Bruno Kone: Technologies de l’Information et de la Communication en Côte d’Ivoire

Bruno Kone, Porte-parole du Gouvernement de Côte d’Ivoire, dresse le bilan du pays, de 2011 à aujourd’hui. Il parle également de son rôle de Ministre de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication, et insiste sur l’importance des TIC pour le développement de la Côte d’Ivoire.

Interview with Bruno Nabagné Kone, Ministre de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication de Côte d’Ivoire et Porte-parole du Gouvernement

Bruno Nabagné Kone

De façon générale, quel bilan pouvez-vous faire de 2011 à aujourd’hui sur la marche de la Côte d’Ivoire?

Il me serait difficile de vous faire un bilan complet en quelques minutes. Ce que vous devez retenir, c’est que la Côte d’Ivoire a retrouvé la paix et la sécurité, sur toute l’étendue du territoire. Notre pays a renoué avec la croissance économique avec des taux de croissance au dessus de 9%, depuis ces trois dernières années. De – 4.7% à la fin 2011, nous sommes passés à 9.7% et à 9.1% en 2013. Pour 2014, nous escomptons un taux au-dessus de 9%. Partout dans le pays, des projets de développement sont en cours de réalisation.

Les TIC constituent un secteur transversal qui impacte fortement tous les autres secteurs de l’économie. Nous sommes convaincus qu’avec les TIC, nous serons en mesure d’impulser plus de dynamique aux secteurs de l’éducation, de la santé, de l’économie, de la gouvernance de l’état, de la justice, de l’agriculture, etc. Notre ambition,est de relever la maturité économique de notre pays.

 

Nous avons rattrapé le retard accusé au niveau de la production agricole. La Côte d’Ivoire est revenue au 2ème rang des producteurs de palmier à huile. Nous sommes le 1er producteur d’hévéa, nous avons produit, pour l’année 2013, 400 000 tonnes de coton alors que pendant la crise, nous étions sous la barre des 100 000 tonnes. La production de cacao continue d’augmenter avec plus de 1 500 000 tonnes. Nous avons accru la production de riz, etc.

Au niveau de la gouvernance, notre pays est cité en exemple. Il y a quelques jours, les marchés financiers ont salué la bonne gestion de l’économie ivoirienne en lui attribuant la note B1 qui est celle des pays tels que le Sénégal et le Kenya, qui n’ont pas connu de crise aussi forte que la nôtre.

Vous vous appuyez sur le côté agricole et c’est très important puisqu’une des forces de la Côte d’Ivoire c’est en fait son tissu agricole, et sa population qui reste ancrée dans les régions, et qui ne va pas tout simplement dans la capitale, et qui permet d’envisager peut être un développement sur le long terme et peut être une baisse du chômage et une réduction de la pauvreté.

Absolument, la Côte d’Ivoire est d’abord un pays agricole. Notre génération a grandi avec une phrase qui revenait en boucle et qui disait que l’économie de ce pays repose sur l’agriculture, qui représente plus de 30% de notre produit intérieur brut (PIB). Ce secteur emploie plus de 4 millions de personnes. Cette crise a créé un très grand nombre de pauvres, puisque nous avions un taux de pauvreté de l’ordre de 48% à la sortie de la crise. Et malheureusement beaucoup de ces pauvres viennent du monde agricole. Aujourd’hui, avec les efforts du gouvernement de Président Alassane Ouattara, tous ceux-là sont en train progressivement de sortir de cette pauvreté. En effet, des mesures vigoureuses ont été prises par l’état pour protéger et garantir les revenus des paysans. C’est le cas pour le café et le cacao, produits pour lesquels, 60% du prix CAF international rentre directement dans la poche du paysan. Ce qui n’était pas le cas par le passé. Le coton et l’anacarde, produits phares du nord, ont également bénéficié de ces mesures. Ce qui explique que la Côte d’Ivoire soit aujourd’hui deuxième producteur mondial de noix de cajou derrière l’Inde que nous allons probablement dépasser dans quelques années.

Et puis encore dans le développement de l’infrastructure?

Evidemment, tout cela n’aurait pas complètement marché si parallèlement, les mesures n’étaient pas prises pour mettre à niveau et créer de nouvelles infrastructures. Et puis la construction d’infrastructures permet de donner du dynamisme à l’économie dans la mesure où cela permet de créer des emplois, de distribuer des ressources, d’assurer de meilleures conditions de circulation, etc. En un mot, tout cela permet de donner plus de vigueur à notre économie.

Revenons, maintenant, à votre secteur d’activité, c’est-à-dire les Technologies de l’Information et de la Communication. Il y a deux, vous m’aviez dit que votre mission était de faire des TIC, un outil de développement. Faire en sorte que l’internet soit utilisé dans les secteurs comme le commerce, la diffusion de l’information, etc. Alors, qu’en est-il aujourd’hui?

C’est exact. Il s’agit d’un processus qui, à l’époque, venait de démarrer, et que nous poursuivons. Aujourd’hui notre ambition demeure inchangée, c’est-à-dire faire des TIC un catalyseur de l’économie ivoirienne, faire des TIC un accélérateur du développement de notre pays. Les TIC constituent un secteur transversal qui impacte fortement tous les autres secteurs de l’économie. Nous sommes convaincus qu’avec les TIC, nous serons en mesure d’impulser plus de dynamique aux secteurs de l’éducation, de la santé, de l’économie, de la gouvernance de l’état, de la justice, de l’agriculture, etc. Notre ambition,est de relever la maturité économique de notre pays.

A l’époque, vous nous disiez que vous avez pris un peu du retard dans le déploiement de l’internet et dans son appropriation par la population ivoirienne. Qu’est-ce que vous en pensez aujourd’hui?

Depuis quelques années, beaucoup a été fait sur tous les plans. Nous avons commencé par réorganiser et moderniser le cadre règlementaire du secteur. Cela nous a permis de créer trois nouvelles structures aux missions précises : l’Autorité de Régulation des Télécommunications/TIC (ARTCI), l’Agence Ivoirienne des fréquences Radioélectriques (AIGF) et l’Agence Nationale du Service Universelle des Télécommunications/TIC (ANSUT). Par ailleurs, nous avons adopté trois lois spécifiques dont la première sur le commerce électronique, la deuxième sur la sécurité des réseaux et services et la lutte contre la cybercriminalité, et la dernière sur la protection des données à caractère personnel. Nous avons pris une loi sur le secteur de la poste en remplacement de celle de 1976. Toujours au niveau de la poste, nous avons adopté un plan de restructuration de La Poste de Côte d’Ivoire, l’entreprise publique qui était jusqu’à maintenant en charge de la gestion du service universel de la poste.

Nous avons pris d’autres mesures qui sont peut-être de moindre envergure mais qui sont importantes, c’est premièrement la création de points d’échange internet, qui permettent aujourd’hui à tous les internautes, aux ISP de faire des économies sur les coûts de bande passante.

Au plan des infrastructures, la Côte d’Ivoire dispose aujourd’hui de deux câbles internationaux, alors qu’au moment où nous parlions, il y a un an, nous n’en avions qu’un seul. Cela a permis d’augmenter nos capacités et de réduire les coûts. Nous avons également pour ambition de construire un backbone national en fibre optique de 7000 Km, dont 2000 Km sont pratiquement en train d’être réceptionnés. Toujours au niveau des infrastructures, nous pouvons parler de la 3G qui a été lancée en 2012. Au moment où nous arrivions aux affaires, l’essentiel de l’internet celui des technologies fixes, et nous avions à peine une centaine de milliers d’abonnés. Aujourd’hui avec 20 millions d’abonnés à la téléphonie mobile, nous avons un potentiel important de personnes ayant la possibilité, si elles le veulent,de se connecter à internet. C’est donc une vraie opportunité, et il était pour nous extrêmement vital, dès notre arrivée, d’autoriser la 3G et de permettre que la majorité des ivoiriens puisse avoir accès à l’internet via la téléphonie mobile.

Nous œuvrons aussi à la modernisation de l’administration publique en mettant à la disposition de l’état des solutions lui permettant d’être plus performant dans son fonctionnement interne, et d’offrir des services de meilleure qualité à la population via le service TIC. À ce niveau aussi, deux projets très importants sont en cours de réalisation. Le premier est pratiquement à maturité puisqu’aujourd’hui nous avons un intranet gouvernemental qui fonctionne parfaitement, grâce à des serveurs de très grandes capacités, des liaisons en fibre optique, des applications, etc. Le deuxième projet démarre cette année avec la possibilité d’offrir des services via les TIC.

Nous avons enfin la mission d’accompagner l’état dans le développement d’une expertise nationale en matière de TIC, ce qui nous a amené à créer l’école supérieure africaine de TIC (ESATIC) qui forme depuis deux ans des ingénieurs et des cadres de haut niveau recrutés parmi les meilleurs bacheliers de la Côte d‘Ivoire.

Aujourd’hui, quels sont vos défis majeurs?

La priorité, c’est véritablement développer du contenu adapté aux besoins locaux. Aujourd’hui nous estimons qu’il y a des besoins dans tous les secteurs d’activités, dans l’agriculture, l’éducation, la santé, la justice, la construction, l’état civil, etc. Si nous sommes capables de mettre à la disposition des populations des solutions qui règlent leurs problèmes concrets, elles viendront naturellement vers les TIC.

Pouvez-vous donner quelques exemples de ce que vous êtes en train de faire en ce moment? Quels liens les populations ont-elles avec les TIC?

Prenons l’exemple du secteur éducatif: nous avons interconnecté les universités et mis en place des solutions de télé enseignement. Il est possible à un enseignant d’Abidjan d’enseigner à des étudiants qui sont à Yamoussoukro, Daloa, Korhogo, etc. Nous répondons ainsi à une problématique concrète qui est celle de l’insuffisance d’enseignants et d’amphithéâtres, etc. Par la même occasion, nous donnons la possibilité à nos étudiants d’accéder aux cours en ligne en permanence. Dans le secteur de la santé, le gouvernement a l’ambition de lancer en 2015 la couverture maladie universelle qui offre la possibilité à tous les ivoiriens de se soigner plus facilement. À ce niveau, nous avons mis en place un projet pilote interconnectant un centre de santé rural, un centre de santé urbain, un centre hospitalier régional, et un centre hospitalier universitaire. Nous comptons étendre ce projet dès l’an prochain. Pour l’état civil, il s’agira de permettre à tout citoyen de disposer, par demande en ligne, de ses pièces administratives, quel que soit l’endroit où il se trouve. La liste est longue des améliorations qu’il est possible d’avoir grâce aux TIC.

En guise de conclusion, quelle est votre vision du développement à long terme pour la Côte d’Ivoire, en 2015 puisqu’il y aura les élections ?

Notre vision s’inscrit dans celle que le chef de l’état a lui-même affiché, qui est de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020. Une Côte d’Ivoire émergente en 2020, évidemment c’est un grand nombre d’évolutions dans tous les secteurs d’activités. C’est notamment doubler le revenu par habitant qui est à ce jour autour de $2000. Cela est possible si l’on se base sur les taux de croissance que nous avons connus au cours des trois dernières années, et qui sont au-delà de 9%. Cela nécessite que la production nationale croisse, que notre économie soit plus dynamique, que cette économie crée plus d’emplois, que la gestion de l’état soit plus performante, etc. Je pense que tous les ivoiriens s’inscrivent dans cette perspective, y compris ceux qui ne partagent pas la vision du pouvoir actuel. Il est important pour cela que nous soyons en paix, que nous ayons la sécurité

Je n’ai pas de craintes particulières par rapport aux élections de 2015, qui devraient bien se passer, et qui sans aucun doute, donneront un second mandat au Président Alassane Ouattara, pour lui permettre de réaliser son ambition d’une Côte d’Ivoire émergente à l’horizon 2020.

 

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