Hautes Etudes Commerciales d’Abidjan : Licence, Bachelor, Master et MBA en Côte d’Ivoire
Laman Koné partage son évaluation du secteur de l’enseignement supérieur en Côte d’Ivoire, et présente HEC Abidjan (Hautes Etudes Commerciales d’Abidjan), ainsi que Gecos Formation. Il mentionne également sa volonté d’établir des partenariats dans le domaine de l’éducation et partage sa vision pour le futur des deux centres.
Interview avec Laman Koné, Président Fondateur de HEC Abidjan (Hautes Etudes Commerciales d’Abidjan)
Comment évaluez-vous le secteur de l’enseignement supérieur en Côte d’Ivoire ?
La Côte d’Ivoire est un pays leader en matière de formation dans la sous-région. Presque tout le monde venait se former en Côte d’Ivoire du temps d’Houphouët-Boigny, et ce jusqu’à aujourd’hui. C’est l’un des pays qui a le plus développé l’enseignement privé. En Côte d’Ivoire, l’enseignement est pris en charge en grande partie par le gouvernement. La plupart des bacheliers sont orientés soit vers l’université, soit vers les écoles publiques, ou soit vers les grandes écoles privées. Chaque année, ce sont 40 000 bacheliers qui sortent des écoles. La première moitié est orientée vers le privé et l’autre partie vers les structures publiques.
Quel est l’impact de tous ces bacheliers sur le système ?
En plus de la qualité de la formation, c’est l’image de notre école qui est mise en avant. Quand vous allez dans une entreprise et que vous dites que vous êtes de HEC Abidjan, les gens savent d’où vous venez.
C’est une charge pour l’Etat en matière d’infrastructures. C’est ce qui a favorisé la création de plusieurs grandes écoles privées, de plusieurs collèges privés et de plusieurs écoles primaires privées, parce que le Président Houphouët a insisté sur la formation. Il y a au moins le tiers du budget de l’Etat qui est affecté à l’éducation et à la formation. C’est un véritable casse-tête pour le gouvernement. Ceux qui sont orientés dans les grandes écoles et universités publiques ont une bourse et sont logés. Les autres, qui sont orientés dans les écoles privées, n’ont pas de bourse mais leurs frais d’inscription et leur scolarité sont pris en charge par l’Etat.
Quel est l’état des grandes écoles privées en Côte d’Ivoire ?
Il y a eu la création de plusieurs institutions comme HEC dans l’enseignement supérieur privé. Mais il y a aussi des pionniers comme Loko et Pigier. C’est depuis 1958 que les premières grandes écoles privées ont été créées en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, nous sommes 247 grandes écoles. Avec les subventions, on assiste à une floraison d’écoles, qui n’est pas forcément contrôlée par le gouvernement. Il y a par exemple des promoteurs d’école qui n’ont aucun diplôme, mais qui construisent des écoles en pensant à l’argent que cela rapporte, d’où le terme “écoles privées boutiques” employé par certains ministres à l’époque.
Présentez-nous Gecos Formation et HEC Abidjan.
Avant de fonder HEC Abidjan, j’étais directeur commercial d’une société informatique qui s’occupait des pharmacies. J’ai découvert qu’une partie de l’économie de la Côte d’Ivoire n’était pas couverte pas l’offre de formation. Et, en 2001, j’ai remarqué que la plupart des étudiants ivoiriens sortaient et allaient se former soit en Europe, soit en Inde, soit au Maroc. Je me suis donc senti interpellé. Selon moi, l’homme doit être un agent de développement. Il doit observer son environnement et voir où il y a des lacunes et des besoins. C’est comme ça que nous avons d’abord créé Gecos Formation, et ensuite un centre d’élite pour les cadres d’un certain niveau, afin qu’ils ne soient pas obligés d’aller se former à l’étranger.
Quelles sont les caractéristiques de HEC Abidjan ?
Nous offrons un package complet aux cadres, c’est-à-dire une solution en termes de formations diplômantes, Master et MBA ; mais aussi une solution en termes de langues, car nous avons des diplômes anglophones et des diplômes francophones. Lorsque les étudiants ou les cadres veulent continuer à se perfectionner, c’est-à-dire renforcer leurs capacités, il leur faut du temps. Nous les avons observé et nous avons vu leurs besoins en termes de formation, de disponibilité et de moyens financiers. Nous avons donc mis en place le e-learning, ainsi que tout un ensemble de solutions pour eux. Nous avons même un laboratoire de langue qui permet aux cadres de faire leur formation en anglais.
Quelles sont les universités internationales avec lesquelles vous travaillez pour pouvoir assurer cette formation ?
Au départ, nous étions partenaires avec l’université fédérale de l’Inde, Indira Gandhi National Open University (IGNOU), et ensuite avec HEC Montréal. Puis la guerre a éclaté en Côte d’Ivoire et les partenaires sont partis. En tant qu’Ivoiriens, nous avons été obligés de rester dans le pays et de continuer le travail. Aujourd’hui, nous sommes membre de deux réseaux d’universités occidentales : la Fédération Européenne des Ecoles (FEDE) dont le siège est à Lyon en France et qui regroupe 300 écoles francophones ; et l’Association of Business Executives (ABE) qui regroupe 200 universités anglophones. Ces réseaux donnent plus d’ouverture aux étudiants qui s’inscrivent chez nous. Nos étudiants peuvent continuer leur cursus en Angleterre, aux Etats-Unis, en Australie, en France, en Suisse, etc.
Quels sont les diplômes que HEC délivre ?
On part du Bac jusqu’à la licence et de la licence au master. Nous délivrons aussi le bachelor et le MBA francophone comme anglophone. Généralement dans les domaines de la gestion, de la finance, de l’audit, des ressources humaines, du développement durable, et de la gestion hôtelière, entre autres.
Quels avantages avez-vous par rapport à vos concurrents ?
Quand on arrive dans toute école, il y a deux choses importantes dont il faut tenir compte. Il y a d’abord la qualité de la formation et des enseignants, et ensuite la notoriété. Nous communiquons sur l’image de notre école. En plus de la qualité de la formation, c’est l’image de notre école qui est mise en avant. Quand vous allez dans une entreprise et que vous dites que vous êtes de HEC Abidjan, les gens savent d’où vous venez.
Pouvez-vous nous donner votre palmarès international ?
Nous sommes présents au Congo Brazzaville, et nous sommes en négociation avec les autorités de la Guinée Equatoriale pour implanter une école là-bas.
Quel genre de formations offrez-vous au Congo ?
Au Congo, nous proposons les mêmes formations que celles que nous offrons en Côte d’Ivoire. Nous avons beaucoup développé les formations en e-learning. Les cours sont dispensés à partir d’Abidjan et sont suivis par des travailleurs et des jeunes gens au Congo, car le master n’est pas très développé dans ce pays.
Parlez-nous des filières que vous avez à HEC Abidjan ?
Tous les cours des filières que nous avons à HEC en master et en licence sont dispensés en e-learning, que ce soit dans les domaines du marketing, des finances, des banques, du développement durable, etc. Vous pouvez suivre le cours en temps réel et vous pouvez poser des questions à l’enseignant, qui vous remet les cours en PDF afin que vous puissiez les lire et les imprimer. L’enseignant est un facilitateur.
Des partenariats dans différents domaines pourraient-ils vous intéresser ?
Nous sommes à la recherche de partenaires techniques et financiers pour développer une école dans le domaine de l’agriculture dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, et plus précisément dans le Tonkpi. Cette région a la meilleure qualité de riz, d’ananas, d’huile de palme et de café. Je suis en train d’acquérir un espace à Man pour développer cette école agricole, qui serait spécialisée dans ces produits d’excellence. Nous voulons créer une école intégrée, allant de la formation à l’installation. L’idée est de proposer des formations qualifiantes dans les domaines agricoles, machinistes et autres, pour permettre aux jeunes de s’installer. C’est mon vœu.
Quelles sont vos priorités pour développer votre école ?
Nous sommes une école privée. Nous sommes à la recherche d’étudiants et d’auditeurs qui ont envie d’aller à l’école et qui ont envie de fréquenter une école de renom. Nous avons deux groupes d’étudiants, ceux qui font les diplômes nationaux et ceux qui font les diplômes internationaux. Ceux qui font les diplômes internationaux ont des parents aisés qui sont des propriétaires d’entreprises et des hommes politiques. Ils essaient d’aider leurs amis des diplômes nationaux à trouver du travail. Il y a une dimension sociale à cela.
Dans trois ans, comment voyez-vous l’avenir de HEC Abidjan et de Gecos Formation ?
Mon souhait le plus ardent, d’ici trois ans, c’est d’avoir un espace pour regrouper HEC Abidjan et Gecos Formation en une sorte d’institut polytechnique de gestion et autres, de préférence à Bingerville. Gecos Formation se trouve à Yopougon. La stratégie qui avait été adoptée était de créer une grande école dans la plus grande commune de Côte d’Ivoire, qui fait près de deux millions d’habitants. Nous voulions aller vers les jeunes ayant moins de moyens pour qu’ils n’aient pas à se déplacer pour venir au Plateau ou à Cocody et aller à Marcory. En tant que promoteur d’école, nous jouons un rôle de développement à notre niveau, afin de permettre aux jeunes des quartiers plus éloignés d’accéder aux grandes écoles.
Avez-vous un message particulier ?
Je voudrais lancer un message à l’endroit du gouvernement. Ce qui bloque l’enseignement supérieur en Côte d’Ivoire, c’est l’orientation. Nous demandons au Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, ainsi qu’au Ministre de l’Éducation Nationale, de donner des chèques formation aux étudiants et de leur permettre d’aller dans les écoles de leur choix. Cela se fait dans d’autres pays. Beaucoup de fondateurs ne font pas d’efforts de qualité, ce qui est logique quand on sait qu’on peut aller au ministère et avoir l’effectif qu’on veut. C’est de la tricherie. C’est dommage pour la Côte d’Ivoire, qui était la destination de plusieurs étudiants de la sous-région, et qui a aujourd’hui pris un grand retard là où elle était en avance sur de nombreux pays.
EN SAVOIR PLUS :
SITE WEB : www.hecabidjan.ci
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