Interview with Pierre Simon, Président de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris

Interview avec Pierre Simon, Président de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris May 19, 2010

Interview avec Pierre Simon, Président de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris


MarcoPolis : La Chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCIP) contribue activement à l’organisation, du 17 au 21 mars 2010 à Beyrouth, du salon « La France au Liban », en partenariat avec la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Beyrouth et du Mont-Liban, la Chambre de commerce franco-libanaise et le Service économique Régional de Beyrouth – Ubifrance, notamment. Est-ce là le début d’une nouvelle étape dans les relations entre le France et le Liban ? Celles-ci prennent-elles une nouvelle ampleur ?

M. Pierre Simon, Président de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris :

Le Liban est un miracle permanent. Dès qu’il connaît un peu plus de stabilité, il fait preuve d’un dynamisme impressionnant.

Il faut reconnaître que tant que le problème de la présidence n’était pas résolu, la situation libanaise restait un peu incertaine. Depuis que ce problème a été réglé, l’été dernier, on constate un sentiment d’euphorie, lié au fait que le pays se retrouver dans un contexte plus stable après avoir connu tant de difficultés et ceci explique que son développement reprenne à toute allure.

Le Liban a redémarré d’autant plus rapidement qu’il n’a, par ailleurs, pas été touché par la crise financière. La très importante diaspora libanaise et les forces vives du pays ont, de ce fait, repris confiance, par conséquent, les capitaux reviennent, et le Liban se porte mieux. On doit aussi noter, tout particulièrement, que, grâce à une remarquable gestion de la Banque du Liban, les institutions financières installées dans le pays s’en sortent très bien.

Son Gouverneur, Mr. Riad SALAMEH, co-préside d’ailleurs l’ESA (Ecole Supérieure des Affaires – créée il y a quatorze ans dans le cadre d’un accord entre les deux gouvernements, dont la gestion a été confiée à la Chambre de Commerce de Paris). et Si l’ESA est aujourd’hui l’une des écoles spécialisées dans la finance islamique, c’est grâce à Mr. SALAMEH, qui a insisté pour que cela se fasse, et cela s’est réalisé avec l’appui de la Banque du Liban.

Ce pays a aussi l’avantage d’être largement francophone, la forte présence de la culture de notre pays facilitant l’implantation et le développement des entreprises françaises. Et dans ce contexte de développement et de croissance forte, il faut être présent.

Le Liban est également une base à partir de laquelle on peut couvrir d’autres pays du Golfe. On nous a fait justement remarquer que de plus en plus d’investisseurs Irakiens font l’aller-retour entre Bagdad et Beyrouth : ce sont des partenaires potentiels pour des actions en Irak.

MarcoPolis : 150 exposants, 200 enseignes, plus de 50 entreprises françaises participent au salon « La France au Liban ». Quelle a été la première réaction des entreprises françaises,  lorsque vous avez proposé la mise en place de cet événement ?

M. Pierre Simon, Président de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris :

D’abord, la crise financière en Europe et en France est sévère, donc lorsqu’une PME souhaite se développer à l’étranger, cela signifie investir, consacrer du temps, prendre quelques risques.

Depuis environ un an et demi, nos équipes internationales travaillent beaucoup pour persuader les PME de continuer à tracer leur sillon à l’international, quand bien même la priorité de ces dernières est de régler leurs problèmes immédiats de trésorerie de fin de mois. Conscients de ce contexte particulier, nos collaborateurs n’ont pas ménagé leurs efforts pour attirer ces entreprises, d’autant plus que nous sommes très engagés au Liban. Il relevait donc de notre responsabilité de faire de cet événement une vraie réussite.

A cette fin, nos équipes n’ont pas seulement mobilisé la région parisienne mais toute la France, érigeant ainsi la CCIP en pilote de ce salon à l’échelle nationale.

C’est là que réside la différence par rapport à d’autres opérations : pour rassembler un nombre significatif d’entreprises sur les trois espaces d’exposition que vous avez pu visiter  – art de vivre, services et technologies et industrie –, il était nécessaire de raisonner « France entière ».

Puisque certaines grandes CCI avec lesquelles nous travaillons régulièrement à l’international sur d’autres manifestations s’intéressaient déjà au Liban, il était naturel, à nos yeux, qu’elles nous accompagnent dans cette aventure !

C’est pourquoi, en octobre dernier à Paris, un séminaire a réuni un certain nombre d’entreprises et d’institutionnels. Le suivi a été principalement fait par Zoubir RABIA et Jonathan LIMA, qui  se sont déplacés en début d’année dans toute la France pour se rendre dans les différentes Chambres contactées afin de vérifier lesquelles seraient concrètement intéressées par une telle opération. En fin de compte, 4 ou 5 délégations conséquentes d’entreprises de ces régions se sont fédérées autour de la CCIP, ce qui a été fondamental. La relation et le contact humains ont été les facteurs clé de réussite.

Il a été indispensable d’actionner les réseaux, de mobiliser sur internet, de se déplacer auprès des entreprises avec les conseillers et les responsables des CCI concernées (Strasbourg, Dijon, Annecy, Rhône-Alpes…), afin de les convaincre que le Liban peut être intéressant, non seulement parce que c’est un marché de 5 millions d’habitants, parce que les gens aisés du Liban voyagent à travers le monde et en France, mais aussi parce qu’il peut être une porte d’entrée vers d’autres pays de la région.

Il ne faut pas oublier non plus, qu’en sus des nombreuses opportunités qu’il offre dans certains domaines, le Liban, c’est aussi sa diaspora. C’est grâce à elle que les portes se sont ouvertes partout dans le monde !

Au final, de janvier à février, les demandes sont allées crescendo pour finir par assurer la pleine réussite de cet événement, à notre plus grande satisfaction.

MarcoPolis : Quel est l’objectif final de ces entreprises ?  Quels résultats peuvent-elle attendre de cet événement ?

M. Pierre Simon, Président de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris :

Parmi les entreprises qui participent au salon, certaines ont déjà de bonnes bases pour développer leurs affaires au Liban.

Pour l’entreprise Areva par exemple, qui y est déjà implantée et a des contrats signés, le but est de consolider ses relations, de montrer à l’ensemble de ses partenaires libanais est concrètement présente.

Quant à la quasi-totalité des autres entreprises, leur but est la recherche de développement. La plupart d’entre elles n’a pas d’activité au Liban, c’est comme « une terre de conquête », leur objectif est donc de trouver des partenaires, des distributeurs, des personnes potentiellement intéressées pour acheter leurs produits et services.

MarcoPolis : Avez-vous déjà un premier ressenti depuis le début de l’événement ?

M. Pierre Simon, Président de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris :

Une participation à une foire extérieure telle que celle-ci se prépare, et bien que nous n’en soyons qu’à ses débuts, je peux déjà dire que je constate, qu’avec l’appui de la mission économique locale, pratiquement toutes les entreprises présentes ont déjà organisé des réunions B to B ciblées.

En dehors des programmes de rendez-vous, notre prestataire technique pour la promotion du Salon, PromoFair, a aussi lancé des invitations pour les visiteurs professionnels. Les entreprises françaises vont en effet se déplacer toute la journée, mais à partir de 16h à 22h les visiteurs professionnels libanais et de la région du Golfe peuvent se rendre sur le Salon et rencontrer ces entreprises.

La France est représentée sous plusieurs facettes originales au salon : par un espace art de vivre à la française, par un espace industrie et services, par un espace « régions françaises » et par des espaces thématiques (grands projets BTP, infrastructures, télécoms, …).

Ponctué par de nombreuses rencontres professionnelles, conférences et tables rondes, cet évènement fait la part belle, on peut le dire, au savoir-faire et à l’art de vivre français : TIC et multimédia, industrie et technologie, automobile, pharmacie et parapharmacie,  mais aussi articles de luxe, métiers de bouche, vins et spiritueux…

Bien que les entreprises françaises aient la réputation d’être individualistes, venir sur un Salon est un puissant moyen pour elles de créer des liens.

Après ce genre d’événement, assurer le suivi de celui-ci est crucial, et c’est là que réside toute la valeur ajoutée de la CCI de Paris et des autres Chambres. En effet, il est essentiel de faire un point avec les entreprises, savoir où elles en sont, si ces rencontres ont fini par déboucher sur quelque chose de concret, si elles ont besoin d’un complément d’appui, etc.

MarcoPolis : Au niveau de la CCI de Paris, quels sont les événements phares de l’agenda 2010 ?

M. Pierre Simon, Président de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris :

Comme vous allez pouvoir en juger, ainsi que vos lecteurs, nous nous investissons fortement dans les différents pays de la région, pour ne parler que de ceux-ci :

•    en Syrie, le Club franco-syrien des hommes d’affaires mis en place il y a un peu plus d’un an sous la responsabilité de Mr. Hervé de CHARETTE et que je co-préside avec le Président de la Chambre de Commerce de Damas, Mr. Bassam GHRAOUI, est très actif : par exemple, lorsque notre Ministre de l’économie Mme LAGARDE s’est déplacée dans ce pays mi-décembre, et plus récemment notre Premier Ministre Mr. FILLON, c’est le club franco-syrien qui s’est chargé d’organiser les rencontres et autres forums d’entreprises. Nous sommes, dans ce pays, sur une triple action : le développement des échanges internationaux dans les deux sens, une activité d’information et de formation, et enfin l’identification des difficultés que les entreprises françaises peuvent rencontrer pour travailler en Syrie et inversement.

•    En ce qui concerne les pays du Maghreb, beaucoup de choses sont, également, au programme : en Algérie, comme chaque année, l’événement phare est la Foire Internationale d’Alger en juin prochain ;  au Maroc, il y aura la manifestation « France-Expo Maroc », durant laquelle la CCI représente Paris et la région Ile-de-France.

•    La 9ème édition des rencontres France-Israël nous réunira, quant à elle, en novembre à Paris, sur le thème des nouvelles technologies.

•    Pour ce qui est du Golfe, nous serons fin novembre dans une mission de prospection « itinérante et à la carte », notamment, dont j’espère de fructueux retours sur Bahreïn, les Emirats Arabes Unis, l’Arabie Saoudite et le Qatar, avec qui sommes en phase finale de discussion pour créer une école de management.

•    Par ailleurs, à travers EuroChambre et l’ASCAME, la CCIP est très concernée par le programme « Invest in Med », nous avons posé notre candidature pour participer à des programmes d’appui au développement de chambres de commerce du pourtour méditerranéen.

En matière de formation dans la zone Euro-Med et les pays du Golfe, nos écoles continuent à se développer. C’est le cas par exemple de l’ESA d’Alger et de Beyrouth. Nous essayons de faire de ces écoles des pôles de rencontres entre communautés économiques, pour qu’elles s’impliquent dans le développement du commerce et des affaires internationales. Au-delà de la formation, il y a une véritable capacité d’impulsion  en matière de développement économique.

Au final, nos actions à l’international ont pour but de mettre en avant des pays prioritaires et les filières d’excellence de la région Ile-de-France. Quand il s’agit de développer des actions de formations, des actions de développement de relations entre les PME, etc., la reconnaissance de notre CCI par les partenaires internationaux est considérable. Nous intervenons d’ailleurs, vous vous en doutez, dans de nombreux autres pays, sur tous les continents, par exemple :

•    en Chine, avec nos bureaux de Shanghai et Beijing, pays dans lequel notre école HEC forme, par ailleurs, chaque année 80 dirigeants.de grandes sociétés chinoises ;

•    en Inde, où nous prévoyons de mettre en place une mission axée sur le secteur de la santé, en particulier ;

•    en Russie, où nous envisageons d’organiser des conférences axées sur les relations économiques et technologiques entre le France et la Russie ; nous sommes d’ailleurs dans l’année France-Russie et celle du 10ème anniversaire de l’ouverture de notre bureau à Moscou.

Il m’est difficile, en définitive, de vous décrire la richesse et la diversité des actions de la CCI de Paris ! J’en suis moi-même frappé… Je peux, en tous cas, affirmer, et ce sera ma conclusion, que celle-ci a acquis au fil des décennies une crédibilité et une légitimité indéniables à l’étranger auprès de tous ceux qui souhaitent réaliser des échanges économiques avec la France.

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