Ibrahim Hawili explique quelles sont les tendances du secteur de l’emballage plastique en Afrique de l’Ouest, et présente la SIMPA (Société Industrielle et Moderne des Plastiques Africains), ainsi que ses activités, au Sénégal et en Côte d’Ivoire.

Interview avec Ibrahim Hawili, Directeur Général de la SIMPA (Société Industrielle et Moderne des Plastiques Africains)

Ibrahim Hawili, Directeur Général de la SIMPA (Société Industrielle et Moderne des Plastiques Africains)

Quelles sont les tendances du secteur de l’emballage plastique en Afrique de l’Ouest ? Dans quel environnement évoluez-vous ?

Je travaillais au début dans la sacherie. J’ai vite compris qu’en termes d’environnement, tous ces petits sachets en plastiques seraient à un moment interdits. Je me suis donc lancé dans l’emballage flexible avec le but d’emballer tous les produits pour l’agro-industrie. Quand j’ai commencé, le secteur était vierge. Aujourd’hui, il reste encore beaucoup de place. On voit des entreprises qui s’installent, il y a beaucoup de développements à faire ; c’est un secteur qui regorge d’opportunités.

Y a-t-il de fortes tendances dans le secteur, au niveau mondial ?

En Europe, en Asie, et même dans le monde entier, tout se passe dans le flexible. Le visuel compte beaucoup, et les emballages flexibles coûtent beaucoup moins cher que le carton ou les boîtes. C’est également mieux transportable.

Par rapport aux nouvelles règles environnementales, quelle est la tendance en termes d’emballages ?

Auparavant, tout était importé d’Extrême-Orient, de Chine, d’Inde, de Dubaï ; aujourd’hui, tout peut se faire en Afrique. Nous avons grand espoir de réussir en Côte d’Ivoire.

On accuse toujours l’industrie de pollution. Il faudrait proposer des sachets supérieurs à 30 microns, car ils ne s’envolent pas aussi facilement ; mais peu d’industriels en proposent, on trouve plutôt du 10 ou du 20 microns. Il faudrait également éduquer la population, pour éviter qu’on jette tout n’importe comment.

Ce que nous faisons, c’est du flexible packaging, c’est-à-dire de l’emballage que l’on retrouve dans les ménages. Nous et nos partenaires sommes conscients du problème environnemental, et aujourd’hui, tout ce que nous faisons est recyclé. En Côte d’Ivoire, nous travaillons avec des industries, mais nous voulons aussi emballer des produits tels que le cacao, le café, le chocolat, l’anacarde, etc.

Vous travaillez sur différents secteurs ; pouvez-vous nous décrire ceux qui sont les plus importants pour vous, à la fois en Côte d’Ivoire et au Sénégal ?

Au Sénégal, nous travaillons beaucoup dans l’injection : il s’agit de produits tels que des seaux, bassines, chaises de jardin, caisses à bouteilles, casiers agricoles, etc. Nous avons également une activité de soufflage, pour les bouteilles d’eau ou d’eau de javel par exemple, ainsi qu’une activité de thermoformage, pour tout ce qui est produits jetables, et enfin l’activité extrusion, impression et lamination, qui est l’activité avec le plus de valeur ajoutée ; c’est l’activité que je préfère. Nous sommes en train de la mettre en place en Côte d’Ivoire avec des technologies beaucoup plus performantes.

Vers quoi allez-vous vous diriger dans l’avenir ?

Nous voulons privilégier l’emballage flexible. En Côte d’Ivoire aujourd’hui, il y a beaucoup d’agriculture, beaucoup d’entreprises qui se montent, il y a donc un développement industriel ; notre entreprise a par conséquent l’obligation de fournir les emballages nécessaires aux industries locales. Nous ne voulons plus que les industriels importent ces emballages : auparavant, tout était importé d’Extrême-Orient, de Chine, d’Inde, de Dubaï ; aujourd’hui, tout peut se faire en Afrique. Nous avons grand espoir de réussir en Côte d’Ivoire.

Qu’est-ce précisément qu’un emballage flexible ?

Le flexible est un emballage dans lequel on peut mettre du café sans en perdre l’arôme ; dans lequel on peut mettre des produits alimentaires (chocolat, café, lait en poudre, biscuits, jus de fruits, anacarde, tomate, mangue, etc.) ou des détergents (poudre, javel, etc.).

Quel est votre avantage concurrentiel ? Pourquoi passer par vous plutôt que par quelqu’un d’autre ?

Aujourd’hui, nous n’avons rien à envier aux Européens. Nous avons les mêmes machines qu’en Europe, et nous sommes sur le marché du flexible depuis 2001. Nous nous sommes entourés de très bons techniciens, et nous connaissons très bien notre métier ; mais nous ne nous reposons pas sur nos lauriers, la formation est très importante chez nous. Au moment où je vous parle, certains des cadres de l’entreprise sont en train d’être formés en Europe. Nous sommes dans un perpétuel investissement.

Vous disposez d’un studio de design, afin d’aider vos clients pour le marketing de leurs produits en termes de packaging ; pouvez-vous nous en parler ?

Nous offrons un service complet. Nous avons une salle d’infographie, une salle de design, une salle privée pour les clients qui souhaitent le rester. Ici tout est fait en interne : les cylindres, l’encre, etc. Nous donnons aussi des conseils sur la machine à acheter, les produits à faire, etc. Nous accompagnons nos clients de A à Z.

Pouvez-vous nous décrire le marché concurrentiel ? Avez-vous des concurrents directs ?

En Afrique de l’Ouest, la plupart des emballages sont importés. Au Sénégal, il y avait 100% d’importation, aujourd’hui on est à 10%. En Côte d’Ivoire, le marché est vaste et appelé à se développer. Il y a beaucoup d’importations, mais aussi des acteurs locaux qui se développent. De notre côté, nous ne visons pas seulement la Côte d’Ivoire, mais aussi les pays limitrophes. La Côte d’Ivoire est notre priorité, il y a beaucoup de choses à y faire, mais dans la sous-région également. Nous envisageons même d’exporter vers l’Europe.

Quel serait votre avantage concurrentiel en Europe ?

Il y a des accords avec l’Europe, des APE (accords de partenariat économique) : les Européens amènent de la marchandise ici, et nous pouvons faire de même, pourvu qu’elle soit aux normes. C’est ce sur quoi nous travaillons actuellement.

En termes de normes, ISO par exemple, avez-vous mis en place des processus spécifiques ?

Nous avons un bailleur de fonds, la SFI Banque Mondiale, donc la première priorité est l’environnement. Nous sommes aussi certifiés ISO en termes d’énergie. Pour nous, la qualité est primordiale ; nous avons un « monsieur énergie » qui fait le tour de nos usines ; c’est d’autant plus nécessaire que nous travaillons essentiellement avec le secteur alimentaire.

Envisagez-vous des partenariats, avec d’autres industriels, des financiers, etc. ?

Nous avons de très bons rapports avec les banques avec lesquelles nous travaillons. Des fonds d’investissement nous ont contacté, nous avons discuté avec eux, mais nous avons opté pour de la dette avec la Banque Mondiale SFI. Pour nous développer plus en amont, nous aurons besoin de fonds, mais pour l’instant nous nous concentrons sur la Côte d’Ivoire pour donner plus de valeur à notre groupe.

Etes-vous confiant par rapport au marché ivoirien, notamment face aux événements récents ?

Tout ce qui s’est passé, les mutineries ou la crise post-électorale, c’est malheureux pour la Côte d’Ivoire, parce que le président Houphouët-Boigny avait dit que la paix n’est pas un mot, mais un comportement. La Côte d’Ivoire était connue pour être un pays ouvert, un pays d’accueil. Pour moi, ces événements ne reflètent pas ce qu’est la Côte d’Ivoire. Mais cela ne nous décourage pas : nous sommes en train d’investir 35 millions d’euros dans le pays. La démocratie est en marche ici. J’ai confiance en le peuple ivoirien, et j’invite les investisseurs à en faire de même et à venir saisir les opportunités qu’offre le pays.

Avez-vous des exemples de success stories à nous communiquer ?

Notre entreprise, SIMPA, est une success story en soi ; nous avons démarré en 1991, et avons depuis beaucoup grandi. Il y a néanmoins une histoire que j’aime particulièrement : nous avons commencé par les bouillons en sticks ; nous produisions alors 400 000 bouillons par mois, pour arriver aujourd’hui à 120 millions par mois ; nous travaillons avec le leader du bouillon en poudre sur la côte ouest-africaine, PATISEN, avec lequel nous avons beaucoup développé l’activité. J’espère que l’on fera de même ici en Côte d’Ivoire. Pour le café, nous avons travaillé avec un jeune entrepreneur sénégalais, nous l’avons conseillé sur la machine, les emballages, etc., et aujourd’hui il exporte son café, qui s’appelle Café Touba, même vers les États-Unis. Cela fait plaisir quand l’un de vos clients se développe sur le marché.

Pouvez-vous nous parler de votre initiative envers les petites entreprises et les agriculteurs ?

Le métier de SIMPA, c’est l’emballage. Mais nous constatons aussi que beaucoup de produits alimentaires sont jetés. L’expérience que nous avons eue au Sénégal, et que nous espérons reproduire en Côte d’Ivoire, est de se rapprocher des agriculteurs, pour les aider à mettre en valeur leurs produits ; je peux citer l’anacarde, la mangue séchée, etc. Ça existe déjà, il y a beaucoup de produits à mettre en valeur plutôt que de les jeter. Nous travaillons avec des groupes italiens et sud-américains, uniquement pour ce genre de projets. Un autre exemple : un producteur ivoirien a réussi à fabriquer des chips à base d’igname, qui est un produit local : c’est fabuleux !

Quelle est votre vision pour SIMPA dans 3 ans, quand vous serez bien installés ici ?

Nous sommes aujourd’hui installés au Sénégal, au Mali et en Côte d’Ivoire ; si tout se passe bien, dans 3 ans, ou même avant, nous nous serons étendus vers l’Afrique de l’Est, l’Afrique du Nord ou l’Afrique Centrale. Notre but est d’être leader en Afrique : un grand groupe, avec des jeunes qui vont pousser SIMPA vers le haut.

Il faut faire confiance à l’Afrique, et particulièrement à la Côte d’Ivoire : c’est un pays qui offre énormément d’opportunités, un grand pays dont je suis amoureux.

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