M.C.T. : Un Spécialiste des Solutions de Climatisation en Afrique de l’Ouest
Lamine Kone nous parle des tendances actuelles du secteur de la climatisation en Côte d’Ivoire mais aussi dans les onze pays d’Afrique de l’Ouest où la société M.C.T. (Manutention, Climatisation et Technique) est présente. Il évoque également quelques projets d’envergure auxquels M.C.T. a participé.
Interview avec Lamine Kone, Directeur Général de M.C.T. (Manutention, Climatisation et Technique)
Pour commencer, pourriez-vous nous donner une idée des tendances actuelles du secteur, en Côte d’Ivoire mais aussi dans les onze pays d’Afrique de l’Ouest où vous êtes présents ?
Notre secteur, la climatisation, et au-delà, les corps d’état techniques du bâtiment, est très lié au développement des BTP et plus précisément du bâtiment. C’est un secteur qui a connu un très fort développement juste après la crise en Côte d’Ivoire, du fait d’investissements à la fois privés et publics, et de réhabilitations de bâtiments publics qui n’avaient pas été rénovés depuis environ 20 ans. A notre niveau, nous avons connu une croissance de près de 50% entre 2012 et aujourd’hui. On constate toutefois, depuis un an à un an et demi, un ralentissement dans ces demandes de travaux pour lesquelles on fait appel à nous, et ce aussi bien en Côte d’Ivoire que dans la sous-région. Il y a des développements intéressants dans des pays comme le Sénégal ou le Cameroun, mais pas à l’échelle qu’on a connue en Côte d’Ivoire sur ces cinq dernières années. Nous espérions un retour d’activité, suite à de nombreux appels d’offres et études auxquels nous avions répondu sur le dernier trimestre 2016, mais nous manquons encore à ce jour, en fin de premier trimestre 2017, de perspectives claires sur la réalisation de ces projets.
Quelles sont les parts respectives de la Côte d’Ivoire et des autres pays dans votre chiffre d’affaires ?
Notre société fait environ 15 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel ; 90% de ce chiffre d’affaire est réalisé en Côte d’Ivoire.
Pouvez-vous définir ce que vous faites, et nous indiquer quels sont vos avantages concurrentiels ?
Nous avons réalisé toute la climatisation du complexe Hôtel Ivoire. C’est également nous qui avons réalisé le site temporaire, à savoir l’immeuble du CCIA, et le siège de la BAD. Nous avons aussi réalisé le premier centre commercial Carrefour, ainsi que l‘hôtel Azalaï.
M.C.T. est une vieille société, l’une des premières sociétés de climatisation à avoir été implantée en Côte d’Ivoire. Elle s’appelait à l’époque Fenwick, puisque la société distribuait également les engins de levage Fenwick et Clark. Elle a changé de dénomination en 1984 et est devenue « Manutention, Climatisation et Technique », et s’est à partir de là plutôt concentrée sur les métiers de la climatisation, avec en prime la représentation de Carrier en-dehors de la Côte d’Ivoire, sur 10 autres pays de l’Afrique francophone, jusqu’en Afrique Centrale. Nous faisons de la conception, c’est-à-dire des études ; de la réalisation, ce qu’on appelle des travaux neufs, ou de la réhabilitation ; et enfin, de la maintenance. Nous distribuons également les produits de la marque Carrier, leader américain de la climatisation, sur une dizaine de pays d’Afrique francophone à partir d’une plateforme située à Abidjan, animée par deux ingénieurs. Nous avons aujourd’hui des représentations physiques permanentes dans deux pays, le Sénégal et le Bénin. La représentation du Sénégal couvre également le Mali et la Mauritanie, et celle du Bénin couvre le Togo voisin. Nous avons pour ambition d’ouvrir cette année une représentation permanente à Douala, au Cameroun. Notre avantage, par rapport à nos concurrents, est que nous sommes les seuls à offrir à nos clients la panoplie complète de nos métiers. Nous accompagnons le client sur toutes les étapes de son projet : la conception, les plans et les notes de calcul, l’exécution et la maintenance par la suite. On trouve dans notre secteur des gens qui interviennent sur des créneaux particuliers ; la plupart de nos concurrents savent installer, mais ne savent ni concevoir, ni calculer. Très souvent, ils ne sont pas en mesure d’offrir la maintenance de leurs installations à leurs clients. Le fait que nous offrions un service complet est un véritable avantage pour nos clients, particulièrement sur les projets importants. En effet, quand on a suivi un projet de A à Z et que l’on doit gérer la maintenance d’un immeuble qu’on a conçu et réalisé, on ne peut pas se cacher derrière des problèmes de conception pour expliquer des défauts de fonctionnement. Ces cinq dernières années, en Côte d’Ivoire, nous sommes par ailleurs les seuls à avoir réalisé ce qu’on appelle des immeubles de grande hauteur ou IGH. Ces réalisations s’accompagnent de normes de sécurités très particulières, et nous sommes aujourd’hui les seuls à être en mesure d’offrir des prestations adaptées à ces IGH.
Pouvez-vous nous donner des exemples de projets phares que vous avez réalisés ?
Nous avons par exemple réalisé toute la climatisation du complexe Hôtel Ivoire, dans toutes ses phases, depuis celles qui ont été terminées en 2010 jusqu’aux dernières qui ont été livrées en 2015. A l’occasion du retour de la BAD en Côte d’Ivoire, c’est également nous qui avons réalisé le site temporaire, à savoir l’immeuble du CCIA, et le siège de la BAD. Nous avons aussi réalisé le premier – et le plus grand – centre commercial Carrefour, ainsi que l‘hôtel Azalaï, qui a ouvert ses portes il y quelques mois. Il s’agit donc de projets importants : IGH ou établissements recevant du public, qui ont un classement spécifique et répondent à des normes particulières.
Quels sont les projets du moment ?
Actuellement, nous sommes pressentis pour travailler sur des projets de réhabilitation dont je tairai le nom, puisque rien n’a encore été signé ; disons simplement qu’il s’agit d’un groupe hôtelier international. Nous sommes également pressentis pour réaliser le siège d’une entreprise de téléphonie.
Quels sont vos grands défis ?
Ils sont humains. M.C.T. aujourd’hui, c’est 230 personnes, une vingtaine d’ingénieurs, et 60 voire 70 brevets de techniciens supérieurs. Etant leaders de notre secteur, nous faisons l’objet de toutes sortes de débauchages lorsque de nouveaux groupes s’installent en Côte d’Ivoire. Notre défi est donc de réussir à garder notre expertise à travers nos équipes, et de renforcer les compétences de nos collaborateurs, nouveaux ou anciens, sur tous les secteurs de notre métier.
Quelle est votre politique en matière de RSE (responsabilité sociale des entreprises) ?
Le sujet ne nous est pas étranger, et nous sommes d’ailleurs engagés dans une démarche qualité en vue d’obtenir une certification ISO 9001. Nous sommes dans l’étape finale de cette démarche, et espérons obtenir la certification cette année. Ces questions de RSE sont de plus en plus importantes pour nos clients donc nous nous y intéressons, et nous nous y formons.
Etes-vous aujourd’hui en recherche de financement, qu’il soit bancaire ou sous forme de fonds d’investissement ?
Notre activité a structurellement besoin de beaucoup de financement, nous avons un BFR (besoin en fonds de roulement) important. Quand on signe un contrat, on vous paye un acompte à la commande, les versements suivants sont délivrés contre caution bancaire, sur présentation de ce que l’on appelle des situations de travaux : vous exécutez, vous faites constater puis vous facturez. En d’autres termes, vous financez le chantier du client avant d’être payé, d’où de réels besoins en financement. Nous utilisons toutes les options possibles : financement bancaire, mais aussi fonds d’investissements : je constate avec bonheur que ces fonds s’intéressent à la Côte d’Ivoire, et nous nous asseyons volontiers autour de la table avec eux pour voir dans quelle mesure ils peuvent nous accompagner dans notre développement. Nous avons par exemple une activité de négoce, dans la petite climatisation (splits par exemple), pour laquelle nous avons besoin de stocker puisqu’il est impensable pour un client qui a besoin d’un split d’attendre 6 mois. Ce stockage nécessite lui aussi du financement, donc c’est une question primordiale pour nous.
Quelle est votre ambition à 2 ou 3 ans pour M.C.T. ?
Nous avons deux axes principaux de développement pour rester leader : d’abord, la diversification vers d’autres métiers du bâtiment, pour pouvoir offrir des macro-lots techniques à nos clients. Nous avons par exemple créé un département d’électricité, nous allons créer un département qui s’appellera M.C.T. Réseaux, pour aller vers les réseaux télécom, et enfin un département spécialisé en rénovation puisque l’on a constaté que, lors de la rénovation d’un immeuble par exemple, les lots techniques représentent environ 70% de la rénovation. En réalité, ce serait plutôt aux sociétés de réalisation de lots techniques de conduire ces chantiers, mais malheureusement, ce sont des entreprises de gros œuvre qui les conduisent, alors que la part architecturale n’est pas importante. Nous sommes donc en train de relever ce défi pour pouvoir présenter à nos clients des solutions clé-en-main de rénovation, car il y a énormément d’immeubles à rénover à Abidjan. Le deuxième défi est d’accroître notre présence dans les pays que nous couvrons pour le compte de Carrier. Nous souhaitons ouvrir des bureaux de représentation animés par des ingénieurs d’affaires, pour être au plus près des clients dans ces pays qui présentent de belles opportunités de développement. Nous pensons qu’avec une présence permanente, nous serons en mesure de conquérir de nouvelles parts de marché.