Convention France-Maghreb

Interview de Mohamed El Ouahdoudi, Directeur Général de la Convention France-Maghreb. Il est vrai que l’image publique du Maghreb en France est contrastée. Il y a encore des clichés. Nov 15, 2009

MarcoPolis : 25.000 entreprises françaises ont des relations commerciales avec le Maghreb tandis que près de 2,5 millions de concitoyens originaires du Maghreb vivent en France et plus de 300.000 français sont installés au Maghreb.
Par ailleurs 10% des entreprises à Paris sont gérées par des Franco – Maghrébins. Le poids économique France-Maghreb s’élève à plus de 20 milliards d’euros.
•    Pensez-vous que le marché maghrébin est apprécié à sa juste mesure en France ?
•    Quels sont vos principaux objectifs ?

Mohamed El Ouhadoudi :
Pour le premier point, il est vrai que l’image publique du Maghreb en France est contrastée. Il y a encore des clichés. Cependant, dans la communauté d’affaires française, le Maghreb est déjà bien intégré. Le patronat et les entreprises françaises font la différence entre les spécificités de chaque pays, et il y a un intérêt réel pour la zone Maghreb. Aujourd’hui par exemple les entreprises du CAC 40 sont fortement présentes au Maghreb.
Pour le deuxième point,  la Convention France-Maghreb est un événement un peu pédagogique : chaque année, nous faisons la revue du business France-Maghreb pour actualiser les opportunités. Par exemple l’année dernière, on a mis en valeur le programme d’exportations hors hydor carbures, via un partenariat algéro-français, dirigé par Ubifrance. La région de l’Oriental (dont la capitale est Oujda) a présenté des projets de développement à l’échelle France Maghreb. La Mauritanie était fortement représentée, une action à la fois de promotion et de création de réseaux. La Tunisie était présente avec un pavillon mis en place grâce à Tunis Air. Chaque année, notre objectif est de répondre à la question : « quoi de neuf au Maghreb ? » ; et la nouveauté, c’est que maintenant il y a des entreprises du Maghreb qui investissent en France. Grâce à la CFM et au soutien de la ville de Paris, qui croit beaucoup en cet événement, une quinzaine d’entreprises maghrébines se sont implantées en France. Ce qui montre aussi le poids du Maghreb en tant qu’investisseur étranger en France.

MarcoPolis : C’est vrai, on n’y pense pas, alors qu’il est évident que cela existe.

Mohamed El Ouhadoudi : Oui ! 2 exemples me viennent à l’esprit, avec le Club Med dans lequel le Maroc est actionnaire, et le projet Renault sur Tanger, dans lequel le Maroc est pratiquement majoritaire. Donc, deux grandes multinationales françaises, Renault et Club Med, où le capital marocain est présent. Sonatrach va aussi investir en France, tout comme le groupe Cevital (Algérie) a déjà été pionnier dans l’industrie en France.  Il y a également l’investissement inter maghrébin, que la Convention France Maghreb valorise et encourage. Voilà le genre de pépites que l’on découvre grâce à la Convention France Maghreb. Convention France Maghreb

MarcoPolis : La région du Maghreb s’attend à un taux de croissance moyen de 5 à 6%, pour l’année 2009.
•    Comment cette région se comporte-t-elle durant la crise  et quels sont les secteurs ou opportunités à retenir sur cette région ?

Mohamed El Ouhadoudi : Pour 2010, le taux de croissance sera aux alentours de 5% d’après les statistiques disponibles. La crise arrive au Maghreb avec un certain différé, c’est-à-dire que ce  n’est qu’en 2010 que certains de ses effets vont survenir au Maghreb. En 2009, le textile a tout de même souffert des problèmes des entreprises européennes et du marché européen. Tout comme le transfert des immigrés, qui souffrent en premier lorsqu’il y a du chômage en Europe. Grosso modo, le Maghreb est stable grâce à la dynamique interne du marché local, et puis il y a une politique d’investissement public, comme en France ou aux Etats-Unis, qui a été impulsée par les pays du Maghreb. La Convention France Maghreb  suit les programmes nationaux : c’est le cas du programme autoroutier en Algérie, c’est le cas du programme immobilier et de tourisme au Maroc, c’est le cas en Tunisie dans ces même secteurs. La Mauritanie et la Libye sont des cas à part : la Libye n’a pas eu besoin de lancer de programme et la Mauritanie cumule les avantages d’un état subsaharien et le potentiel d’un pays méditerranéen. C’est un cas très intéressant.

Sur la durée, le Maghreb est une des zones les plus stables au monde. Si l’on considère les 30 dernières années, c’est une région où l’investissement est rentable : on ne connaît pas une entreprise française qui a fait faillite au Maghreb. Toutes les entreprises font des bénéfices et c’est la raison pour laquelle nous trouvons logique que la France investisse encore sur le Maghreb d’autant plus que c’est un investissement qui bénéficie au marché français. C’est-à-dire que quand on investit 1€ au Maghreb, il revient en France en termes d’achat, de logiciels, de services. De plus, les élites maghrébines présentes en France achètent en France. Ce n’est pas la même chose que d’investir en Inde ou au Brésil, où l’argent investi restera en grande partie dans leur zone d’influence. Donc c’est pour cela que notre crédo à nous, c’est de dire qu’il faut que la France intègre dans son plan de développement le Maghreb non plus comme un partenaire périphérique, mais comme un « partenaire spécial » vraiment proche de la France.

MarcoPolis : Si l’on se concentre sur la Convention- fondée par vous-même en 2002 à Paris – la Convention France Maghreb est « le rendez-vous en début de chaque année des décideurs économiques de l’espace France Maghreb ».
•    Comment la Convention a-t-elle évolué depuis sa création ?

Mohamed El Ouhadoudi : Une évolution régulière.  La Convention se maintient toujours comme un événement parisien, au service des entreprises françaises et maghrébines. Le nombre d’exposants et de partenaires varie chaque année. Aujourd’hui on a un format qui est maintenant standard, c’est-à-dire une cinquantaine de partenaires chaque année, avec un millier de visiteurs professionnels, et 300 congressistes qui participent aux conférences, et un rayonnement plus important en termes de médias et d’impact. Grâce à la CFM, on a impulsé une dizaine d’autres salons au Maghreb qui sont adaptés à la problématique de chaque pays, et bien d’autres salons en France qui se sont spécialisés sur un des thèmes que nous abordons chaque année.  Le bilan pour nous aujourd’hui est positif dans le sens où c’est devenu un événement intégré dans les agendas des entreprises, des Chambres de commerce, et des chancelleries.

MarcoPolis : Justement, quelles nouveautés nous avez-vous réservées pour l’édition de février 2010 ?

Mohamed El Ouhadoudi : Un thème un peu provocateur, presque en décalage par rapport à l’actualité, c’est « le Maghreb, acteur de l’espace Europe-Afrique ». On a noté une tendance au niveau de certains groupes maghrébins, notamment les banques et les télécoms, qui commencent à investir de façon massive dans l’Afrique subsaharienne. Vous avez par exemple le Crédit Agricole, vous avez aussi SFR qui a investi dans 6 pays africains via Maroc Telecom.  Pour nous, c’est une tendance qui commence à monter, et l’objectif est de mettre en valeur ce rôle actif du Maghreb comme un acteur, un relais ou une passerelle entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne. Aujourd’hui, l’Afrique est surtout médiatisée sur les problèmes d’immigration clandestine. Notre objectif est au contraire de montrer que le Maghreb peut être un diffuseur de technologie, de progrès, de développement vers l’Afrique subsaharienne. C’est ce que nous allons exposer lors de cette édition, ce qui implique du côté du Maghreb de mettre en place un cahier des charges ambitieux et de se remettre en cause. Pour que le Maghreb soit un acteur et un modèle pour l’Afrique Noire, il faut qu’il adopte aussi certaines réglementations très strictes notamment en matière de protection de la propriété intellectuelle et de lutte contre le marché informel.

MarcoPolis : Lors de l’édition 2008, plus de 250 entreprises du Maghreb étaient présentes, ainsi que des représentants des états du Maghreb, et des institutionnels français.
•    Quels bénéfices peuvent escompter les participants à la Convention ?

Mohamed El Ouhadoudi : On résume les bénéfices dans le slogan de la Convention. Le premier est de s’informer de façon concrète ; quel est le business là-bas, dans quels domaines, quels chiffres, quels sont les acteurs, quelles sont les clés…
Le deuxième niveau concerne le partenariat. Vous pouvez trouver un partenaire dans la CFM pour créer une filiale, pour sous-traiter,  vendre ou acheter.
Troisièmement, certaines personnes, notamment les cadres, les personnes peuvent, grâce à la CFM,  rencontrer leurs futurs employeurs.
Le dernier point, c’est en terme d’élaboration de projets, : de nombreuses personnes viennent pour créer une entreprise ici et au Maghreb, et la CFM leur facilite et accélère leur démarche. Je vous donne un exemple ; L’année dernière nous avons eu OSEO, comme partenaire, ils nous ont dit avoir reçu près de 85 projets sur leur stand en une journée. Ils étaient vraiment impressionné par le ciblage de la Convention, par la qualité des projets. Nos partenaires reconduisent leur participation chaque année parce qu’ils reçoivent des visiteurs très qualifiés, très ciblés qui eux aussi trouve l’interlocuteur recherché. 

MarcoPolis : Nos lecteurs viennent du monde entier,
•    Pensez-vous que les entreprises hors Maghreb / France ont intérêt à venir sur le salon ?

Mohamed El Ouhadoudi : C’est déjà le cas, nous avons eu des entreprises américaines, anglaises, espagnoles ; là nous avons un accord avec la Chambre de Commerce Belge en France. La CFM, c’est une Convention Euro-Maghreb, c’est une Convention Monde-Maghreb. Aujourd’hui la France est une sorte de « hub mondial » vers le Maghreb. Si une multinationale japonaise veut travailler sur le Maghreb, elle passe par la France. C’est la raison pour laquelle n’importe quelle entreprise du monde peut venir à la CFM et trouver des réponses concrètes.

MarcoPolis : Que va-t-on trouver sur les thèmes développés lors de vos conférences : comme la Finance islamique – Capital Risk – Transferts France Maghreb ?

Mohamed El Ouhadoudi : Tout d’abord on va trouver des acteurs clés, nous avons la BEI, la Banque Européenne d’Investissement qui intervient régulièrement à la CFM. Nous aurons aussi la Poste, des banques africaines, maghrébines, etc. Donc on trouvera des interlocuteurs ciblés sur chaque problématique : pétrole, énergie renouvelable, finance, transfert d’argent, centre d’appel, télécom… A la CFM, ce ne sont pas des débats universitaires : ce sont des débats concrets sur des expériences, et des projets à conduire. convention france maghreb

MarcoPolis : Vous attendez des représentants des états, des hauts fonctionnaires, des dirigeants et cadres d’entreprises, et des professionnels de tous secteurs
•    Pouvez-vous annoncer le nom des personnalités présentes lors de la Convention ?

Mohamed El Ouhadoudi : Par exemple, nous avons pour la prochaine Convention le Directeur Général des Douanes du Maroc qui sera présent pour recevoir le Trophée de la Modernisation du secteur public : la Douane du Maroc a créé un logiciel qui s’appelle BADR, qui permet de passer par Internet toutes les opérations de dédouanement, c’est une première à l’échelle africaine et du monde arabe.

MarcoPolis : Les Trophées de la Convention France Maghreb récompenseront comme chaque année les meilleures réalisations dans la modernisation des secteurs publics et privés au Maghreb
•    Quel est la portée de ces trophées en général ?

Mohamed El Ouhadoudi : D’abord cela donne une visibilité et ça améliore l’image du Maghreb en général. Quand des entreprises comme Algérie Poste ou la CNEP, la Caisse Nationale d’Epargne et de Prévoyance, la Trésorerie Générale du Royaume du Maroc ou encore le Ministère de la formation tunisien reçoivent un Trophée, et bien ça leur donne une visibilité et ça améliore l’image de l’ensemble du pays, et ça les encourage à aller de l’avant. C’est une spécificité de la CFM, cela nous demande un travail de sélection sur l’année, pour détecter les projets les plus crédibles. A ce jour, nous avons récompensé une quarantaine de lauréats, qui sont sur le site www.trophee-diversite.com.

MarcoPolis : Pour conclure cet entretien, quel serait le message que vous souhaitez adresser à nos lecteurs, que voulez-vous mettre en avant?

Mohamed El Ouhadoudi : Malgré la crise internationale, la région du Maghreb continue son développement, il y a des opportunités par milliers ! J’invite toute personne, qu’elle que soit sa langue, à venir découvrir ou redécouvrir cet évènement franco-maghrébin. J’insiste là-dessus parce que pour moi, au-delà de l’Europe, il y a l’engagement de la France, des français et des personnes issues de l’immigration.  C’est un événement multiculturel et international qui se passe à Paris. Pour les Maghrébins qui travaillent de plus en plus avec le monde entier,  la France est à la fois une interface et un acteur.  Nous recevons de nombreuses femmes et de jeunes. Toute personne ayant des projets ou souhaitant tout simplement trouver des idées doit venir à la Convention après avoir consulter notre site web : www.cjdim.com qui donne une idée sur tout le potentiel de cette région.

 

9ème Convention France Maghreb
11 février 2010 : soirée Networking
12 février 2010 : de 09h à 22h – exposition, conférences, rencontres d’affaires
Inscriptions et informations : www.cjdim.com
Contact : info@cjdim.com

 

 

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