Seen Hotel Abidjan : Le Renouveau de l’Hôtellerie Africaine par Nicolas Froger

Interview avec Nicolas Froger, Directeur Général de Seen Hotel Abidjan

Quel est votre point de vue sur le secteur de l’hôtellerie en Côte d’Ivoire ?

La Côte d’Ivoire a retrouvé la place qu’elle avait perdu à la suite des crises de 2000 et de 2011. C’est le poumon économique de l’Afrique de l’Ouest francophone. Au niveau de l’agriculture, la Côte d’Ivoire est le premier producteur de cacao. Toutes les compagnies aériennes telles que Corsair et bien d’autres sont revenues. Les grandes enseignes françaises sont aussi présentes. Economiquement, les choses se portent bien, et il y a même une classe moyenne ivoirienne qui s’est créée. Le marché de l’hôtellerie connaît un bel essor. On manque de chambres à Abidjan. Des hôtels comme Seen Hotel, Radisson et Azalaï viennent d’ouvrir. Les hôtels déjà présents, comme le Novotel et le Pullman, ont entrepris des projets de rénovation. C’est une ville de 6 millions d’habitants, et nous sommes très confiants en l’avenir. Nous venons d’ouvrir depuis quelques mois et nous avons des taux d’occupation mensuels de plus de 60%. Les prévisions pour la fin de l’année et le début de l’année prochaine sont très bonnes. Il y a beaucoup de grands évènements qui se passent actuellement à Abidjan, comme par exemple le Sommet Union africaine-Union européenne. De plus, plein de grandes entreprises viennent faire des séminaires.

Comparé aux autres hôtels, qu’offrez-vous de différent ?

En plus de veiller aux prestations de service et à la bonne commercialisation de l’établissement, nous voulons atteindre un taux de remplissage de 80% par an.

Nous avons un design propre, très moderne, très trendy. Nous voulons proposer à la clientèle des choses que les autres ne proposent pas, ou pas encore. Nous avons une chambre particulière avec une salle de bain décloisonnée. Ce sont de nouveaux concepts pour le marché africain. Nous sommes interconnectés en permanence. Nous utilisons des matériaux de communication de dernière génération, comme le système Air Media, qui vous permet d’afficher le contenu de votre tablette, téléphone portable ou ordinateur sur un écran TV. Au niveau des uniformes, ce n’est plus le pantalon noir, la chemise blanche et le nœud papillon. Nous donnons une touche design qui diffère du classique que nous voyons dans les hôtels 3, 4 et 5 étoiles des villes européennes et d’ailleurs.

En termes de services, que proposez-vous ?

Nous avons un hôtel avec 149 chambres dont 7 suites. Nous avons un centre de réunion de 151 m2 qui se subdivise en 5 salles. Nous avons un restaurant-bar avec une terrasse. Nous avons aussi une salle de fitness. Nous sommes également idéalement situés, au Plateau, à la sortie du pont Houphouët-Boigny. Nous sommes juste à côté de banques comme la BAD (Banque Africaine de Développement), la SGBCI (Société Générale de Banques en Côte d’Ivoire), ou encore la BICICI (Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie de la Côte d’Ivoire). Nous sommes également tout près de la Présidence de la République. Nos clients peuvent aller à leurs rendez-vous à pied, sauf si les conditions climatiques ne le permettent pas. Nous sommes au cœur du centre économique de la capitale et à 17 kms de l’aéroport.

Que proposez-vous aux entreprises en termes de partenariats et autres ?

Nous proposons une prestation hébergement avec restauration. Nous proposons des tarifs négociés avec les entreprises. Plus le volume est important, plus le tarif est intéressant. C’est le principe de l’offre et de la demande. Nous sommes en collaboration avec presque tous les établissements bancaires comme la SGBCI et la BICICI, mais pas avec les compagnies aériennes. Air France travaille depuis toujours avec le groupe Accor. Radisson est à côté de l’aéroport est presque toutes les compagnies aériennes se sont installées là-bas.

Comment êtes-vous vu sur le marché ?

On est connu comme un produit nouveau. Seen Hotel fait partie du nouveau groupe panafricain dont les investisseurs sont Ivoiro-Sénégalais. Les gens apprécient l’hôtel pour le mobilier, le choix des matériaux de construction et les équipements. Nous sommes restés sur les objectifs que nous nous sommes fixés. Nous avons fait une bonne rentrée. Nous avons été aidés par l’organisation des 8èmes Jeux de la Francophonie à Abidjan. Nous avons une bonne prévision sur le dernier trimestre et je pense que l’envol est en train de se faire. Nous avons passé la phase officielle avec l’ouverture de l’hôtel par le Vice-Président de la République de Côte d’Ivoire en juillet dernier. Nous venons d’atteindre notre vitesse de croisière, et nous espérons nous rapprocher des 100% d’occupation mensuelle le plus rapidement possible.

Les investisseurs sont Ivoiro-Sénégalais. Pensez-vous que ces derniers cherchent à intégrer d’autres investisseurs ?

Le promoteur est le groupe Teyliom qui a été fondé par Yérim Sow qui réside à Dakar et qui a à la fois la nationalité sénégalaise et ivoirienne. Il a commencé sa carrière dans la téléphonie. Il est actionnaire de MTN à 8 ou 9%. De la téléphonie, il s’est orienté vers le mobilier. Il a construit de nombreux bâtiments à Dakar, Bamako et Abidjan. Il a investi aussi dans la banque avec Bridge Bank, et dans l’agro-alimentaire avec CBC (Continental Beverage Company). Et depuis 10 ans, il a créé une filiale : Teyliom Hospitality. Le groupe a construit le Radisson à Dakar où il est propriétaire des murs. Toutefois, le groupe a confié la gestion à Radisson. Dernièrement, Yérim Sow a créé sa propre entreprise, Mangalis, qui est basée à Barcelone. Mangalis a trois marques : Noom pour le haut de gamme, Seen pour le moyen de gamme et Yaas pour les budgets plus modestes. Il y a un Noom qui a ouvert à Conakry au mois d’août 2016 ; un Yaas qui a ouvert à Dakar en décembre 2016 et le Seen Abidjan a ouvert en 2017. Il y a d’autres projets qui sont en construction et qui devraient ouvrir d’ici l’année prochaine. Il y aura des Noom à Cotonou, à Abidjan, à Pointe-Noire, à Brazzaville, à Niamey et à Freetown. Le groupe Teyliom envisage d’avoir une trentaine d’établissements hôteliers en propriété ou en contrat de gestion d’ici cinq ans sur l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique de l’Est, l’Afrique Australe et peut-être même le Maghreb.

Etes-vous ouvert à des partenariats ?

Le groupe Teyliom cherche des partenariats pour tous les projets à venir. Plus les projets seront importants, plus Teyliom aura besoin d’autres partenaires pour les mener à bien.

Quels sont les objectifs de Seen Hotel Abidjan d’ici deux à trois ans ?

Nous voulons atteindre le seuil de rentabilité le plus rapidement possible. Quand des personnes mettent 13 milliards dans un établissement, elles attendent un retour sur investissement. En plus de veiller aux prestations de service et à la bonne commercialisation de l’établissement, nous voulons atteindre un taux de remplissage de 80% par an, comme les autres grands hôtels qui nous ont précédés à Abidjan.