GNA Assurances : Génération Nouvelle d’Assurances en Côte d’Ivoire

Ibrahima Cherif présente les activités de GNA Assurances (Génération Nouvelle d’Assurances Côte d’Ivoire), une société qui, en plus des produits traditionnels d’assurances dommages, propose des produits spécifiques aménagés pour les catégories socio-professionnelles : le monde agricole, les commerçants, le monde scolaire, etc. La branche caution, soutien indispensable pour le développement des activités économiques, est également proposée.

Interview avec Ibrahima Cherif, Directeur Général à GNA Assurances (Génération Nouvelle d’Assurances Côte d’Ivoire)

Ibrahima Cherif, Directeur Général à GNA Assurances (Génération Nouvelle d'Assurances Côte d'Ivoire)

Quelles sont les grandes tendances du secteur des assurances en Côte d’Ivoire ?

Le marché devient attractif depuis quelques années. Beaucoup d’opérateurs intègrent le marché par le biais de création d’entreprises nouvelles en Côte d’Ivoire ou par le biais de prises de participations majoritaires dans les entreprises déjà existantes. C’est ainsi que Saham est arrivé en Côte d’Ivoire et a pris le contrôle du plus gros opérateur du marché. Il y a d’autres entreprises marocaines qui ont pris des participations majoritaires et qui contrôlent désormais des opérateurs importants du marché. Il y a également des compagnies qui sont créées aujourd’hui de telles sortes qu’elles tentent de prendre le contrôle du marché. Ce qui inquiète ceux qui sont là.

Quelles sont les assurances qui sont les plus en développement en Côte d’Ivoire ?

Nous observons un développement fulgurant des assurances vie. Par contre il n’y a pas d’investissements importants faits au niveau des assurances dommages et biens, qui est un volet moins dynamique. Sa croissance est extrêmement limitée par rapport à celle des assurances vie, qui sont des actes d’épargne et de prévoyance pour la population. C’est une prise de conscience des gens. La Côte d’Ivoire est le premier marché de la CIMA (Conférence Interafricaine des Marchés d’ Assurances). Ces dernières années, il y a eu une croissance de 8 à 10%, portée essentiellement par le développement de l’assurance vie.

Quels sont les domaines dans lesquels vous intervenez et quelle est la valeur ajoutée ?

GNA Assurances (Génération Nouvelle d’Assurances Côte d’Ivoire) opère dans l’IARD (Incendie, Accidents et Risques Divers), c’est-à-dire l’assurance dommage en général. En plus des produits classiques, l’automobile, l’incendie et autres, nous intervenons dans un domaine réservé : la caution et l’agriculture. Tout le monde s’en méfie. Il semble que la caution est un risque dangereux parce que ça a fait beaucoup de victimes par le passé.

Qu’est-ce que l’assurance caution ?

Nous voulons être ce genre de société, qui se bâtit à partir de compétences locales, qui applique les règles, qui se développe, qui gagne de l’argent, qui offre des emplois et qui rayonne sur la Côte d’Ivoire et essaie de le faire dans d’autres pays.

C’est une assurance qui est destinée à soutenir un investisseur qui veut engager un certain nombre d’investissements. Par exemple vous détenez un marché, votre co-contractant vous demande de fournir une caution pour garantir la bonne fin ou le bon démarrage de cette opération. Il vous fait une avance de 30% du marché. Pour être sûr que vous n’allez pas disparaitre avec les fonds, il vous demande un assureur qui accepte de garantir et qui sera chargé de restituer les fonds si le projet n’arrive pas à terme. Cela demande une étude minutieuse des clients. Nous étudions de très près le client potentiel. Nous étudions son passé dans le business qu’il veut faire, sa capacité à honorer ses engagements aussi bien au niveau technique qu’au niveau financier. Il y a beaucoup plus de risques que dans une assurance classique. C’est d’ailleurs pour cette raison que les banquiers sont extrêmement regardants sur cet aspect. Ils le font dans des conditions décourageantes pour l’investisseur. Nous, GNA, nous le faisons avec deux ou trois autres assureurs, pas plus. Ce business nous a coûté beaucoup d’un côté, de l’autre côté, ça nous a appris à le maitriser de sorte que nous gagnons aujourd’hui de l’argent à travers lui.

Parlez-nous du risque agricole.

C’est l’assurance des plantations de façon générale et des activités agro-pastorales : l’agriculture, l’élevage et la pêche. A l’époque, il y avait une seule compagnie d’assurance qui le faisait. Aujourd’hui, c’est encore limité à un nombre restreint de compagnies.

Pourquoi prenez-vous des risques là où les autres assurances ne le font pas ? Quelle est la valeur ajoutée que cela vous apporte ?

GNA signifie Génération Nouvelle d’Assurances. Notre mission, c’est porter l’assurance de toutes les générations. Nous sommes dans un pays où l’économie repose sur l’agriculture. Il serait dommage qu’on passe en silence tout un pan de cette activité qui est le fondement du développement de la Côte d’Ivoire. On attend que le produit soit prêt, c’est-à-dire que le café et le cacao soient sur les bateaux et les usines pour les assurer. Pourquoi ne pas assister les planteurs dans les exploitations et les champs vu qu’il y a des risques d’incendies de plantations et des risques liés au climat ? Nous faisons l’assurance autrement que ce que l’on observe.

Comment faites-vous pour limiter les risques ?

Ce sont des risques qui existent déjà et nous le faisons différemment en insistant sur la petite observation des techniques de notre métier. Beaucoup d’assureurs, du fait de la concurrence, se soucient peu des fondements techniques du métier. Résultat : il y a eu une hécatombe sur ce marché. En 20 ans, j’ai vu disparaître une dizaine de compagnies d’assurance. Faillite et retrait d’agrément par suite d’incapacité à faire face aux engagements. Cela nous interpelle. Nous insistons sur la stricte observation des règles quid à avoir un développement plus mesuré.

Quel est le risque le plus rémunérateur ?

Le risque le plus rémunérateur pour nous en termes de résultats techniques est la caution. Nous avons perdu beaucoup d’argent parce qu’on ne prenait pas en compte les considérations techniques. Depuis qu’on le fait avec rigueur, nous gagnons de l’argent. Mais notre souhait, ce n’est pas de pousser à un développement important de ce risque, il faut le limiter parce que le risque existe toujours. Nous voulons développer les autres branches, notamment l’automobile et l’incendie. Il faut suivre le marché. Le parc automobile ivoirien se développe de façon rapide avec la croissance. C’est également une assurance obligatoire. Nous voulons le faire en restant proche des normes techniques pour ne pas perdre de l’argent. Nous voulons aussi développer d’autres risques via nos courtiers.

Etes-vous intéressé par des investisseurs ou des partenaires ?

C’est une priorité pour le conseil d’administration qui souhaite s’orienter vers une ouverture du capital par rapport à l’actionnariat actuel dans la perspective du développement de la société. Il s’agit de créer des synergies et d’apporter des compétences nouvelles à l’entreprise qui vont être le gage d’un développement futur harmonieux pour affronter un marché de plus en plus concurrentiel. La Côte d’Ivoire est le seul marché sur lequel opère la société. Elle est appelée à s’ouvrir dans la sous-région. Il est important de s’ouvrir à des institutions financières et à d’autres groupes qui vont accompagner le développement de la société.

A quel genre d’institutions voulez-vous vous ouvrir ?

Nous voulons nous ouvrir à des banques de développement. Il y a des fonds d’investissement qui peuvent intervenir.

Quelle est votre priorité du moment ?

Notre priorité, c’est la relance commerciale de la société. Une relance dans le strict respect du métier. La pérennité est garantie par le respect des normes. Le chiffre d’affaires est certes important pour une entreprise pour porter les charges. Il faut booster son chiffre d’affaires mais avec des affaires saines qui vous apportent très peu d’engagements au niveau des risques. D’où la nécessité de procéder à une stricte sélection des risques que nous faisons. Tous ceux qui sont allés loin dans ce métier ont dû passer par là. Les géants de la place n’ont pas transigé avec les normes techniques. Par le passé, nous avons accepté des choses qu’on n’aurait jamais accepté ailleurs. Il y a des entreprises qui faisaient deux fois notre chiffre d’affaires et qui ont disparu. Tout cela nous interpelle. Une compagnie d’assurance qui disparait, c’est un drame au niveau des assurés et des victimes à indemniser qui attendent. Il y a des milliards d’engagements que les assureurs ont envers leurs assurés. Par exemple, pour leur permettre de se soigner et d’assurer l’avenir de leurs enfants. C’est aussi des impôts qui n’iront plus dans les caisses de l’Etat, sans compter le personnel, etc.

Quelle est la politique d’investissement de la société ?

C’est une politique encadrée par le code des assurances qui définit de manière précise les différents vecteurs que vous pouvez utiliser et dans quelles proportions vous pouvez investir dans ces différents vecteurs. Pour le moment, nous sommes beaucoup plus présent sur les titres d’Etat et sur le cash auprès des banques. Compte tenu de l’âge de la compagnie, nous sommes en train d’investir plus dans l’immobilier. Pour le moment, nous voulons renforcer nos prises de participations dans les titres d’Etat. C’est le meilleur moyen d’accompagner nos autorités. Nous le faisons aussi bien pour le gouvernement ivoirien que pour les gouvernements des pays de l’espace CIMA.

Projetez-vous dans deux ou trois ans. Quelles sont vos ambitions pour GNA Assurances ?

Je vois GNA comme une compagnie de premier plan sur le marché, pas forcément en termes de chiffre d’affaires, mais en termes de modèle. Je viens de vous dire qu’une dizaine de compagnies d’assurance ont fait faillite. Nous avons connu des évènements de nature à compromettre la suite de nos activités. Mais grâce aux efforts de restructuration qui sont faits, GNA est apte à poursuivre son développement. Dans trois ans, GNA sera en train de faire des bénéfices et sera un exemple. Nous pourrons montrer aux autres qu’on peut faire de l’assurance, gagner de l’argent et assurer la pérennité. Il y a des compagnies ivoiriennes qui ont été créées, qui ont réussi à maitriser leur développement et qui font la fierté de ce pays. Nous voulons être ce genre de société, qui se bâtit à partir de compétences locales, qui applique les règles, qui se développe, qui gagne de l’argent, qui offre des emplois et qui rayonne sur la Côte d’Ivoire et essaie de le faire dans d’autres pays.

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